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Un café avec un croissant et quelques confidences, s’il vous plait !

C’est dans un troquet saint-gillois que Thomas Gunzig, chroniqueur, photographe, scénariste et écrivain belge, a rédigé son nouveau roman, Le Sang des bêtes. C’est là aussi qu’il nous a fixé rendez-vous pour une bonne heure de papote sans filtre. Thomas Gunzig nous parle de la force de l’imaginaire et de sa position d’écrivain. De ses hésitations, de ses doutes et de ses ambitions aussi, que ce nouveau chapitre devrait combler, pour sûr .

Lui : « Je vous commande un café ? » Elle : Un thé bio fera l’affaire. 

Lui : «  Vous êtes bobo ? » Elle : Vous n’avez pas idée,  je viens même du Béwé ! Rire. 

Et vous ? « J’habite au fond d’Uccle, à la limite de Linkebeek… » 

Mais vous n’êtes pas sur vos terres ! « Non, je n’aime pas travailler à la maison. Quand je suis chez moi, c’est pour manger, dormir, m’occuper de mes enfants. J’ai besoin de dissocier vie privée et travail. » 

Pourquoi ne pas avoir choisi un espace de coworking ? Ils sont légion à Bruxelles ! « Oh non ! Impossible ! Je déteste travailler dans un endroit dédié au travail. Voir tous ces gens en rang d’oignon qui bossent, ça me déprime vraiment ! »  

Oh oh, peut-être n’aimez-vous pas le travail ? « Ah mais je me force à écrire ! » 

Même pour vos chroniques matinales sur La Première (RTBF) ? « Evidemment ! Si j’avais le choix, je n’écrirais pas, je me promènerais dans les bois toute la journée ! » 

Mais ça ne paie pas ! « Rien à ajouter ! »

Vous ne rêvez pas de devenir écrivain à temps plein et d’abandonner vos casquettes de chroniqueur, de scénariste, de prof ? « Evidemment ! Mais j’ai fait le choix de travailler avec une maison d’édition indépendante, Au diable vauvert, fondée par Marion Mazauric. Je suis chez eux depuis ‘Mort d’un parfait bilingue’. Marion ne me larguera jamais, même si mon roman devait être un fiasco, et je ne la quitterais pour rien au monde. Cependant, ce n’est peut-être pas la meilleure maison d’édition pour faire le buzz à Paris ! »

Vous avez soif de reconnaissance ? « Oui, sans doute ! Gamin, on m’a trop longtemps pris pour un idiot ! Pour revenir à ma chronique sur la RTBF, la seule raison qui me motive à la poursuivre – je l’ai entamée en  2010 – , ce sont les réactions positives du public, pas mes maigres défraiements ! C’est un peu comme une addiction cette reconnaissance… » 

Je vous sens un peu amer ? « Non, pas du tout. Consacrer ses journées à une activité qui mêle la recherche, l’émotion, l’échange, l’expérimentation et pouvoir en vivre, c’est une chance extraordinaire. C’est vrai qu’il m’arrive de l’oublier et je me lamente alors sur la charge de travail et les sacrifices que ça représente, mais je me reprends très vite. Je n’ai vraiment pas le droit de me plaindre ». 

Be Perfect a bien fait de vous offrir la cover ! Rire. « Oh, oui, merci ! »

On attaque Le Sang des bêtes, votre nouveau roman ?  « Allons-y ! »

Vous dédicacez votre livre à vos parents « pour tout ce qu’ils ont fait de travers » ! C’est fort drôle ! Je sens néanmoins poindre un reproche derrière le sarcasme ? « Mes parents qui sont toujours en vie, ont toujours été très aimants mais ils ont parfois voulu trop bien faire. Toujours avec bienveillance et amour certes, mais…  Je vous donne juste un exemple : très jeune, j’étais un peu dyslexique et ils m’ont placé dans l’enseignement spécialisé avec d’autres élèves qui avaient des problèmes plus graves que les miens. Et quand j’ai réintégré l’enseignement classique, je ne vous raconte pas mes lacunes…

Vous en voulez à vos parents ? « Non, ils auraient pu être démissionnaires, ils ne l’ont pas été ! Et ce qu’ils ont fait de travers compose l’homme que je suis aujourd’hui ! »

Parlons de Tom, le personnage de votre dernier roman, il est juif par son père, est sportif, a 50 ans, se demande ce qu’il a fait de sa vie. Tom, c’est vous ! « Ahaha, oui, dans tous mes romans, je projette un peu de moi et ce n’est pas toujours intentionnel. Même dans un personnage de femme, il y a parfois une part de moi… Mais dans ce dernier roman, c’est peut-être en effet plus frontal… »

Tom, c’est un anti-héros. Vous aimez particulièrement ces personnages ordinaires en prise avec un quotidien qui les dépasse … « Un anti-héros, c’est quelqu’un de normal sans cape ni pouvoirs spéciaux, ce qui donne évidemment plus de poids à son héroïsme ! »

Pas de super-héros chez Thomas Gunzig, mais des personnages bien frappadingues, comme cette femme qui pense être une vache… « Mais c’est vraiment une vache ! »

