Matthias-Schoenaerts

ECCE HOMO

Matthias Schoenaerts acteur, c’est une curieuse alchimie entre un physique qui aimante et un jeu d’une étonnante intériorité. Les réalisateurs, et non des moindres, tout autant que les spectateurs(trices !) ne s’y sont pas trompés. Les premiers en confiant à l’acteur des rôles jouant sur cette remarquable force (faussement) tranquille tellement « cinégénique » et les seconds(des) en devenant de véritables groupies.

MOTS : FRÉDÉRIQUE MORIN
PHOTO : DAZIRAM / GEISLER-FOTOPRESS

Un succès international qui tient aussi à une bonne hérédité avec un papa grand acteur de théâtre, Julien Schoenaerts surnommé le Depardieu de la Flandre, et aux trois langues que Matthias pratique couramment : le néerlandais (naissance et études à Anvers), le français (grâce à des grands-parents maternels francophones) et l’anglais. Ajoutez à cela une bonhomie à toute épreuve et l’on a une idée de cette séduction faite homme.

Physique de héros et rôles de antihéros… est-ce que l’on pourrait parler du fil rouge de votre filmographie en ces termes ?
C’est un super compliment ! Si je suis bien sûr conscient des choix que je fais, je n’ai ne les ai jamais fait avec cette pensée. C’est un trajet inconscient ! Je ne crois pas à la figure du héros, c’est un concept qui a mal servi l’humanité. Je crois que les gens sont capables d’actes héroïques, mais le héros absolu est un mensonge… et les mensonges ne servent à rien.

On ne vous verra donc jamais jouer un super héros ?
On ne sait jamais. Il ne faut jamais dire jamais !

On a pu vous appeler le nouveau Marlon Brando, vous comparer à Gérard Depardieu ou à Mickey Rourke… que faites-vous de ces compliments ?
Que dire ? Ce sont d’énormes compliments, que je peux comprendre. Je les prends comme tel. Ça me touche… et en même temps ça ne me sert à rien du tout ! (rires). En fait si… ça me sert… ça me donne un sourire. Et le sourire, il est très important, puisque quand on me dit ça, ça me rend heureux ! Après, chaque trajet de tout individu, de tout artiste est différent.

Les récompenses que vous avez pu recevoir vous font elles le même effet que ces compliments ?
Une récompense est aussi une forme de compliment, un compliment lié à un projet en particulier, à un moment donné. La vie est « éternelle »… les récompenses sont temporaires.

Comment concevez-vous le jeu d’acteur ?
Un film se construit vraiment avec des choses qui se produisent entre « action » et « coupé ». Il y a évidemment en dehors de ces deux instants toute une organisation pour que ces choses adviennent. La magie du cinéma opère entre ce « action » et ce « coupé ». Et là c’est le jeu ; là on s’abandonne dans l’imagination, dans la fiction. On sait très bien ce que l’on fait et en même temps on doit l’oublier pendant qu’on le fait … c’est le paradoxe du comédien… tout le temps. Savoir ce que l’on fait et prétendre que l’on ne le sait pas et même, essayer de l’oublier. C’est presque schizophrène.

Malgré tout, un rôle reste écrit, il est conçu par un réalisateur qui aura pensé à vous. L’imagination dont vous parlez se greffe-t-elle alors sur ce que vous lisez ? Devez-vous partager quelque chose de vous avec ce personnage à interpréter?… Comment faites-vous? Il y a tout ce qui tient au contexte, à l’histoire. Après, il convient de ramener de la vie, amener de la texture… c’est là que l’on laisse l’imagination œuvrer. On se demande comment le personnage bouge, s’il a des lunettes, quel genre de chaussures il porte… autant de petits détails pour lesquels le spectateur ne se posera pas de questions, mais que le comédien prendra peut-être des heures voire des jours à cerner, à travailler… là aussi c’est du jeu, du plaisir. Voilà pour la caractérisation physique… il en va de même pour la caractérisation psychologique !

Est-ce que vous avez besoin d’aimer votre personnage pour l’interpréter ?
Je ne sais pas si aimer est le bon mot, mais je dois quand même avoir envie de le défendre. Et si j’ai envie de défendre quelqu’un, c’est que probablement je l’aime ! Humaniser mon personnage me semble essentiel, quand bien même il s’agit d’un criminel… montrer que chaque individu est unique. Le criminel, l’homosexuel, le journaliste… c’est quoi ? Il convient à chaque fois d’aller au- delà de cette simple étiquette, et de rendre singulier le personnage que l’on incarne.

Qu’est ce que votre expérience américaine vous a apporté ?
Un sens de la liberté. J’adore la Belgique, mais en y restant trop longtemps pour y travailler vient le moment où vous rencontrez toujours les mêmes personnes. Je pense que ça peut être dangereux pour la créativité. Tout le monde s’in- stalle l’un par rapport à l’autre : untel est le sérieux, untel est le marrant, untel est l’engagé social … tout le monde est bien à sa place, tient une position. Le fait de pouvoir tourner en France, en Angleterre, aux États-Unis fait que tout reste ouvert et que je rencontre de nouvelles personnes… vraiment nouvelles et que je ne reverrais peut-être jamais !! C’est toujours nouveau et frais… j’adore ça !

Les essentiels dans la filmographie de Matthias Schoenaerts

 

Rundskop (Bullhead pour le titre en anglais) • 2011 :

Matthias avec 27 kilos de trop pour ce polar agricole de son compatriote Michaël R. Roskam. Le film de tous les succès.

De rouille et d’os • 2012 :

Matthias sous la direction de Jacques Audiard est aux petits soins pour une Marion Cotillard privée de ses jambes dans ce mélo XXL.

