Sea, sun and BOOK

Enfin du temps pour soi ! Au revoir ménage de printemps, soirées pluvieuses rythmées par Netflix. Lire permet de se déstresser, booste la mémoire et l’esprit, aide à mieux dormir ou pas. Les vacances d’été sont parfaites pour dévorer les livres repérés par Marc Filipson, le libraire à la tête de Filigranes. Plaisir et frissons garantis, au soleil ou à l’ombre.

Littérature


LE SHMOCK

Franz-Olivier Giesbert • Gallimard
J’écris des romans pour raconter des histoires. Depuis longtemps, j’en avais une qui me courait dans la tête et qui se déroulait dans l’Allemagne nazie du siècle dernier, en Bavière. Une histoire d’amour, d’amitié. Pendant plus de dix ans, j’ai lu tous les livres d’histoire qui traitaient d’Hitler et du nazisme. J’essayais d’appréhender ce qui s’était passé dans les années 1930, pourquoi on n’avait rien vu venir, qui avait fauté, comment on en était arrivé là, jusqu’à l’holocauste. Je crois que l’histoire d’Elie, Eisa, Lila, Karl et tous les autres apporte quelques clés ».

Jubilatoire ! Quand FOG raconte l’Histoire de la Vérité.

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SÉROTONINE

Michel Houellebecq • Éditions Flamarrion

« Mes croyances sont limitées, mais elles sont violentes. Je crois à la possibilité du royaume restreint. Je crois à l’amour » écrivait récemment Michel Houellebecq. Le narrateur de Sérotonine approuverait sans réserve. Son récit traverse une France qui piétine ses traditions, banalise ses villes, détruit ses campagnes au bord de la révolte. Il raconte sa vie d’ingénieur agronome, son amitié pour un aristocrate agriculteur (un inoubliable personnage de roman son double inversé), l’échec des idéaux de leur jeunesse, l’espoir peut-être insensé de retrouver une femme perdue. Ce roman sur les ravages d’un monde sans bonté, sans solidarité, aux mutations devenues incontrôlables, est aussi un roman sur le remords et le regret. Le seul écrivain qui ose…

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LA PLUS PRÉCIEUSE DES MARCHANDISES

Jean-Claude Grumberg • Seuil

Un conte. Il était une fois, dans un grand bois, une pauvre bûcher- onne et un pauvre bûcheron. Non non non non, rassurez-vous, ce n’est pas Le Petit Poucet ! Pas du tout. Moi-même, tout comme vous, je déteste cette histoire ridicule. Où et quand a-t-on vu des parents abandonner leurs enfants faute de pouvoir les nourrir ? Allons…

Dans ce grand bois donc, régnaient grande faim et grand froid. Surtout en hiver. En été une chaleur accablante s’abattait sur ce bois et chassait le grand froid. La faim, elle, par contre, était constante, surtout en ces temps où sévissait, autour de ce bois, la guerre mondiale. La guerre mondiale, oui oui oui oui oui

Un conte à rire et à pleurer. Tellement beau ! A offrir sans modération.

Polar/Thriller


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OCTOBRE

Søren Sveistrup • Albin Michel
Le premier thriller du créateur de la série culte The Killing.

Début octobre, dans la banlieue de Copenhague, la police découvre le cadavre d’une femme amputée d’une main. À côté du corps, un petit bonhomme fabriqué à partir de marrons et d’allumettes. Chargés de l’enquête, la jeune inspectrice Naia Thulin et l’inspecteur Mark Hess découvrent vite que cette figurine est porteuse de mystérieuses empreintes : celles de la fille de Rosa Hartung, ministre des Affaires Sociales, enlevée un an plus tôt et présumée morte. Thulin et Hess explorent toutes les pistes qui leur révèleraient un lien entre la disparition de la fille de la ministre et la victime à la main coupée. Lorsqu’une autre femme est tuée, selon le même mode opératoire, ils comprennent que le cauchemar ne fait que commencer…

LE polar nordique de l’année. Glaçant !

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ANATOMIE D’UN SCANDALE

Sarah Vaugan • Préludes

Kate vient de se voir confier l’affaire de sa vie, celle qui accuse l’un des hommes les plus proches du pouvoir d’un terrible crime. Kate doit faire condamner James Whitehouse. Sophie adore son mari, James. Elle est prête à tout pour l’aider et préserver sa famille. Sophie doit trouver la force de continuer comme avant. Comme avant, vraiment ? Quels sombres secrets dissimule le scandale, et à quel jeu se livrent réellement ces deux femmes et cet homme ?

ELLE VEUT LE DÉTRUIRE. ELLE VEUT LE SAUVER. LA VÉRITÉ EST UNE CHOSE DANGEREUSE.

Best-seller international, Anatomie d’un scandale est un thriller psychologique et domestique sulfureux qui mêle radiographie d’un mariage et décryptage des arcanes du monde politique. Un roman ténébreux et puissant.

Vous avez aimez « le Maître des illusions » de Donna Tartt ? Atmosphère similaire et construction remarquable.

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L’ÉTOILE DU NORD

D.B. John • Les Arènes

Les États-Unis et la Corée du Nord sont au bord de la guerre. Pour aller chercher sa sœur jumelle qui a été enlevée en Corée du Nord, Jenna se fait recruter par l’unique organisme capable de l’aider : la CIA. À Pyongyang, le colonel Cho fait une terrifiante découverte. Il doit échapper à la police secrète qui le serre de près. Un geste, un mot, et il deviendra traître à la nation. Mme Moon trouve un chargement de contrebande. Plutôt que de le rendre aux autorités, elle décide de vendre la marchandise au marché noir. Si elle réussit, sa vie sera changée à jamais. Si elle échoue…

Basé sur des faits réels glaçants, mené à un rythme effréné jusqu’au dénouement explosif, L’Étoile du Nord porte le thriller d’espionnage au plus haut.

Le thriller géopolitique pour votre été. Pour les amateurs de « Je suis Pilgrim ».

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TOUS LES PÉCHÉS SONT CAPITAUX

Daria Desombre • Éditions du Masque

Depuis l’assassinat de son père, avocat renommé, Macha Karavaï, une jeune étudiante en droit de vingt-deux ans, nourrit une véritable obsession pour les tueurs en série. Pistonnée pour un stage à la Petrovka, l’état-major de la police de Moscou, elle est prise en grippe par Andreï Yakovlev, l’enquêteur en chef, qui décide de la mettre à l’écart en lui confiant d’anciennes affaires d’homicides qui lui semblent sans intérêt. Mais quand Macha se rend compte que des cadavres ont été découverts à la cathédrale St Basile, à la Tour Koutafia et repêchés devant les remparts du Kremlin, elle identifie un lien entre l’emplacement de ces crimes et le plan de la ville médiévale de Moscou, construite par les architectes au Moyen Âge selon le modèle de la Jérusalem céleste. Contrairement aux catholiques pour qui il existe sept péchés capitaux, les orthodoxes, eux, estiment que tous les péchés sont capitaux. Les corps des victimes n’ont pas été abandonnés mais plutôt mis en scène par le tueur pour représenter divers péchés. Macha parvient enfin à attirer l’attention d’Andreï et ils se lancent alors sur les traces de ce tueur en série on ne peut moins ordinaire…

A emporter pour un long week-end à Moscou !

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UNITÉ 8200

Dov Alfon • Liana Levi

Le passager israélien fraîchement débarqué à Roissy ne pensait pas que sa mauvaise plaisanterie allait si mal tourner. La blonde qui servait d’appât ne savait pas à quelle danse macabre elle participait. Les Chinois chargés d’orchestrer l’enlèvement n’avaient pas la moindre idée du guêpier dans lequel ils se fourraient. Ni qu’un grain de sable s’était glissé dans les rouages bien huilés de la grande machine du crime organisé. Mais au fait, qui est aux commandes ? Mafias, services secrets, gouvernements ? Entre Paris et Tel-Aviv, Washington et Macao, les vingt-quatre heures les plus folles qu’un commissaire français, un gang chinois, un officier israélien désabusé et son intrépide adjointe aient jamais connues.