Ah ! J’y avais vu une ode à la différence ou une volonté de casser les stéréotypes de genre… « Oui, c’est ça aussi, mais dans ma tête, le personnage de N74 est vraiment une vache. Je dois bien vous avouer que je ne sais absolument pas comment le lecteur va l’appréhender ! Hormis dans ‘Feel Good’, j’ai toujours introduit des éléments décalés, étranges, noirs, dans mes romans. L’imaginaire est l’outil le plus précieux dans un récit ! On peut dire beaucoup de choses à travers le registre du fantastique, bien plus qu’avec l’hyper réalisme ! »

Le traumastisme transgénérationnel de la Shoah est également au cœur de votre nouveau roman… « Oui, mais je ne le ressens pas comme un traumatisme, qui pourrait être handicapant. Au contraire, cette mémoire transgénérationnelle m’a rendu plus fort. Aujourd’hui, je sais que je peux (presque) tout affronter. Je suis devenu un guerrier ! »

Enumérer des détails pour composer un personnage, fait partie de la touche Gunzig. Ce style s’est-il affiné avec le temps ? « Oui ! En tant que romancier, on est souvent dans une recherche stylistique pour imposer une sorte de signature. Avec le temps, j’ai l’impression d’aller davantage droit au but, adieu l’esbroufe et les images formelles pour épater… Je me sens mieux dans une forme d’économie de moyens. Moins, c’est mieux. »

Sans rien dévoiler de l’histoire, vous êtes devenu un auteur résolument optimiste – bravo ! « Oui, je suis beaucoup moins pessimiste qu’à mes débuts ! Peut-être qu’en vieillissant j’ai besoin de trouver un équilibre dans le déséquilibre… Ou à force de regarder mes enfants qui sont formidables dans ce monde qui ne l’est pas, suis-je devenu plus optimiste… Je n’en sais rien ! Ce roman est comme un geste d’amour envers le lecteur. Je souhaite qu’il se sente bien, une fois le livre refermé. Franchement, ça me rendrait infiniment heureux !


Le Sang des bêtes (Au diable vauvert éditions)

Tom, vendeur dans une boutique de protéines pour bodybuilders, est en pleine dépression. A 50 ans, qu’a-t-il fait de sa vie ? Témoin d’un acte de violence, il va sauver une inconnue qui prétend être une vache, la ramener chez lui et perturber le quotidien de tous, de sa femme qui ne le rend plus heureux, de son fils tout juste séparé de sa copine et de son père, juif marqué par la Shoah et malade d’un cancer.

Avec les membres de la famille de Tom, Thomas Gunzig fait une description lucide de son temps. Son roman bref et impeccable se dévore sur le corps, le couple, la vie, vieillir, aimer, durer, rester vivants, qui alterne avec un talent et un rythme parfait le rire, la lucidité, le désenchantement, le bonheur… Drôle et profond, le plus sensible et personnel des livres de l’auteur.

En librairie le 6 janvier, date de sortie également de « Feel Good » en format poche.


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Les œuvres versatiles de Lou van ’t Riet

Les triptyques de cette jeune plasticienne, combinant formes géométriques et couleurs, invitent les spectateurs à sortir de leur passivité et à interagir. Attention, il est permis et même recommandé de toucher !  


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Le Vaudeville Plus de 137 ans et pas une ride

Le Vaudeville semble avoir eu mille vies depuis sa construction en 1884. Tour à tour café-chantant, théâtre qui accueillit « Bossemans et Coppenolle » et discothèque (les nuits du Vaudeville, que de souvenirs !), cet endroit mythique abrite désormais une salle évènementielle et des chambres d’hôtes gérées par Choux de Bruxelles.

Le théâtre du Vaudeville fut construit en 1884 au sein des galeries Saint-Hubert  à Bruxelles, mais son histoire architecturale remonte à 1846 lorsque l’architecte Jean-Pierre Cluysenaer, figure de proue de l’éclectisme, conçut l’un des premiers marchés couverts de Bruxelles. Il imagina une imposante verrière afin d’apporter de la lumière naturelle au passage, et évoquer la vente en plein air ; la structure de la verrière composée de colonnes en fonte est d’ailleurs toujours visible de nos jours au Vaudeville.

Inauguré le 14 novembre 1847, le Marché aux Fleurs qui s’adressait à une clientèle différente de celle du Marché aux Herbes ne répondit pas aux attentes financières de la société des Galeries. Dès lors en novembre 1851, il fut transformé en café-chantant et dénommé : le Casino Saint-Hubert. Il devint donc la seconde salle de spectacle après le Théâtre des Galeries, dont la construction remonte en 1847. Dirigé par le Conte de Juvigny, un Français exilé à Bruxelles, l’ambiance y fut très chaude ! Le public assistait à un spectacle, bière à la main, pommes de terre rôties pour l’accompagner. Il connut une existence éphémère à l’instar de la plupart des cafés-concerts bruxellois de l’époque…

En 1872, à l’initiative de Léopold Boyer, un ancien ténor qui y avait fait ses débuts, les lieux se transformèrent en théâtre doté de loges, de baignoires et d’un balcon. Pourvu d’une décoration orientale, il rouvrit sous le titre de « Spectacle-concert des Bouffes Bruxelloises » et fut consacré à l’opérette et au vaudeville, tout en ne rompant pas ses habitudes de café-concert où le public continua à consommer et s’amuser.

