Bouli Lanners a dit oui à Claire Burger qui réalise là son 2e film, 5 ans après Party girl, Camera d’or au Festival de Cannes… entre autres prix.
Bouli a dit oui à ce rôle conjugué au féminin. Bouli a dit oui à ce personnage d’homme désemparé quand sa femme le quitte, bousculé face à la force vitale de ses filles. Bouli a dit oui à toutes nos questions…

MOTS : FRÉDÉRIQUE MORIN
PHOTO : THOMAS SAMSON

Comment s’est opérée votre rencontre avec le personnage de Mario que vous interprétez ?

La rencontre s’est faite en deux temps : il y a d’abord le scénario qui donne envie de rencontrer le réalisateur. Puis la rencontre avec la réalisatrice qui permet d’aller plus loin dans le projet. Et dans le processus de ce projet, il y a la rencontre avec le père de la réalisatrice qui est le personnage dont elle s’est inspirée pour faire ce film… C’est ainsi que tout à coup la mise en chair se fait. Je comprends alors ce qu’elle recherche chez moi à travers l’image que j’ai de son papa.

On comprend mieux l’écriture quand il y a des éléments très concrets qui vous sont présentés : ici c’était son père, dans sa maison (nous avons tout tourné dans sa maison, celle où a grandi Claire Burger) et dans sa ville, Forbach…  le processus d’immersion était total. 

N’y a t’il pas une forme d’effraction dans cette manière très intime d’investir une histoire ?

Pendant plusieurs semaines, nous étions effectivement totalement dans son intimité, mais c’était un accord, un contrat que Claire avait passé avec son père. Cette maison était pleine de souvenirs, voire plus encore avec tout ce que le père avait accumulé et accumule… ce qui m’a permis de comprendre pourquoi une usure du couple s’est faite avec un tel personnage.

Malgré toute sa gentillesse, sa bonté, il y a quelque chose d’épuisant à vivre avec quelqu’un comme lui.

Si cette intrusion était un peu particulière, elle fut pour moi comédien, extrêmement enrichissante.

La mise en abîme était totale, mais Claire Burger s’est très fort détachée de son histoire personnelle pour raconter une histoire beaucoup plus universelle.

L’histoire de C’est ça l’amour rappelle celle de Nos Batailles de Guillaume Senez…

Nos Batailles est l’histoire d’un mec filmé par un mec ! Ici, c’est l’histoire d’un homme au milieu de femmes et filmé par une femme. Ce qui est mis en lumière, c’est plutôt la part féminine de l’homme. On met en avant ses fragilités… ce qui est peu courant dans la vie, comme au cinéma. Nous sommes quand même tous figés dans des stéréotypes, la pression sociale faisant son œuvre. Et s’il est très difficile d’être une femme, être un homme l’est aussi.

Quelle place tient C’est ça l’amour dans votre carrière ?

S’il y a eu des étapes importantes dans ma vie, ce rôle est un pivot, une référence dans ma carrière. En tant que comédien, il est celui dont je suis le plus fier. Sur le plan personnel, à ce stade-ci de ma vie, il marquera un tournant.

Je me trouve bien, moi qui ne m’aime jamais. C’est la première fois que je me suis oublié en regardant le film. J’ai vu Mario ; je n’ai plus vu Bouli et ce qui ne va pas chez Bouli !  Ça fonctionne avec une force que je n’imaginais pas.