Les œuvres versatiles de Lou van ’t Riet
MOTS : Agnès Zamboni
photos : Eline Willaert
(Courtesy Galerie Aliénor Prouvost)
Les triptyques de cette jeune plasticienne, combinant formes géométriques et couleurs, invitent les spectateurs à sortir de leur passivité et à interagir. Attention, il est permis et même recommandé de toucher !
Comment est venue l’idée de travailler sur l’interaction ? Après avoir étudié l’architecture et le design à Bruxelles et à New York, j’ai travaillé dans une galerie d’art, la Chamber Gallery, pendant plusieurs mois. Cette expérience m’a permis d’observer les visiteurs qui ne passaient pas plus de 5 à 10 secondes devant les œuvres. Je trouvais cela frustrant, aussi pour les artistes. J’ai eu envie de retenir l’attention du public, susciter sa curiosité, briser la glace, provoquer des réactions, des échanges et surtout sortir du « Do not touch » qui emprisonne les œuvres d’art.
Mes triptyques sont fabriqués en tôle d’acier thermolaqué. Ils sont donc très solides et peuvent être aisément manipulés. Ils peuvent être exposés aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur.
Comment le public réagit-il devant vos œuvres ? Les retours sont très positifs même de la part des amateurs d’art classique. Il faut prendre le temps d’expliquer ma démarche pour que les visiteurs interagissent avec les œuvres : ouvrir et fermer les volets, prendre du recul, observer les œuvres sur différents angles et engager la conversation les uns avec les autres. En les contemplant, ils décèlent les ombres, s’approprient les œuvres et les réinventent. Les enfants, en général, adorent et ils sont très sensibles et réceptifs à cette nouvelle démarche !
Quelles artistes ont inspiré ce travail ? J’admire plusieurs artistes mais il n’y en a une en particulier qui m’a plus influencé que les autres.
Je me rappelle avoir été fortement marquée par les œuvres abstraites et minimalistes de Carmen Herrera au Whitney Museum en 2016. J’aime le fait qu’elle exploitait la peinture comme un élément architectural. Tout comme le faisait Kelly Ellsworth, que j’admire beaucoup également. Son approche minimaliste des formes, des couleurs et du volume me parle. Je suis aussi très touchée par le travail monumental de Richard Serra, face auquel on se sent souvent minuscule. On peut explorer ses sculptures, les contourner et les contempler de plusieurs manières. Plusieurs personnes ont déclaré que mon travail ressemblait à celui de Donald Judd. C’est pour moi un énorme compliment !
Que représentent vos créations ? Par les couleurs choisies, elles synthétisent des souvenirs de paysages et de voyages. Par exemple, l’œuvre que j’ai intitulée Rurrenabaque, avec ses tons de vert, jaune et bleu, est inspirée par les paysages de la forêt tropicale bolivienne. Le triptyque Noon, composé de deux beiges et d’un bleu, évoque le sable sec et mouillé de la Mer du Nord. Celui baptisé Midnight, avec ses bleus denses et profonds, évoque le même paysage éclairé par la lumière de la lune, la nuit. Le Glacier 3000, entièrement blanc, mat et brillant, joue, quant à lui, sur les différentes textures. Montréal évoque les couleurs de l’automne et de l’été indien. Fermé, il affiche le vert et le brun. Ouvert, il offre le rouge, le jaune et l’orangé.
Lorsque je lance un nouveau triptyque, je commence par faire plusieurs croquis, jusqu’à ce que je trouve une forme avec un bel équilibre, aussi bien fermé, à moitié ouvert et entièrement ouvert.
Ensuite, je réalise une maquette, avant de faire le plan final. C’est indispensable de voir l’espace que l’œuvre va occuper, aussi bien accrochée sur le mur que présentée dans l’espace.
Quels sont vos projets ? Après mon premier solo show « Minimalist landscapes » à la galerie ixelloise Aliénor Prouvost au printemps dernier et une expo à la MDZ Gallery à Knokke en juin. J’ai eu la chance de présenter mes œuvres à Paris dans le cadre de la foire «Bienvenue Design» à l’hôtel la Louisiane à l’occasion de la Paris Design Week. En ce moment j’expose une œuvre chez B-Collective à Bruxelles, jusqu’au 21 novembre 2021. Je vais également présenter deux œuvres à la «Belgian Art and Design Fair» qui aura lieu du 7 au 10 octobre, à Gand.»
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