 

Le Théâtre du Vaudeville venait de naître ! 

Le 28 octobre 1884, afin d’assurer la sécurité du public et du personnel, la salle des Bouffes fut transformée en véritable théâtre avec de vastes dégagements. Le Théâtre du Vaudeville venait de naître ! Il présentait un décor en plâtre néoréaliste tel que les théâtres d’inspiration italienne. On y découvrait des cartouches portant les noms d’illustres auteurs, des putti musiciens (angelots -nda), une lyre d’Apollon, un sceptre de bouffon. Le plus marquant était sans conteste, le plafond en forme de coupole qui était supportée par quatre caryatides (statues de femmes qui font office de colonnes-nda) aux allures aussi suggestives que les pièces libertines qui se jouaient au Vaudeville.

En 1926, afin d’aménager les accès, un magasin placé à droite servit de foyer et de hall d’entrée. Ses motifs floraux et géométriques de style Art déco subsistent encore de nos jours.

Durant des décennies, le Vaudeville fut consacré au théâtre de boulevard, à la revue et la zwanze (type d’humour gouailleur associé à Bruxelles-nda) et aux spectacles mémorables à l’instar de « Bossemans et Coppenolle » qui y fut présenté pour la première fois le 25 février 1938. De célèbres artistes tels Juliette Gréco, Bourvil, Raymond Devos ou encore Fernand Raynaud foulèrent ses planches.

 

Une discothèque qui agita le tout-Bruxelles ! 

Après la faillite du théâtre, il fut loué durant vingt ans à Jean-Marie Ravet, plus connu sous le nom de « Yannick du Vaudeville ». Il le transforma en dancing qui agita le tout-Bruxelles. On lui a demandé de nous raconter « ses années Vaudeville ».

Yannick Ravet, qu’avez-vous vu en pénétrant la première fois au Vaudeville ?

Son superbe plancher en chêne, ses dorures, ses angelots, ce côté florentin… Un théâtre merveilleux, magnifique, que j’avais cherché pendant des années.

En quelle année avez-vous ouvert le Vaudeville ?

En mille neuf soixante- quatorze, j’avais 40 ans (Yannick est d’origine française comme le Conte de Juvigny qui, avant lui, avait allumé le feu – nda).

Donc en 1974, vous avez transformé le théâtre en discothèque ?

Le théâtre était dans un état lamentable, les éclairages étaient même arrachés! J’ai entrepris des travaux de replâtrage, notamment pour les moulures qui

manquaient, et redonné ce côté lumineux du théâtre avec ses fresques, ses blasons. J’ai refait les loges. Ensuite, mes amis ont décidé d’ouvrir le lieu à la « high society ». L’idée ne me plaisait guère et ça n’a d’ailleurs pas été une grande réussite. Alors j’ai pris un virage à 180° et fait du Vaudeville, un rendez-vous populaire. Le succès a été incroyable : j’ai vu revenir tous les clients du Kiosque et du Cinéma, mes précédents Club privés. Au Vaudeville, se rencontraient les noctambules du haut et du bas de la ville, une incroyable mixité !

Parlez-nous de la piste de danse (qui surplombait le bar), façon « Saturday Night Fever » durant les années disco.

J’en fus l’architecte, le maître d’œuvre. La piste ressemblait à une couronne, que j’avais fait réaliser sur mesure par un ferronnier. C’était une continuité de la scène du théâtre qui servait déjà de piste de danse … 

A la fin du disco, pourquoi avoir retiré cette fameuse piste de danse ?

A cette époque, toutes les pistes de danse étaient en contrebas et ça m’avait influencé. C’était une erreur.

Votre concession, 1974-1994 ?

Oui, 20 ans de concession ! Les 3 dernières années ont connu les fantastiques soirées folles du Vaudeville avec Maman, Marco et leurs amies …

Le Vaudeville était une adresse incroyable, fréquenté par de nombreuses stars du showbiz !

 

Ce soir je dors chez Loulou ou Baudelaire ? 

Quelques années plus tard, le metteur en scène Daniel Scahaise (qui fut plus tard, de 1998 à 2015, directeur du Théâtre des Martyrs-nda) redonna vie à la salle de spectacle. En 1999, de minutieux travaux de rénovation furent entrepris par le bureau d’architecture bruxellois A2RC et scrupuleusement supervisés par la Commission royale des monuments et sites.

Son faste retrouvé depuis 2003, le théâtre du Vaudeville est géré par la société évènementielle Choux de Bruxelles. Il est loisible de louer les lieux pour un évènement et même de prolonger le plaisir dans l’une des splendides chambres d’hôtes répondant aux noms de Loulou, Black and White, Magritte, Apollinaire, suite Victor Hugo (celles-ci sont côté cour) et Rimbaud, Explorateur, Diva ou encore suite Baudelaire qui ont toutes vue sur la spectaculaire Galerie de la Reine.

