Nicolas Bets « L’essence d’une photographie, c’est une personnalité, une aura, bien plus qu’une technique »
Nicolas Bets « L’essence d’une photographie, c’est une personnalité, une aura, bien plus qu’une technique »
Mots : Barbara Wesoly
Photos : Nicolas Bets
Du ciel azur de Californie aux pavés de Paris, et des étendues désertiques aux horizons futuristes, Nicolas Bets fusionne les univers délurés et flamboyants. Derrière l’objectif, il transcende les genres, créant un monde où des égéries glamour croisent des super-héros et où des nymphes modernes s’offrent un voyage temporel en pleine ère seventies.
Grandir auprès d’une mère photo-graphe vous a-t-il encouragé à faire vos armes derrière l’appareil ? Je baignais dans cet univers, entre les clichés d’Helmut Newton, Jeanloup Sieff et Herb Ritts accrochés à nos murs, et les vernissages où elle m’emmenait adolescent. J’ai certainement puisé inconsciemment dans cette ambiance. Mais ma découverte du métier résulte d’un concours de circonstances. A 17 ans, mon parrain, agent de mannequins à Paris, m’a proposé un stage de trois mois dans un studio photo. J’ai été passionné, mais je manquais de savoir-faire. Il m’a alors offert une année d’étude en photographie, une formation normalement prévue pour trois ans. C’était une chance que j’ai saisie, réussissant mon cursus en un an. Déjà, à l’époque, tout ce que je voulais, c’était raconter des histoires.
Vos clichés semblent capturer l’instant d’un récit, presque une scène de film. Avez-vous une âme de cinéaste ? Je suis surtout un touche-à-tout qui aime expérimenter. J’ai testé de tout à mes débuts : voitures, natures mortes, séries de mode. Rapidement, j’ai compris que le studio n’était pas pour moi. Je vois la photographie comme une récréation, mon terrain de jeu se trouve dans la spontanéité, avec des gens qui rient. Il faut que ça bouge, que ça vive. Instinctivement, je me suis éloigné de ce qui était trop formaté, refusant les cases et les dynamiques figées. Ce qui fait une photographie, c’est une personnalité, une aura, bien plus qu’une technique. Dans mon univers, on ressent l’alliance du rétro et de la modernité, avec une dose de pop culture. Je dis souvent que je suis un réalisateur frustré, incapable de rester trois mois sur un tournage. J’aime que mes photos ressemblent à des films résumés en un instantané, un arrêt sur image où l’on peut imaginer l’avant et l’après.
Quelle est la part de mise en scène et d’improvisation dans vos œuvres ? Cela commence souvent par un objet. Pour « Party of the Curlers », la deuxième partie de ma série « Les Bigoudis », tout a commencé avec une panthère rose trouvée en Espagne. Ensuite, l’idée de deux mannequins en lingerie Cadolle, une marque qui a inspiré le fameux soutien-gorge de Madonna créé par Jean-Paul Gaultier. Quelques accessoires, un maquilleur et un styliste dans une maison en Provence ressemblant à Los Angeles, et il ne restait qu’à laisser la magie opérer. Chaque shooting est une fête pour créer une synergie. Parfois, je sais exactement ce que je veux, comme pour « Sahara Vibes ». Je visualisais une femme sur un cheval blanc dans les dunes, avec des grands ballons gonflables pour ajouter un élément manquant. La spontanéité est essentielle, mais toute improvisation nécessite une bonne préparation.
Les femmes que vous sublimez par un regard décalé sont vos modèles de predilection. Avez-vous des muses ? J’aime les représenter dans des situations burlesques et glamour, mais toujours en laissant leur personnalité s’exprimer. C’est une question d’âme. Les femmes de ma vie sont mes muses : mon ex-femme et mère de mon fils, une amie avec laquelle je travaille depuis plus de quinze ans, et ma compagne. Mais d’autres personnages majeurs entrent en scène dans mes photos, le décor en étant partie intégrante. Photographier devant une porte ou un mur m’ennuierait à mourir. La couleur saturée et lumineuse ajoute à l’esthétique de mes projets. Ces ingrédients créent une juste fusion entre légèreté, humour et folie.
Quels sont vos projets ? Je travaille sur une exposition particulière, intitulée « In and Out ». Je vends également mes photos au format numérique NFT, ce qui amène les amateurs d’art à penser que j’utilise l’intelligence artificielle dans mes créations. Avec un ami spécialisé dans cette technologie, nous avons décidé de présenter certaines de mes œuvres accompagnées d’une version parallèle créée par IA, transposant mes modèles dans des décors hallucinants. L’exposition se déroulera au prestigieux studio Harcourt à Paris, sans date précise pour le moment. Ce sera un hommage aux progrès technologiques, mais surtout à l’aspect humain, irremplaçable en photographie.
Stereoclip
Stereoclip
« L’éclectisme, j’y tiens, il me nourrit »
Mots : Servane Calmant
Photo : Benjamin Vandame
Figure emblématique de la scène électronique belge, le DJ et producteur Maxime Merkpoel aka Stereoclip affiche plus d’un million d’abonnés sur les plateformes. C’est dire si son nouvel album, « Reflex », 11 pistes de techno festive et vocale produite en total indépendance, était attendu. Rencontre avec un trentenaire discret, qui invite pourtant à enfiévrer le dancefloor.
La scène électro englobe de nombreux genres et sous-genres musicaux, underground ou plus commerciaux. Où vous situez-vous ? Pas facile de répondre à ce genre de question. Je dirais aux frontières de l’underground et de la production plus radiophonique.
Dans ce genre musical, comment arrive-t-on à poser les bases d’une véritable identité ? Très sincèrement, ma démarche n’est pas réfléchie mais instinctive. Je ne souhaite pas me cantonner à un seul genre. J’aime la house, la deep house, la tech house… Ce sont les labels qui cherchent en général à créer une identité musicale forte, pas forcément les artistes. L’artiste se retrouvant même parfois victime de cette catégorisation musicale. La construction de ma signature musicale est évolutive, en fonction de mes goûts, de mes pensées, de mes recherches et choix artistiques, de mes influences, de mes émotions, de mes envies, …
« Reflex » déroule 10 pistes résolument éclectiques avec un esprit clubbing affirmé. J’y tiens, en effet, à cet éclectisme car j’affectionne tous les sous-genres de la musique électro et que cette diversité me nourrit. Parallèlement, je souhaitais conserver le propre de l’électro : le côté résolument festif et dansant.
De la musique électro festive, vocale, mélodique, esprit clubbing, c’est forcément Stéréoclip. C’est une définition qui pourrait s’appliquer à beaucoup d’autres artistes (rires). En quatre albums, mon identité musicale a varié parallèlement à mon évolution personnelle. Je grandis, ma musique aussi.
Parlons d’évolution justement. Vous avez signé trois albums avec de grands labels de musique électronique avant de sortir « Reflex » en indépendant. Pourquoi ce choix ? Par quête de liberté ? Non, car je n’ai jamais été cloisonné artistiquement par un label. Si j’ai décidé de réaliser ce 4e album en indépendant, c’est d’abord pour gagner plus d’argent. Sur les titres diffusés en streaming, il y a une part qui revient à la plateforme, au label, à l’artiste… Quand on monte son propre business, la part qui nous revient est plus grande. Ensuite, je voulais me libérer d’une stratégie de marketing imposée. Attention, je ne critique pas du tout les labels, ils m’ont permis d’évoluer en tant qu’artiste, mais être indépendant, c’est jouir de plus de flexibilité notamment pour décider de la date de sortie d’un album et de la manière dont on va le promouvoir.
