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Je peux pas, j’ai kayak !

L’histoire retiendra sûrement du kayak le buzz cocasse du déconfinement en Belgique ! Mais heureusement, elle a aussi fait rentrer dans ses pages un grand nom de chez nous : Maxime Richard, un esprit compétitif teinté d’un certain sens du récréatif. Champion de Belgique, champion d’Europe, champion du monde, celui qui est tombé dedans quand il était petit n’a rien laissé au hasard pour vivre à fond son rêve d’aventure ! 

A quoi ressemblent les débuts d’un multi-champion en canoë-kayak ?  

J’ai commencé le kayak très jeune puisque je n’avais que 7 ans. Nous étions en vacances en France :  mon papa a toujours fait du kayak et quand on partait à l’étranger, le kayak nous suivait. J’ai donné mes premiers coups de pagaie sur le lac du Verdon en nonante-cinq, dès que j’ai eu la bonne taille ! Je combinais avec le foot que j’ai vite arrêté pour me consacrer au kayak. J’ai fait mes premières compétitions nationales et mes premières sélections internationales dans les juniors. À partir de là, l’entraînement est devenu très intensif mais j’ai eu la chance d’avoir un contrat professionnel dès ma deuxième année chez les seniors. C’est comme ça que j’ai fait du kayak à plein temps, ce qui n’était pas un objectif en soi au départ, mais c’était mon rêve gamin de faire partie des meilleurs et d’être champion du monde un jour. Je suis sur le circuit pro avec un contrat depuis mes 19 ans et je suis devenu champion du monde pour la première fois à 22 ans sur une rivière en Espagne que je connaissais vraiment bien. Depuis, il y a eu les Jeux olympiques et bien d’autres titres, beaucoup de voyages, beaucoup de rencontres, de partages, plein de moments très précieux, surtout avec mon père qui est mon entraîneur.

Où peut-on s’initier et s’entraîner en Belgique ? 

J’ai la chance d’habiter du côté de Dinant où on a à la fois la Lesse et la Meuse. Donc, on a un bassin d’eau calme et une rivière plus vive. Je me suis personnellement dirigé vers le club où j’ai trouvé du matériel adapté dès l’âge de 7 ans, c’est là que j’ai progressé et évolué sous la tutelle de mon père. 

A quel âge peut-on commencer le canoë-kayak ?

Il faut avoir la bonne taille pour tenir la pagaie et savoir nager, mais aussi ne pas paniquer sous l’eau en cas d’incident, c’est pourquoi 7/8 ans c’est le grand minimum. C’est, en fait, plus réaliste après 10 ans. 

Le kayak c’est dans votre ADN ou il y a quelque chose en particulier qui vous a attiré dans ce sport ?

Ce qui m’a attiré dans un premier temps, c’était le côté partage. J’étais petit, je passais du temps avec mon papa, avec mon frère, dans un sport d’extérieur qui est sur l’eau, ce qui est assez cool quand il fait beau ! J’aimais le côté fun et sympa de la discipline, pouvoir profiter de l’eau différemment, avec des gens que j’aime, ma famille. Puis le côté physique de la discipline s’est imposé. J’ai toujours été un compétiteur dans l’âme, j’ai toujours aimé les sports individuels. C’est l’association du côté nature et du sport individuel : on est maître de son destin dans un sport très physique. 

Comment vous entrainez-vous ? 

On tourne à 26/28 heures d’entrainement par semaine. Ça fait des grosses journées. On a une à deux sorties sur l’eau avec un entraînement qui est fonction de la période de l’année. On travaille aussi le cardio : course à pied, vélo ou natation en hiver. À cela, il faut ajouter pas mal de musculation parce que c’est un sport qui requiert de la puissance et de la force. Et enfin, suffisamment de stretching.

A 32 ans, comment voyez-vous le futur ? 

Pour ce qui est du futur proche, c’est compliqué. Théoriquement on aurait dû être au Championnat du monde aux États-Unis, mais ça a bien sûr été annulé. On attend encore l’évolution du calendrier mais c’est dur, la saison a bien été amputée et tous les gros événements ont été annulés, pas déplacés mais annulés.

C’est sûr aussi que pour les années de très haut niveau, il y en a plus derrière que devant moi mais j’ai toujours besoin et envie de montrer des choses, je reste un compétiteur. 

Quoiqu’il arrive, le jour où je ne ferai plus de compétition, je resterai quand même dans ce monde-là avec des projets un peu plus axés aventure / traversée : j’aime aussi ce côté-là de la discipline. 

Le kayak s’est retrouvé malgré lui au centre d’un buzz sur les réseaux sociaux. On a pu lire qu’il était possible de faire du kayak mais pas de voir sa grand-mère, entre autres. Est-ce que ce fut une surprise pour vous également ?

Pour moi, ce n’était pas une surprise parce que depuis le début du confinement on pouvait continuer à faire du vélo et à aller courir. Il y a certaines disciplines sportives qui étaient autorisées. Avec le canoë-kayak, on a une distanciation sociale qui se fait naturellement. On ne peut pas venir bien près les uns des autres de par la taille du matériel. L’annonce fut plutôt un soulagement parce que la fédération avait beaucoup travaillé dans ce sens-là. Mais c’est le côté marrant de la chose, on a beaucoup parlé du kayak ! Toutefois, les gens ont mal compris l’annonce je crois, c’est en fait l’activité qui était autorisée aux membres pratiquants, pas le tourisme, la location ni la découverte du sport. C’était pour les sportifs comme les coureurs et les cyclistes ! 


serbatien-berthe

Sébastien Berthe, au pied du Big Wall

En 1958, Warren Harding, Wayne Merry et George Whitmore mettaient 47 jours pour libérer le « Nose » et entrer dans l’Histoire. 61 ans plus tard, c’est au jeune Belge, Sébastien Berthe, de faire une entrée fracassante dans la cour des grands et des Bigs Walls : en novembre dernier il est devenu le septième grimpeur au monde à réaliser son ascension en libre. 900 mètres de dénivelé côté 8b+ remporté sur le fil à coup de persévérance et de solidarité inattendue sur la paroi. 

MOTS : VANESSA SCHMITZ-GRUCKER
PHOTOS : SIMON CASTAGNE

Comme beaucoup de grimpeurs de haut-niveau, tu es tombé dans l’escalade tout petit. À quoi ont ressemblé tes débuts ? 

Mon père était très actif en escalade et c’est quand il a ouvert sa salle, à Arlon, que je m’y suis moi-même mis à fond. Je lui dois beaucoup parce qu’il m’a aussi pas mal emmené en falaise à travers la Belgique et l’Europe. C’était mon entraîneur jusqu’à mes 17 ans. Aujourd’hui, je travaille avec Didier Mottard qui entraîne les grimpeurs de haut niveau en Belgique. 