Nous remercions Thierry Dhulsters qui gère le site avec passion et a mis les archives du Vaudeville à notre disposition.


www.chouxdebruxelles.be


Philippe-Franck

Philippe Francq envoie Largo Winch dans l’espace

L’éthique et l’écologie dans l’entreprise, les nouvelles technologies et le marché spatial. Oui, le milliardaire rebelle est plus que jamais au coeur des enjeux d’aujourd’hui. On en parle avec Philippe Francq, à l’occasion d’une exposition de crayonnés du dessinateur belge à la galerie Huberty & Breyne à Bruxelles et de la sortie du 23e album de Largo Winch, « La frontière de la nuit ».


banque-Puilaetco

La banque Puilaetco défend un mécénat culturel contemporain

Christine Mostert, Art advisor intégrée à la banque privée Puilaetco depuis 10 ans, forte de son expérience de 20 ans chez Christie’s et d’une activité de conseillère auprès d’un collectionneur privé, a initié un partenariat qui associe la découverte d’un bâtiment remarquable du XXe siècle avec celle d’une artiste en résidence. Une action qui s’inscrit dans la continuité pour soutenir de jeunes créatifs tout en faisant la connaissance d’une œuvre majeure de l’architecture du XXe siècle.

Pourquoi avoir choisi la résidence Van Wassenhove ? 

Ce bijou d’architecture isolé dans une magnifique région de Flandre mérite d’être mieux connu. Nous avons souhaité ouvrir les portes de ce lieu qui n’a jamais été accessible au public en permanence. Construction avant-gardiste des années 1972-74, son cadre exceptionnel nous permet de rencontrer nos clients autour de la création contemporaine, en ouvrant le champ de l’art qui n’est pas réservé qu’aux œuvres de peinture et de sculpture.

Comment a été sélectionné l’artiste ?

Un jury de professionnels a examiné la centaine de dossiers reçus avant de choisir l’artiste slovène, résidant à Paris, Meta Drčar. Elle intègrera pour un mois, du 16 novembre au 15 décembre 2021, la résidence Van Wassenhove. Ses sculptures performatives entrent en dialogue avec les lieux qu’elle investit pour créer une interactivité avec l’architecture et encourager l’engagement spatial du spectateur. A travers ses recherches, l’artiste analyse comment les mouvements du corps répondent aux différents facteurs de l’environnement et questionne nos façons de voir et de ressentir une proposition architecturale.

Comment a débuté ce partenariat ?

Au décès de son propriétaire en 2012, la résidence Van Wassenhove a été léguée à l’université de Gand qui a confié sa gestion au Musée Dhont-Dhaenens. Depuis 4 ans, nous sommes partenaires de ce musée, avec, désormais, le nouveau directeur Antony Hudek désireux d’exploiter les atouts de son institution. Il ne s’agit pas seulement de saisir des opportunités évènementielles mais aussi d’apprendre à connaître nos clients dans un contexte différent, de partager la mission culturelle du musée, de faire se rencontrer des collectionneurs et de susciter la curiosité de nos collègues.

Comment concevez-vous votre métier ?  

Les institutions culturelles ont besoin de soutien pour que leur mission soit appuyée et que leur public soit renouvelé. Nous réalisons régulièrement des visites avec nos clients et nos collaborateurs. Outre la banque privée Puilaetco, nous avons associé à ce partenariat le courtier d’art Eeckman, qui accompagnait déjà le musée. Axel Vervoordt soutient également cette résidence. Il nous semble important de rencontrer nos clients dans un contexte différent de celui attendu par notre métier de banquier. Dans son questionnement du monde, la création contemporaine attise notre curiosité intellectuelle et nous ouvre au sensible et à l’émotion. En cela, elle privilégie ces connexions. Cette démarche s’inscrit parfaitement dans l’approche de la gestion de patrimoine telle que nous la défendons chez Puilaetco : construire avec nos clients une vie plus enrichissante.

 

Encadré : Une maison radicale en pleine campagne

La résidence Van Wassenhove a été construite au début des années 1970 par Juliaan Lampens pour le professeur de mathématiques, passionné d’art et d’architecture, Albert Van Wassenhove. Immergée dans la nature, et située dans la commune de Sint-Martens- Latem, elle présente des lignes simples en béton brut adoucies par la chaleur du bois et les jeux de lumière. A l’intérieur, pour son propriétaire célibataire qui l’a habitée seul, l’architecte a dessiné des volumes figurant les principales formes géométriques. L’espace de repos et la chambre tracent un cercle, la cuisine décrit un triangle et le bureau, un carré. Cette œuvre manifeste a amorcé un virage dans le parcours de l’architecte qui, grâce à la liberté laissée par le maître d’ouvrage, a rejoint les grands noms de l’architecture moderniste et brutaliste comme Le Corbusier et Ludwig Mies van der Rohe. A ses murs en béton banché, fabriqués à partir de coffrages en bois portant l’empreinte du veinage des planches, s’ajoutent un auvent, une table de cuisine façon autel et un palier, faisant référence à la Chapelle d’Edelare, imaginée par le même architecte. Le lieu, offrant une atmosphère monacale, sans attribut décoratif, a été rénové, en 2015, grâce au concours des collectionneurs privés Miene et Philippe Gillion.


www.puilaetco.be
www.musuemdd.be


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Laura WANDEL… Un cinéma corps à cœur

On le prédit, Laura Wandel ira loin. Ce que l’on pouvait déjà se dire, il y a 7 ans, quand elle réalise son deuxième court métrage, Les Corps étrangers qui se retrouve en compétition officielle à Cannes après que la jeune femme, diplômée de l’IAD, l’a envoyé, sans trop y croire, comme une bouteille à la mer !