Blood Ties • 2013 :

Matthias en Amérique pour Guillaume Canet qui réalise le remake de son film : Liens du sang.

Les Jardins du roi • 2014 :

Aux côtés de Kate Winslet, Matthias tout de brocard et de collants vêtu pour interpréter André Le Nôtre, jardinier du roi Louis XIV… on y croit !

Loin de la foule déchaînée • 2015 :

Matthias romantique à souhait dans cette 6e adaptation du célèbre roman de Tom Hardy, signée Thomas Vinterberg.

A bigger splash • 2015 :

Matthias plus sensuel que jamais sous le soleil de l’Italie et au côté de Tilda Swinton dans ce remake très hot de La Piscine, film culte de 1969.

Le Fidèle • 2017 :

Matthias rempile avec son grand ami Michaël R.Roskam, et en compagnie d’Adèle Exarchopoulos, pour cette histoire d’amour fou déguisée en polar.

Red Sparrow • 2018 :

Matthias en agent du KGB et avec l’accent russe, en charge d’une bombe nommée Jennifer Lawrence.

Kursk • 2018 :

Matthias de tous les courages dans la peau d’un sous-marinier russe pour une histoire vraie (tournée à Anvers !) et pour Thomas Vinterberg (à nouveau !).


JEAN-PHILIPPE-DUBOSCQ

L'ART est dans le PLI

Peint, plié, articulé, déchiré.

Le pli sous toutes ses facettes ou pas, interprété par l’artiste belge Jean-Philippe Duboscq laissant place à une œuvre jamais stable et toujours en mouvement !

Et si on évitait de tout contrôler…

MOTS : ARIANE DUFOURNY
PHOTOS : ANNUSCHCHKA LEUNG

On naît artiste ou on le devient…

Je suis né dedans ! Mon père Jean Duboscq, ex aequo avec Pierre Alechinsky, a gagné le

« Prix de la Jeune Peinture Belge » rebaptisé « Belgian Art Prize ». Appuyé par mon professeur de sculpture, Félix Roulin, je suis entré à La Cambre à 16 ans. Ensuite, je suis passé à la musique tout en travaillant la peinture et les arts plastiques. Musicien et compositeur, pendant de nombreuses années, j’ai créé de la musique contemporaine et travaillé en collaboration avec des artistes comme Peter Downsbrough, Bram Bogart… En 2012, la Galerie Nardone m’a proposé une collaboration. Depuis je travaille avec des galeries à Hong Kong, Londres, Paris… c’est devenu une profession.

Votre art s’exprime par…

Suivant les époques, par de la matériologie, de la volumétrie, de l’abstraction, de l’abstraction lyrique, et aujourd’hui, par une approche plus conceptuelle de la peinture.

Votre peinture conceptuelle…

Elle amène une esthétique par une idée plutôt que par un désir de captation ou de contrôle. L’esthétique apparaît bien malgré moi, parce que ce que je cherche en réalité, c’est d’une part, une sorte de mobilité permanente, une mise en perspective de l’œuvre et d’autre part, à révéler ou à montrer ce que je ne peins pas, ce qui s’infiltre ou déborde. En fait, j’essaie d’être mon propre spectateur, d’avoir un plaisir à découvrir les choses plutôt qu’à essayer de les contrôler.

JEAN-PHILIPPE-DUBOSCQ
© Jean-Philippe Duboscq

« Le pli est un mystère infini, c’est un contenant, une magie baroque qui ne supporte pas d’être mise en pleine lumière. »

De l’idée à la création…

L’idée est de travailler à partir de flux picturaux qui s’infiltrent tout en laissant une trace, une empreinte de leur passage. C’est une sorte de mémoire du pli qui prend l’apparence de taches, de Rorschach ou d’effets de miroir qu’au final je révèle ou pas.

Mes pièces sont généralement composées de plusieurs éléments interchangeables qui se présentent d’abord sous forme de tableau, mais qui par leur caractère modulable me permet ensuite de les déployer en installation. Une pièce peut donc être repensée et réorganisée pour s’approprier un espace ou un lieu, en donnant une nouvelle interprétation d’elle-même.

Techniquement…

Ce sont des toiles qui sont pliées et agrafées sur châssis. Ensuite je peins juste les surfaces pliées avec de larges brosses. Les encres ou la peinture se frayent un chemin au travers des couches successives. C’est en ouvrant ou plus exactement en arrachant ces plis que je dévoile ces cheminements inscrits en profondeur.

JEAN-PHILIPPE-DUBOSCQ
© Jean-Philippe Duboscq

Un travail jamais identique…

Les plis sont pensés, pliés, articulés différemment et réagissent en fonction des toiles utilisées et de la viscosité de la peinture. Dans certains travaux, j’emploie des toiles contenant essentiellement du coton, pour que les plis s’ouvrent et se ferment en fonction de l’hygrométrie. L’œuvre n’est jamais stable et toujours en mouvement.

L’inspiration…

Gilles Deleuze « Le pli/ Leibniz et le baroque », l’âme comme « monade » sans porte ni fenêtre, qui tire d’un sombre fond toutes ses perceptions claires. En littérature, « La vie dans les plis » d’Henri Michaux, les poèmes « Pli selon le pli » de Mallarmé et repris en musique par Pierre Boulez. Le pli est fascinant : si on ouvre un pli, il ne reste plus rien. Ce que j’essaie de montrer, c’est la trace de ce pli. Je prépare une pièce, je travaille dessus et je retire des couches. Je retourne vers l’essentiel, la genèse de ce qui s’est fait.