Le virus a bien pris puisque tu as aussi fait des études en sport. C’était une vraie volonté de te professionnaliser ? 

J’ai fait un master en éducation physique mais le but était surtout de faire des études pour des études : je n’ai pas pensé carrière, je voulais simplement tout savoir sur le sport, sur l’entraînement. C’est un super bagage, on apprend une rigueur de recherche, beaucoup de théories physiologiques, une approche scientifique du sport. Ce n’est que plus tard que je me suis dit que deviendrais bien entraîneur et c’est ce que j’ai fait.

serbatien-berthe

Qu’est-ce qui pousse un jour à s’attaquer à une voie aussi réputée que crainte, gravie alors par seulement 6 personnes depuis 1958 ? 

Le « Nose » est une voie mythique, la plus connue des grandes parois, donc je l’avais en tête depuis tout petit et j’en rêvais sans que cela ne me paraisse réaliste. Et puis, je suis parti une première fois deux mois au Yosemite pour apprendre le style là-bas qui est assez particulier et différent de ce qu’on voit en Europe. C’était en 2017 et j’ai fait une belle performance sur la face d’El Capitan (où se trouve également The Nose, ndlr). Ça m’a ouvert les yeux sur mon potentiel dans ce type d’escalade qui est assez long, technique, engagé, celui qui me correspond le mieux en fait. J’y suis retourné en 2018, puis est venu ce séjour de trois semaines en novembre 2019. J’ai voulu faire quelque chose de fort et c’est le « Nose » qui s’est imposé. 

Comment se prépare-t-on depuis le plat pays à une telle ascension ? 

J’ai des facilités en endurance mais pas en force pure ni en puissance. J’ai donc surtout besoin de m’entrainer sur de petites voies, des bloc3s en falaise où faire de l’intensité, pour progresser ensuite sur des grandes parois. J’ai fait beaucoup d’efforts courts parce que les difficultés du « Nose » résident dans des petites sections dures pour les doigts et le gainage. Mais globalement, je suis endurant et résistant donc mes entraînements classiques suffisent à me préparer au Yosemite. 

serbatien-berthe

J’imagine que le souvenir de cet exploit est encore très frais dans ta mémoire. Peux-tu revenir sur les grands moments d’une ascension intense ?

On est parti avec six jours de vivres sur la paroi. Les autres descendent en rappel pour travailler, en amont, les longueurs dures et bien maîtriser les passages difficiles. Ce n’est pas mon approche : j’ai appris que l’escalade, c’est d’en bas vers le haut, question d’éthique. Quand on monte à pied et qu’on approche la paroi d’en haut pour faire connaissance, on perd aussi l’esprit d’aventure (ndlr : Sébastien est le septième à gravir le « Nose » en libre mais le premier à l’avoir gravi sans repérages). Les débuts se sont bien passés malgré la présence de nombreux autres grimpeurs sur la paroi qui nous ont quelque peu ralentis. Puis on est arrivé à la première difficulté, « The Great Roof », côté « seulement » 8b mais très exigeant pour les pieds et les doigts. Je l’ai enchainé plus vite que je ne l’aurais pensé, de sorte que le quatrième jour, j’étais au pied de la longueur dure, un angle tout lisse à remonter sur une dizaine de mètres. J’étais optimiste parce qu’il me restait trois jours pour l’enchaîner, sauf que c’était bien plus dur que prévu. Je me suis pris une claque, c’était très éprouvant mentalement. De là, on n’est plus qu’à trois heures du sommet mais comme je ne progressais pas, j’ai très vite eu envie d’abandonner. C’est au sixième jour et alors que je n’avais presque plus de vivres que les premiers progrès sur la longueur sont venus et que j’ai pour la première fois senti que je pouvais y arriver. Mes camarades ont partagé leurs vivres avec moi, ils se sont privés pour que je puisse rester un jour de plus. Le septième jour, j’approchais du but et il a fallu que Barbara Zangerl, une des meilleures grimpeuses dans ce style qui s’entraînait là, se serre la ceinture et partage ses vivres avec moi pour que je reste un huitième jour et atteigne le sommet.

Finalement, ce dont tu as surtout eu besoin, c’est de ressources mentales ? 

Physiquement, on est vite à bout : la peau souffre sur le granit plusieurs jours d’affilé et surtout il faut hisser derrière nous un sac de 80 à 100 kilos pour rester sur le mur plusieurs jours. Mais oui, le vrai défi est mental : il faut rester dedans, gérer la peur parce que tu as quand même 800 mètres de vide en dessous de toi, tu ne peux pas te relâcher une seule minute. Le vrai enjeu c’est de ne pas céder à cette tentation d’abandonner qui ne te quitte pas, ou presque ! Pour travailler le mental, tu peux utiliser l’imagerie mentale ou d’autres outils de psychologie du sport mais la clef c’est d’être motivé. C’est l’envie qui fait tout !


Cédric Lescut, tell me…

Cédric Lescut voulait devenir golfeur professionnel et il est devenu head pro. Lorsqu’un tragique accident lui ôta une jambe, il surmonta cette épreuve grâce à la force de l’amour et notamment celui de sa femme.

Avec lui tout semble possible et en bonus une note d’humour qui décape !

MOTS : ARIANE DUFOURNY
PHOTO : YVAN VERZAR

Votre force mentale vous vient de…. ma mère. Tout le monde n’y aurait pas survécu et quand tu y as survécu, tu deviens en acier trempé.

Votre défaut majeur est…de ne pas savoir cacher ce que je pense et parfois ça déglingue. 

Vos péchés mignons sont… les orteils et mes gosses.

Jamais sans mon… tube de dentifrice. 

Votre définition de la perfection…. ma mère (si je dis autre chose, elle débarque) et Clara Morgane. 

Try to be perfect but never be perfect !

Le bonheur en une phrase…Demain, c’est gedaan fieu alors fait comme si c’était ta dernière journée. 

Cedric-lescut

Be Confined

La vie en confinement, c’est… top et casse-bonbon.

Ce qui vous manque le plus sont… la crèche de mon dernier, la compétition, les voyages, les potes.

Vous avez profité du confinement pour… appeler ma mère et planter des légumes. 

Votre plat le plus réconfortant en cette période de crise est… les boulets sauce lapin.

La première chose que vous ferez dès le confinement totalement levé sera… de mettre mon dernier à la crèche.

La première personne que vous embrasserez à la fin du lockdown sera… ma mère. 

Vivre « Be Perfect », courage et bizz à tous !