Je vous ai fait découvrir Gabriel Allon avec Daniel Silva. Découvrez cette autre facette du Mossad avec Dov Alfon, ancien officier des services de renseignements israéliens.

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OXYGÈNE

M.J. Arlidge • Editions Les Escales

Le commandant Helen Grace parviendra-t-elle à échapper à ses plus vieux démons ? Après Au feu, les pompiers, une nouvelle enquête signée M. J. Arlidge. Lorsque le commandant Helen Grace est appelée dans une boîte de nuit SM de Southampton, elle ne s’attend pas à ce que ce corps ligoté, retrouvé sans vie, soit celui d’une vieille connaissance tout droit sortie de la double vie qu’elle cache à ses supérieurs : Jake, son dominateur. Helen Grace se lance à la poursuite du meurtrier tout en dissimulant cette relation. Mais lorsque l’assassin fait une deuxième victime, Helen se trouve face à un dilemme : dit-elle confesser ses zones d’ombre et se voir retirer l’enquête ou continuer à mentir et risquer de se perdre dans ce jeu dangereux ?

Helen Grace, découverte dans le premier volume « Am Stram Gram », dans une descente au tréfonds du sadomasochisme…

filigranes

LE COLIS

Sebastian Fitzek • L’Archipel

Vous n’auriez jamais dû accepter ce colis !
Psychiatre, Emma Stein a été victime d’une agression nocturne dont elle s’est miraculeusement sortie. Depuis, elle vit recluse dans sa maison, de peur de croiser à nouveau la route de ce psychopathe que la presse a surnommé le Coiffeur. Un jour, son facteur lui demande d’accepter un colis pour l’un de ses voisins. Emma connaît tous ceux qui habitent dans sa rue. Or, jamais elle n’a entendu parler de cet homme…

A ne pas lire avant d’aller se coucher !

La rédac chef aime aussi…


LA DERNIÈRE CHASSE

Jean-Christophe Grangé • Albin Michel

En Forêt noire, la dernière chasse a commencé… Et quand l’hallali sonnera, la bête immonde ne sera pas celle qu’on croit.

Fan invétérée de Jean-Christophe Grangé, l’auteur de la Ligne Noire (le livre pour lequel j’ai planté mon plus beau « date » afin d’achever divinement ma lecture).

FILIGRANES

Lundi au vendredi de 9h00 à 20h00. Samedi de 10h00 à 19h30. Dimanche et jours fériés de 10h00 à 19h00.

Avenue des Arts, 39-42 – 1040 Bruxelles
T. : 02/511 90 15 • info@filigranes.be
www.filigranes.be

CORMAN BY FILIGRANES

De 10h00 à 18h30 du mercredi au dimanche et tous les jours pendant les vacances scolaires.

Zeedijk 777 – 8300 Knokke-Le-Zoute
T. : 050/60 18 28
corman@filigranes.be


ro-konoba

10 mois, 10 pays, « 10 » l’album ILS L’ONT FAIT !

Le Wavrien Raphael Esterhazy alias Konoba et le Néolouvaniste Olivier Rugi aka R.O ont arpenté pendant 10 mois les routes et les scènes de 10 pays dans quatre continents en s’imposant un défi un peu fou : écrire, composer, enregistrer et mixer 10 titres inédits qui se retrouvent désormais sur un premier album commun, le bien nommé « 10 », une petite perle d’électro-pop mélancolique qui s’offre de l’espace dans le temps. On les a rencontrés pour parler zik et voyage évidemment.

MOTS : SERVANE CALMANT
PHOTOS : LOU ELBOUD

10 mois au long cours financés notamment par une campagne de crowdfunding. Dans cha- cun des 10 pays visités (France, Allemagne, Pays-Bas, Pologne, Géorgie, Italie, Roumanie, et aussi Japon, Colombie, Australie), Olivier et Raphael ont donné des concerts, lancé des collaborations, réalisé des clips, composé un album commun aussi !

De retour sur leur terre brabançonne, le duo gagnant du single « On Our Knees » (plus de 32 millions de vues sur YouTube pour ce bijou d’harmonies sorti il y’a deux ans, respect les gars !) est sur les rotules mais avec des souve- nirs plein les mirettes. Mais quelle aventure ! « Oui le défi était de taille : partir en tournée avec nos instruments, trouver un hôtel ou un appart’, prendre plusieurs avions, bouffer du bitume, gérer les changements d’itinéraires, rester actif sur les réseaux sociaux pour nos fans, gérer la compta aussi, tout en composant un album de 10 titres,… certaines nuits on dormait à peine 4 heures ! », précise Raphael qui s’étonne presque d’avoir été au bout de son rêve !

Le choix des pays ?

« En fonction de notre popularité sur place. Sauf pour le Japon ou la Colombie (un choix de dernière minute, on devait partir initialement au Québec), deux pays qui nous ont permis d’ajouter de nouvelles sonorités à notre aventure musicale », nuance Olivier. Vous êtes connus en Géorgie ? « Oui oui on est super connus là- bas, grâce à « On Our Knees » qu’on a composé ensemble. On y a été reçu comme des stars, on nous offrait le café, même le coiffeur à l’oeil ! », s’amuse Olivier.

Le piège de l’album carte postal ?

« On voulait absolument éviter les clichés et le mimétisme musical. On a composé des morceaux qui nous ressemblent mais qui sont truffés de clins d’yeux, de sons d’ailleurs », précise Raphael. Il suffit d’écouter Stars Colliding enregistré en Colombie et que le duo a nourri de reggaeton pour s’en convaincre !

10 mois de voyage, c’est autant de rencontres ?

« Oui, sur Colder par exemple, c’est Elodie la voix féminine du duo parisien Holy Two qui répond à celle de Konoba, la gui- tare, c’est aussi Holy Two », s’enthousiasme Olivier qui prévoit avec son pote Konoba de re-parcourir le globe pour aller défendre leur zik !

A la rédaction aussi on s’enthousiasme à l’écoute de cet album délicieusement aérien, fruit d’une véritable aventure artistique indépendante. Sans bouger de notre bureau, on a pourtant fait escales en Australie avec Waves et son crescendo lumineux, en Italie avec le sol- aire Red Dress, aux Pays Bas avec le réconfortant I Need You With Me, ou encore au Japon, avec notre plage préférée, I Could be, une douceur céleste aux influences orientales qui s’emballe jusqu’à réinventer le tourbillon de la vie. A écouter en boucle.

R.O x Konoba près de chez vous,
21 juin @ Fête de la Musique, Marche en Famenne29 juin @ Verdur Rock, Namur
19 juillet @ Francofolies de Spa, Spa
21 septembre @ Seneffe Festival, Seneffe
21 septembre @ Intimist’music Festival, Mont Sur Marchienne

ro-konoba

olivier-lamboray

VOYAGE INITIATIQUE

Olivier Lamboray est Belge et habite à Bali. Inspiré par Magritte et Delvaux, il a trouvé sa propre identité, son chemin. Il rêvait de vivre sous un ciel bleu et de vivre de sa peinture, et il vit son rêve tous les jours. Ses toiles nous font revivre le surréalisme belge à sa façon : Bleu. Rêveur. Poétique. Positif. Symbolique. Enivrant.

MOTS : ARIANE DUFOURNY

PHOTO : ANTONELLA SILVESTRO

Il ne m’attendait pas sur le campus, pourtant nous nous sommes immédiatement reconnus. J’ai rencontré Olivier Lamboray alors qu’il étudiait à l’ULB. Notre amitié fut aussi vive que soudaine. Les aléas de la vie nous ont éloignés. Quelle fut ma joie de retrouver sa trace à Bali. Diffèrent ? Pas vraiment. Ce qui est certain, c’est qu’il a compris le message de Paulo Coehlo «Le secret du bonheur consiste à regarder toutes les merveilles du monde et ne jamais oublier les deux gouttes d’huile dans la cuiller. ».