Votre définition de la perfection…

C’est une question difficile. Je crois que nous savons tous ce que l’on entend par perfection, mais en réalité nous en avons chacun une vision ou une interprétation différente et peut-être qu’au même titre que la vérité, il n’y a de perfection que son concept.

JEAN-PHILIPPE DUBOSCQ

www.jeanphilippeduboscq.com

LC GALLERY

Rue aux Laines, 46 – 1000 Bruxelles

www.lc.gallery


alex-vizorek

Alex Vizorek

Alex Vizorek remettait l’an dernier le Magritte du meilleur scénario. Pour cette 9e édition, le voici promu maître de cérémonie.

MOTS : FRÉDÉRIQUE MORIN
PHOTO : MEHDI MANSER

Il nous dit comment il compte s’y prendre :

« Je me dis : ne jugeons pas le public avant d’y aller. Les gens de cinéma sont une corporation. Il faut que je me les mette un peu dans la poche… tout en les charriant !

Je sais aussi que je ne dois pas faire un spectacle uniquement pour la salle, car c’est aussi une émission, qui l’année dernière a été vue par près de 120 000 spectateurs. Il y aura donc plus de personnes devant leur télé que de personnes devant moi. Il faut donc trouver un équilibre : être original, mettre à l’honneur le cinéma belge… et ça, sans tirer la couverture à moi. »


Typh-Barrow

La VOIX, le MIROIR d’une VIE

Typh Barrow sans Taboo ! La chanteuse bruxelloise a plus d’une corde à son arc. Auteur, compositeur, pianiste, elle a signé tous les textes de son album « RAW ». Sa voix grave et puissante nous enchante. Derrière ce magnifique regard se cache une part d’ombre. Et si le lâcher-prise était synonyme de perfection ?

Be Perfect a rencontré Typh Barrow au restaurant Alexandre dans le cadre de l’élection du Vin des Femmes. Nous n’avons pas résisté à lui poser quelques questions !

MOTS : ARIANE DUFOURNY
PHOTO : FRANÇOIS LEBOUTTE

Votre style musical…

Je n’aime pas l’idée d’être mise dans une catégorie et d’y être enfermée. J’ai grandi dans un environnement musical très éclectique qui est à la fois soul, blues, pop, rock, rap. Toutes ces écoles mélangées ont créé mon style. J’ai voulu mon premier album « Raw » à l’image de mes influences musicales. Dans tous les aspects de la vie, la diversité fait la richesse !

Bercée dans un univers de chansons anglo-saxonnes…

Mon papa est Polonais. A la maison, nous écoutions surtout sa musique : du blues, du jazz, de l’afroaméricaine. Ma langue maternelle est le français, mais la musique a toujours sonné anglais.

Votre inspiration…

Je la puise dans ce qui me touche parce que je le vis ou que les personnes de mon entourage les vivent. On ne parle jamais aussi bien que de ce qu’on connaît. J’utilise la musique comme un exutoire, un moyen d’ouvrir ma petite boîte noire.


Le yin et le yang…

Plus il y a de la lumière, plus il y a de l’ombre derrière. Dans le quotidien, je suis très positive et très enthousiaste, mais ce n’est qu’une face de la médaille. Je ne m’autorise pas à dévoiler la face la plus sombre en public. Comme il peut être dangereux de trop se contenir, je la laisse s’exprimer en musique.


Un look qui lui ressemble…

La mode est une passion. Le costume est l’habit qui correspond le mieux à mon état d’esprit. Une pièce assez androgyne, masculin et ultra-féminin. Il y a beaucoup de testostérone en moi parce j’ai grandi avec des mecs, que ma voix est une voix de mec. Quand j’étais petite, cette voix ambigüe était un complexe. Adolescente, j’étais très garçon manqué. Depuis, j’ai découvert les talons (rire). Ils représentent la féminité, la confiance en soi, la fête.


La voix, un instrument précieux…

La voix est le reflet de son corps. Depuis mon enfance, j’ai un kyste sur les cordes vocales qui m’oblige à faire encore plus attention qu’une voix normale. Tout ce que je mange, tout ce que je vis va les impacter. L’acidité joue énormément sur l’élasticité, la puissance, la santé de celles-ci. Je fais très attention à mon alimentation. En période de concert, je m’abstiens de boire du vin, du café. C’est un muscle qui demande une hygiène de sportif !


Le vin, source d’inspiration de nombreux artistes. Rouge ou blanc ?

Bulles ! Elles représentent la fête, les moments de décompression, la célébration juste après les concerts.


Votre accord vin et mets parfait…

Un moelleux au chocolat caramel beurre salé avec un bon verre de bulles.


Le Graal… 

Plein de rêves se réalisent. La sortie de l’album « Raw », la sortie du vinyle, sold-out à l’Ancienne Belgique, mon duo avec Mauranne, ma nomination de coach à The Voice, le Cirque Royal le 26 avril 2019, le Palais des Beaux-Arts le 9 mai 2019, le Forum de Liège le 10 mai 2019, toutes des salles sublimes ! L’univers me donne tellement, je suis très reconnaissante de ce qui m’arrive.