CEDRIC LESCUT

www.android34.be
www.octopus34.be

 

 


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Pieter Devos, un homme de nature

L’histoire des écuries Devos, c’est celle d’une véritable success-story dont le seul moteur est la passion. Avec un parcours singulièrement différent de ceux auxquels nous sommes habitués dans la compétition équestre, Pieter Devos a su s’imposer comme l’un des meilleurs cavaliers au monde avec patience mais persévérance. Portrait d’un homme simple, amoureux de la nature, d’un cavalier talentueux, pour lequel le bien-être des chevaux passe avant tout. 

MOTS : VANESSA SCHMITZ-GRUCKER
PHOTOS : WHITE CAT PHOTOGRAPHY

Quand on est enfant et qu’on ne vient pas d’une famille immergée dans la compétition équestre, est-ce qu’on peut imaginer avoir le potentiel d’un champion ? 

J’ai commencé à monter à cheval très jeune mais uniquement pour le plaisir. Mes parents avaient des chevaux pour leurs hobbies : ils ont toujours eu un autre métier à côté, donc, en effet, je ne suis pas à proprement parler d’une famille de chevaux. Toutefois, avec mon frère, très jeune déjà, nous avons eu des poneys et j’ai fait mes premières compétitions dès l’âge de 13 ans. Quand j’ai intégré l’équipe nationale en junior et que je suis devenu champion de Belgique parmi les jeunes cavaliers, j’ai compris que j’avais un peu de talent mais je n’ai pas pensé, dès le début, atteindre un jour le Top 10 mondial. 

Alors comment entre-t-on à la 7e place du Top 10 mondial ?

J’ai toujours rêvé de faire ce que je fais aujourd’hui. Or, quand tu fais un sport, n’importe lequel, quand tu es passionné par quelque chose, tu espères toujours arriver au plus haut niveau possible. Mais, pour être tout à fait honnête, je ne pensais pas en faire mon métier. J’ai même commencé très tôt à travailler dans la compagnie de mes parents. Finalement, à côté, la compétition équestre marchait vraiment pas mal, tellement bien en fait, que j’ai intégré l’équipe nationale belge senior à 20 ans. C’est seulement là que j’ai réalisé que je pouvais faire une carrière dans le sport équestre. Pour autant, il y a encore 5 ans, je n’aurais simplement pas pensé être dans le Top 10 mondial un jour. J’aime aller toujours plus haut et me dépasser, c’est important pour réussir, je crois. 

Vous mentionnez votre travail dans l’entreprise familiale, le groupe Devos. Ce sont deux activités complémentaires, voire similaires avec le monde équestre ?

Nous faisons de la production et commercialisation de pommes et de poires. Et si les deux métiers fonctionnent en parallèle pour moi, c’est parce que, oui, ils sont très proches. Sinon, ça ne marcherait pas. Ce sont deux mondes différents mais la façon de travailler est la même. Ce qui est fascinant dans les deux métiers, c’est le rapport à la terre et à la nature. 

Cette proximité avec la nature, c’est aussi selon vous la spécificité des écuries Devos ?

Oui, notre marque de fabrique, c’est d’avoir des chevaux heureux et avec un bon mental. Pour ça,  il faut bien comprendre que le métier du cheval, c’est avant tout un métier avec la nature. Il faut toujours faire ce qui est le mieux pour le cheval. C’est tout un art de trouver la meilleure combinaison entre le haut niveau et le respect du vivant. Le plus important, c’est de garder son cheval confortable et de s’adapter à lui.

Comment définiriez-vous la relation homme-cheval ?

Je cherche chez mon cheval son meilleur talent pour le mettre en valeur. L’homme doit révéler le cheval, mettre en place un système gagnant-gagnant dans lequel le cheval est heureux pour que l’homme puisse en tirer le meilleur en retour. C’est pour ça que je n’ai pas un seul et unique système mais un système pour chaque cheval : c’est à l’homme de s’adapter au cheval et non l’inverse. 

Qu’est-ce qui vous attire chez un cheval ?

Je n’ai jamais eu de sponsors pour apporter à mon écurie des chevaux onéreux ni même tout prêts. J’ai donc dû trouver des chevaux avec un potentiel et m’adapter à eux, les former pour les amener au top niveau. L’important, c’est qu’ils aient un bon mental et qu’ils soient équilibrés. 

Si vous n’étiez pas cavalier, vous seriez….

Un homme de business. Je suis un entrepreneur. Même au sein de ma société, j’aime arriver au plus haut niveau. J’essaye toujours de m’améliorer, de m’agrandir, de faire mieux. C’est aussi ça le lien entre le haut niveau sportif et l’entreprise. 

Vous êtes actuellement à Doha pour le Longines Global Champions Tour. Que pouvez-vous nous en dire jusque-là ?

C’est le premier concours extérieur pour moi cette année, j’ai donc pris mon cheval de tête, Claire Z. Elle a très bien sauté malgré une faute. Globalement c’était bien, elle doit juste se remettre dans le bain. J’espère que cette semaine, elle sera prête pour faire un bon résultat. Ceci dit, c’est valable pour moi aussi, je dois également me remettre dedans. C’est un circuit très important, j’aimerais qu’on soit les meilleurs possible. 

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Comment préparez-vous vos chevaux aux voyages et à la compétition ?

Claire Z a eu deux mois et demi de repos début décembre. Cette année sera chargée pour elle, et pour que les chevaux gardent un mental frais, il faut un bon break. Elle est reposée, elle doit désormais pas mal travailler. Pour nous, les cavaliers, c’est différent. Quand un cheval se repose, on continue de travailler avec un autre. C’est donc 48 semaines sur 52 de concours 5 étoiles, soit au plus haut niveau, sans break. Et il faut être au top chaque semaine. Ce n’est pas toujours évident. 

Les Jeux de Tokyo, c’est déjà dans un coin de votre tête ou c’est encore trop tôt pour y penser ?

Bien que nous n’ayons pas encore la sélection définitive, c’est déjà dans la tête. S’il y a une grande chance que nous y allions avec Claire Z, ce n’est jamais acquis d’avance. Quand on travaille avec un animal, on ne peut jamais savoir : le cheval peut se blesser ou ne pas être en forme. Mais oui, j’espère y participer et je pense que Claire Z est prête également parce qu’elle m’a permis de gagner le Championnat d’Europe l’an passé. D’ailleurs, le break de deux mois et demi, c’était aussi parce que j’avais Tokyo en tête.

Quel est votre plus beau souvenir équestre ?