On naît artiste ou on le devient…

Depuis tout petit je voulais devenir clown et ce jusqu’à mes 15 ans plus ou moins. Cela a ensuite évolué vers un désir de devenir acteur car le rayon d’expression était plus large et l’expérience semblait plus enrichissante. Ayant été dirigé dans les études scientifiques par mes parents, il m’aura fallu attendre mes 22 ans pour finalement m’orienter vers la création publicitaire que j’ai relativement vite laissé tomber à cause du côté commercial. Le voyage m’a libéré de l’influence de notre culture et m’a permis d’expérimenter des sujets très différents. Mes études de math-physique m’ont apporté ce côté rigoureux, calculé, précis dans mon travail. Mon passage en création publicitaire m’a mis le pinceau en main. Tout a un sens, tout se construit depuis le début.

La peinture pour s’exprimer…

C’est certain que la peinture (et l’art en général) est une forme d’expression, c’est un désir intérieur, peut-être même une nécessité. On cherche le médium qui nous convient le mieux, c’est très personnel. J’ai trouvé dans la peinture une liberté d’expression qui semblait sans fin. Mes parents étant amateurs de peinture, j’ai eu cet impact visuel tout au long de ma jeunesse, une partie de mon éducation, une empreinte non négligeable qui a dirigé mes premiers pas.

Le surréalisme. L’art de rêver…

Ce qui m’a beaucoup attiré dans mes débuts, et encore actuellement, c’est cette liberté immense de pouvoir sortir des carcans que la réalité nous impose. On peut se permettre de peindre sans contrainte de couleur ou de proportions ou de juxtaposition. Je m’évade dans un monde autre que le nôtre. Sans souffrance, sans injustice. Un monde où le rêve enchante et où le cœur s’épanouit sous un ciel bleu.

Vos pères artistiques…

Sans aucune hésitation Paul Delvaux, Pierre Bogart, mais aussi Bram Bogart, César, Yves Klein, et très certainement les peintres flamands et hollandais du XVIe et XVIIe siècle, d’une perfection de détails et de lumière qui m’émerveillent.

olivier-lamboray
Running Water

Les 2 B ! De la Belgique à Bali, un aller sans retour…

Autant j’aime revenir en Belgique et y retrouver ma famille et mes amis, autant je ne m’y installerais plus (ne jamais dire jamais). Ce serait pour moi comme un échec d’avoir couru le monde et de finalement me dire que la Belgique c’est mieux. Non. Le monde est grand et tellement beau. Il y a tellement de beautés à découvrir, de langages, de cultures à apprendre. C’est tellement enrichissant sur le plan personnel. J’ai passé les 25 premières années de ma vie en Belgique et n’y apprendrais plus grand-chose, ce serait retomber dans une routine lassante voire déprimante. J’ai encore bien d’autres expériences à vivre.

Vos peintures, un cri d’alerte envers notre univers…

Oui et non. J’ai toujours aimé garder le côté positif dans mes toiles, et éviter la critique, la négativité. Mais il y a quand même des sujets qui me tiennent à cœur et je les laisse sortir gentiment. Nous, artistes avons une voix et, autant j’aime rêver et faire rêver, autant il y a une place aussi pour passer un message plus pertinent. Très fréquemment les mers rentrent dans mes décors, y caressent nos pieds, et c’est un clin d’œil à la montée des mers et au changement climatique. Il y a aussi ce que les médias déforment, ou que l’histoire nous cache. J’ai certainement plusieurs toiles plus critiques en tête. Elles sortent en temps voulu, il ne faut pas précipiter mais plutôt les laisser apparaître d’elles-mêmes.

La belgitude présente dans vos œuvres. Les racines comme des murs porteurs…

Inévitable influence, on est Belge ou on ne l’est pas ! Il m’aura fallu pas mal de temps pour y revenir car quand on part courir le monde, on y découvre tellement de choses nouvelles qu’on essaie de les assimiler et de les exprimer. Finalement, avec l’évolution de mon travail mais aussi de mon expérience personnelle, j’ai réalisé que ce n’étaient que des influences extérieures qui ne m’appartenaient pas, qui ne définissaient pas qui j’étais intérieurement. Après ne plus être rentré pendant 10 ans en Belgique (je passe six ans sur une plage quasi déserte en mer d’Andaman), je la redécouvre d’un œil nouveau, ébloui. Sa richesse architecturale me saute aux yeux, notre culture, notre patrimoine. Commence alors une série très bruxelloise, avec des intérieurs Horta, des maisons de maître, des trams, du Belge en plein. Assez récemment, je sors de cette influence pour approcher des sujets plus symboliques qui côtoient la physique quantique, le temps et sa fuite, l’illusion de notre réalité, l’espace-temps et d’éventuels espaces parallèles, l’impermanence et ses variables.

Bleu, je veux. Une couleur essentielle…

Oui, je rêvais de vivre sous un ciel bleu et de vivre de ma peinture, et je vis mon rêve tous les jours. Ce bleu est très important à mon équilibre et mon bien-être, il est une des raisons pour laquelle j’ai quitté la Belgique car le gris me déprimait et cela ressortait dans mes toiles. Un ciel bleu c’est se lever du bon pied, c’est voir la vie positivement, c’est un souvenir de vacances, de moments agréables. Et c’est sans doute pour cela que ce bleu se retrouve dans presque toutes mes toiles. C’est un message que j’aime partager.

Votre inspiration. Un dialogue profond…

C’est un dialogue et avant tout avec moi-même. L’inspiration vient d’elle-même et c’est ce côté-là de la peinture que je préfère de tous. Je commence généralement avec une idée vague de ce que je veux, un décor, un sujet, une architecture, et une notion de vers quoi je veux tendre. À un moment la toile prend le dessus, me sort de mes rails et me dirige vers une autre direction, m’impose des éléments nouveaux, et je laisse faire. À partir de cet instant, je ne fais plus que suivre ce que la toile me dicte, à ma grande surprise.

La peinture, un message éthérique…

C’est la recherche d’un rêve qui n’est pas encore défini et qui se découvre un peu plus à chaque pas, à chaque toile. Une fois terminée, il me faut déchiffrer le message transmis, essayer de comprendre… Parfois les personnes me disent y voir ci ou ça et à ma surprise cela prend soudainement beaucoup de sens. J’aime énormément ce côté secret, inconnu, surprenant et incompris. La peinture est porteuse de révélations. C’est la transmission d’un message éthérique, chacun le déchiffre à sa façon. Et bien que très personnel, il semble universel et illimité. L’art est un espace bien plus grand que ce que nous vivons, croyons, comprenons. Ce que nous voyons dans une toile aujourd’hui sera totalement différent de ce que nous y déchiffrerons dans 50 ans. L’art évolue avec le temps, il le transgresse. Il traverse l’au-delà. Il perpétue l’universalité.

Votre marque de fabrique…

On pourrait dire le bleu de mes toiles. C’est un mélange de 5 couleurs qui s’est ajusté au fil du temps. Il est très proche du bleu puissant que l’on retrouve en Belgique les soirs aux alentours du solstice d’été. Un Bleu qui a marqué Magritte aussi, ciel bleu lumineux avec des maisons et des sujets en total contre-jour, presque noirs. Et quand il n’est pas foncé, il représente le bleu du ciel qui enivre mon quotidien.

Un chien comme muse. Laly irremplaçable…

Laly a été un exemple même de fidélité et d’amour tout au long de ses 12 années, et nous a quittés il y a quelques mois. Ce qui m’a pris à contre-pieds. Mais finalement comme dans mes dernières toiles je travaille beaucoup sur l’espace, le temps, notre lien avec l’uni- vers et les étoiles, cette connexion supérieure, je l’ai fait revenir avec un casque de cosmonaute qui lui va à merveille. Bien qu’elle ne soit plus là physiquement, elle est toujours dans mon cœur et sa présence dans mes toiles futures est justifiée. J’ai introduit à deux reprises mon autre chien Kièlà (de « Qui est là ? ») mais elle n’a pas l’aura ni la prestance de Laly. Kièlà est beaucoup plus timide, moins téméraire.