Typh-Barrow

Le Vin des Femmes est un concept inédit lancé en 2012 par Muriel Lombaerts. Un jury 100 % féminin s’était réuni chez Alexandre pour découvrir les vins de Vouvray. Deux invitées surprises : Typh Barrow et Gaëlle Mievis (The Banging Souls). La présidente, B.J Scott, nous a préparé un menu « From New Orleans » avec le chef Robin et Anca Petruscu, propriétaire de cette table gastronomique bruxelloise. Le jury a élu ses coups de cœur : un vin effervescent, le Château Gaudrelle d’Alexandre Monmousseau et l’Argilex Sec 2017 du Domaine de la Châtaigneraie de Benoît Gautier.

www.levindesfemmes.com

Retrouvez toutes les dates de ses concerts sur www.typhbarrow.net


alexis-michalik

Des CHIFFRES et des LETTRES

Alexis Michalik en chiffre, c’est à 35 ans,4 pièces en 5 ans : Le Porteur d’histoire,Le cercle des illusionnistes, Edmond et Intramuros. Toujours jouées, elles totalisent à ce jour pas moins de 4.050 représentations, en France et dans plus de 12 pays dont les États-Unis, l’Algérie, le Liban ou encore la Belgique… avec comme cerise sur le succès public une moisson de 10 Molières !

Quant aux lettres, Alexis en a de solides.Le garçon, qui a grandi sans télévision, fonce à la bibliothèque, lit des tonnes de BD, et se régale avec Dumas, Rostand, Shakespeare, Pennac…

Rencontre à Bruxelles avec un homme courant mille lièvres à la fois pour être sûr de concrétiser au mieux tous ses projets.

MOTS : FRÉDÉRIQUE MORIN
PHOTO : MARY BROWN

Le secret de votre succès ?

Je ne me bride pas narrativement. C’est ça qui fait que les pièces fonctionnent. Quand je raconte une histoire, je raconte d’abord l’histoire la plus riche et la plus compliquée possible. Ensuite, lors de la mise en scène, je cherche à la rendre la plus limpide possible à un public.

Je pense que ce qu’aiment les gens, c’est de retrouver des sensations qu’ils auraient plutôt devant une série ou dans un bon bouquin et pas forcément au théâtre !

La forme théâtrale a aussi son importance : pas de tête d’affiche, essentiellement des rôles équivalents… permettent également la longévité du spectacle dans son exploitation. Qu’un acteur soit remplacé ne change rien… l’histoire, la dynamique sont toujours là.

Que cherchez vous en racontant vos histoires ?

Ce que je veux c’est accrocher un public, c’est amener une émotion, c’est faire dire quelque chose à ce spectacle. S’agissant d’Edmond : comment Edmond Rostand est passé du statut de total looser au statut d’auteur célébré. Comment on passe d’une pièce à laquelle personne ne croit à un triomphe total. À cela, je rajoute qu’il l’écrit en 3 semaines. Ce n’est pas la réalité… mais moi, j’ai écrit Le porteur d’histoire en 3 semaines !

Entre Shakespeare et Molière, qui choisissez-vous ?

Shakespeare, complètement ! Molière n’est pas trop ma tasse de thé. L’école anglaise, c’est raconter des histoires qui ne sont pas dans l’auto fiction, des histoires « bigger than life ». L’école française, ce sont autant d’histoires racontées de et à l’intérieur, des préoccupations bour- geoises… et ça au théâtre, dans les romans et dans les films !

Pourquoi avoir fait le choix du théâtre privé et non du théâtre public ?

J’aime la logique du théâtre privé. J’aime que ce soit simple : il y a des gens dans la salle… le spectacle continue ! Il est important pour moi que les gens qui m’ont fait confiance ne perdent pas leur chemise. C’est la seule manière pour moi de ne pas me sentir redevable.

Si jamais on est bon, si tout le monde est content, si les acteurs sont payés, si les producteurs se sont remboursés et gagnent des sous, alors c’est une opération qui a réussi. Cet aspect économique est toujours présent… et je pense que ce sera toujours le cas. Même si demain je fais un énorme show à Broadway, ce show devra rester viable.

À voir et à lire

Le porteur d’histoire au théâtre Le Public, avec une troupe 100% belge ! Jusqu’au 31 décembre.

Edmond :
• à Bozar le samedi 29 décembre pour deux représentations, à 15h et 21 h
• au théâtre Le Public en septembre 2019
• l’adaptation de la pièce au cinéma, sera dans les salles le 9 janvier 2019, avec notamment Olivier Gourmet au générique
• c’est aussi une BD de Léonard Chemineau aux éditions Rue de Sèvres
• le livre, reprend le texte de la pièce. Editions Albin Michel, 2016


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Pascal ELBÉ... A+

En attendant ses deux prochaines réalisations, l’actualité de Pascal ELBÉ, l’acteur, c’est un premier film : Pour vivre heureux que signent les Belges Dimitri LINDER et Salima Sarah GLAMINE, en salle ce 5 décembre.

Mots : Frédérique Morin
© O’Brother

 

Récompensé du Prix de la presse, du Prix Cinevox et du Prix du Public au dernier Festival International du Film Francophone de Namur, Pour vivre heureux raconte l’histoire d’Amel, jeune femme d’origine algérienne, de Mashir un jeune Pakistanais plein d’avenir et de leur amour contrarié quand ce dernier se doit, tradition oblige, d’épouser une Pakistanaise choisie par sa famille.

Ce drame amoureux et familial, qui multiplie les enjeux avec une belle intelligence, fait également preuve d’une belle maîtrise scénaristique.

Essentiellement joué par des non professionnels (confondants de naturels), le film confirme le talent de la jeune Sofia LESAFFRE (Le ciel attendra, Seuls) et est l’occasion de découvrir un Pascal ELBÉ inédit, toujours aussi sobre et juste.

Voici ce que nous disait Pascal ELBÉ sur ce premier film et sur son choix, lors de notre rencontre à Namur en septembre dernier :

« Lorsque je dis oui à un rôle, je dis oui avant tout à un scénario. J’ai trouvé celui de Pour vivre heureux très abouti, très précis et finalement, aujourd’hui, très utile si l’on entend parler de ce film sur un plan politique ou social.