L’album se termine comme on clôture une soirée, en douceur avec le titre « 4 am ». Il est 4h du matin, et le saxo joue sa partition … C’est ainsi que je l’ai voulu. L’aube se lève, en douceur.
Aujourd’hui, vous déplacez les foules à chacune de vos performances. A quel moment avez-vous vu votre carrière internationale décoller ? Ma musique a très vite rencontré un succès certain en France, bien plus qu’en Belgique. L’explication est assez simple : mes deux précédents labels étaient français. (Delicieuse Records et Hungry Music – nda)
La Belgique a été pionnière de la musique électronique. Comment se porte la scène électro belge aujourd’hui ? Par chance, elle renaît de ses cendres. Pendant la covid, les politiques n’ont pas été tendres avec la culture. De manière plus générale, le monde de la nuit fait parfois peur, pourtant il se nourrit de belles valeurs. Le dancefloor, notamment, qui invite au partage avec les autres.
Maxime Merkpoel est-il un trentenaire festif ? Oui, j’aime faire la fête mais si je fais de la musique, c’est parce qu’elle me fait du bien. Elle me permet de vivre de chouettes expériences, de faire des rencontres intéressantes.
Vous avez enflammé les plus grands clubs du monde. Lequel vous a laissé le souvenir le plus dingue ? Le Fuse à Bruxelles (ce club mythique fête ses 30 ans, tout au long de cette année 2024 – nda), le Rex à Paris, le D! Club à Lausanne. Tout récemment, j’ai teasé mon album « Reflex » lors d’une soirée au centre culturel Imprimerie à Bruxelles. Un souvenir inoubliable.
Trois scènes qui vous ont marqué ? Dour en Belgique, Piknic Electronik à Montréal et Brunch-in the Park à Barcelone.
DORIA D « J’ai ma place dans un courant qui revendique plus de liberté et d’épanouissement ... »
DORIA D
« J’ai ma place dans un courant qui revendique
plus de liberté et d’épanouissement ... »
Mots : Servane Calmant
Photos : RALFAGRAM
Elle n’est pas la fille d’un seul single, « Dépendance », au succès fulgurant. Doria D, 24 ans, dévoile « Je cherche encore… », premier album huit titres aux franches sonorités pop/rock/électro. Rencontre avec une artiste tourmentée mais lucide, qui aborde volontiers les « Questions » que toute sa génération se pose …
Doria D a grandi en musique. Du haut de ses six ans, elle accompagnait sa grand-mère sur les scènes de village de Wallonie. Puis l’adolescente, folle de sa guitare électrique, hantée par le grunge, a multiplié les scènes ouvertes dans les bars de la région, seule ou en groupe, dans une forme d’élan vital. Son premier album, « Je cherche encore… » est sorti le 31 mai.
En 2021, le single « Dépendance » fait le buzz, truste la première place de l’Ultratop (le hit-parade officiel de Belgique francophone) et cumule plus de 10 millions d’écoutes sur les plateformes de streaming. Comment ce succès a-t-il changé votre jeune vie ?
J’avais un rêve, devenir chanteuse. Le succès de « Dépendance » m’a prouvé que ce n’était pas utopique d’espérer se faire une place dans le milieu de la musique. J’ai compris que dans la vie, tout est possible.
Vous n’avez jamais caché être une fille timide. Etiez-vous dès lors préparée à la fulgurance de ce premier succès ?
Oh non, à l’époque je composais seule dans ma chambre. Ce succès, il était quasi lunaire. Ensuite, j’ai enchaîné les scènes. Se retrouver subitement à chanter devant 10 000 personnes, on n’y est rarement préparé. Pour n’importe qui, cela reste compliqué…
Avant même ce premier album, vous avez enchaîné plus de 50 dates, plus la première partie de Grand Corps Malade à Forest national. Où avez-vous trouvé les codes pour vous sentir à l’aise sur scène ?
En l’expérimentant, cette scène. Je dois vous avouer que les tout premiers concerts ne devaient pas être top top. Mais le public ne te lance pas des tomates pour autant. Il sait que tu débutes, il est bienveillant. Et, progressivement, de scène en scène, j’ai pris confiance en moi, j’ai corrigé les erreurs de débutante …
Vous êtes auteure-compositrice-interprète. En label ou en indépendante ?
Je reste indépendante au niveau de la création. Je ne souhaite pas rentrer dans l’industrie musicale et me plier à leurs consignes. Ma musique, elle doit rester spontanée, instinctive, non réfléchie. Néanmoins, j’ai fait appel à un label pour la promotion de l’album, pour être soutenue dans cette étape-là.
Ce 1er album huit titres, « Je cherche encore… », succède à un premier EP. Comment s’est passé l’accouchement ?
Après le succès de « Dépendance » et du EP éponyme, j’ai été un peu secouée. Alors, mon premier album, je le voulais sans contrainte, sans faire de calcul, sans obligation de réussite à tout prix. Juste nourri par l’envie, par le désir de faire de la musique avec des amis. L’album est donc né tout naturellement…
Que vous apporte la musique ?
Elle est carrément thérapeutique. Elle me permet de soigner mon âme tourmentée et j’espère qu’elle apaise d’autres personnes …
On va décortiquer votre premier album. « Questions », « Colère », « Morose », « Danger », « Coups et bisous »… Des titres pas forcément folichons. Doria D a-t-elle la rage et la colère chevillées au corps ?
Clairement. Mes textes m’apaisent et je me sers de la musique pour extérioriser mes tempêtes intérieures.
Quelles questions, Doria D se pose-t-elle au quotidien ?
Ah mais je fais des crises existentielles tous les deux jours (rires). Qui suis-je ? Où vais-je ? Quel est ce monde qui m’entoure ? Je m’interroge sur moi-même, sur la société et sur ses injonctions, sur le regard des autres…
Vous sentez-vous le porte-parole de votre génération ?
Porte-parole, le mot est peut-être présomptueux. Je ne suis pas seule, nous sommes nombreux à prendre la parole. Mais si je peux contribuer à un courant qui revendique plus de liberté et d’épanouissement, alors oui, j’y ai ma place…
Avec « Je cherche encore… », vous brouillez les frontières des genres musicaux, en passant de la pop à fleur de peau à l’électro gorgé de breakbeat, tout en conférant à l’ensemble une tonalité rock …
Cet album me ressemble à 100%. J’aime le rock, l’électro, et je ne souhaitais pas me cantonner à un seul style musical. Je voulais tout expérimenter. Je me suis entourée d’amis musiciens, Tim De Fontaine, Florian Hernandez, Léo Fifty Five, Aprile, qui ont également leur propre projet musical. Dans la scène musicale belge, les liens entre musiciens se tissent assez rapidement et puis, des affinités se créent…
Vivez-vous aujourd’hui de votre musique ?