Je n’ai pas un beau souvenir en particulier, ce dont je suis fier, c’est d’être arrivé au plus haut niveau sans avoir un grand sponsor. J’ai fait ça avec ma famille, avec ma femme et mes propres chevaux. C’est ce que je retiens : j’y suis arrivé avec une super équipe et des chevaux qui me donnent tout. Ceci dit, le Grand Prix du CSIO5* de Calgary en 2013 ou même le Championnat d’Europe l’an passé sont des moments très forts. 

Avez-vous encore un rêve à réaliser ?

D’une manière générale, je cherche encore et toujours à aller plus loin. Évidemment, participer aux jeux de Tokyo et y faire un bon résultat, c’est dans ma bucket list. 


Thomas-de-Dorlodot

Thomas de Dorlodot « Light is right ! »

Thomas de Dorlodot tutoie les nuages pour photographier la terre, tombe du ciel pour rencontrer les Maasaï et taquine les vagues en explorant le monde. Aventurier passionné de rencontres humaines, notre compatriote est également un businessman éclairé, avisé, qui prône une éthique de la modération. De toute évidence, là-haut ou sur les mers, on ne voit pas la vie comme ici bas. « Light is right » : une leçon de vie qui est bonne à prendre !

MOTS : SERVANE CALMANT
PHOTOS : JOHN STAPELS

Son premier vol en parapente, Tom l’a réalisé à 15 ans. Aujourd’hui, il en 34, et se définit  comme un aventurier qui fait du parapente, plutôt que comme un parapentiste qui cherche l’aventure ! Pourtant, dès que le vent souffle, Tom s’envole. Quand ce n’est pas la mer qui le prend. Il vient en effet de passer deux ans sur un bateau avec sa compagne Sofia et leur bébé. A l’heure où nous bouclons cet article, Thomas de Dorlodot et sa petite famille ont repris la mer, direction Saint-Vincent et les Grenadines, Saint-Martin, puis Porto Rico et ses eaux habitées par les baleines à bosse… Quand Tom rentera au pays, en Belgique, il aura des images à partager, plein la cale du bateau …

Tom, comment devient-on un aventurier ? «J’ai commencé le parapente ado, et c’est devenu une passion viscérale. J’ai enchainé les expéditions comme autant de défis. J’ai rallié Bruxelles à Istanbul en paramoteur en un mois, je suis devenu le premier parapentiste à survoler le Machu Picchu au Pérou, j’ai fait des vols d’altitude au Pakistan et des vols de distance au Brésil et en Himalaya. Si je regarde le compteur, j’ai visité plus d’une soixantaine de pays ! »

Ton moteur : l’esprit de compétition ? « Clairement ! J’ai participé 7 fois au Red Bull X-Alps, un raid qui mêle parapente et course à pied à travers les Alpes, depuis Salzbourg jusqu’à Monaco. C’est une course qui fait appel à l’endurance et à la force mentale, un vrai challenge. C’est aussi une magnifique aventure. Mais le défi n’est pas mon seul moteur. J’ai traversé l’Afrique, du nord au sud, pendant quatre mois ; quand je suis descendu du ciel à la rencontre des Maasaï, ce fut un moment absolument incroyable ! Ce qui me fait vraiment vibrer, c’est utiliser le parapente comme vecteur de rencontres … »

Question très terre à terre : comment gagne-t-on sa vie quand est un aventurier ? « Pour vivre de ma passion, j’ai lancé ma petite entreprise… Avec quelques amis, j’ai fondé Search Projects, dans le but de monter et de financer nos expéditions. C’est du win-win : on explore le monde, on ramène de belles photos inspirantes et des vidéos, tout en garantissant de la visibilité aux sponsors et partenaires qui nous aident, via notamment les médias qui nous suivent et les réseaux sociaux que ma femme anime… »

La terre est-elle vraiment plus belle, vue du ciel ? « En général oui, car prendre de la hauteur permet de voir des formes géométriques extraordinaires. En prenant de la distance, on apprécie mieux ce que l’on voit. C’est malheureusement aussi l’occasion de constater à quel point l’homme a fait beaucoup de dégâts irréversibles ! »

Va-t-on droit dans le mur ? « Plus je voyage, plus je suis en contact avec la nature, plus je ressens l’urgence de réagir. Je viens de traverser l’Atlantique en bateau, j’ai mouillé dans les endroits les plus reculés du monde, il y a du plastique partout ! Heureusement, je rencontre également des gens qui bougent et mettent en place des initiatives qui redonnent espoir … »

« Le système de croissance infinie sur une planète aux ressources finies, ne tiendra plus très longtemps. Le courtermisme économique est une erreur. » (Thomas de Dorlodot)

Thomas-de-Dorlodot

Comment (essayer de) sauver la planète ? « Voyager en parapente ou à pied m’a appris une chose : « Light is right ! » Il faut se modérer, décélérer, freiner la machine. Je viens de passer deux ans, avec trois adultes et un bébé, sur un voilier de 18 mètres carrés. Croyez-moi, on a besoin de peu pour vivre ! D’ailleurs, à mon retour en Belgique, j’ai trouvé ma maison de 80 mètres carrés… gigantesque ! Oui, on peut vivre heureux avec moins ! Le système de croissance infinie sur une planète aux ressources finies, ne tiendra plus très longtemps. Le courtermisme économique est une erreur. »

Et demain ? « Prochaine étape de notre projet Search : développer un voilier qui aura un impact très faible sur l’environnement, pour tenter le passage du Nord-Ouest, une route maritime qui permet aux navires de joindre l’océan Atlantique au Pacifique. Ce passage n’était praticable que pendant l’été arctique, mais avec le réchauffement … A mon échelle, j’aimerais donc continuer à conscientiser les gens sur les dangers du réchauffement climatique et inviter des sportifs à bord pour qu’ils puissent, par leurs  témoignages, devenir les ambassadeurs de la nature et de la Terre. »

Thomas-de-Dorlodot

THOMAS DE DORLODOT

Suivez les aventures de Thomas de Dorlodot sur https://www.facebook.com/thomasdedorlodot/


Body-Concept-Training

Le coaching sportif, L’ATOUT POUR SE SURPASSER

En Belgique, la course à pied est devenue un des sports les plus pratiqués. Pas étonnant sachant qu’elle provoque une hormone du plaisir provoquant le bien-être, voire de l’euphorie. Du jogging au marathon, il n’y a qu’un pas. Pour le franchir, on s’offre les services de Body Concept Training. Verdict : les résultats escomptés dépassent les objectifs!