Malgré l’économie restreinte du film et les difficultés, je me suis dit que si je n’allais pas vers ce genre de film, c’est que je m’étais trompé de métier. »

pascal-elbe

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La Vérité sur Patrick Dempsey

Le BG qui met tout le monde d’accord !

Patrick Dempsey, Dr Mamour pour les intimes, digne héritier de Steve McQueen sur circuit, patron d’écurie et fringant quinqua, a rejoint le casting de l’adaptation télé du best-seller « La Vérité sur l’affaire Harry Quebert » de l’écrivain suisse Joël Dicker. Hier charmeur impénitent en blouse blanche, demain véritablement icône de la littérature. L’homme, Beau Gosse, a l’intelligence de celui qui sait (encore) nous surprendre…

Mots : Servane Calmant
© IMAGO • Imago stock&people

Mea Culpa ! On avait un peu trop vite cantonné Patrick Dempsey au rôle vedette de Grey’s Anatomy ! Sans l’oublier pour autant. C’est que son rôle de médecin sexy dans la série de Shonda Rhimes nous avait presque donné envie d’abandonner le journalisme pour devenir anatomiste au Seattle Grace Hospital !

En 2015, après 11 saisons passées dans la peau de Derek Shepherd, Patrick Dempsey quittait officiellement Grey’s Anatomy, soupçonné d’entretenir une aventure, disons, extra-conjugale.

Un coup de canif dans le contrat qui lui sera fatal. Divorce. Et heureuses retrouvailles. Si si, comme au cinéma.

Avril 2018, c’est accompagné de Dame Jillian que Patrick Mamour fait une entrée remarquée au Majestic pour assister à CanneSéries, première édition du Festival international consacré aux séries télévisées. Pourquoi arpenter le tapis rouge cannois ? Pour faire joli ? Pour le compte d’un sponsor ? D’une manufacture horlogère suisse ? Tag-Heuer par exemple, dont il est le plus sexy ambassadeur ? Voire d’une Porsche 911 ? Pilote de course chevronné depuis 2009, Patrick Dempsey a la trempe d’un Steve McQueen ou d’un Paul Newman, ses idoles.

En 2017, c’est comme patron de l’écurie Porsche qu’il revient – carrément. Pourtant, pour l’instant, personne ne lui a encore proposé un rôle de pilote au cinéma ou en télé. Que faisait donc Patrick Dempsey à CanneSéries en avril dernier ? Suspense.

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© PHOTOSHOT • B6128 • Fred.Santos

La Vérité sur l’Affaire Dempsey

Septembre 2012. Pour la première fois en cinquante ans d’existence, on devient insomniaque. La faute à Joël Dicker. Cette année-là, l’écrivain suisse publie « La vérité sur l’affaire Harry Quebert ». Une bombe littéraire ! Le roman qu’on commence et qu’on ne lâche plus. Haletant. L’Académie française le couronne. Nous, on le dévore.

Printemps 2008, alors que l’Amérique bruisse des prémices de l’élection présidentielle, Marcus Goldman, jeune écrivain à succès, est dans la tourmente : il est incapable d’écrire le nouveau roman qu’il doit remettre à son éditeur. Le délai est près d’expirer quand soudain son univers bascule : son ami et ancien professeur d’université, Harry Quebert, l’un des écrivains les plus respectés du pays, se retrouve accusé d’avoir assassiné, en 1975, Nola Kellergan, 15 ans, avec laquelle il aurait eu une liaison…

Jean-Jacques Annaud à la barre

Qui a tué Nola Kellergan ? Que s’est-il passé dans le New Hampshire cet été ‘75 ? A Jean-Jacques Annaud et Patrick Dempsey de répondre aux questions ! Le premier, J.-J., réalisateur français de plusieurs films à succès, « Le nom de la rose », « L’Ours », « L’Amant », « Sept ans au Tibet », se retrouve aux manettes d’une mini-série adaptée du roman de Dicker (la rumeur raconte qu’Annaud aurait été préféré à Spielberg…); le second, Patrick, endosse le rôle-phare, celui d’Harry Quebert. La fine équipe se trouvait donc au Festival CanneSéries en avril dernier pour la présentation de deux épisodes de l’adaptation de « La Vérité sur l’Affaire Harry Quebert ». Sacré défi ! Car si le roman de Dicker s’inscrit dans la juteuse veine du thriller à l’américaine, il suscite aussi et surtout moult réflexions sur l’Amérique, la littérature, la justice et les médias. Pour son retour sur les plateaux de tournage, Dempsey s’impose donc dans une série qui pourrait bien devenir culte !
A suivre …

patrick-dempsey
© DPA Hoch Zwei

Acteur-pilote ou pilote-acteur ?

1966 Patrick Dempsey naît dans le Maine, aux Etats-Unis, d’une famille d’origine irlandaise.

2006 Grey’s Anatomy débarque sur TF1 et RTL-TVI. Patrick Dempsey y joue le rôle d’un neurochirurgien sexy en diable. Mc Dreamy, le surnomme-t-on outre- Atlantique ; Dr Mamour, chez nous. C’est chou.

2009 Première participation au Mans au volant d’une Ferrari. Unique propriétaire de son écurie, baptisée Dempsey Racing. Ses modèles ? Paul Newman et Steve McQueen.

2015 Rien ne va plus sur le tournage de Grey’s Anatomy. La production frappe fort : Dr Mamour termine la 11e saison en état de mort cérébrale. Exit Patrick.