Cannes toujours pour son premier long métrage, Un Monde, présenté dans la sélection Un Certain regard et qui repart en juillet dernier avec le prix FIPRESCI des critiques de cinéma internationaux.

Un Monde, c’est une plongée dans le monde de l’enfance et de l’école à laquelle nous invite Laura Wandel. Une plongée que l’on va vivre à la suite de Nora, une petite fille de 7 ans qui aujourd’hui entre en primaire. Filmé à hauteur d’enfant, la caméra virtuose de Laura Wandel nous offre une expérience immersive impressionnante autant qu’elle donne à voir la cruauté d’un monde, celui de l’enfance, miroir de celui des adultes.

L’interprétation est en tout point remarquable à commencer par Maya Vanderbeque (Nora), de tous les plans, sidérante de naturel.

 

Rencontre avec une jeune femme gracile et déterminée dans un café, place Fernand Coq à Bruxelles, par un bel après-midi d’été.

À quel moment le cinéma est entré véritablement dans votre vie ?

Ma première claque cinématographique, j’avais plus ou moins 16 ans. Autant que je me souvienne, deux films m’avaient énormément marqué à ce moment-là ; c’est Japón de Carlos Reygadas et Jeanne Dylman 23, rue du commerce, 1080 Bruxelles de Chantal Akerman. Plus qu’intellectuellement, j’ai véritablement ressenti ces films physiquement… une expérience bouleversante. Je me suis dit : c’est cela que je veux faire. De là j’ai vu de plus en plus de films. Et quand on commence à vraiment s’intéresser au cinéma, ça n’a plus de fin !

 

Comment s’est passé l’élaboration de Un Monde votre premier long métrage ?

J’ai toujours besoin d’aller observer les lieux qui m’intéressent. J’ai passé des mois à regarder les enfants jouer dans différentes cours de récréation, pour voir comment aujourd’hui ça se passe. J’ai rencontré beaucoup de monde : des directeurs d’école, des instituteurs, des professionnels de l’éducation, des parents, des enfants… J’ai assisté à des médiations.

J’ai besoin d’envisager mon histoire le plus largement possible, pour ensuite partir d’un point de vue en particulier. Et je pense que tout part d’une volonté de s’intégrer à une communauté.  Je suis partie de mes intuitions … et mes observations ont conforté mes intuitions !

Pour ce qui est de l’écriture, je suis très lente ! ça m’a pris 5 ans. Le tournage a été reporté d’un an, afin de boucler le financement du film. Puis le Covid a fait que nous avons dû attendre encore un an avant que le film puisse sortir en salle.

 

Pourquoi ce choix de l’école pour ancrer votre histoire ?

L’école, pour un enfant, c’est le premier moment en dehors de la famille. Il doit en déchiffrer les codes, s’adapter. J’ai l’impression que c’est aussi là que les choses s’ancrent en nous ; celles qui plus tard vont influencer notre rapport au monde et aux autres.

 

Votre caméra est étonnamment expressive

J’ai essayé que le film soit très immersif pour le spectateur. Que le spectateur puisse le vivre au travers de son corps et pas seulement intellectuellement. Pour moi, le cinéma c’est ça. Pour être au plus proche de la perception de Nora, on s’est dit que le mieux était de rester à sa hauteur, de montrer finalement très peu de ce qu’il y a autour d’elle, de presque l’enfermer. C’est ce que permet le hors champ… que j’adore travailler !

 

Comment avez-vous choisi les comédiens, notamment Karim Leklou, le père de Nora dans le film et Laura Verlinden qui joue son institutrice ?

 Je fonctionne par flashs, souvent après avoir vu ces acteurs ou ces actrices au cinéma. Je sais que j’ai envie de travailler avec eux… je ne leur fais jamais passer de casting ! J’ai été très heureuse que tous aient accepté mon invitation.

 

Avez-vous déjà un prochain film en tête ?

Oui, avec encore un lieu clos ! … Si tout va bien, le milieu de l’hôpital.

Avec un endroit fermé, j’ai l’impression de pouvoir faire vivre les choses de manière viscérale, que l’on est au plus près des choses. Je pars d’un microcosme, parce que pour moi il fait écho au fonctionnement de la société, au reste du monde.


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Sophie Cauvin, entre terre et mère

Elle a choisi la terre pour transmettre un message universel, rendant hommage à la beauté de la nature, sa force et sa violence. Un message universel qui n’a pas d’âge et se défie des mouvements artistiques.


