Mots pour maux

Stéphane De GROODT, c’est tout l’art de jongler avec les mots d’un Raymond DEVOS augmenté de cet inénarrable goût pour l’absurde si propre à la Belgique…

Des mots qu’il triture, assemble, démembre à loisir pour le meilleur et pour le rire.

Mots : Frédérique Morin
© RET

Au bout du compte (ou du conte, comme on voudra) – et après avoir épuisé une passion pour la course automobile de près de 15 ans couronnée par un  titre de champion de Belgique Procar – ça donne : 7 ans de Ligue d’Improvisation, 3 pièces de théâtre, 2 années de chroniques à la radio, des publicités, des livres (6 à ce jour), la télévision avec notamment pour Canal+  le très remarqué File dans ta chambre, la réalisation de deux courts métrages avec à suivre le projet de deux longs métrages, et au cinéma près de 26 rôles !

Rencontre avec Stéphane De GROODT au Festival International du Film Francophone de Namur, à l’occasion de son rôle dans le dernier film de Fred CAVAYÉ, Le Jeu, présenté en avant-première.

Stéphane de GROODT y interprète l’un des 7 convives d’un dîner entre amis à mi-chemin entre le jeu de la vérité et la roulette russe. On vous recommande chaudement le film… peut-être moins le jeu !

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Quel rapport entretenez-vous avec votre téléphone portable, le 8e convive du film ?

Plus qu’envahissant, il est devenu insupportable… le plus insupportable étant ce que l’on en fait.

Il a pris le dessus sur beaucoup de choses ; et la génération de ma fille (13 ans) est encore plus addict et plus attachée à cet objet que la génération précédente ne peut l’être !

Lors du tournage, avez-vous été tenté de jouer avec les autres comédiens à ce jeu qui donne son titre au film ?

Non ! C’est un jeu auquel il ne faut pas jouer !!

Il y a 20 ans, on aurait trouvé cela complètement insensé, lors d’un dîner comme celui que l’on peut voir dans le film, de demander à tous les amis autour de la table de sortir leurs journaux intimes, de les mettre au centre de la table et de lire à haute voix ce que l’on y avait consigné… tous, on aurait dit non !

Alors pourquoi le téléphone autorise t’il ce jeu ?

Parce que le téléphone est visible, quand le carnet intime était gardé sous clé dans son bureau ou dans sa chambre.

Ce « cahier »-ci n’étant pas caché, on se donne le droit d’en jouer, on imagine que l’on peut l’ouvrir. Mais ce n’est pas parce qu’il est visible que l’on a à regarder ce qu’il y a à l’intérieur.   

Ce que l’on met dans notre téléphone ne regarde personne.

Est-ce que ce film procède aussi de votre goût pour la langue française, de tout ce que vous avez fait et dit autour des mots ?

C’est presque l’inverse !

Je suis le personnage qui parle le moins, ce qui, quand j’ai reçu le scénario, me perturbait un peu.

Fred m’a convaincu de l’intérêt de mon personnage pour l’équilibre du groupe… un personnage en observation, bavard avec le regard. Il y avait là un truc particulier à jouer.

En le faisant, j’ai compris ce qu’il me disait, et en voyant le film j’ai pris toute la mesure de ce qu’il m’avait dit.

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Comment ces 15 années que vous avez passées comme pilote de course professionnel ont-elles pu vous servir pour votre deuxième passion qu’est le métier d’acteur ?

L’humilité !

C’est LA notion du sport de compétition. Rien ne sert de faire le malin car à chaque course, tout est à refaire !

Ça m’a beaucoup aidé.

Par contre, au début, cet esprit de compétition a pu me desservir. Dans la course automobile, le but est d’être premier, de gagner, d’être le meilleur.

Dans le métier d’acteur, il n’y a rien à gagner, si ce n’est d’être juste, de bien jouer sa partition et d’être emporté par ce qu’on vous propose de faire.

Il ne faut pas être meilleur qu’un autre, il faut être le meilleur pour soi. 

D’où vient ce plaisir que vous avez de jouer avec les mots, à l’oral comme à l’écrit ?

Il vient d’un déplaisir.

Votre dyslexie ? 

En effet. J’ai un problème avec les mots. C’est con… ils sont nombreux !

Alors plutôt que de me battre avec eux, je me suis mis à les torturer, à les malmener… pour que ce ne soit pas l’inverse.

Je me suis rendu compte qu’ils étaient très flexibles, très surprenants, très multiples.

Ça ne m’a pas guéri, mais ça m’a soigné.

Vous qui n’avez qu’un film belge à votre actif (Formidable réalisé par Dominique STANDAERT), rêvez vous de tourner avec l’un ou l’autre réalisateur belge ?

Je trouverais assez couillu de leur part que les frères Dardenne me proposent un rôle !

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