Votre actualité artistique…

Je viens de terminer une toile qui illustrera une des 15 nouvelles d’un livre de Sherlock Holmes, publié par MX Publishing LTD (London) qui sera présentée lors de la sortie du livre en novembre à West Palm Beach en Floride. Ma candidature a été déposée par les Ambassades de Belgique en Indonésie et en Guinée pour le Prix Christophe Plantin qui récompense chaque année une personnalité belge qui vit à l’étranger et qui met en évidence notre pays, sa culture et son aura. Très honoré d’avoir été présenté et nous attendons les résultats.

Je participe chaque année en septembre à une expo- sition à but caritatif à Monaco (ai reçu le « Grand Prix du Jury » l’année passée) qui récolte des fonds pour la recherche médicale sur le cancer. La toile est prête, je dois encore retravailler le cadre.

De même qu’en novembre, je participe chaque année aux 111 des Arts à Toulouse, exposition caritative dont les bénéfices sont versés à la recherche médicale sur les maladies graves touchant les enfants, j’espère exposer une quinzaine de toiles.

Quelques concours, au Luxembourg et aux États-Unis. Et en septembre, il est prévu que je fasse partie d’un documentaire tourné au Groenland, qui retracerait la rencontre entre deux personnes qui ont pour point commun d’avoir dédié leur existence à l’exploration d’univers très éloignés l’un de l’autre, l’Art et l’Aventure. L’artiste, c’est moi (rire) et l’explorateur aventurier est Jean Bouchet, qui est Guide de Montagne breveté depuis 25 ans.

Et en dehors de tout cela, j’ai plein d’idées en tête à mettre à plat. J’ai pas mal de commandes de portraits de chiens (et chats), qui s’intercalent entre mes toiles. Le plus fascinant est que, plus on travaille, plus on désire aller plus loin et les idées s’amplifient. Une inspiration fusionnante et une découverte sans fin. Un rêve éternel.

Chez nous, on vous trouve où…

Je n’ai pas de galerie permanente en Belgique. J’expose à New York, Monaco, Toulouse. J’ai une expo qui se précise à la Galerie D’art Pouhon Prince De Condé à Spa, mais je n’ai pas encore les dates. Le fait de vivre loin ne facilite ni les contacts, ni la logistique donc j’expose sur différentes plateformes sur le net, Saatchionline, Singulart, mon site web aussi bien sûr et j’expose des reproductions de mes toiles en permanence au Restaurant « Le 3ème Acte » à côté du Sablon à Bruxelles.

Un rêve à réaliser…

Un ? Non, plein, plein, plein. Ne jamais m’arrêter, car j’ai encore des millions de choses à découvrir. J’aimerais, plus tard quand ma fille ouvrira ses ailes, m’installer dans le nord de la Norvège, vivre d’autres lumières, d’autres ambiances, des aurores boréales, nouveau climat, nouvelle pensée, nouvelle expérience, opposée à celle que je vis maintenant… bref, tourner la page et repartir à zéro. Grandir. Évoluer. J’aimerais encore apprendre une cinquième langue, puis une sixième. Puis surtout continuer à voyager, nous vivons sur une si belle planète !

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Life Beyond

OLIVIER LAMBORAY

www.olamboray.com


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SOIS BELGE et lis-moi

La Belgique, pays reconnu mondialement pour ses frites, sa bière, son chocolat. Des symboles réducteurs. Notre plat pays peut se targuer d’avoir donné naissance à des écrivains que le monde entier nous envie déjà ou à tout à l’heure. Viens lire une fois, c’est du Belge.

1989. Le « Commissaire Maigret » est officiellement orphelin. Georges Simenon, le plus grand écrivain belge du XXe siècle disparaît. L’homme était né à Liège. Son patrimoine est considérable: des milliers d’articles dans les journaux, plus d’une centaine de romans populaires, de romans, de nouvelles, sous quelque 25 pseudonymes. Sans compter les nombreuses biographies telles que la cultissime Lettre à ma mère. Sans parler des nombreuses adaptations cinématographiques. Au demeurant, plus de 550 millions d’exemplaires (toutes éditions confondues) vendus selon les statistiques officielles de l’UNESCO. Le meilleur score « littérature » de tous les temps, puisqu’on ne retiendra pas au sens propre du terme, Les citations du Président Mao Tse-Toung, Le Coran ou La Bible.

2019. Déjà surnommée « L’année Simenon » ! L’occasion de re-lire nos classiques et de poursuive les en- quêtes de l’homme à la pipe : Le Chien jaune, L’Affaire Saint-Fiacre, La Main, Les Fiançailles de Mr. Hire, La Tête d’un homme… Né sous la plume de Simenon en 1929, Maigret fête ses 90 ans ! A ce titre, Les éditions Omnibus sortiront en avril, une nouvelle édition de « Tout Maigret » avec des couvertures originales créées par Loustal (oufti, on lui pardonne d’être de Neuilly). Dix volumes qui deviendront très vite collector !


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Elle dépasse toute les frontières

La dame au chapeau noir, c’est notre superstar ! Ses romans sont traduits dans 40 langues, des U.S.A, au Japon. Depuis Hygiène de l’assassin paru en 1992, Amélie Nothomb est unanimement saluée par le public et la critique. A tel point qu’on trépigne à la rentrée littéraire dans l’attente de la lire. Le 27e, son dernier en date, ne fait pas exception. Les prénoms épicènes caracolaient en tête de liste des meilleures ventes de livres (réf. Edistat). Hâte d’être en septembre !

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La reine du thriller belge

Méfiez-vous de Barbara Abel ! L’auteur au regard intense a remporté le Prix Cognac en 2002 pour son premier roman L’Instinct maternel. Depuis elle nous envoute ! Un bel âge pour mourir, Duelle, La Mort en écho, Illustre Inconnu, Le Bonheur sur ordonnance, La Brûlure du chocolat, Derrière la haine, Après la fin, l’Innocence des bourreaux. Plume d’Or 2017 du thriller francophone pour Je ne sais pas, elle enchaîne avec un Je T’aime où rien n’est plus proche de l’amour que la haine. Bref, je suis fan !

Clap sur les projecteurs ! Son roman Derrière la haine est adapté sur grand écran par le réalisateur belge Olivier Masset-Depasse ; Duelles (avec un s) sera dans les salles obscures dès le 24 avril 2019. Un thriller psychologue au féminin à ne pas manquer !

Les petits nouveaux qu’on adore


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LA VRAIE VIE

Adeline Dieudonné • L’Iconoclaste, août 2018

Un nom prédestiné pour un succes-story. La jeune écrivaine est apparue comme une météorite dans la sphère de la littérature, sans pour autant être une inconnue. Très remarquée dans son one- woman-show Bonobo Moussaka, elle avait déjà remporté le Prix de la Nouvelle de la Fédération Wallonie-Bruxelles pour Amarula. La Vraie Vie a notamment remporté le Prix Renaudot des lycéens, le Prix Filigranes et le Prix Rossel. Un premier roman coup de poing qui sera adapté prochainement au théâtre et au cinéma.

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NOUS NE SOMMES PAS DES MAUVAISES FILLES
Valérie Nimal • Éditions Anne Carrière, décembre 2018

Alors que sa mère est à l’hôpital, Maud plonge dans son passé pour retracer – et retenir – le fil de cette existence qui s’échappe. Souvenir après souvenir se dessine le portrait sans concession d’une mère aimante, mais impitoyable pour ses filles ; d’une amante sentimentalement instable ; d’une exploratrice moderne, professeure d’archéologie, égyptologue et pilleuse de pyramides; d’une femme cyclothymique qui lutte contre des crises de dépression. Un premier roman qui pose questions : Pouvons- nous sortir indemnes des ratés de notre enfance ? Pire encore, serions-nous les vecteurs des angoisses de nos progénitures ?