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Alia Cardyn En quête d’humanité

Alia Cardyn, ancienne avocate bruxelloise, maman de trois enfants, consacre désormais son temps à l’écriture. Ses romans émouvants, écrits avec passion et sincérité, se doivent d’être lu sans modération. Le premier, « Une vie à t’attendre », est lauréat du prix des Lecteurs des magasins belges Club en 2016, quant à « Mademoiselle Papillon », il rend hommage aux femmes qui ont l’audace d’incarner le changement. On peut déjà prédire que son cinquième, « Archie », sera un best-seller. Profond, bouleversant, percutant à l’instar de sa couverture. Mon coup de cœur absolu de la rentrée littéraire belge 2021 !

Vous avez écrit « Archie » en plein confinement. Est-ce la réaction de votre fille face aux devoirs facultatifs qui vous a inspirée ?

Le sujet du roman, je l’avais avant le confinement, mais ce temps de pause octroyé aux enfant était un joli signe de la vie, qui a donné une vitalité supplémentaire à mon expérience de l’école démocratique. Durant six mois, j’ai eu la chance immense de pouvoir adapter mon rythme professionnel à celui de mes enfants, de les voir jouer dans le jardin à et construire leur vie comme ils l’entendaient. Quel enrichissement pour eux et pour moi !

Vous prônez la pédagogie démocratique qui vise à offrir la liberté dans l’apprentissage. Qu’apporte-t-elle de mieux à l’éducation traditionnelle ?

Comme beaucoup de pédagogies, c’est plus en termes d’atouts qu’il faut l’analyser : dans l’approche démocratique, on ignore qui est le maître et qui est l’élève. Les rapports de domination sont gommés, même si c’est compliqué car ils sont présents dans tous les pans de la société. Pourquoi ne fonctionnerait-on pas de façon plus démocratique en donnant la voix à chaque élève ? En écrivant ce livre, j’ai réalisé que pour être heureux il faut savoir faire des choix et avoir confiance en soi, or ce n’est pas forcément au programme de l’éducation traditionnelle !

Qu’espérez-vous pour la nouvelle génération ?

Que la pédagogie se focalise davantage sur le bien-être de l’enfant et de l’enseignant qui fait ce métier par passion. Réinventer notre école pour qu’elle soit en adéquation avec cette génération fabuleuse qui arrive et qu’elle se soucie de l’épanouissement des professeurs. Ca me choque que notre société sous-finance notre enseignement, alors qu’il est prouvé qu’un système scolaire qui fonctionne bien permet de faire des économies, en préservant notamment la santé mentale. C’est en choisissant un métier qui nous plait que l’on peut arriver à le réussir !

Ancienne avocate, ne regrettez-vous jamais votre ancienne profession ?

Vraiment jamais ! Étant hypersensible, autant  j’étais passionnée par le jeu intellectuel ; autant sur le plan humain, je n’étais pas à ma place. J’ai même pensé que j’avais fait le mauvais choix d’études, de carrière et que j’avais raté ma vie. Il y a eu tout un cheminement pour arriver au métier d’écrivain que j’adore.

Qu’est-ce que l’écriture vous apporte ? 

J’ai toujours voulu faire un métier de défense des droits humains. Je veux aborder dans mes romans des sujets que je trouve essentiels et qui sont trop peu accessibles. Mes interviews d’experts multiplient la richesse des points de vue que j’essaye de transmettre aux lecteurs qui vont lire mes romans.

De manière générale, quels sont les éléments déclencheurs qui inspirent vos romans ?

Il y a toujours, en filigrane, l’importance de l’égalité dans notre société, la volonté d’effacer les rapports de domination et aussi la résilience et le non- jugement.

Pourquoi avoir choisi la Bretagne en toile de fond ?

J’adore la Bretagne que je trouve sublime. J’y étais lorsque j’ai imaginé ce scénario. C’était le cadre parfait pour qu’Archie puisse aller à la rencontre de sa grande beauté. La nature nous permet de nous connecter à toutes nos forces. La beauté extérieure nous renvoie à la beauté intérieure.

 Comment se construire quand vous connaissez l’enfer dès votre naissance ? Quel message voulez-vous faire passer ?

S’il y a des puits de lumière dans une vie, elle n’est pas perdue. On peut tous être ces puits de lumière pour quelqu’un d’autre. Ca peut tout changer !

Vous brossez deux portraits de femmes, une mère toxicomane et une infirmière bienveillante. Tout parait les opposer, pourtant chacune lutte comme elle peut contre ses démons. La culpabilité peut-elle détruire un individu ?

La culpabilité est très nocive pour la santé et est contre-productive. Elle bouffe notre énergie au lieu de nous permettre d’avancer. Il faut la remplacer par une saine remise en question.

Archie, votre cinquième roman sort le 14 octobre 2021. Peut-on espérer un sixième roman pour 2022 ?

Certainement ! Même si je ne connais pas encore le mois de sa sortie. D’ici là, en novembre 2021, paraîtra mon premier album jeunesse qui m’a été commandé par une cheffe de service de néonatologie, parce qu’il n’existe pas de livre pour la fratrie des prématurés. Et en février 2022, sortira l’album jeunesse sur « Mademoiselle Papillon », ma plus grande évidence de mon parcours d’écrivain.