Pas encore. Mon premier EP, « Dépendance », je l’ai signé sur un label. Donc je n’ai pas fait fortune, malheureusement !
Dans quels festivals vous voir cet été ?
Cet été, j’enchaîne le Feel Good Festival (28 juin, Aywaille), le Baudet’Stival (14 juillet, Bertrix), Les Francofolies de Spa (19juillet), le Festival Les Gens d’Ère (28 juillet, Tournai) et Les Solidarités (24 août, Namur).
instagram.com/doria.music/
Amber Broos - L’oiseau de nuit qui électrise les foules
Amber Broos
L’oiseau de nuit qui électrise les foules
Mots : Barbara Wesoly
Photo : Stefaan Temmerman
Elle est de tous les rendez-vous iconiques de la scène électro européenne, enflammant d’une énergie passionnée les clubs et les festivals.
A seulement 21 ans et portée par un style techno affirmé aux influences retro, Amber Broos joue dans la cour des plus grands DJ internationaux.
Vous avez grandi à l’ombre des platines, avec un père ayant été DJ durant 25 ans. Est-ce lui qui vous a transmis le virus musical ? Sûrement ! Notre maison a toujours débordé de vinyles et résonnait au son de la techno et de l’électro. Petite, je rêvais d’ailleurs déjà de devenir animatrice radio ou de me produire sur les ondes. Et puis lorsque j’ai eu 12 ans, mon père a lancé son école de DJ. Tout le matériel était stocké chez nous, juste à ma portée. C’était l’occasion pour moi d’assouvir ma curiosité et de me lancer. Et je ne l’ai jamais regretté.
Un an plus tard, vous vous retrouviez propulsée sous les projecteurs, après avoir remporté le concours de la Robert Abigail Academy, organisé par le célèbre DJ du même nom. Comment, si jeune, vit-on un tel tourbillon ? Jusque-là, j’étais une ado qui mixait dans sa chambre. Gagner cette compétition m’a offert énormément d’opportunités et m’a permis de concrétiser ce rêve fou, que je n’aurais jamais cru atteindre et encore moins aussi vite. Elle a été un premier tremplin, qui m’amena à être aujourd’hui et depuis mes 16 ans DJ résidente pour Studio Brussels. Je le suis en parallèle pour l’Ancienne Belgique et je possède également ma propre émission « Sorry For The Noise » sur One World Radio, la radio officielle de Tomorrowland, sans parler de performer dans les plus grands festivals. Tout cela reste tellement surréaliste, même si je ne m’étais imaginée être nulle part ailleurs. Je vis et respire pour la musique. Ce n’est pas un job, c’est une raison d’être. L’inspiration est partout et m’accompagne à chaque pas. Il ne me faut rien d’autre.
Quelle est la plus belle part de votre métier ? Même si j’aime la production musicale et créer mes propres sons, me retrouver devant un public est ce qui m’électrise. Cette synergie et cette compréhension instinctive lorsque l’on se rejoint sur une même longueur d’onde. C’est une connexion, une forme d’énergie à part. Quand cela se produit, je sais que j’ai atteint mon but et réussi à offrir un moment unique à ceux qui sont venus me voir.
Être une jeune femme dans cet univers de la nuit encore résolument masculin, en est-il l’aspect le plus difficile ? Cela reste compliqué même si l’on assiste à un vrai mouvement positif en ce sens, avec de plus en plus de jeunes femmes devenant DJ. Lorsque mon père a lancé son école, la majorité de ses élèves étaient des garçons, aujourd’hui on y retrouve aussi de nombreuses filles. Certainement grâce à l’influence d’artistes comme Charlotte de Witte et Amelie Lens.
On vous présente d’ailleurs fréquemment comme la nouvelle Amelie Lens. Amelie est une artiste incroyable et c’est un magnifique compliment, même si nous avons chacune notre style et notre univers. Elle m’inspire, au même titre d’ailleurs que des DJ belges de la vieille école, comme Yves Deruyter ou M.I.K.E.Push. Ils ont joué un rôle majeur dans la transformation de la scène électro. Je puise dans ces racines pour capturer l’essence de la rave des années 90. Mais même si j’apprécie cette vibe rétro, je ne me cantonne pour autant à un seul style. J’essaye avant tout que chacun de mes sets raconte une histoire. A mes yeux, pas besoin d’effets fous, rien ne vaut une bonne techno dont la simplicité et la puissance font tout.
Que ressent-on lorsqu’on se produit sur la Mainstage, scène principale de Tomorrowland, à seulement 20 ans ? J’étais incroyablement nerveuse. C’était une telle pression. Je pense que je n’en ai pleinement profité que lors de la deuxième partie de mon set. Ma famille était présente et j’ai alors pu vraiment prendre la mesure du fait de jouer sur cette scène légendaire. Cela reste mon meilleur souvenir live.
Où pourra-t-on vous retrouver cet été ? Une nouvelle fois à Tomorrowland ! Sur la scène indoor Atmosphere le premier week-end et à nouveau sur la Mainstage durant le second. Je serai également au Family Piknik Festival à Frontignan, dans le sud de la France puis à Aquasella en Espagne et à Mysteryland aux Pays-Bas. Et surtout, quelques mois plus tard, le 30 novembre, aux commandes du Waagnatie d’Anvers pour une rave de 9 heures, avec pour invités certains de mes artistes favoris.
Et la scène dont vous rêvez ? J’ai du mal à m’autoriser à rêver plus fort, alors que je profite déjà d’opportunités extraordinaires. Pouvoir me produire aux Etats-Unis serait fantastique. Tout comme créer mon propre show dans une boîte de nuit renommée d’Ibiza. Mais plus que tout, je souhaite continuer à voyager et vibrer pour ma musique.
Henri PFR - « Aujourd’hui, les artistes électro les plus influents sont belges »
Henri PFR
« Aujourd’hui, les artistes électro les plus influents sont belges »
MOTS : SERVANE CALMANT
PHOTOS : JON VERHOEFT
COIFFEUR ET MAKE-UP ARTIST : LUC DEPIERREUX
Classé au Top 100 des meilleurs DJs du monde, le Bruxellois Henri PFR a l’art d’ensoleiller notre quotidien avec une électro-pop feel good. Pas étonnant que ses deux nouveaux singles, «Last Night» et «Wanna Be Loved», enfièvrent déjà le dancefloor. Pour autant, Henri ne s’est jamais pris le melon. On le rencontre à l’ING Arena, relax et loquace, avant qu’il n’entame un marathon de festivals, qui passera notamment par Tomorrowland, Les Gens d’Ere, les Fêtes de Wallonie et Ibiza …
Pour notre shooting, nous vous avons invité à l’ING Arena. Même vide, on sent que cette salle vibre… Incroyable, c’est gigantesque ! Avec plusieurs artistes belges, on devait participer à une soirée intitulée « Music for Bricks », en concertation avec Unicef, pour récolter des fonds pour l’Afrique. Le concert devait avoir lieu au Palais 12 (rebaptisé ING Arena depuis septembre 2023 – nda) mais la Covid en a malheureusement décidé autrement …
On rembobine le fil de votre vie? Vous avez commencé à mixer à 15 ans. Vous souvenez-vous du jour où le succès vous est littéralement tombé dessus? Au grand dam de mes parents, c’était lors de mon premier blocus. A cette époque, j’avais réalisé une mixtape (une compilation – nda) pour une soirée, que j’ai ensuite postée sur mon compte Youtube. Et il a exposé. Cette mixtape écoutée à la base par cent potes, a récolté 200 000 vues les premières semaines, puis 500 000. Et aujourd’hui, elle a engendré 200 millions de vues !
