Qu’on se le dise, Laetitia CASTA ne se résume pas à sa qualité de Top modèle. Depuis maintenant 20 ans, elle s’impose comme actrice, au théâtre – sa véritable et très ancienne passion – et au cinéma. Preuve en est, une fois encore, ce mercredi sur nos écrans, avec L’incroyable histoire du facteur Cheval du réalisateur Nils Tavernier. Laetitia Casta y incarne Philomène, la femme oh combien essentielle dans la vie du facteur Cheval, cet artiste qui consacra près de 33 ans de sa vie à édifier son Palais idéal, un incontournable de l’architecture naïve.  

MOTS : FREDERIQUE MORIN
PHOTOS : NICOLAS GERARDIN

Est-il nécessaire d’aimer le personnage que l’on interprète ? 

Non, il s’agit plutôt d’empathie avec le personnage, avec ses qualités, avec ses défauts.  

Aimer le regarder vivre… je suis la première spectatrice du personnage.

Avant, j’étais dans l’idée de me fondre dans le personnage. Aujourd’hui je fais l’inverse : je laisse le personnage entrer en moi… cela me donne plus d’espace dans le travail.

Comment définiriez-vous l’amour que porte Philomène à Joseph Ferdinand Cheval ? 

J’ai envie de dire que c’est un amour simple, qui se contente de peu. Aujourd’hui, il est beaucoup question de savoir comment être heureux, comment être zen, comment réussir sa carrière… on nous ferait croire que l’on ne sait plus comment vivre. 

Simplifier les choses, se défaire du superflu… c’est ce que raconte le film. Ces êtres s’accompagnent tels qu’ils sont, avec leur solitude. 

Philomène est simplement là, à regarder Joseph Ferdinand… elle le devine et c’est ce qui est beau. Il y a encore du mystère, de la poésie, de la pudeur…

Comment expliquez-vous cet amour qui anime Philomène ?

Ce qui fait que Philomène reste à côté de Joseph Ferdinand Cheval, qu’elle continue à se battre à ses côtés, c’est qu’il grandit, qu’il change en tant qu’homme. Elle a une sorte de fierté à l’accompagner dans son don, elle le reconnaît. Philomène et Joseph Ferdinand c’est la phrase d’André Breton : L’amour c’est quand on rencontre quelqu’un qui vous donne de vos nouvelles.

Même si on a peu d’éléments sur la femme du facteur Cheval, quel lien vous établissez entre ce personnage de Philomène et ces autres personnages existants ou ayant existé que vous avez interprétés : Arletty et Brigitte Bardot. 

Leur liberté, leur modernité, leur originalité… des femmes très inspirantes, en tout cas pour moi. 

Arletty c’était un personnage trouble, haut en couleur, fascinant. Bardot c’était la femme enfant totalement assumée avec en même temps des idées assez bourgeoises.

En quoi le mannequinat a pu vous être utile dans votre carrière d’actrice ?

Le métier de mannequin m’a rendu tel un soldat. Il y a une forme de discipline dans ce métier, un professionnalisme… on est là pour un résultat. 

Et quand sur des plateaux, on ne me considérait pas comme une actrice, cette discipline acquise m’affirmait comme une actrice. La difficulté, parfois, de mon métier de mannequin m’a permis d’avoir les épaules solides et de garder la foi en ce que je croyais.