La rentrée littéraire belge

La rentrée littéraire belge

Nous nous sommes pris d’amitié pour la littérature belge francophone. Comment pourrait-il en être autrement quand la rentrée invite à découvrir grands auteurs et belles découvertes ? Amélie Nothomb poursuit son exploration des rapports familiaux en rendant hommage à son père, Nicolas Crousse assemble les pièces du puzzle de son enfance, Hakim Benbouchta dévoile son « Tinder City », Aurélie Giustizia surprend avec un véritable ovni littéraire, Sébastien Ministru ouvre la garde-robe intime de son héroïne, Rudy Léonet évoque ses rencontres avec de grands artistes. Sans compter, Archie d’Alia Cardyn, notre coup de cœur ultime, à découvrir dans nos pages Be Culture.

MOTS : ARIANE DUFOURNY

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Au suivant ! Non ! Guiz, c’est le phénomène belge qu’on n’a pas envie de quitter !

Attention, cet avis n’engage que nous : Guy Verstraeten, alias Guillermo Guiz, devrait être prescrit contre la morosité ambiante, voire remboursé par la sécurité sociale ! Son humour vif et foncièrement dark, sa sincérité désarmante, son accent bruxellois assumé et son débit de mitraillette dérident l’âme chagrine plus vite qu’un shoot d’Epicure ! Rencontre avec un beau gosse, plus timide à la ville qu’à la scène, qui se raconte dans « Au suivant ! », spectacle irrésistiblement décapant.

Comment doit-on vous appeler ? Guy, Guillermo ou Guiz ?

Mes amis m’appellent Guiz. L’administration : Guy. Et ceux qui ne me connaissent qu’ à travers mon travail me nomme Guillermo.

Dans votre précédent spectacle « Guillermo Guiz a bon fond », vous avez consacré un sketch à votre prénom. Pourquoi ne vous plaît-il pas ?

Je suis né en 1981, à l’époque ce n’était pas un prénom dans le vent. J’ai donc grandi avec un prénom de… vieux !, que le timide que je suis a assumé comme il pouvait ! Ne pas être fier de son prénom, c’est compliqué quand on est ado. A 39 ans, je commence à accepter mon prénom. Plus je vais vieillir, plus ça va aller. Théoriquement, quand j’aurai 60 ans, je le trouverai super !

Avis aux futurs parents ! En quoi le prénom est-il constitutif de la personnalité?

On vit au quotidien avec son apparence physique et avec son prénom. J’ai la chance de faire un métier artistique et de pouvoir choisir comment j’ai envie qu’on m’appelle. Le nom et le prénom, on nous l’attribue à la naissance. Bébé, on n’a pas des masses d’influence. Il y en a peu qui disent : Matis, ça ne me va pas du tout ! Il faut faire confiance à la bienveillance des parents. Les miens, à ce niveau-là n’ont pas été très inspirés ! (Rire).

Quel est votre Guy célèbre préféré ? Guy de Maupassant, Guy Béart , Guy Bedos ou Guy Verhofstadt ?

Guy Bedos ! Il se situait clairement dans le haut du panier de l’humour des années 70, 80, 90.

On dit des « Guy » que ce sont des hommes qui ne dissimulent pas leurs pensées et que leurs franchises font leur charme. Est-ce la clé de votre succès ?

Je ne suis pas tout le temps franc, mais je suis sincère. Je ne vais pas dire frontalement ce que je pense de peur de gêner l’autre, mais je dissimule assez peu ce que je ressens réellement. Sur scène, ma force, c’est vraiment la sincérité. 

On dit aussi des « Guy » qu’ils sont très généreux. Ce n’est donc pas une chimère puisque vous avez proposé de faire une deuxième représentation au Royal Festival de Spa de votre spectacle « Au suivant ! » dont la recette est entièrement reversée aux sinistrés des inondations dans la région. Que pensez-vous de l’élan de solidarité nationale ?

Curieusement en période de crise, on découvre le meilleur des gens. On peut être fier de la manière dont les Belges ont réagi face aux inondations partout dans le pays.

Vous êtes originaire de la commune d’Anderlecht tout comme Guy d’Anderlecht plus connu comme Saint Guidon d’Anderlecht et parfois surnommé « le pauvre d’Anderlecht ». Dans un de vos sketchs, vous avez parlé de votre commune en vous définissant comme un plouc intérieur. Pourquoi ce ressenti ?

J’ai beaucoup de tendresse pour Anderlecht, j’y ai grandi. Ce n’est clairement pas la commune la plus branchée du monde. Anderlecht, n’est pas Brooklyn ! Mais ce n’est pas grave (rien n’est grave, hein avec Guillermo – nda). Quand je repense à ma période anderlechtoise, avec ma coupe mulet, je n’ai pas honte du tout.

« Mon phantasme ultime sur Dieu… J’arrive au paradis et Saint-Pierre m’annonce : il n’osera pas te le dire car il sa fierté mais il aimerait bien prendre une photo avec toi. ». Vous êtes plutôt BG physiquement et sympathique au demeurant.  Si vous deviez-vous décrire en adjectifs ?

Réservé, bon copain et alcoolique ! (Rire). Je suis plutôt gentil. J’essaye si possible de ne pas faire de mal autour de moi.