2015 Deuxième sur le podium du Mans avec une Porsche 911 RSR. Victoire.

2016 Dempsey joue le papa dans Bridget Jones Baby. Pour une fois, on aimerait être la maman.

2017 Retour au Mans toujours avec Porsche, cette fois comme patron d’écurie.

2018 Patrick Dempsey fête ses 52 ans et revient sur le devant de la scène avec « La vérité sur l’affaire Harry Quebert », mini-série en 10 épisodes adaptée du thriller éponyme de Joël Dicker et réalisée par Jean-Jacques Annaud. Diffusion sur TF1 en automne 2018.


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Le Jeu - Stéphane De Groodt

Mots pour maux

Stéphane De GROODT, c’est tout l’art de jongler avec les mots d’un Raymond DEVOS augmenté de cet inénarrable goût pour l’absurde si propre à la Belgique…

Des mots qu’il triture, assemble, démembre à loisir pour le meilleur et pour le rire.

Mots : Frédérique Morin
© RET

Au bout du compte (ou du conte, comme on voudra) – et après avoir épuisé une passion pour la course automobile de près de 15 ans couronnée par un  titre de champion de Belgique Procar – ça donne : 7 ans de Ligue d’Improvisation, 3 pièces de théâtre, 2 années de chroniques à la radio, des publicités, des livres (6 à ce jour), la télévision avec notamment pour Canal+  le très remarqué File dans ta chambre, la réalisation de deux courts métrages avec à suivre le projet de deux longs métrages, et au cinéma près de 26 rôles !

Rencontre avec Stéphane De GROODT au Festival International du Film Francophone de Namur, à l’occasion de son rôle dans le dernier film de Fred CAVAYÉ, Le Jeu, présenté en avant-première.

Stéphane de GROODT y interprète l’un des 7 convives d’un dîner entre amis à mi-chemin entre le jeu de la vérité et la roulette russe. On vous recommande chaudement le film… peut-être moins le jeu !

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Quel rapport entretenez-vous avec votre téléphone portable, le 8e convive du film ?

Plus qu’envahissant, il est devenu insupportable… le plus insupportable étant ce que l’on en fait.

Il a pris le dessus sur beaucoup de choses ; et la génération de ma fille (13 ans) est encore plus addict et plus attachée à cet objet que la génération précédente ne peut l’être !

Lors du tournage, avez-vous été tenté de jouer avec les autres comédiens à ce jeu qui donne son titre au film ?

Non ! C’est un jeu auquel il ne faut pas jouer !!

Il y a 20 ans, on aurait trouvé cela complètement insensé, lors d’un dîner comme celui que l’on peut voir dans le film, de demander à tous les amis autour de la table de sortir leurs journaux intimes, de les mettre au centre de la table et de lire à haute voix ce que l’on y avait consigné… tous, on aurait dit non !

Alors pourquoi le téléphone autorise t’il ce jeu ?

Parce que le téléphone est visible, quand le carnet intime était gardé sous clé dans son bureau ou dans sa chambre.

Ce « cahier »-ci n’étant pas caché, on se donne le droit d’en jouer, on imagine que l’on peut l’ouvrir. Mais ce n’est pas parce qu’il est visible que l’on a à regarder ce qu’il y a à l’intérieur.   

Ce que l’on met dans notre téléphone ne regarde personne.

Est-ce que ce film procède aussi de votre goût pour la langue française, de tout ce que vous avez fait et dit autour des mots ?

C’est presque l’inverse !

Je suis le personnage qui parle le moins, ce qui, quand j’ai reçu le scénario, me perturbait un peu.

Fred m’a convaincu de l’intérêt de mon personnage pour l’équilibre du groupe… un personnage en observation, bavard avec le regard. Il y avait là un truc particulier à jouer.

En le faisant, j’ai compris ce qu’il me disait, et en voyant le film j’ai pris toute la mesure de ce qu’il m’avait dit.

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Comment ces 15 années que vous avez passées comme pilote de course professionnel ont-elles pu vous servir pour votre deuxième passion qu’est le métier d’acteur ?

L’humilité !

C’est LA notion du sport de compétition. Rien ne sert de faire le malin car à chaque course, tout est à refaire !

Ça m’a beaucoup aidé.

Par contre, au début, cet esprit de compétition a pu me desservir. Dans la course automobile, le but est d’être premier, de gagner, d’être le meilleur.

Dans le métier d’acteur, il n’y a rien à gagner, si ce n’est d’être juste, de bien jouer sa partition et d’être emporté par ce qu’on vous propose de faire.

Il ne faut pas être meilleur qu’un autre, il faut être le meilleur pour soi. 

D’où vient ce plaisir que vous avez de jouer avec les mots, à l’oral comme à l’écrit ?

Il vient d’un déplaisir.

Votre dyslexie ? 

En effet. J’ai un problème avec les mots. C’est con… ils sont nombreux !

Alors plutôt que de me battre avec eux, je me suis mis à les torturer, à les malmener… pour que ce ne soit pas l’inverse.

Je me suis rendu compte qu’ils étaient très flexibles, très surprenants, très multiples.

Ça ne m’a pas guéri, mais ça m’a soigné.

Vous qui n’avez qu’un film belge à votre actif (Formidable réalisé par Dominique STANDAERT), rêvez vous de tourner avec l’un ou l’autre réalisateur belge ?

Je trouverais assez couillu de leur part que les frères Dardenne me proposent un rôle !

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Ryan Gosling

Pour un flirt avec lui, on est prête à demander la lune !