MOTS : NICOLAS DE BRUYN
PHOTOS : CHRISTIAN HAGEN

Une sensation de bien-être, de liberté et de regain d’énergie sont souvent vécus par les coureurs mais encore trop souvent j’entends dire : la course à pied, ce n’est pas pour moi ! A vrai dire, j’ai longtemps partagé ce sentiment. Lors de mes humanités, j’étais très moyen, voire mauvais. Durant mon blocus à l’université, j’ai ressenti le besoin de me dépenser. Et je me suis mis à courir en mode Forrest Gump. Très vite, j’ai éprouvé le plaisir que procure ces sorties et, dans la foulée, j’ai enchaîné deux marathons : Florence (réalisé en 4h06), suivi quelques mois plus tard de Barcelone (3h48). Le run est la drogue la plus saine au monde ! De l’endorphine à laquelle j’ai dû renoncer suite à des blessures.

Cette année, mon addiction m’a rattrapé. Les longues sorties seul, ce sentiment de bien-être et d’apaisement, ces moments de solitude ont eu foi de moi. Mais cette fois, j’ai contacté « Body Concept Training » afin d’améliorer mes performances et éviter les luxations.

Igor m’enseigne la technique du running pour atteindre mes objectifs et Raph prodigue ses conseils au CrossFit qui permet de renforcer la chaîne musculaire sollicitée le jour de la course. Au planning : 2 à 3 entraînements en solo par semaine, couplé d’une session run et d’une session WOD avec mes Personal Trainers respectifs.

L’entraînement se construit sur base du principe pyramidal : la charge de travail augmente jusqu’à atteindre deux sorties de 32 kilomètres pour descendre jusqu’au jour J du marathon. Finalement, le plus difficile est de respecter les échéances et d’éviter la procrastination.

La semaine précédant le marathon est capitale afin d’emmagasiner un maximum d’énergie. Au programme : repos, étirement et nutrition adaptée. Exit les recherches infructueuses sur Internet en quête des aliments à privilégier. Mes coachs me conseillent d’écouter mes besoins et de n’envisager aucune modification soudaine risquant de perturber mon équilibre général alimentaire et de créer des soucis durant la course.

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Du tac au tac avec Igor Ballez

Pourquoi êtes-vous devenu coach ? « Jeune, comme tant d’autres, j’aurais aimé être sportif professionnel mais, conscient de mon manque de talent naturel et issu d’un environnement familial et social qui considérait le sport acceptable que comme loisir, je suis devenu ingénieur civil mécanicien. J’ai toujours aimé le sport et en ai pratiqué plusieurs : natation, tennis, course à pied, football, rugby, karaté, triathlon et plus récemment Pilates et entraînement fonctionnel. »

« L’ingénierie est progressivement devenue un mal nécessaire alors que l’attrait pour le sport n’a fait que grandir. L’intérêt initial, principalement orienté sur les moyens pour devenir plus performant, s’est largement étendu au sport bien-être. Je me passionne actuellement par l’intégration de l’activité physique dans le fonctionnement d’une personne tout au long de sa vie, en l’adaptant aux évolutions physique, professionnelle, familiale, de motivation… »

Pourquoi faire appel à vous ? « Parce que la mission que je me donne est que mes coachés éprouvent du plaisir à pratiquer du sport au point que l’intégrer dans leur vie devienne une évidence. Cela vaut aussi pour ceux qui considèrent l’activité physique comme une contrainte dans un premier temps.

Je développe, avec chaque coaché, un outil d’entretien personnellement adapté, tant sur le plan physique que mental. »

A qui s’adresse votre coaching ? « Mon passé sportif, où course à pied et triathlon ont été mes disciplines de prédilection, me donne plutôt des références pour les efforts d’endurance mais plusieurs années de formation ont complété mon expérience pour offrir une diversité de programmes modulables à pratiquement tout le monde : ma plus jeune coachée à 16 ans, mon plus âgé 65. Certains ont des objectifs tels que le marathon ou l’Ironman quand d’autres me demandent une activité constante qui évolue au cours des envies et saisons. Certains sont sportifs assidus, d’autres moins ou l’ont été dans un passé plus ou moins lointain. »

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Du tac au tac avec Raphaël Battisti

Pourquoi êtes-vous devenu coach ? « A l’âge de 18 ans, j’étais convaincu de vouloir devenir professeur d’éducation physique. Mes parents, peu confiants sur les débouchés qu’offriraient ces études, m’ont invité à faire un autre choix. Après vingt ans passés dans le domaine pharmaceutique, j’ai décidé de revenir à mes premiers amours et j’ai tout mis en place pour devenir Personal Trainer.»

Pourquoi faire appel à vous ? « Je suis Head Coach et nutritionniste chez Crossfit Wavre et Personnal Trainer chez Body Concept Training. La sédentarité étant le mal du siècle, je souhaite permettre à tout un chacun de reprendre une activité physique. »

« Au sein du réseau Body Concept Training, je propose notamment mes services à domicile, en salle de fitness, dans mon studio personnel et chez CrossFit Wavre. J’apporte aux coureurs un entraînement croisé avec le running. Le CrossFit leur permet de se renforcer évitant ainsi les blessures, de gagner de la puissance et du gainage améliorant l’efficacité de leur foulée. »

A qui s’adresse votre coaching ? « Toutes mes collaborations débutent par une analyse posturale de la personne que j’accompagne. Celle-ci me permet de construire des séances personnalisées. Si vous recherchez des séances intenses faites d’inattendu et que la découverte de nouvelles méthodes d’entraînement vous attire, je suis le coach qu’il vous faut ! »

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Jour J, l’excitation est à son comble!

Un musée à ciel ouvert, je vais redécouvrir la capitale toscane à travers un deuxième marathon. 8 heures, je suis au starting-block. 8h30, le départ a sonné. Les premiers kilomètres sont cruciaux afin de trouver mon rythme et mes repères pour envisager ma course dans sa globalité. Mon objectif 3h45 !

Sur les consignes de mes coachs, plutôt que de m’imposer un rythme, je décide d’écouter mon corps. Les 20 premiers kilomètres, je me sens serein et confiant. J’entame les suivants en me remémorant les recommandations de mes entraîneurs en vue de minimiser mes dépenses et gagner en endurance. Instant phare de la course, le trentième kilomètre s’annonce ! De nombreux participants commencent à faiblir. Comment vais-je franchir le fameux mur du marathon ? Encore 12 kilomètres à parcourir. En plus des préceptes de mes coachs, j’ai une arme magique : « GO NICO <3 », un petit mot de mon Isa que j’ai emporté avec moi.

42 kilomètres et 195m, mon chrono s’arrête : 3h35 ! Dix minutes gagnées sur mon objectif initial et 31 minutes sur mon premier marathon. Je retiens mes larmes de joie, sentiment unique que seuls les coureurs de longue distance connaissent. Deux jours plus tard, le verdict est clair : aucune courbature grâce à mon coaching et une seule envie : à quand la prochaine course !