Vous avez 39 ans. Difficile à imaginer quand on vous regarde, pourtant on dirait que vous avez déjà eu mille vies : ancien espoir de l’équipe de football d’Anderlecht, patron de boîte de nuit, journaliste, chroniqueur sur France Inter et humoriste. Quel fut l’élément déclencheur qui vous a fait monter seul en scène?

J’ai vu la série « Louie » de l’humoriste américain Louis C.K et j’ai été conquis par cette manière de s’exprimer sur scène, devant un mur en briques avec un micro, tout simplement. Ce qu’il disait m’a bouleversé. A l’époque, je faisais déjà beaucoup de blagues. C’était pour moi une manière de dire au monde ce que j’avais envie d’exprimer. Il a fallu un an et demi voire deux ans, pour que j’écrive des petits textes et que j’ose les jouer. A mes 31 ans, j’étais professionnellement un peu en rade, je n’avais plus rien à perdre. Je suis monté sur une scène, pour la première fois, en juillet 2013. A partir de là, progressivement, j’en ai fait mon métier.

Comment qualifieriez-vous votre style d’humour ?

Absurdement noir ! Dans le spectacle, il y a des blagues très dark, très absurdes, très potaches, très fines.

Avez-vous déjà pris un bide ? Dans l’affirmative, comment rebondissez-vous ?

Bien sûr, j’ai pris des bides. Des tonnes. Quand j’étais un humoriste inexpérimenté, j’étais tétanisé, je regardais mes chaussures et je parlais encore plus vite que d’habitude. J’expédiais mon texte pour rentrer chez moi et mettre ma tête sous un coussin le plus vite possible. Aujourd’hui, avec l’expérience, je gère mieux. Mais les textes qui ne sont pas encore rodés continuent à m’affoler car je ne sais jamais si ils vont faire rire, faire rire un peu, beaucoup, sourire à peine, ou ne pas faire rire du tout ! Un spectacle, c’est toujours une loterie. Quand les gens ne rient pas, il me faut  rebondir et rigoler de la situation.

« Au suivant ! » Pourquoi avoir nommé ainsi votre nouveau spectacle ?

J’avais un premier spectacle qui avait beaucoup tourné, il fallait en faire un deuxième : Au suivant ! ma paru un titre logique. Le spectacle parle de la transmission. Du coup, c’est un double sens. Qu’est-ce qu’on transmet à la génération suivante ?

Quel effet cela fait d’avoir reçu le Prix Maeterlinck de la critique 2020 dans la catégorie Meilleur spectacle d’humour pour «  Au suivant » ?

En raison du Covid, j’avais l’impression d’avoir été le seul spectacle de la saison …  Et j’ai pensé : bah, c’est pour cette raison que j’ai raflé le prix ! Gagner dans un domaine artistique n’a pas vraiment de valeur objective, mais je suis content de la subjectivité des membres du jury.

« Il faut toujours laisser à son enfant une marge de progression pour qu’il te dépasse professionnellement. Pour ça, mon père a été nickel ! ». Vos parents, votre père en particulier, sont le fil rouge de votre spectacle. Si on fait abstraction de l’humour, votre jeunesse ne semble pas avoir été très particulièrement dorée ?

Très peu de gens ont une jeunesse parfaite. J’avais un père qui était très présent et qui avait plein de défauts mais beaucoup de qualités aussi. C’est ce que je raconte dans le spectacle : tout n’est pas blanc ou noir. Mon père m’a donné envie de lire et d’apprendre, c’est déjà beaucoup. Gamin, le foot était toute ma vie. Tout ce qui était un peu compliqué était contrebalancé par cette passion pour le football. En définitive, j’ai connu autant de problèmes et autant de moments de joie que les autres.

« Je ne dis pas que je suis un bon coup mais au moins quand je couche avec une femme, ça l’occupe ». Vous n’hésitez pas à parler de vos expériences sexuelles ratées. Vous êtes vraiment le roi de l’autodérision !

Je suis le roi de rien du tout. Je ne suis pas sur scène pour dire que je suis un étalon. De un, ce n’est pas vrai. De deux, ça n’a pas d’intérêt. De trois, ça ne fait pas rire les gens. Ce qui fait marrer les gens et leur permettent de s’identifier à ce que je raconte, sont les échecs. Les foirages !

« J’aime trop les seins, ma mère était alcoolique, du coup quand elle me donnait le sein, il y avait forcément un petit truc en plus, sensation Baileys ». Peut-on rire de tout ? Rien n’est tabou ?

On peut rire de tout, à condition de rester subtil, élégant et pertinent à la fois. Il faut aussi avancer avec son temps et comprendre qu’on ne peut plus rigoler aujourd’hui comme on le faisait en 1985 des blagues de Michel Leeb. L’époque change, les sensibilités sont différentes, il faut en tenir compte et s’adapter. Comprendre la société dans laquelle on vit est un challenge intéressant.

L’humour est-il le parfait exutoire ?

Ouais ! Il l’a toujours été pour moi. Je me suis psychologiquement sorti des situations les plus compliquées en racontant des conneries, en dédramatisant, en essayant d’en rire. Si on arrive à rire de ses drames personnels, c’est autant de pris sur l’ennemi !


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