Comment expliquez-vous ce succès soudain et foudroyant? Avant cette mixtape, j’ai sorti un morceau par jour, pendant un an, sans jamais rencontrer le succès. Mais mon acharnement a été payant. Pas un acharnement calculé, plutôt une persévérance spontanée, innocente, sans attente même… Pour charger cette mixtape, il fallait liker ma page Facebook, qui est passée d’une poignée d’amis à 212 000 followers. Cette soudaine célébrité a changé rapidement la donne : un manager m’a repéré, un label m’a approché (Henri a signé avec Armada, le label hollandais du DJ star Armin Van Buuren – nda). Très vite, j’ai compris que je pouvais gagner ma vie en mixant. C’était surprenant et grisant à la fois. Et tout aussi rapidement, je me suis professionnalisé. Mes singles « Home » et «Until the End» ont cartonné, et les concerts se sont enchaînés. Mars 2017 (il a alors 21 ans – nda), j’ai rempli l’AB, puis j’ai participé à de nombreux festivals, dont Tomorrowland …
Vous êtes un enfant de Tomorrowland … Oui, en quelque sorte. En 2014, je faisais partie du public et j’avais parié avec un ami qu’un jour je monterais sur la Mainstage (rires) !
Vous avez même suivi Tomorrowland jusqu’au Brésil ! Tomorrowland Brasil, c’est la magie de Tomorrowland Belgique en plus «caliente». C’était également mon premier voyage au Brésil… Mais Tomorrowland Belgique continuera toujours à occuper une place particulière dans mon cœur. La plaine de Boom est mythique pour de nombreux DJs.
Au début de votre carrière, vous avez installé un studio à La Hulpe. Henri-le-Bruxellois a-t-il besoin de calme pour composer? Ce sont les meilleures et les pires années de ma courte vie (rires). Les morceaux composés à cette époque ont rencontré un véritable succès ; en revanche, je n’avais aucune hygiène de vie, j’allais dormir tard, je me levais l’après-midi, je ne faisais pas de sport … Tout le contraire de ma vie actuelle qui est véritablement structurée.
La vie d’artiste est pourtant relativement peu ordonnée… Oui, vous avez raison. Je vis d’ailleurs assez mal l’ascenseur émotionnel que me procure les passages à vide après un marathon de concerts estivaux. J’ai comme un coup de blues…
Par chance, vous avez mixé en mars dernier à Tomorrowland Winter ! Exactement, sauvé.
Avez-vous déjà pensé tout plaquer? Chaque semaine (rires) ! J’ai souvent envie de fuir, de m’isoler. J’ai parlé de ce malaise, de ces périodes sombres, récemment sur Facebook. Mais je sais aussi que les instants de bonheur reviennent toujours illuminer nos jours…
Vous semblez professionnellement épanoui. Vous opérez d’ailleurs un retour en force avec deux nouveaux singles, basés chacun sur un sample, qui cartonnent déjà … «Last Night» et «Wanna Be Loved» appartiennent désormais au public. «Wanna Be Loved», je l’ai co-signé avec le DJ lillois FDVM qui m’a appelé pour que je l’aide à terminer ce morceau. Pour ce titre, on a utilisé un sample hyper connu, issu du single « I Won’t Let You Down » du groupe britannique Ph.D, qui avait été n°1 en 1982, et qui a été ensuite samplé par le DJ Armand Van Helden sur son titre « Wings » en 2016. J’aime beaucoup l’idée du sample, car j’ai vraiment l’impression de redonner vie à des titres parfois oubliés. D’offrir à la musique l’opportunité de traverser le temps…
Vous êtes DJ, compositeur et producteur. Une préférence? DJ, avant tout, même si j’aime aussi le travail en studio. Trouver la bonne mélodie, le bon sample, le bon son, me procure un plaisir incroyable. Mais j’ai besoin de la scène pour vibrer. Quand vous avez devant vous, un public de 20 000 personnes qui sautent, vous ressentez une poussée d’adrénaline et une énergie incroyables ! Quand vient l’hiver, j’ai le blues du live …
Comment choisissez-vous l’extrait à sampler ? Je passe ma journée à écou-ter de la musique. Alors, sur Spotify, j’ai créé une playlist privée avec des idées de samples. Ce qui m’anime? Parfois une simple ligne d’accord, parfois une mélodie, ainsi mon dernier single, «Last Night», inspiré d’un tube de P Diddy. Le plus souvent, je sample des morceaux qui ont accompagné un moment de ma vie … En parallèle, je compose également des morceaux originaux.
Bientôt un album? J’y pense, mais je manque peut-être encore un peu d’assurance …
Etes-vous connu en Flandre? Oui, j’ai cette chance. Dès le début de ma carrière, mes singles ont été programmés par les radios flamandes, MNM où j’ai eu un radio show et Qmusic où j’anime toujours une émission. Ce qui m’a permis de développer une fanbase flamande.
Dans les années 80, la Belgique a été l’épicentre de la scène techno européenne. A l’évidence, c’est toujours le cas… En effet. L’électro englobe une variété de genres musicaux où, dans chaque style, les artistes actuels les plus influents sont belges ! Amélie Lens et Charlotte de Witte dans la techno, Dimitri Vegas & Like Mike dans l’électro house, Lost Frequencies dans la pop house… Il y a une véritable culture musicale électro dans notre pays. Le succès de Tomorrowland pour preuve !
Y’a-t-il une place pour chaque artiste dans ce petit pays? Oui, bien sûr. En Belgique, c’est formidable que tout le monde se connaisse et aime s’entraider.
L’intelligence artificielle, vous kiffez? C’est un outil de travail très efficace, mais pour qu’un morceau touche le cœur du public, je suis convaincu qu’il faut y mettre du vécu …
EnjoyPhoenix, votre compagne est une influenceuse. Comment gérez-vous tous les deux la célébrité? Quand quelqu’un m’accoste dans la rue, c’est souvent pour me féliciter, c’est donc toujours gratifiant. Ma compagne partage des informations qui relèvent parfois de sa vie privée, la célébrité est donc plus difficile à gérer pour elle que pour moi …
Prêt pour le marathon d’été? Absolument. Je serai notamment à Tomorrowland sur la Mainstage et à la clôture du Grand Prix de F1 à Spa-Francorchamps. Sur les scènes de France, de Suisse… Et je fais une tournée en Asie également.
Tanguy Dumortier - Grands espaces sur petit écran
Tanguy Dumortier
Grands espaces sur petit écran
Mots : Servane Calmant
Photos : DR
Globetrotter et reporter dans l’âme, Tanguy Dumortier a arpenté les quatre coins de la planète par soif d’émerveillement, et pour nourrir le Jardin Extraordinaire, émission phare de la RTBF qu’il a redynamisée il y a 10 ans. Comment perçoit-il le monde de demain ? Quel espace sommes-nous prêts à laisser à la nature sauvage ? Le quadra brabançon nous répond, sans langue de bois.