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POISSONS VOLANTS

François Filleul • Ker Éditions, février 2019

Réveillon du Nouvel an 2016. Dans la ville de La Línea, aux confins de l’Andalousie, face au détroit de Gibraltar, où prospèrent les trafics en tout genre, plusieurs familles sont exécutées quelques secondes avant minuit. Alors que grouillent les rats et s’échouent les baleines, l’inspecteur-chef Nicolás Fulgor Durán mène l’enquête sous une étrange canicule hivernale. Il croise sur sa route migrants, dirigeants locaux, travailleurs en crise et des poissons volants, égarés par le réchauffement climatique. La nouvelle voix du polar, Prix Fintro 2019.

Les néerlandophones tapent très fort


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DÉCOMBRE FLAMBOYANT

Tom Lanoye • Castor Astral, janvier 2019. Traduit du néerlandais par Alain van Crutgen

Gidéon Rottier intervient quand les autres capitulent. Incendie ? Suicide? Attentat terroriste ? Et c’est ce bègue qu’on appelle pour nettoyer les lieux du drame… Son existence solitaire bascule lorsque son patron engage Youssef. Une amitié naît entre les deux hommes et Gidéon décide d’accueillir ce demandeur d’asile, puis sa femme et ses enfants, chez lui. Démarre alors une étrange mais heureuse vie de famille. Mais lorsque deux terroristes commettent un attentat meurtrier dans la Gare centrale d’Anvers et que Youssef disparaît, dans la maison de Gidéon, comme dans tout le pays, c’est le début du ravage. Recommandé par Marianne, libraire chez Filigranes.

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LE CŒUR CONVERTI

Stefan Hertmans • Gallimard, août 2018. Traduit du néerlandais par Isabelle Rosselin.

Lorsque Stefan Hertmans apprend que Monieux, le petit village provençal où il a élu domicile, a été le théâtre d’un pogrom il y a mille ans et qu’un trésor y serait caché, il part à la recherche d’indices. Une lettre de recommandation découverte dans une synagogue du Caire le met sur la trace d’une jeune noble normande qui, à la fin du onzième siècle, convertie par amour pour un fils de rabbin, aurait trouvé refuge à Monieux. Incontournable !

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TROUBLE

Jeroen Olyslaegers • Stock, janvier 2019. Traduit du néerlandais par Françoise Antoine

Anvers, 1940. Wilfried Wils, 22 ans, a l’âme d’un poète et l’uniforme d’un policier. Tandis qu’Anvers résonne sous les bottes de l’occupant, il fréquente aussi bien Lode, farouche résistant et frère de la belle Yvette, que Barbiche Teigneuse, collaborateur de la première heure. Incapable de choisir un camp, il traverse la guerre mû par une seule ambition : survivre. Soixante ans plus tard, il devra en payer le prix. Troubles est paru en 2016 sous le titre de Will, salué par la presse néerlandophone avant de devenir un best-seller.

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UN ÉTÉ SANS DORMIR

Bram Dehouck • Mirobole Editions, septembre 2018. Traduit du néerlandais par Emmanuelle Sandron

C’est arrivé près de chez vous, un été étouffant, à Windhoek, petit village belge sans histoire… Jusqu’au jour où la municipalité fait installer des éoliennes. Ce bruit de pales ! Flap, flap, flap. Le boucher en perd le sommeil. Plusieurs nuits d’insomnie et il pique du nez dans sa spécialité, une recette dont les clients raffolent. Dès lors, par un effet domino aussi logique qu’absurde, les catastrophes s’enchaînent, les instincts se libèrent, et les vengeances s’exercent… Pour le pharmacien, les amants cachés, le jeune désœuvré ou la femme du facteur, rien ne sera plus pareil à Windhoek. Le polar néerlandophone à lire !

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DÉBÂCLE

Lize Spot • Actes Sud, février 2018. Traduit du néerlandais par Emmanuelle Tardif

À Bovenmeer, un petit village flamand, seuls trois bébés sont nés en 1988 : Laurens, Pim et Eva. Enfants, les “trois mousquetaires” sont inséparables, mais à l’adolescence leurs rapports, insidieu- sement, se fissurent. Un été de canicule, les deux garçons conçoivent un plan : faire se déshabiller devant eux, et plus si possible, les plus jolies filles du village. Pour cela, ils imaginent un stratagème : la candidate devra résoudre une énigme en posant des questions ; à chaque erreur, il lui faudra enlever un vêtement. Eva doit fournir l’énigme et servir d’arbitre si elle veut rester dans la bande. Elle accepte, sans savoir encore que cet “été meurtrier” la marquera à jamais. Treize ans plus tard, devenue adulte, Eva retourne pour la première fois dans son village natal. Cette fois, c’est elle qui a un plan… Un premier roman choc, inoubliable. Mon coup de cœur !

Quoi de neuf chez les auteurs francophones


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SAM

Christophe Ghislain • Albin Michel, février 2019

Sam est partie un jour sans crier gare, quittant son fils et le père de celui-ci. Cinq mois et dix- neuf jours plus tard, Jerry et le petit Tobias prennent la route à bord d’une vieille Honda Civic décatie en direction du bout du monde à travers les vastes forêts de Norvège pour la retrouver. Un hymne à l’amour, à la nature, à la paternité. Coup de cœur de la rédaction!

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L’OMBRE PORTÉE

Bernard Tirtiaux • JC Lattès en janvier 2019

Voici l’histoire d’une famille et d’un domaine : une grande ferme carré de Wallonie dominant la plaine de Waterloo dont l’origine remonte au VIIIe siècle. Détruite durant la Seconde Guerre mondiale, amputée de ses terres agricoles, elle va revivre peu à peu sous les mains de bâtisseur de Bernard Tirtiaux qui la rachète à sa famille et la reconstruit brique après brique, pour y créer son atelier de maître verrier ainsi qu’un centre dédié aux arts.

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NOUS SOMMES À LA LISIÈRE

Caroline Lamarche • Gallimard, février 2019

Ces neuf nouvelles nous placent à la lisière de deux mondes, là où se croisent humains en déroute et animaux semi-sauvages. Chacun tente de rejoindre l’autre, mais l’on ne sait qui, de la bête ou de l’humain, est en quête de protection.

Nuances de noir


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UN JOUR COMME LES AUTRES

Paul Colize • Éditions HC, mars 2019

Un matin comme les autres, Éric Deguide prend les clés de la voiture, lance un dernier regard vers Emily, hésite et part sans se retourner. Depuis, réfugiée sur les bords du lac Majeur, Emily ne peut se résoudre à cette disparition, d’autant que la police semble avoir classé le dossier. Elle, continue de chercher des traces d’Éric, d’essayer de comprendre. Jusqu’au jour où Alain Lallemand, journaliste d’investigation au Soir prend contact avec elle. Lui aussi a connu Éric, et lui non plus ne veut pas se résoudre. Plonger dans un roman de Paul Colize, c’est plonger dans les profondeurs de l’âme humaine, là où se cachent ses secrets les plus noirs.

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UNE DRÔLE DE FILLE

Armel Job • Robert Laffont, février 2019

Rien de plus paisible que la Maison Borj, boulangerie d’une petite ville de province belge à la fin des années 1950. Un foyer sans histoire, deux adolescents charmants, un commerce florissant : les Borj ont tout pour être heureux. Avec générosité, ils acceptent de prendre Josée, une orpheline de guerre, en apprentissage. Méfiez-vous des « bonnes intentions »…

FILIGRANES

Lundi au vendredi de 9h00 à 20h00. Samedi de 10h00 à 19h30.
Dimanche et jours fériés de 10h00 à 19h00.