Sans grande prise de risque, puisque Ryan Gosling a souvent manifesté un intérêt certain pour les femmes plus âgées ! Ni Sandra Bullock, ni Famke Janssen, ni Eva Mendes ne nous contrediront. Saillie humoristique à part, le Canadien est notre chouchou. Parce que sa gueule d’ange coiffe des personnages torturés. Que derrière sa fragilité, on devine des excès ; derrière sa pudeur, une fureur de vivre. Le 17 octobre prochain, Ryan Gosling endossera une combi d’astronaute dans le bien nommé First Man, biopic sur Neil Armstrong signé par le bankable Damien Chazelle. De La La Land à Moon Moon Landing, un bon de géant pour l’humanité ?

Mots : Servane Calmant

Vous nous en voudrez de ne pas aimer La La Land, embarrassante histoire cousue de fil blanc ? Heureusement, on y parle des désillusions de la vie ! Chouette ! Car Ryan, on l’aime surtout quand il met sa gueule d’ange au service de mecs sombres, tourmentés, torturés, en un mot : de vulnérables ! Du skinhead juif antisémite au pianiste de jazz au chômage, en passant par le prof toxico ou le pilote solitaire, ce sont autant de rôles de psychotiques, désespérés, idéalistes, paumés, auxquels il confère une tension inouïe. Et sans jamais se préoccuper des codes de la virilité : pas besoin de moustache pour électriser Danny Balint ni de surenchère musculaire pour dégommer trois mecs et en traîner un autre par la mâchoire tout le long du couloir (Only God Forgives).

Ryan Gosling, c’est un rebelle, un Bad Boy qui n’a jamais eu l’intention de laisser Hollywood lui dicter sa loi – à croire que l’éducation rigoriste de parents mormons a laissé des traces ! Au contraire, il pioche avec intelligence dans la manne du cinéma US indépendant, plus enclin, il est vrai, à lui fournir des personnages équivoques, complexes, rarement polissés. S’il devait créer un groupe de musique, ce ne serait pas pour enfanter de la pop radiophonique. Il la fait : Dead Man’s Bone, de la zik envoûtante et hantée. Et quand Ryan passe derrière la caméra, c’est pour signer Lost River, une fable vertigineuse habitée de cauchemars. De quoi désarçonner toute personne qui aimerait l’enfermer dans le rôle du gars sans aspérité.

Bon, on ne va pas en rajouter ni tartiner à la manière d’Arte mais plutôt passer aux aveux : oui, si on like la filmo pointue du Canadien, on surlike aussi sa nonchalance à capitaliser son potentiel sexy ! Sérieusement, aurait-on visionné Crazy, Stupid, Love trois fois si Ryan Gosling n’y avait mis autant d’entrain à préparer un cocktail… et à tomber la chemise ? « Can I sit please? Yeah. Can i put on my shirt? No. » Yes, yes, yes ! Aurait-on décidé de prendre systématiquement l’ascenseur, espérant goûter au baiser du tueur (Drive) ? Aurait-on acheté un ukulélé pour lui donner la réplique (Blue Valentine) ? Pour tout vous dire : depuis que l’on sait que Ryan Gosling va atterrir sur la lune, on rêve de ressembler à Valentina Terechkova, première femme à s’envoler pour l’espace !

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Drive (2011) © Richard Foreman JR SMPSP / HO - EPA

Ryan Gosling a marché sur la lune…

Que faisiez-vous en ‘69 ? Le 20 juillet, Neil Alden Armstrong posait le pied sur la lune. « C’est un petit pas pour un homme, un bond de géant pour l’humanité ».

Le 20 juillet 1969, Ryan Gosling lui, ne faisait rien. Et pour cause, il n’était pas né ! Pourtant, Monsieur Eva Mendes risque bien de décrocher la timbale en 2019 !

De fait, 50 ans après l’exploit d’Armstrong, Hollywood a fait appel au bankable Damien Chazelle qui, fort du succès de La La Land (6x oscarisé), a proposé à son ami Ryan d’endosser cette fois la combinaison spatiale du héros américain ! D’ici son alunissage… dans nos salles de ciné, Ryan est resté sur la terre ferme pour fouler le sol de Venise : First Man a en effet été présenté le 19 août dernier en ouverture de la Mostra.

Le film, qui explore les sacrifices encourus lors d’une des plus dangereuses missions de l’Histoire, a été longuement ovationné. De là à imaginer un Oscar 2019 attribué à l’astronaute Gosling, il n’y a qu’un bond de géant à faire !

First Man, 17 octobre dans nos salles.

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The First Man © Universal Pictures

Les films-phares avec Ryan Gosling à (re)voir…

Sélection en tout point subjective !

1. Drive (2011) : Ryan le solitaire dans un conte urbain crépusculaire signé Nicolas Winding Refn. Prix de la mise en scène à Cannes.

2. Blue Valentine (2010) : Ryan et Michelle Williams, deux a(i)mants, une nuit.

3. Half Nelson (2006) : Ryan prof cocaïnomane à Brooklyn. Petit budget, grandes émotions. Première nomination à l’Oscar du meilleur acteur.

4. Danny Balint (2001) : Ryan skinhead néo-nazi juif. Grand Prix du Jury au Festival de Sundance.

5. Crazy Stupid Love (2011) : Ryan torse nu dans un amour de rom com – on craque !

6. The Place Beyond The Pines (2013) : Ryan dans l’Amérique profonde, par Derek Cianfrance, réalisateur de Blue Valentine.

7. Lost River (2014) : Ryan réal, à la barre d’un récit cauchemardesque.

La rédaction a aussi aimé…

Calculs meurtriers (2002) : Ryan, méchant garçon qui donne du fil à retordre à Sandra Bullock.