Body-Concept-Training

BODY CONCEPT TRAINING

Créé en 2005 par Bruno Bériot, ce concept de remise en forme est axé sur l’entraînement fonctionnel. Votre Personal Trainer se rend, avec son matériel, sur le lieu de votre choix.

Il s’adapte à vos besoins en respectant vos limites génétiques et en développant votre potentiel. Leur but est de vous amener à votre objectif tout en restant sur le meilleur chemin pour votre santé. Aucune privation, restriction ou contrainte ! Body Concept Training propose également du Life style Coaching (remise en question professionnelle et privée), du coaching en management, en communication, en gestion de conflit et en développement personnel.

Body-Concept-Training

www.bc-training.be
www.crossfitwavre.be

Igor Ballez : 0479/25 70 65
Raphaël Battisti : 0472/78 20 36

 


ARMAND-MARCHANT

ARMAND MARCHANT is BACK

Après mille jours de galère suite à une terrible blessure encourue à Adelboden en 2017, notre compatriote Armand Marchant, 21 ans, opère son grand retour en Coupe du monde, en se classant 28e du slalom de Levi en Finlande. Un nouvel exploit qui permet au revenant de Thimister d’empocher des points, et de revenir au plus haut niveau du ski alpin mondial. To be continued…

MOTS : SERVANE CALMANT
PHOTO : GEOFFREY MEULI

Le 24 novembre dernier, en Finlande, Arnaud Marchant a signé un nouvel exploit. Et prouvé qu’il est sorti vainqueur de toutes les épreuves, de tous les coups durs. Retour sur le parcours d’un véritable revenant.

Janvier 2017, Armand Marchant chute lors du slalom d’Adelboden et se blesse gravement : plateau tibial explosé, ligaments et ménisque touchés. Bref, la cata. Puis, la galère : sept opérations au genou. D’aucuns se seraient découragés, pas Armand Marchant. Le moral gonflé à bloc, le valeureux Thimistérien remonte la pente, reprend les entrainements, revient à la compétition en juillet dernier en Nouvelle-Zélande où il termine 19e du slalom géant de Coronet Peak. En septembre, il annonce, lors d’une rencontre avec la presse belge, qu’il participera, le 24 novembre, au slalom de Levi, une épreuve qui marque l’ouverture de la Coupe du monde de ski alpin. Là-bas, en Finlande, Armand Marchant se classe 28e et décroche trois points. Un retour en force au parfum de revanche sur la vie…

ARMAND-MARCHANT
© AM

Mais quel exploit à Levi ! Félicitations ! Comment revient-on au meilleur niveau ? « J’ai bossé comme un fou, progressé, repris la compétition. J’ai fait de très bon résultat en Nouvelle-Zélande où j’ai été classé 19e du slalom géant de Coronet Peak. Une performance qui m’a permis de passer de la 174e place mondiale au Top 50. Je me sens d’attaque pour la Coupe du monde (elle se déroule du 26 octobre au 22 mars 2020, ndlr). Je compte bien y récolter un maximum de points pour améliorer mon classement mondial (c’est chose faite après sa performance à Levi ! ndlr) et atteindre le top 30 des meilleurs skieurs mondiaux. »

« A Adelboden, j’avais 18 ans. J’en ai 21 aujourd’hui, et je me sens plus fort. Mes blessures ont renforcé mon mental ! »

Revenir au-devant de la scène, c’est aussi, voire avant tout, une question de mental ? « Je n’ai jamais baissé les bras, même si, parfois, j’ai douté. Pendant ma convalescence, j’ai même pris le temps de réfléchir à une éventuelle reconversion… Mais le ski, c’est ma vie. J’ai tellement investi pendant toutes ces années. J’ai skié sans relâche de 14 à 18 ans… Je voulais me challenger : revenir sur les skis. A Adelboden, j’avais 18 ans, j’en ai 21 aujourd’hui, et je me sens plus fort. Mes blessures ont renforcé mon mental ! »

ARMAND-MARCHANT
© Geoffrey Meuli

Après la chute, combien de mois sans skier ? « 950 jours, entre ma blessure et ma première compétition en Nouvelle-Zélande ! Ce fut une très longue revalidation mais le corps est bien fait ! Entouré par Raphaël Burtin, mon entraîneur, et Thibaut Schnitzler, mon kiné, j’ai peu à peu récupéré une activité de vie normale, c’est-à-dire marcher, courir, puis j’ai refait du sport, step by step. J’ai passé une bonne partie de ma revalidation à La Roche-sur-Foron, en Haute-Savoie, à rechausser les skis pour être prêt pour la saison 2019-2020… »

Ne plus avoir peur n’évite pas le danger… « Ce serait trop dangereux en effet de prétendre que je n’ai plus peur, mais je gère mieux le danger aujourd’hui qu’hier. Avant, la peur me freinait ; aujourd’hui l’appréciation et le calcul des risques me boostent… »

Ca demande beaucoup de sacrifices d’arriver tout là-haut ? « Oui ! Il m’arrive parfois de regretter de passer trop peu de temps avec mes amis. Mais, c’est un tel plaisir de skier. Et de voyager : je viens d’enchaîner la Nouvelle-Zélande, le Chili, la Finlande… Et demain les autres épreuves de la Coupe du monde. A 21 ans, j’ai déjà une vie bien remplie. Skier, c’est mon objectif de vie ! »

Un Belge classé 28e à une épreuve de Coupe du monde 2019-2020, 18e même lors du slalom de Val d’Isère en 2017, ça frôle le surréalisme ! « Rire. Je suis en effet le premier Belge, à avoir marqué des points en Coupe du monde de ski alpin, dans un pays qui n’est pas réputé pour le sport de glisse (il avait alors 18 ans, ndlr). Mais le ski m’apporte tellement ! Je suis épris de sensations fortes, c’est vertigineux. J’aime tailler des courbes à vive allure. Mais, de manière plus générale, j’aime l’esprit de la montagne : les gens y sont simples, terre-à-terre, connectés à la nature. Il y a un cap entre la vie là-haut et la vie de citadin… »


cédric-lescut

La légende personnelle de Cédric Lescut

Et si tout homme avait une mission personnelle sur terre ? Cédric Lescut voulait devenir golfeur professionnel et il est devenu head pro. Un tragique accident qui lui ôta une jambe. Une épreuve qu’il a surmontée grâce à la force de l’amour. Depuis faire le bien lui a semblé être une évidence. A l’entendre, tout est possible et avec l’humour en prime !