Gamin, qu’est-ce que la nature évoquait pour vous ? Mes parents n’avaient pas de jardin, en revanche, nous habitions à côté de la forêt de Soignes qui est rapidement devenu mon terrain de jeu et d’évasion. Quand je faisais l’école buissonnière, je courais en forêt. J’avais 10, 12 ans et je m’y rendais seul. Une chance, car j’ai pu découvrir par moi-même la nature, apprendre à ne pas me perdre, à ne pas avoir peur, à ne pas m’ennuyer seul. Je faisais régulièrement le même tour mais chaque jour m’apportait son lot de découvertes, des écureuils, des oiseaux, des chevreuils, des renards. Cela peut sembler paradoxal, mais si j’avais eu un petit jardin, j’aurais peut-être moins exploré la forêt…
Auriez-vous pu travailler toute une vie dans un bureau ou un studio TV ? Oh, non. Je l’ai pourtant fait quelques années (Tanguy a présenté le journal télévisé du soir, le 12 minutes, sur la Deux/RTBF, de 2005 à 2010 – nda) mais j’aspirais déjà à travailler en extérieur. C’est sur le terrain que je suis le plus heureux.
En 2014, il y a 10 ans exactement, la RTBF vous propose de succéder à Claudine Brasseur. Vous avez alors 34 ans. Vous acceptez pourtant ce poste qui à l’époque était sédentaire… Oui, mais il y a 10 ans, je tournais déjà des documentaires animaliers. Je n’ai pas envisagé un seul instant de devenir présentateur du Jardin Extraordinaire et de renoncer à ce qui m’anime toujours aujourd’hui : aller à la rencontre de la faune sauvage et la filmer. La télévision était en train de changer : la RTBF achetait beaucoup de contenu et en produisait peu ; moi, je leur ai proposé un catalogue de productions propres et des coproductions. Le terrain, c’était ma condition. La direction m’a donné son go.
Le Jardin Extraordinaire, la plus vieille émission de la RTBF (avec le JT) fêtera ses 60 ans en 2025. Ce programme n’a non seulement pas pris une ride mais a réussi également à évoluer, notamment grâce aux avancées technologiques. Exactement. Aujourd’hui, je peux partir seul, avec une petite caméra, achetée à moindre coût, plus légère, plus maniable, avec des drones également, ce qui apporte beaucoup de souplesse au tournage.
Seul au bout du monde, avez-vous parfois souffert de solitude ? Non, jamais. Mais partir avec une petite équipe, de deux, trois personnes, c’est nettement plus agréable, plus sécurisant et moins fatigant. Je suis parti seul, un mois en Antarctique. Je me suis levé tous les jours aux aurores, j’ai dormi après avoir fait le back up des images, j’ai cumulé plusieurs jobs dans la journée. Une expérience éreintante.
Quelle est la qualité principale d’un réalisateur de films animaliers ? Arriver à se plier au contexte. Le caméraman ne décide pas quand l’ani-mal va se présenter devant son objectif. On peut évidemment, à force de l’observer, espérer qu’il se présente à tel ou tel moment. Mais c’est l’animal qui décide. Le documentaire animalier, c’est une école de la patience et de l’humilité.
Comment se fait la sélection des destinations et de la faune à (dé)couvrir ? Les sujets ne manquent pas, mais il faut composer avec une réalité économique. Si le sujet a déjà été couvert par une grosse société de production de films animaliers qui peut se permettre de rester six mois sur place, je ne peux pas la concurrencer. L’accessibilité du lieu en fonction du budget qui m’est alloué entre également en jeu. Enfin, et c’est peut-être le plus important, il faut pouvoir raconter une histoire. J’ai fait un reportage en Equateur au pied de la cordillère des Andes au plus profond d’un canyon, à la rencontre de l’ours andin, l’ours à lunettes, le plus rare et le plus menacé de la planète. J’ai pu suivre Yoyo, un ourson d’un an et demi, grâce à Danilo, un fermier et grand protecteur de ces ours. Le déclic du voyage en Equateur, c’est Danilo. Il faut connaître quelqu’un sur place pour raconter une histoire qui mêle le plus souvent, la vie des hommes et des animaux.
Une bonne raison de partir voyager autour du globe ? L’excitation face à l’inconnu. L’émerveillement. Comprendre comment la vie s’est adaptée à certains milieux, me fascine littéralement.
Peut-on encore prendre l’avion ou le bateau pour voyager ? Voyager ouvre l’esprit et cette curiosité est saine mais le voyage lointain est presque toujours polluant. C’est une contradiction avec laquelle je vis, je ne me voile pas la face. Je me suis rendu jusqu’en Antarctique à la rencontre des baleines et des manchots, à bord d’un voilier dont l’impact carbone est dérisoire par rapport à un ferry. Voyager écoresponsable est possible. Mais comment supprimer tout impact du voyage sur l’environnement, à cette question, je n’ai malheureusement pas la réponse.
Qu’auriez-vous envie de dire aux politiciens en termes d’enjeux environnementaux ? On parle beaucoup de l’impact du changement climatique sur notre espèce. Et sur le monde animal sauvage. Quel espace l’homme est-il prêt à laisser à la nature sauvage, pour qu’elle puisse continuer à vivre, à se développer, à cohabiter avec nous sur terre ? En Tasmanie, par exemple, la moitié de l’île est constituée de parcs nationaux et de réserve naturelle. Chez nous, en Europe, ce n’est plus possible certes, mais comment va-t-on demain cohabiter avec la faune sauvage ? Les bonnes intentions ne suffiront plus. On va planter des haies pour la biodiversité ? En parcourant le monde, j’ai vu plus de haies détruites, que de haies plantées ! Est-on conscient du bien-être qu’apporte la cohabitation avec d’autres espèces ? Et que va-t-on faire pour la maintenir ? Toutes ces interrogations doivent également faire partie des enjeux environnementaux de demain.
Comment percevez-vous le monde de demain ? En tant qu’observateur de la faune, je ne peux malheureusement pas être très optimiste. Prenons les loups, chez nous. Leur présence entraîne des tensions avec les éleveurs notamment. L’être humain a oublié comment cohabiter avec le loup. Le rôle du Jardin Extraordinaire, c’est de transmettre la connaissance sur la nature et sur la faune sauvage, l’envie de la comprendre, de la respecter, de renouer avec elle. Et quand tel reportage incite à l’expérience personnelle de la nature, j’en retire, oui, une certaine fierté.
NOÉ PRESZOW « Je partage cette pensée du philosophe Benjamin Fondane : la poésie cherche des amis, non du public »
NOÉ PRESZOW
« Je partage cette pensée du philosophe Benjamin Fondane : la poésie cherche des amis, non du public »
Mots : Servane Calmant
Photos : Victor Pattyn
Après « À nous », soldé par une nomination aux Victoires de la Musique, le Bruxellois Noé Preszow, 29 ans, nous revient avec [prèchof ], treize titres de chanson française batailleuse à l’énergie sincère. Rencontre.