La Faille (2007) : Ryan, jeune prodige du barreau en duel psychologique contre Anthony Hopkins.

Crazy Stupid Love (2011) © Studio12

Lukas-DHONT

Lukas DHONT

Girls don’t cry

Lukas DHONT… vous pouvez d’ores et déjà retenir ce nom ! A 26 ans, ce Gantois signe Girl, un premier film d’une remarquable maîtrise et d’une profonde humanité. En mai dernier, le Festival de Cannes – désormais plus inspiré dans les sections parallèles qu’en compétition officielle – ne s’y est pas trompé en décernant à Girl, entre autres prix, la Caméra d’Or qui récompense le meilleur premier film, toutes sections confondues.

Mots : Frédérique Morin
© Johan Jacobs

Inspiré d’une histoire vraie, Girl raconte Lara, une adolescente enfermée dans un corps de garçon qui poursuit le rêve de devenir ballerine. Porté par le jeune et éblouissant Victor POLSTER, 15 ans, récompensé par le prix d’interprétation dans la section Un Certain Regard, le lm fera l’ouverture du Festival de Gand le 9 octobre prochain et sortira en salle le 17 octobre.

En quoi cet article de presse sur lequel vous tombez en 2009 vous a t’il tant marqué ?

J’avais 18 ans quand j’ai lu cet article. Nora, cette jeune fille de 15 ans, considérée à la naissance comme un garçon, qui avait choisi seule sa propre identité était pour moi un personnage héroïque. Elle défiait les normes classiques de la féminité et de la masculinité. À l’âge que j’avais, je ne me sentais pas ce courage, je ne m’autorisais pas à ressentir les sentiments qui m’animaient.

Il s’est passé 8 années entre le moment où vous lisez cet article et le moment où vous réalisez ce film. Comment s’est passée cette « gestation » ?
Au moment où je suis tombé sur cet article, je commençais juste mes études de cinéma. J’ai gardé cet article, car j’ai senti qu’il renfermait tout ce dont j’avais envie de parler. Dès le début, j’ai su que si un jour je faisais un film, ce serait sur cette histoire. Une histoire qui était essentielle dans ma vie, une histoire qui m’a aidé à devenir moi-même. Ce film, c’est la version jeune de ce que je suis.

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© Menuet

Et de quoi vouliez-vous parler avec Girl ?

Quand nous naissons, le lien est établi entre corps et genre. Pour beaucoup, ça n’est pas un problème. Mais pour certains, ça ne marche pas… ce sont derniers qui m’intéressent.

Il est important de parler de cette nouvelle féminité ou de cette nouvelle masculinité… nouvelle par rapport à ce qui est considéré comme normal.

Mon film ne parle pas uniquement d’un personnage transgenre, mais plutôt de l’identité. Hommes et femmes, nous avons tous en nous une part féminine et une part masculine à laquelle, souvent (et c’est selon), nous ne laissons pas libre cours.

Mon film est un film sur une minorité, mais à l’attention d’une majorité !

C’est un film sur des personnages que j’admire, dont je suis tombé amoureux et qu’il est urgent de montrer.

Pourquoi la danse comme vecteur (essentiel dans votre lm) pour suivre, Lara, votre héroïne ?

La danse classique, c’est la ballerine, c’est la féminité par excellence, la féminité exacerbée…

Une fille transgenre de 15 ans qui essaye d’obtenir cette forme traditionnelle de la féminité, si symbolique de la danse, était une manière pour moi de rendre visible, d’extérioriser son monde intérieur.

Il y a aussi dans le film cette contradiction du personnage qui choisit de s’exprimer avec son corps, de travailler avec lui, alors qu’il a une certaine aversion envers ce corps.

Cette contradiction m’a fait poser beaucoup de questions.

Une contradiction qui provoque aussi des conflits …

… les conflits sont la raison d’être des films !

Vous partez du postulat que tout l’entourage de Lara (la famille, le corps médical…) accepte cette situation, cette volonté de Lara d’être et de devenir une femme.

Au moment de l’écriture du scénario, je tenais à ce que tous les personnages – le père, le petit frère, la famille… – soient tous des exemples d’amour pour mon héroïne.

Le père ne questionne pas l’identité de sa fille. Pour lui, Lara est une fille. Ainsi Lara n’a pas à combattre le monde autour d’elle… elle doit combattre son corps. Mon film est un film corporel ! C’est en cela que mon film peut parler à tout le monde : il parle de notre rapport au corps et pas seulement d’un corps trans.

Lara n’est pas juste une trans. Elle est une fille, une danseuse, une adolescente… autant d’états qui induisent des conflits corporels.

Votre film est en flamand et en français… pourquoi ce choix ?

Cette envie de m’identifier comme Belge et non pas seulement comme flamand était déjà présente dans mes courts-métrages. Dans la vie, je ne crois pas aux séparations. Je crois aux liaisons.

Cannes est un festival qui sourit aux réalisateurs belges. Ce formidable accueil qu’a reçu votre film est-il un poids ou une chance… voire les deux ?

C’est un énorme cadeau et une grande émotion que je n’oublierai jamais.

J’ai toujours cru que ce film pouvait être reçu par le public… à Cannes j’en ai eu la confirmation. Cannes a été une formidable vitrine, une reconnaissance et confirmait ces 4 années de travail.

En même temps, tu te retrouves sur la plus haute marche, avec tout ce que ça implique d’attente des gens pour la suite.

Retrouver le même enthousiasme est pour moi un véritable challenge. C’est la première fois de ma vie que je ne sais pas ce qui va venir…

Lukas-DHONT
© Menuet