Alexis Michalik en chiffre, c’est à 35 ans,4 pièces en 5 ans : Le Porteur d’histoire,Le cercle des illusionnistes, Edmond et Intramuros. Toujours jouées, elles totalisent à ce jour pas moins de 4.050 représentations, en France et dans plus de 12 pays dont les États-Unis, l’Algérie, le Liban ou encore la Belgique… avec comme cerise sur le succès public une moisson de 10 Molières !

Quant aux lettres, Alexis en a de solides.Le garçon, qui a grandi sans télévision, fonce à la bibliothèque, lit des tonnes de BD, et se régale avec Dumas, Rostand, Shakespeare, Pennac…

Rencontre à Bruxelles avec un homme courant mille lièvres à la fois pour être sûr de concrétiser au mieux tous ses projets.

MOTS : FRÉDÉRIQUE MORIN
PHOTO : MARY BROWN

Le secret de votre succès ?

Je ne me bride pas narrativement. C’est ça qui fait que les pièces fonctionnent. Quand je raconte une histoire, je raconte d’abord l’histoire la plus riche et la plus compliquée possible. Ensuite, lors de la mise en scène, je cherche à la rendre la plus limpide possible à un public.

Je pense que ce qu’aiment les gens, c’est de retrouver des sensations qu’ils auraient plutôt devant une série ou dans un bon bouquin et pas forcément au théâtre !

La forme théâtrale a aussi son importance : pas de tête d’affiche, essentiellement des rôles équivalents… permettent également la longévité du spectacle dans son exploitation. Qu’un acteur soit remplacé ne change rien… l’histoire, la dynamique sont toujours là.

Que cherchez vous en racontant vos histoires ?

Ce que je veux c’est accrocher un public, c’est amener une émotion, c’est faire dire quelque chose à ce spectacle. S’agissant d’Edmond : comment Edmond Rostand est passé du statut de total looser au statut d’auteur célébré. Comment on passe d’une pièce à laquelle personne ne croit à un triomphe total. À cela, je rajoute qu’il l’écrit en 3 semaines. Ce n’est pas la réalité… mais moi, j’ai écrit Le porteur d’histoire en 3 semaines !

Entre Shakespeare et Molière, qui choisissez-vous ?

Shakespeare, complètement ! Molière n’est pas trop ma tasse de thé. L’école anglaise, c’est raconter des histoires qui ne sont pas dans l’auto fiction, des histoires « bigger than life ». L’école française, ce sont autant d’histoires racontées de et à l’intérieur, des préoccupations bour- geoises… et ça au théâtre, dans les romans et dans les films !

Pourquoi avoir fait le choix du théâtre privé et non du théâtre public ?

J’aime la logique du théâtre privé. J’aime que ce soit simple : il y a des gens dans la salle… le spectacle continue ! Il est important pour moi que les gens qui m’ont fait confiance ne perdent pas leur chemise. C’est la seule manière pour moi de ne pas me sentir redevable.

Si jamais on est bon, si tout le monde est content, si les acteurs sont payés, si les producteurs se sont remboursés et gagnent des sous, alors c’est une opération qui a réussi. Cet aspect économique est toujours présent… et je pense que ce sera toujours le cas. Même si demain je fais un énorme show à Broadway, ce show devra rester viable.

À voir et à lire

Le porteur d’histoire au théâtre Le Public, avec une troupe 100% belge ! Jusqu’au 31 décembre.

Edmond :
• à Bozar le samedi 29 décembre pour deux représentations, à 15h et 21 h
• au théâtre Le Public en septembre 2019
• l’adaptation de la pièce au cinéma, sera dans les salles le 9 janvier 2019, avec notamment Olivier Gourmet au générique
• c’est aussi une BD de Léonard Chemineau aux éditions Rue de Sèvres
• le livre, reprend le texte de la pièce. Editions Albin Michel, 2016