Avenue des Arts, 39-42 – 1040 Bruxelles
T : 02/511 90 15

info@filigranes.be
www.filigranes.be


dardenne

ADN comme Dardenne

Les frères Dardenne et le Festival de Cannes, c’est une belle et longue histoire de cinéma couronnée par 2 Palmes d’or, pour Rosetta et L’Enfant. Une histoire qui se poursuit cette année encore avec Le jeune Ahmed, leur nouveau film, qui leur vaut une 8e nomination en compétition officielle.

A l’occasion de la sortie en salle ce mercredi et avant la proclamation du palmarès ce samedi 25 mai, rencontre avec deux réalisateurs, le social toujours chevillé à la caméra.

MOTS : FRÉDÉRIQUE MORIN
PHOTOS : CHRISTINE PLENU

Comment est née l’idée de ce film ?

Luc Dardenne : Le contexte est celui des attentats perpétrés en France et en Belgique… malheureusement.

Je pense que ça nous a déterminés… voir comment, nous, avec un film, notre cinéma, on pourrait, dire quelque chose de neuf, apporter quelque chose au débat, qui ne soit ni une thèse, ni une analyse…

Jean-Pierre Dardenne : On s’est dit que l’on allait tenter de raconter l’histoire d’un gamin que l’on va essayer de ramener à la vie. On ne va pas raconter comment il en est arrivé là (quand on le prend, il est en est là !) ; on va raconter dans notre film, dans notre mise en scène, dans les scènes que nous allons tourner, comment la vie pourra être présente ou pas, comment elle va petit à petit contaminer ou non ce gamin.

Est-ce qu’à un moment vous ne vous êtes pas dit que ce sujet était trop casse-gueule ?

Jean-Pierre Dardenne : Il l’est ! C’est politique ! Dès le départ – et vous pourriez me dire : c’est un peu prétentieux – on a essayé de se sentir le plus libre possible, dans la mesure où l’on ne voulait pas faire un film polémique (on n’était pas là pour stigmatiser qui que ce soit).

Notre pari cinématographique était de faire l’éloge de l’impureté face à ce prurit de pureté qui pousse un gamin, des gens, à tuer et à se tuer.

Il y a comme une constante dans vos films : la ténacité, l’urgence, l’énergie de vos personnages

Jean-Pierre Dardenne : Nous sommes intéressés par le mouvement. Nos personnages sont des personnages qui courent et qui éprouvent les choses à travers leur corps. 

Le jeune Ahmed, c’est un discours qu’il ressort : celui de l’imam. C’est aussi ses convictions.

Il y a aussi son corps, et jusqu’à la fin beaucoup de choses passeront par le corps… notamment la religion, parce que la religion c’est aussi ça : une maîtrise du corps, les ablutions, les attitudes pendant la prière, les rites et les rythmes de la prière, les frontières entre lui et le monde (ne pas serrer la main d’une femme, ne pas avoir de contact avec le chien…). 

Luc Dardenne : Le point de départ de notre film ce sont deux corps qui ne veulent pas se toucher : Ahmed refuse de serrer la main de son institutrice. C’est là que l’on a senti que l’on tenait quelque chose et que l’on pouvait commencer à écrire.

Ce film c’était la chronique d’une mort annoncée… ce que l’on ne voulait pas.

On voulait donner à voir et à entendre que ce gamin est porteur de mort violente donnée à un autre que lui… c’était évident, notre personnage n’étant pas un martyr (du moins pas encore). 

Mais en décidant que ce serait un enfant (nous avons écarté le choix d’un adolescent ou d’un adulte), nous voulions arriver, sans être angélique ni romantique, à ce que notre personnage se métamorphose et retrouve la vie. 

Chez ce gamin, il y a un hiatus entre la tête sous l’emprise de l’imam et ce corps d’enfant dont on se dit qu’il n’est pas fait pour tuer… ce gamin est forcément autre chose et l’on attend, on espère que cette autre chose se réveille.


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Viser VIZOREK

Tout diplômé de Solvay et de l’ULB qu’il soit, Alex Vizorek a choisi son camp : faire rire et ça, tous azimuts : en France, en Belgique, à la radio, à la télé, dans les journaux, au théâtre, au cinéma… et avec son seul en scène : Alex Vizorek est une œuvre d’art, qui l’a fait connaître et qu’il tourne depuis 10 ans. Et n’oublions pas la récente cérémonie des Magritte du cinéma qu’il aura bien secouée de son humour ravageur !

Rencontre avec un infatigable, qui s’oblige à ralentir pour s’atteler à son 2e seul en scène.

MOTS : FRÉDÉRIQUE MORIN
PHOTO : MEHDI MANSER

Maître de cérémonie lors des 9e Magritte du cinéma, plusieurs rôles au cinéma à votre actif (vous serez dans le premier film réalisé par Michel Denisot)… quel rapport entretenez- vous avec le 7e art ?

Je dis souvent du cinéma que je veux bien y faire un tour quand on m’y invite. Je suis toujours ravi et flatté quand les gens me choisissent, mais je ne suis pas monté sur scène pour un jour finir devant la caméra.

Avec cette carrière dorénavant plus française que belge, qu’est-ce qu’il y a de français en vous aujourd’hui ?

J’ai eu une éducation et une culture très française. Mon père écoutait RTL France dans la voiture. Le soir on regardait plutôt TF1, France 2, France 3, que les chaînes belges.

Très vite pour moi, il fut évident que réussir ça passait par la France. Quand je suis arrivé en France, je n’ai donc pas été très surpris ou déstabilisé.

Pour un Français, je suis toujours assez Belge dans ma façon d’avoir une certaine bonhomie, une certaine auto dérision, de ne pas être un fanatique de débat… quand le Français adore s’invectiver, manifester et faire la révolution !

Quand je reviens en Belgique, je sens que je suis un peu plus français par cet accent que j’ai un peu perdu, par les références, les réactions.

En France, je ne suis pas vraiment français et en Belgique plus tout à fait belge. Fondamentalement, je ne le ressens pas vraiment, mais je continuerais à dire que je suis belge, ce que je suis vraiment et qui est inamovible !

Faire rire a toujours quelque chose de cruel. On est sur le fil, on ne fait pas l’unanimité et on peut provoquer des inimitiés… y pensez-vous quand vous écrivez ?

Quand j’écris, j’essaye de ne pas me poser la question. Je me pose juste la question de savoir si c’est drôle ou non. Dans un 2e temps, il est vrai que je me mets dans la peau de celui à qui je destine mes propos, et je me demande s’il va être blessé. Après, en mon âme et conscience, je décide qui ça ne me dérange pas de blesser… ce « qui » ayant également pu être blessant. Je pondère toujours.

Parmi toutes vos casquettes – et vous en avez beaucoup – y en a t’il une que vous préférez porter plus qu’une autre ?

La scène, sans hésiter. C’est de là que je viens et c’est là que j’ai l’impression d’être chez moi. Écrire pour être sur scène reste mon métier numéro1. La plus grande liberté possible réside sur scène.

Le spectacle est ce qui me représente le plus, là où 3 min à la télé ne permet pas vraiment aux gens de vous cerner. Dans un spectacle, je peux mettre ce qu’il y a en moi d’un peu intelligent, de curieux, de complètement enfantin… quand j’aime placer une blague de cul un peu vulgaire juste après une explication de tableau. Ça marche assez bien !

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RENIER en maître

MOTS : FRÉDÉRIQUE MORIN
PHOTOS : ANTHONY DEHEZ DBCREATION

Le cinéma et Jérémie Renier, c’est une histoire qui remonte à l’enfance et qui se cristallise quand, à 14 ans, les frères Dardenne lui offrent le rôle d’Igor dans La Promesse. Trois ans plus tard, il transforme l’essai devant la caméra de François Ozon avec Les amants criminels. Dès lors il ne cesse plus de tourner, baladant sa blondeur dans des rôles jamais les mêmes.

Qu’est-ce qui vous fait choisir un rôle ?