Votre premier album, « À nous » vous a amené loin en termes de recon- naissance, notamment aux Victoires de la Musique. Un deuxième album, est-ce plus facile ou au contraire, plus stressant, plus pressant, qu’un premier ? Chaque chanson, c’est une première fois. Depuis que j’ai 13 ans, je ressens cette même urgence d’écrire, de composer. Le plus compliqué reste d’agencer les titres car j’ai toujours trop de matière ! Alors, à la manière d’un cinéaste, j’écoute les rushes avant de procéder au montage. Choisir telle chanson plutôt qu’une autre, alterner les rythmes, rapides, lents, sélectionner un titre guitare voix, et donner un sens à cet assemblage. Ce bout à bout est une phase que j’apprécie particulièrement.
À quel rythme écrivez-vous ? Je ne termine pas une chanson chaque jour mais je suis traversé au quotidien par des idées qui, à terme, peuvent déboucher sur des textes. Tous les jours également, j’allume mon micro, je prends ma guitare, je fais des démos, une maquette en amène une autre… Si j’ai un bout de texte, je le mets immédiatement en musique, puis d’autres mots et d’autres rythmes se font échos, avec toujours pour objectif d’enregistrer rapidement une nouvelle chanson.
En studio, vous avez retrouvé Romain Descampe et Ziggy Franzen, de Puggy. On ne change pas une équipe qui gagne. Exactement. J’ai également travaillé avec Ambroise Willaume qu’on connaît également sous le nom de Sage, et qui a notamment écrit pour Clara Luciani. Nous avons composé ensemble plusieurs chansons de ce nouvel album. Ensuite, je suis « retourné à la maison », comme dit Romain Descampe, dans le studio de Puggy, pour profiter de leurs propositions harmoniques. Je leur ai demandé de jouer comme s’ils avaient toujours 17 ans dans leur chambre d’ado. Et j’ai ressenti de manière très intense leur créativité. Romain et Ziggy sont d’une rare générosité dans le travail.
Lors de notre première rencontre, vous aviez insisté sur l’importance pour vous de marier les mots et les sons et vous aviez fait la moue quand je vous cataloguais de chanteur à texte. Mais, Noé, si je vous qualifie de chanteur engagé, vous n’allez quand même pas me contredire ! (Rire). Je suis d’accord ! Bob Dylan, Léonard Cohen, Hubert-Félix Thiéfaine, Brigitte Fontaine, Patti Smith, tous les artistes que j’affectionne questionnent le monde comme je le fais. Par chance, la musique n’est pas un discours plombant, c’est de l’énergie, de l’émotion, de la matière, des prises de positions donc de risques. C’est aussi et surtout une intention.
Votre public connaît-il les paroles de vos chansons ? Oui, j’ai la chance d’avoir un public qui partage mes valeurs. Le poète Benjamin Fondane a écrit : « La poésie cherche des amis, non du public ». Ces amis-là viennent à mes concerts. C’est très émouvant. En live, quand je joue « Le monde à l’envers » qui dénonce les violences policières, le public partage ma rage contenue, je le sens, je sens leur « fièvre vissée au poing » et leur besoin de « gueuler debout pour qu’enfin se retourne ce monde à l’envers ».
En tant qu’artiste engagé, êtes-vous le sujet de critiques sur les réseaux ? Jusqu’à présent non, et je ne suis pas pressé que cela change ! A l’évidence, je n’inspire pas la haine. Sur mon nouvel album, le titre « Juste devant » condamne la montée de l’extrême droite sans ambiguïté aucune. Pour autant, je refuse de stigmatiser les gens qui votent extrême droite. Je préfère leur dire que j’ai entendu leur détresse mais que voter extrême droite n’est pas la solution. Je n’ai absolument pas peur de la confrontation.
Qui est la Charlotte à laquelle vous dédiez une chanson ? Je chante ce titre sur scène depuis la première tournée, avant même que sorte ce nouvel album. Très rapidement, le public s’est identi- fié au personnage de Charlotte. Est-ce pour autant une histoire d’amour ? Pas dans ma tête. Mais libre à chacun de percevoir cette chanson comme il l’entend. Pour ma part, Charlotte fait référence à tous ces gens qui partagent un moment de notre vie, durant l’ado- lescence notamment, et que l’on perd ensuite de vue.
Ce nouvel album porte votre nom, [prèchof ] en phonétique. Un nom de famille pour témoigner de vos origines diverses (moldave, grecque, polonaise) et vous affirmer ? Oui. Lors du premier album, j’étais un peu timide par rapport à mes origines. Je ne souhaitais pas forcément en parler. Aujourd’hui, je veux témoigner des traumas que le déracinement engendre et dénoncer la haine de l’autre, en toute lucidité, sans aspect moralisateur pour autant.
Que représente la musique pour vous ? J’ai besoin de musique pour continuer à avancer, à créer, à exprimer mes révoltes et mes espoirs. Pour rien lâcher. C’est vital.
En live, notamment : Cigale à Paris, Cirque Royal à Bruxelles, Francofolies de Spa, Les Solidarités à Namur.
LYLAC Des rêves d’ailleurs pour mieux s’ancrer dans le présent
LYLAC
Des rêves d’ailleurs pour mieux s’ancrer dans le présent
Mots : Servane Calmant
Photo : Lincoln Paradox Photography
Depuis une dizaine d’années, l’auteur-compositeur- interprète bruxellois, Amaury Massion, parcourt des contrées lointaines, sa guitare sur le dos, l’esprit ouvert aux rencontres. Sous la bannière Lylac, il chante ses rêves d’ailleurs sur « The Holy And The Free », un cinquième album de folk indie à la sensibilité désarmante. Rencontre avec un quadra attachant au parcours éclectique.
Comment êtes-vous tombé dans le chaudron de la musique ? Chorale dès 12 ans, puis le Conservatoire où j’ai suivi deux cursus différents, jazz et composition classique. Mais je suis un enfant du rock, j’ai eu deux groupes, My TV is Dead et Attica, avant d’entamer le projet solo de Lylac.
Lylac chante de la pop folk nomade. Le voyage forme l’artiste ? Et comment ! Le voyage s’oppose à l’ethnocentrisme. Il est source de découvertes, de rencontres, d’échanges, il enrichit l’homme et lui permet également, à terme, de mieux se connaître.
La guitare sur le dos, pour gagner le cœur des gens ? En quelque sorte. En 2012, je suis parti plusieurs mois en Asie du Sud-Est, Thaïlande, Cambodge, Laos, avec ma guitare sur le dos, en mode backpacker. J’ai assisté au fin fond du Cambodge, près du fleuve Mékong, à une course de pirogues pour la Fête de l’eau. J’ai été invité à me joindre aux villageois pour baptiser les bateaux. Ils ont allumé des feux. J’ai pris ma guitare et j’ai chanté des morceaux que je venais juste de composer. Cette rencontre fut pour moi un déclic. Une voix, une guitare, sans filtre, en toute sobriété, cela suffit pour communiquer et aller vers l’autre, même quand on ne parle pas la même langue. Et j’ai monté le projet Lylac.
Lylac ? Une référence à « Lilac Wine » de Nina Simone, the Queen (rire). Cette chanson évoque un amour doux et amer à la fois. Un peu comme ma musique qui s’apparente à une caresse, mais dont les textes ne sont jamais naïfs. J’aime cette contradiction.