MOTS : ARIANE DUFOURNY
PHOTOS : IVAN VERZAR

Le golf, une passion…

J’ai découvert le golf grâce à des amis de mes parents. Issu d’un milieu de classe sociale moyenne, vers mes 12 ans, j’allais piquer des balles sur des driving range, éclater des pommes avec des clubs de golf. J’ai vraiment commencé le golf vers mes 15 -16 ans. Ne sachant que faire de ma vie, après ma rétho, mes parents m’envoyèrent durant un an en Angleterre. Là, j’étais à côté d’un golf où j’ai joué tous les jours. Ce fut la « révélation » ! En rentrant, j’ai voulu devenir golfeur professionnel mais j’ai dû faire des études. Finalement, j’ai obtenu mon diplôme à l’EPHEC.

Accomplir sa légende personnelle…

J’ai lu l’Alchimiste. Accomplis ta légende personnelle ! J’ai dit stop au travail de bureau pour suivre la formation de la PGA belge afin de devenir pro et enseigner le golf. Mon diplôme obtenu, j’ai commencé à donner cours au Golf de l’Empereur. J’ai également enseigné à Hulencourt et Pierpont où j’ai rencontré un Russe. Dès lors, j’ai travaillé à Moscou et j’ai voyagé partout dans le monde en jet privé. Ensuite, avec mon épouse qui est agente immobilière, nous avons créé une agence immobilière et de voyages golfiques pour les Russes. Jusqu’au jour où…

Un accident qui va tout changer…

Septante à l’heure, le cadre de ma moto casse pendant que je roule. Je perds le contrôle. La bécane se décale vers la droite où une voiture est stationnée. J’essaye de taper du pied pour m’en écarter et ma jambe glisse entre le pneu et la carrosserie. Ma jambe est arrachée et je vole plus loin. Ma chance fut qu’une minute après, un urgentiste suivait et m’a fait un garrot car j’avais déjà perdu 4,5 litres de sang. Puis, on m’a transfusé sur place. Ensuite, trois semaines de coma, un mois aux soins intensifs, un an d’hôpital, un an de revalidation.

31 août 2011…

Je fête cette date car je préfère mille fois ma vie à celle d’avant. Cet accident m’a ouvert les yeux et surtout appris à être content avec ce que j’ai même si ma prothèse n’est pas agréable à supporter. Je dois faire de la kiné, aller chez le prothésiste tous les mois. Quand tu n’as plus le choix, c’est là que ça devient magique !

cédric-lescut

Surmonter grâce à la force de l’amour…

Ma femme a été extraordinaire ! Sur une feuille de papier, elle m’a expliqué les étapes par lesquelles j’allais passer et m’a préparé à l’échec que je traversais : le questionnement, pourquoi moi ? La négation, non ce n’est pas possible. L’agressivité, j’ai tout cassé dans ma chambre d’hôpital. La dépression, je voulais me flinguer. Jusqu’au moment où j’ai trouvé une raison pour me battre : ma femme qui était là pour moi, mes parents qui venaient me voir tous les jours, mes potes qui jouaient à la PlayStation pour me tenir compagnie. Après un accident, la résilience arrive après avoir passé les étapes et grâce aux défis que tu te fixes avec des objectifs et l’amour.

Une perception différente de la vie…

Certes, c’est handicapant de ne pas pouvoir courir avec mon gamin mais c’est juste une différence si on a les neurones qui fonctionnent avec de la bienfaisance. Avant, j’étais à l’écoute des gens mais sans beaucoup de réflexion quant au choix que j’allais poser et les conséquences qui allaient en découler. J’étais très fonceur, aux grandes inquiétudes de ma mère. Aujourd’hui, je suis plus réfléchi. Je retire le positif de cet accident mais c’est « compliqué » pour ceux qui vivent à mes côtés. Pour moi, rien n’est grave ! Le luxe, c’est d’avoir le temps et pour le peu de temps qu’on a sur cette terre, je refuse les futilités préférant jouer avec mon fils, passer du temps avec ma femme, ma famille et mes amis. Et fuck, le reste !

Après la rééducation, retour sur le green…

Les gens m’ont vu arriver dans le club où j’enseignais, sur une jambe, pesant 45 kilos et portant un sac à dos contenant un gros tuyau et un VAC aspirant les porosités (en plus, j’avais chopé une cousine de la tuberculose).

Sur une jambe, j’ai essayé de retaper une balle. Je suis passé à côté et j’ai failli me péter la tronche. Deux fois, idem. Puis, trois fois et je me suis pété la tronche ! Et puis, quatre, cinq, cent fois. Et là, je l’ai bien touchée. Ah, il y a moyen ! (Rire). Petit à petit, c’est devenu sympa. L’objectif, participer à un tour d’handigolf. Je suis devenu numéro 1 européen. Ça m’a fait tellement de bien que j’ai voulu donner cette chance à d’autres personnes qui sont dans mon cas et qui ne connaissent pas le golf, ce sport étant coûteux.

cédric-lescut

Drive sur l’Atomium…

Ivan Verzar, mon ami et photographe, avons les mêmes délires. Je l’ai emmené sur l’Atomium (après autorisations) afin de tourner un film au profit de l’association Android 34. Trappe ouverte, pas de barrière, du vent, 102 mètres de haut. Je ne faisais plus le malin. On m’a attaché à des sangles, ainsi que le club. La boule n’étant pas dure, je m’enfonçais de quelques centimètres en marchant dessus. Je suis resté en suspension, avec ma prothèse, pour faire un swing sans me péter la tronche. (Rire).

Le ranking mondial d’handigolf qui a débuté en janvier 2019…

C’est mon nouveau challenge. J’ai fait l’US Open en Virginie, l’Open d’Australie, l’Open de France, l’Open de Finlande. Je m’entraîne tous les jours. Du golf et beaucoup de béquilles (rire) qui, du coup, remplacent la salle de muscu. Prochainement, je voyagerai moins car nous attendons un deuxième enfant.

Android 34, l’association qui fait du bien…

Avec mon épouse, nous avons créé l’association Android 34. Le Centre National Handigolf belge, supported by PGC Golf Academy, se situe au Golf de l’Empereur. Nous offrons des entraînements de golf à toute personne à mobilité réduite. Les cours sont donnés par Thomas Mambourg, Nicolas Makhoul, Christophe Séculier et les frères Rochus. Grâce à GOLF48, au profit de CAP48, nous avons engagé notre premier employé.

Le projet Octopus redonne le sourire aux enfants…

Le sport fut pour moi le vecteur de reconstruction, la clé de voûte avec l’amour de mes proches ! Apprenant que les prothèses dites « de marche » n’étaient pas rem- boursées, Android 34 a organisé un tournoi de golf pour en acheter à trois enfants : Mathis, Daan et Mona. Mathis fut le premier à bénéficier d’une prothèse ; ça lui a permis d’exploiter tout son potentiel et son énergie. Dans sa cour de récré, il est passé du statut de Casimodo à Iron Man. C’est topissime de voir l’enfant régner mais c’est encore plus important au regard de leurs parents, leurs grands-parents, leurs frères, leurs sœurs et leurs copains.