En premier lieu, le scénario, l’histoire… en quoi ça me parle, ce que ça me raconte, dans quel univers que je ne connais pas, cela va m’emmener. Ensuite, il y a le personnage, le rôle que l’on me propose et que je vais défendre, et enfin la rencontre avec le réalisateur ou la réalisatrice… c’est souvent dans cet ordre-là.

Vous avez interprété des rôles très différents, qui pouvaient être très physiques, ou au contraire, plus intérieurs. Comment travaillez-vous ?

Je suis un outil, mon corps est un outil que je mets à la disposition d’un metteur en scène et du film dans lequel je tourne. Après, les approches sont différentes selon le jeu, ce qu’exige le film… il n’y a pas toujours nécessité à se transformer physiquement.

Vous avez 14 ans quand les frères Dardenne vous offrent votre premier grand rôle dans leur film La Promesse. Vous en avez 10 de plus quand ils vous appellent pour jouer dans L’Enfant. Vous allez tourner trois autres films sous leur direction.

Entre l’adolescent que vous étiez et l’adulte que vous êtes devenu, comment a évolué cette relation au long cours avec les frères Dardenne ?
Comme quand j’avais 14 ans ! Comme si c’était le premier film que nous tournions ensemble avec aujourd’hui, forcément, plus de métier, plus de connaissances, de mon côté comme du leur. Mais toujours avec une espèce de respect mutuel.

Je me suis toujours senti protégé, bien regardé, bien dirigé. Il y a peu de gens avec qui je peux m’abandonner… ils en font partie.

Une autre fidélité : celle que vous avez établie avec François Ozon. Déjà 3 films ensemble et un 4e à venir. Pouvez-vous nous en dire quelques mots ?

On s’est rencontré, j’avais 17 ans. Les Amants criminels était son 2e film. On a en quelque sorte grandi ensemble. François Ozon est un passionné.

Son désir de cinéma a quelque chose de très enfantin, et c’est très agréable de partager ça avec lui.

François est quelqu’un de très excité par le jeu des acteurs. Il est très présent, très vigilant… c’est ce qui le rapproche des frères Dardenne. Et comme pour les frères, j’ai une totale confiance en lui.

J’aime sa versatilité, le fait qu’il change en permanence de genre, comme j’aime chez les frères Dardenne le fait qu’ils repartent toujours des mêmes bases, qu’ils investissent les mêmes lieux… quelque chose d’un travail de fond et qui fait que la totalité de leurs films fait œuvre.

Ce sont deux visions de cinéma très différentes, et de passer d’un univers à l’autre est tout ce que j’aime.

Qu’avez-vous retiré de votre expérience de réalisateur avec votre frère Yannick sur Carnivores ?

La réussite fut d’être arrivé au bout de ce projet, de ce rêve, que l’on avait mon frère et moi. Un projet qui m’a énormément rempli, intellectuellement, personnelle- ment.

J’ai réalisé que créer était primordial pour moi, alors que jusque-là je ne me l’étais pas autorisé.

Parmi tous les films que vous avez tournés, y en a t’il un dont vous êtes particulièrement fier ?

Pas vraiment, ne passant pas ma vie à regarder mes films ! Bien sûr, je regarde au moins une fois le film dans lequel j’ai joué, pour la promotion et parce que je suis évidemment curieux !

Ce sont plus des souvenirs qui me restent, souvenirs de rencontres avec des acteurs, des metteurs en scène, souvenirs de lieux, d’univers que je ne connaissais pas et que j’ai découvert… mais reconnaissons que certains films furent plus intéressants à tourner que d’autres !

Un petit mot sur le Vertigo, ce restaurant/bar à cocktail de Bruxelles, dont vous êtes l’un des trois associés.

Au cours de mes voyages, j’ai pu fréquenter et apprécier ce genre d’établissement un peu particulier.

D’une certaine manière, j’ai eu envie de ramener ce que j’aimais, à Bruxelles… un endroit forcément important pour moi !

Vous qui habitez entre l’Espagne et la France, qu’est- ce qui vous manque le plus de la Belgique ?

Cette folie douce du Belge. Cette douceur que les Belges ont face à l’autre.

En Espagne – et c’est rare là où j’habite – quand tout d’un coup il pleut, me vient une forme de nostalgie de Bruxelles.

Les essentiels dans la filmographie de Jérémie Renier :


La Promesse • 1995 : Le premier premier rôle
de Jérémie… il a 14 ans. Avec Jean-Pierre et Luc Dardenne, les réalisateurs, ils tourneront 4 autres films ensemble.

Les amants criminels • 1998 : Ils sont beaux, blonds, Belges et homonymes… Jérémie Renier et Natacha Régnier chez le vénéneux François Ozon.

Nue Propriété • 2006 : Jérémie et Yannick, frères dans la vie et frères de fiction pour Joachim Lafosse et pour un huis clos familial en compagnie d’Isabelle Huppert.

Dikkenek • 2006 : Jérémie en idiot magnifique entouré d’un casting 4 étoiles dans cette comédie déjantée, désormais culte, signée Olivier Van Hoofstadt.

Reviens-moi • 2008 : Pour le plaisir de l’anecdote, car si Jérémie est au générique, c’est du couple Keira Knightley – James McAvoy, dont on se souvient !

Les aventures de Philibert, capitaine puceau • 2011 : Un pastiche de film de cape et d’épée avec un Jérémie tout en collant moulant et en coiffure improbable !

Cloclo • 2012 : À défaut d’être convaincu par le film, la prestation de Jérémie dans la peau de Claude François vaut le détour… comme d’habitude !

Carnivores • 2016 : Jérémie passe à la réalisation avec son frère Yannick. Un premier film très inspiré de leur vécu de frère et d’acteur.

L’ordre des médecins • 2019 : Jérémie Renier enfile la blouse blanche de médecin et trouve dans ce personnage tiraillé entre raison et sentiment l’un de ses plus beaux rôles.


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Classe Casta

Qu’on se le dise, Laetitia CASTA ne se résume pas à sa qualité de Top modèle. Depuis maintenant 20 ans, elle s’impose comme actrice, au théâtre – sa véritable et très ancienne passion – et au cinéma. Preuve en est, une fois encore, ce mercredi sur nos écrans, avec L’incroyable histoire du facteur Cheval du réalisateur Nils Tavernier. Laetitia Casta y incarne Philomène, la femme oh combien essentielle dans la vie du facteur Cheval, cet artiste qui consacra près de 33 ans de sa vie à édifier son Palais idéal, un incontournable de l’architecture naïve.  

MOTS : FREDERIQUE MORIN
PHOTOS : NICOLAS GERARDIN

Est-il nécessaire d’aimer le personnage que l’on interprète ? 

Non, il s’agit plutôt d’empathie avec le personnage, avec ses qualités, avec ses défauts.  

Aimer le regarder vivre… je suis la première spectatrice du personnage.

Avant, j’étais dans l’idée de me fondre dans le personnage. Aujourd’hui je fais l’inverse : je laisse le personnage entrer en moi… cela me donne plus d’espace dans le travail.

Comment définiriez-vous l’amour que porte Philomène à Joseph Ferdinand Cheval ? 

J’ai envie de dire que c’est un amour simple, qui se contente de peu. Aujourd’hui, il est beaucoup question de savoir comment être heureux, comment être zen, comment réussir sa carrière… on nous ferait croire que l’on ne sait plus comment vivre. 

Simplifier les choses, se défaire du superflu… c’est ce que raconte le film. Ces êtres s’accompagnent tels qu’ils sont, avec leur solitude. 

Philomène est simplement là, à regarder Joseph Ferdinand… elle le devine et c’est ce qui est beau. Il y a encore du mystère, de la poésie, de la pudeur…

Comment expliquez-vous cet amour qui anime Philomène ?

Ce qui fait que Philomène reste à côté de Joseph Ferdinand Cheval, qu’elle continue à se battre à ses côtés, c’est qu’il grandit, qu’il change en tant qu’homme. Elle a une sorte de fierté à l’accompagner dans son don, elle le reconnaît. Philomène et Joseph Ferdinand c’est la phrase d’André Breton : L’amour c’est quand on rencontre quelqu’un qui vous donne de vos nouvelles.