«Outinthewild»et«TheSpiritsof the wild », deux titres de votre nouvel opus font référence à la vie sauvage. Que vous inspire-t-elle ? Le paradis est sur terre. Cela peut paraître cliché à dire, mais j’en suis convaincu. La Terre est un petit bijou que l’on malmène. Chacun de mes albums s’apparente à un carnet de voyage. Celui-ci exalte le retour et la reconnexion à la nature sauvage, à la terre des anciens. Il m’a été inspiré par un voyage dans la province cambodgienne du Mondolkiri au sud-est, à la rencontre des Buongs, une tribu animiste qui vit en symbiose avec la nature sauvage dont ils sont totalement tributaires. C’est une leçon de vie pour « Les Animaux dénaturés » (référence à un roman de Vercors – nda) que nous sommes devenus.
Vous êtes en quête de déconnection. Pour autant, vous vivez à Bruxelles… Je suis un homme de paradoxes. (Rire). J’habite en effet Ixelles, à deux pas du quartier Matongé, où j’ai mon propre studio d’enregistrement. C’est un quartier vivant, sa multiculturalité me stimule énormément. Mais j’ai également besoin de voyager pour nourrir mes compositions, pour me charger en énergie des lieux que je visite et des rencontres qui rythment mes périples. Par exemple, « Buffalo Spirit », mon troisième album, a été composé après un voyage exceptionnel dans l’Ouest américain. Cela dit, le voyage est avant tout un état d’esprit, la micro-aventure est parfois au coin de la rue.
Le titre « California Heaven » s’aventure dans les collines de Los Angeles, à la recherche du mythe ultime : l’âge d’or du Laurel Canyon qui a notamment vu défiler Neil Young, Jim Morrison, les Mamas And The Papas. Etes-vous passéiste ? Je n’espère pas forcément un retour à la vie d’avant. Mais j’aime analyser des éléments du passé pour mieux m’ancrer dans le présent.
Qui accompagne Lylac sur scène ? Merryl Havard, une violoncelliste virtu- ose, Jérôme Van den Bril à la guitare et Didier Van Uytvanck à la batterie. Sur mes précédents albums, j’ai invité Joachim Lacrosse, joueur de sitar indien, Carlo Strazzante, percussionniste, … J’ai joué avec plein d’artistes, au gré de mes envies. Et comme j’ai des goûts éclectiques, mon public s’avère relativement varié.
Eclectisme encore puisqu’après ce cinquième album, une tournée de concerts en 2024, vous remontez sur la scène de la Monnaie en 2025 pour le rôle-phare du dernier volet d’un pop-requiem … C’est le compositeur belge Jean-Luc Fafchamps qui est venu me chercher, après avoir vu un de mes concerts. Il a monté l’opéra « Is this The End ? », un projet ambitieux qui interroge les états de conscience entre la vie et la mort et qui prend la forme d’un triptyque. Sur la scène de la Monnaie : trois solistes, deux chanteuses lyriques et moi, un chanteur populaire. Les deux premiers volets ont été présentés respectivement en 2020 (en pleine pandémie, sous la forme d’un film vidéo – ndr) et 2022. Le dernier volet sera centré sur l’Homme, mon personnage, et présenté en 2025. Je chante avec un orchestre symphonique et un chœur de vingt personnes ! Une expérience extraordinaire.
En live : Fête de la Musique à Namur, Piano-bar à La Spirale à Natoye, Les Francofolies de Spa. La Monnaie pour un pop-requiem en 2025.
VALENTINE DE LE COURT “ Je suis composée d’écriture ”
VALENTINE DE LE COURT
“ Je suis composée d’écriture ”
VALENTINE DE LE COURT
“ Je suis composée d’écriture ”Mots : Barbara Wesoly
Photo : DR
C’est dans les allées d’un jardin à l’atmosphère ésotérique et ensorcelante que nous entraîne Valentine de le Court dans son 5e roman. Une exploration aux allures de quête initiatique, dont les créatures divines entre en résonnance avec notre humanité.
“ Au Jardin des Immortels ”, votre nouvel ouvrage, est imprégné par la mythologie antique. Vous semblez captivée par l’idée d’explorer les failles de ces êtres divins. Cet univers me fascine. Depuis l’enfance, je suis passionnée par les religions et la mythologie gréco-romaine. Ces dieux antiques sont mes amis depuis plus de 30 ans. J’ai beaucoup de tendresse pour eux. Nos croyances monothéistes actuelles célèbrent un créateur angélique et bienveillant, à l’opposé finalement de notre humanité. Les figures divines de la mythologie ont-elles autant, si pas plus, d’imperfections que les humains. Cet aspect m’amuse beaucoup.
Elles donnent aussi le sentiment qu’immortalité rime avec ennui et vacuité. De votre côté, cette éternité serait-elle un fantasme ? Je crois à la vie après la mort. Être voué à cette fin me pose donc moins de problèmes. D’autant que je pense que la perpétuité conduirait à un grand ennui. Plus que l’éternité, c’est le contrôle que nous voudrions conserver. Ce qui est difficile, ce n’est pas l’anéantissement, c’est la perte d’énergie, l’impuissance du corps qui s’enraye, nous qui évoluons dans une société d’extrême maîtrise. C’est plus l’interrogation qui m’anime. Dans mon premier roman, par exemple, je me demandais ce que l’on ressentirait si l’on pouvait assister à son propre enterrement. Dans “ Vacances obligatoires en famille ”, comment l’on réagirait à devoir retomber chaque année, le temps d’un voyage, sous l’autorité parentale. Avec ce nouveau récit, la question fondamentale est qu’est-ce qui se passerait si l’on ne mourait jamais? Alors que cette briéveté sur terre donne toute sa dimension à notre existence.
Quoique très différents dans leur cadre et leur contexte, vos récits sont toujours entourés d’un certain mystère. L’énigme vous électrise-t- elle? Je pense qu’on écrit avant tout les ouvrages qu’on rêverait de lire. J’aime les histoires que j’attends fiévreusement de retrouver le soir, que je dévore et ne veux plus quitter. Au-delà de son côté divertissant, un ouvrage doit laisser également une réflexion et des questions, en filigrane dans mon esprit. Je remarque d’ailleurs qu’inconsciemment, trois thèmes sont une constante dans mes romans. Les liens familiaux, qui m’ont toujours passionné. La maison, en tant que personnage central de mes récits, sûrement par son rôle de foyer des émotions et des gens. Et puis la mort, ou dans le cas de “ Au jardin des Immortels ”, son absence. Des sujets qui se retrouveront aussi dans le roman humoristique que je suis en train d’achever. Et qui possèdent leur part de mystère.