Même si on a peu d’éléments sur la femme du facteur Cheval, quel lien vous établissez entre ce personnage de Philomène et ces autres personnages existants ou ayant existé que vous avez interprétés : Arletty et Brigitte Bardot. 

Leur liberté, leur modernité, leur originalité… des femmes très inspirantes, en tout cas pour moi. 

Arletty c’était un personnage trouble, haut en couleur, fascinant. Bardot c’était la femme enfant totalement assumée avec en même temps des idées assez bourgeoises.

En quoi le mannequinat a pu vous être utile dans votre carrière d’actrice ?

Le métier de mannequin m’a rendu tel un soldat. Il y a une forme de discipline dans ce métier, un professionnalisme… on est là pour un résultat. 

Et quand sur des plateaux, on ne me considérait pas comme une actrice, cette discipline acquise m’affirmait comme une actrice. La difficulté, parfois, de mon métier de mannequin m’a permis d’avoir les épaules solides et de garder la foi en ce que je croyais.


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RETENEZ BIEN ce nom... Tessa Dixson

Tessa Dixson, 21 printemps, sait ce qu’elle veut : chanter. Et ce qu’elle ne veut pas : être formatée. Quand on lui demande son métier, elle répond « chanteuse », avec le sourire de l’évidence. Le 26 avril, sa pop-indé en clair-obscur affrontera le public des Nuits au Botanique. Rencontre avec une môme de chez nous, parfaitement à l’aise dans ses dark pompes.

MOTS : SERVANE CALMANT
PHOTOS : JULIA DUBOIS ROSCA

Tracer sa voie. « Votre temps est limité, ne le gâchez pas en menant une existence qui n’est pas la vôtre », ces mots de Steve Jobs pourraient raisonner dans la bouche de Tessa Dixson, la jeune artiste née dans une famille multiculturelle belgo-américaine traçant sa voie professionnelle avec une rare détermination. « Chanteuse, je le suis depuis que j’ai trois ans, mais chanteuse à temps plein, c’est un statut récent, que j’ai endossé en décembre 2018 », précise-t- elle avec une note de malice dans la voix.

Saisir sa chance. Le graphisme à l’ERG où elle se confronte à de nombreuses disciplines et The Voice Belgique (saison 3) lui servent de tremplin. Via, via – vive le réseautage ! – , Tessa rencontre un manager et un producteur belges, signe ensuite avec la maison de disque indépendante belge Pias, affronte une première fois le public des Nuits au Botanique avant d’y prendre goût et d’être à nouveau de la ‘party’ le 26 avril prochain.

Imposer son style. Attention, ceci n’est pas de la pop radiophonique. Tessa, qui avoue être fan de l’univers onirique et hanté du réalisateur David Lynch, couche sur papier des textes qui parlent d’angoisse et de désir, de plaisir et de douleur, bercés par des synthés ensorcelants et une voix hypnotisante. « Mes premiers singles (Beautiful Pain, Prayer, Crystal Waters) que j’ai dans mes cartons depuis 3 ans, et les prochains qui sortiront avant l’été, s’inscrivent dans une pop résolument mélancolique et sombre, avec un beat entrainant. J’avoue que je dois beaucoup à mon label,

Pias, qui me laisse une totale liberté artistique ! ». Réfractaire aux moules qui emprisonnent, aux codes en vogue qui font et défont les modes, Tessa Dixson impose son style. C’est pain bénit pour Studio Brussel, la chaine publique flamande qui promeut la zik alternative et sélectionne Tessa Dixson comme finaliste des Nieuws Lichting 2019 – comprenez « ceux et celles qui montent ». Lors de notre entretien, Tessa (qui chante en anglais parce que c’est tout naturel pour elle) sait déjà qu’elle figure parmi les neuf derniers candidats. Elle apprendra plus tard, qu’elle a remporté le concours. « C’est le public qui décide de l’avenir de la musique belge », clame Studio Brussel. L’avenir se fera donc avec Tessa !

Voir (plus) loin. 2019 sera l’année Tessa Dixson. « J’ai enfin assez de matière pour sortir un premier album de pop-indé avec, probablement, la participation de l’un ou l’autre artiste francophone. Je suis bien consciente que mon univers à une influence anglo-saxonne. Il s’agira donc demain de partir à la conquête du marché francophone belge. Puis de la France ! »


En concert aux Nuits Botanique, le 26 avril.

Ses singles sont disponibles sur YouTube.
1e album : prévu cette année, chez Pias.


Bouli-Lanners

C’est ça l’amour

Bouli Lanners a dit oui à Claire Burger qui réalise là son 2e film, 5 ans après Party girl, Camera d’or au Festival de Cannes… entre autres prix.
Bouli a dit oui à ce rôle conjugué au féminin. Bouli a dit oui à ce personnage d’homme désemparé quand sa femme le quitte, bousculé face à la force vitale de ses filles. Bouli a dit oui à toutes nos questions…

MOTS : FRÉDÉRIQUE MORIN
PHOTO : THOMAS SAMSON

Comment s’est opérée votre rencontre avec le personnage de Mario que vous interprétez ?

La rencontre s’est faite en deux temps : il y a d’abord le scénario qui donne envie de rencontrer le réalisateur. Puis la rencontre avec la réalisatrice qui permet d’aller plus loin dans le projet. Et dans le processus de ce projet, il y a la rencontre avec le père de la réalisatrice qui est le personnage dont elle s’est inspirée pour faire ce film… C’est ainsi que tout à coup la mise en chair se fait. Je comprends alors ce qu’elle recherche chez moi à travers l’image que j’ai de son papa.

On comprend mieux l’écriture quand il y a des éléments très concrets qui vous sont présentés : ici c’était son père, dans sa maison (nous avons tout tourné dans sa maison, celle où a grandi Claire Burger) et dans sa ville, Forbach…  le processus d’immersion était total. 

N’y a t’il pas une forme d’effraction dans cette manière très intime d’investir une histoire ?

Pendant plusieurs semaines, nous étions effectivement totalement dans son intimité, mais c’était un accord, un contrat que Claire avait passé avec son père. Cette maison était pleine de souvenirs, voire plus encore avec tout ce que le père avait accumulé et accumule… ce qui m’a permis de comprendre pourquoi une usure du couple s’est faite avec un tel personnage.

Malgré toute sa gentillesse, sa bonté, il y a quelque chose d’épuisant à vivre avec quelqu’un comme lui.

Si cette intrusion était un peu particulière, elle fut pour moi comédien, extrêmement enrichissante.

La mise en abîme était totale, mais Claire Burger s’est très fort détachée de son histoire personnelle pour raconter une histoire beaucoup plus universelle.

L’histoire de C’est ça l’amour rappelle celle de Nos Batailles de Guillaume Senez…

Nos Batailles est l’histoire d’un mec filmé par un mec ! Ici, c’est l’histoire d’un homme au milieu de femmes et filmé par une femme. Ce qui est mis en lumière, c’est plutôt la part féminine de l’homme. On met en avant ses fragilités… ce qui est peu courant dans la vie, comme au cinéma. Nous sommes quand même tous figés dans des stéréotypes, la pression sociale faisant son œuvre. Et s’il est très difficile d’être une femme, être un homme l’est aussi.

Quelle place tient C’est ça l’amour dans votre carrière ?

S’il y a eu des étapes importantes dans ma vie, ce rôle est un pivot, une référence dans ma carrière. En tant que comédien, il est celui dont je suis le plus fier. Sur le plan personnel, à ce stade-ci de ma vie, il marquera un tournant.

Je me trouve bien, moi qui ne m’aime jamais. C’est la première fois que je me suis oublié en regardant le film. J’ai vu Mario ; je n’ai plus vu Bouli et ce qui ne va pas chez Bouli !  Ça fonctionne avec une force que je n’imaginais pas.