Avant la publication de votre premier roman “ Explosion de particules ” en 2014, vous avez été juriste durant 10 ans. Qu’est-ce qui vous a donné l’impulsion de vous changer de voie? Je suis composée d’écriture, c’est toute ma vie. J’ai toujours écrit. Petite, je composais des poèmes, puis plus tard des pièces de théâtre. Je griffonnais des mots d’amour pour les garçons de ma classe, afin qu’ils les offrent à leurs copines et en échange me fassent mes devoirs de latin. À 15 ans, je voulais être comédienne de théâtre et écrire mais mes parents pensaient que je mourrais de faim si j’empruntais cette voie. J’ai donc suivi celle du droit. Et puis, à la naissance de mon deuxième enfant, j’ai pris une année sabbatique pour m’occuper de mes deux touts petits qui n’étaient pas encore scolarisés. Je me suis dit que c’était le moment parfait pour écrire. Deux fois par semaine, je confiais mes enfants à mes deux tantes adorées et j’allais commander une crêpe dans un café tout en rédigeant mon roman. “ Explosion de particules ” a été publié dans la foulée de l’écriture et je ne suis plus jamais retournée au barreau.
Qu’est-ce qui vous guide aujourd’hui ? La fierté de pouvoir dire à l’adolescente que j’étais que j’ai accompli ses rêves. Que j’ai suivi sa voie. J’ai d’ailleurs repris le théâtre et je serai sur les planches en avril et en juin. J’ai également écrit une pièce de théâtre avec trois autres femmes, que nous jouerons au théâtre Mercelis en novembre. Et puis une véritable quête de sens, des deuils et de la peine comme des joies. Je crois très fort à l’histoire du colibri minuscule qui de son bec jette quelques gouttes d’eau pour tenter d’éteindre l’incendie de la forêt. Je m’efforce, à mon niveau, de contribuer au monde. En étant en paix avec les autres, en élevant des enfants dans une vraie humanité, en partageant la bonté et la culture et en propageant la philanthropie, en allant dans les écoles pour communiquer ma passion de la lecture et de l’écriture. Eveiller, protéger, trans- mettre. C’est ce qui fait sens.
Au jardin des Immortels, de Valentine de le Court, Editions Mols.
PUGGY « Nous avons poussé le curseur plus loin, bien au-delà de nos acquis... »
PUGGY
« Nous avons poussé le curseur plus loin, bien au-delà de nos acquis... »
Mots : Servane Calmant
Photos : Victor Pattyn
Pour écouter Radio Kitchen, leur nouvel EP, il nous aura fallu patienter sept ans. Matthew Irons, Romain Descampe et Egil ‘Ziggy’ Franzen n’ont pas chômé pour autant. Au menu de cette rencontre : leur nouvel opus évidemment, mais aussi leur studio d’enregistrement, lieu d’échanges avec d’autres artistes, et la confirmation de nombreux concerts et festivals où les voir cet été …
Sept ans entre deux albums. Elle fut longue l’attente. Pourtant, vous n’avez pas cessé de turbiner… Matthew. Exactement. Le nom de Puggy était moins présent dans les médias, mais nous n’avons jamais arrêté de composer pour le groupe. Parallèlement, nous avons saisi d’autres opportunités artistiques : nous avons composé quatre musiques de films (notamment Bigfoot Family du Liégeois Ben Stassen – nda), moi j’ai participé à une émission de télé (coach à The Voice Belgique et The Voice Kids – nda), Romain et Ziggy se sont occupés de la production d’artistes belges, nous avons également coécrit pour d’autres et nous avons acquis et investi, à nous trois, notre propre studio et créé notre propre maison de disque…
Je lance un pavé dans la mare : Puggy, sous la forme du trio, aurait-il pu ne jamais revenir au devant de la scène ? Romain. Oh non. Nous nous voyons tous les jours, dans notre nouveau studio. Nous avons diversifié nos activités certes, mais le besoin de remonter sur scène s’est fait ressentir petit à petit … D’où ce nouveau EP et ce retour en force.
Pensez-vous parfois que c’était mieux avant ? Romain. Jamais. (rire) Sincèrement, nous préférons aller de l’avant. Nous sommes des curieux, tou- jours tentés par de nouvelles expériences. Sur ce Radio Kitchen, nous avons poussé le curseur plus loin, bien au-delà de nos acquis, en exploitant la liberté créative que nous offre ce nouveau studio d’enregistrement.
Radio Kitchen, c’est le nom de votre EP, de votre label et de ce studio d’enregistrement dont la cuisine, une véritable cuisine avec casseroles, machine à laver et frigo, est devenu le centre
névralgique. Cet endroit, vous l’avez pensé comme un lieu de vie ? Ziggy. Pas forcément. Au début, nous cherchions un endroit où répéter et poser tout le matériel du live. Mais petit à petit, la cuisine qui servait tout naturellement d’endroit où luncher entre nous, a pris une autre dimension. C’est devenu un terrain de jeu créatif où entre le frigo et la machine à café, nous créons de nouveaux morceaux et enregistrons de manière décomplexée, indépendante et forcément spontanée.
Ce studio, c’est un labo inclusif…
Romain. Oui et non. Ce n’est pas un studio d’enregistrement classique disponible à la location, nous ne sommes pas des ingénieurs du son. Je préfère le définir comme un laboratoire qui accueille également des collaborations entre Puggy et d’autres artistes.
Les Puggy plus indépendants que jamais ? Romain. Oui, en créant notre propre label, nous nous sommes offert beaucoup de liberté. Mais cela exige de savoir prendre du recul, pour ne pas nous précipiter et sortir n’importe quel morceau dans le feu de la spontanéité. Par chance, nous sommes bien entourés !
Parlons de vos collaborations. Vous avez travaillé avec Angèle, Noé Preszow, Charles, Alice on the Roof, Yseult. Que vous a-t-elle apporté cette nouvelle génération d’artistes ? Matthew. Ils nous ont apporté leur connaissance des nouvelles technologies, des nouveaux modes de communication. Une connaissance intuitive, naturelle, puisqu’ils ont grandi avec internet et les réseaux sociaux. Cette génération « Do It Yourself » a beaucoup à nous apprendre car le métier d’artiste implique désormais d’utiliser de la technologie, d’intégrer les nouveaux codes de la diffusion musicale, de se diversifier. Chez les plus jeunes, cette orientation est quasi innée…
Quand Puggy n’écoute pas Puggy, qu’écoute chaque membre du groupe ? Matthew. Mais Puggy n’écoute jamais Puggy. (Rire). La scène musicale belge est très active et très éclectique. Nous aimons beaucoup Stromae, Angèle, Noé Preszow, Illiona, Charles, Rori… Ils sont tous incroyables.
On l’a dit, entre ce nouvel EP et les précédents albums de Puggy, de l’eau a coulé sous les ponts. Pourtant, la fraîcheur de votre pop est restée intacte. Comment conserve-t-on cet éclat, tout en prenant de la bouteille ? Matthew. Tout musicien reste en contact avec sa part d’enfance. Ensuite, la curiosité, l’en- vie d’apprendre, l’ouverture aux autres et au monde influencent forcément la capacité d’observation et de créativité du groupe et nous stimulent à aller de l’avant.
Je devine que vous avez hâte de remonter sur scène … Romain. Oui, c’est la principale raison de ce EP : retrouver le public pour revivre des moments de partage avec, notamment, ces nouveaux titres. Le studio est plus studieux ; la scène, en revanche, c’est la folie, le lâcher-prise, la liberté, les rencontres, les voyages. Oui, le live nous a manqué.
A voir : Forest National, Dour Festival, Francofolies de Spa, Les Solidarités à Namur, AB Bruxelles …