Grâce à l’argent récolté lors de nos tournois et aux premiers « group of heros », Android34 et Vigo a équipé 32 enfants et nous avons encore des fonds pour d’autres en cours d’appareillage. Nous essayons d’associer des enfants au monde des entreprises afin de rester une association privée, pas subsidiée, pas politisée. Il faudrait que chaque société en Belgique s’investisse dans un projet sociétal en équipant un gamin.

cédric-lescut

Comme une évidence…

De retour chez moi, j’avais recherché de nouveaux défis. « Fais du bien » m’est apparu en me réveillant à trois heures du matin. De là, le reste a découlé. En faisant ce bien, j’ai trouvé un sens à ma vie. Il n’y a pas de meilleure satisfaction que d’apporter une prothèse à un enfant amputé. Ça te donne un peps de dingue. Il n’y a pas mieux !

Un message à faire passer…

Tout est possible ! Je le dis tous les soirs à mon fils quand je l’endors. Du coup, quand il me demande quelque chose, il me ressort : tout est possible, fieu !

Patron de PME, collègues, famille ou groupe d’amis, parrainez un enfant sur une ou plusieurs années en créant votre « Group of heroes » et en récoltant 5.000 euros en un an qui permettront la création complète de la prothèse. Poursuivez le parrainage en récoltant 2.500 euros par an qui lui garantiront de poursuivre son épanouissement sportif.

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Gregory-whatelet

Grégory Wathelet, UN CAVALIER EN OR

Originaire de la campagne condruzienne en Belgique, Grégory Wathelet a le port majestueux et le regard brillant. Dansle top 30 mondial de saut d’obstacles, la discipline reine de l’équitation, il est sacré champion de Belgique des 7 ans avec Argentina de la Marchette élevée sur ses terres natales. Dans la foulée, il décroche, avec l’équipe belge, la médaille d’or aux Championnats d’Europe. Rencontre.

MOTS : ARIANE DUFOURNY
PHOTOS : SÉBASTIEN BOULANGER

L’équitation, une véritable passion. Quelles sont vos prémices ?

Mes parents étant agriculteurs, je suis né entouré d’animaux. Par hasard, on a eu un poney à la ferme que je montais après l’école. De fil en aiguille, j’en ai monté d’autres chez des voisins mais il a fallu du temps pour que cela devienne sérieux. Adorant le sport en général, je me suis lancé dans l’équitation. Avec le temps, c’est devenu un métier.

Vous n’êtes pas né avec un fer à cheval en or dans la bouche. Devenir un cavalier reconnu, le parcours du combattant ?

Réaliser des choses dans la vie n’est pas simple, pas que dans les chevaux. Pour y arriver, il a fallu beaucoup de sacrifices, de temps, de travail et un peu de chance. Dans les chevaux, des facilités financières peuvent aider au départ ; sur du long terme, je ne suis pas sûr que ça donne assez pour durer. J’ai dû gravir mes esca- liers moi-même, étape par étape, en ayant des bons moments et des coups durs. Faut apprendre de ses erreurs pour devenir plus fort et être persévérant.

Troquer sa nationalité belge pour l’ukrainienne durant deux ans. Un sacrifice que vous regrettez ?

Ce fut un choix compliqué parce que j’aime mon pays. Il y a eu des étapes dans ma carrière durant lesquelles j’ai dû faire des choix. J’ai eu la possibilité d’augmenter mon niveau sportif grâce à un financement pour gravir les échelons. De fait, j’ai dû porter le drapeau ukrainien mais ce ne fut pas la même satisfaction que de représenter les couleurs de la Belgique.

Iron Man Van De Padenborre

Un cheval devient une star entre vos jambes. Comment les choisissez-vous ?
Ils ne deviennent pas tous des stars mais certains le sont devenus. Je les choisis, en général, très jeunes afin de les former. Il faut beaucoup de temps pour les construire. Certains y arrivent, d’autres pas. Ceux qui sont devenus « spéciaux » étaient, à la base, plus doués que les autres. J’ai fait les bons choix et un travail durant des années pour les amener à ce niveau-là.

Gregory-whatelet

Voudriez-vous nous parler de votre piquet de chevaux.

J’ai quelques chevaux « de tête » : MJT Nevados S, un étalon gris de 11 ans avec qui j’ai gagné les Championnats d’Europe par équipe ; Iron Man Van De Padenborre, un étalon bai de 11 ans présent à Stephex Masters Bruxelles, Full House Ter Linden Z, un hongre bai de 9 ans qui a fait son premier grand prix récemment, Corée, une jument grise de 13 ans qui est malheureusement blessée pour le moment. J’ai aussi d’autres chevaux intéressants qui ne font pas des championnats mais de bonnes épreuves. Depuis quelques années, j’ai créé une structure où je forme les chevaux. Je ne me prétends pas éleveur mais je profite de mes infrastructures pour élever et faire naître des poulains moi-même. Parmi les chevaux que j’ai formés, il y en a trois qui sont vraiment très prometteurs pour l’avenir.

Champion de Belgique des 7 ans. Une double joie ?

Argentina de la Marchette, championne de Belgique des 7 ans, est née chez nous. Elle a bouclé cette semaine à Gesves sans la moindre faute. C’est une grande fierté pour moi de voir ce produit issu de notre élevage arriver à ce niveau.

Figurer dans le top 30 mondial. Votre impression ?

Je ne fais pas une obsession sur le ranking. Je fais mon plan en fonction de mes chevaux ce qui m’a permis de rester dans les trente meilleurs mondiaux. Je fais quelque chose de juste ou en tous cas j’essaye de mettre en avant le cheval avant ma carrière.

Comment rester au top niveau ?

En travaillant dur tout le temps. Pas relâcher ! Il faut se remettre en question et évoluer. On a gagné la médaille aux Championnats d’Europe à Rotterdam, le lendemain j’étais à sept heures aux écuries. Il faut profiter des bons moments, d’instants uniques et continuer à bosser.

L’équipe belge sacrée championne d’Europe par équipes de saut d’obstacles. Votre ressenti ?

J’ai gagné pas mal d’épreuves en individuel mais il me manquait une belle victoire en équipe. Les précédentes fois, en individuel, je me débrouillais assez bien mais l’équipe ne suivait pas ce qui était un peu frustrant. Cette année, notre équipe a été forte jusqu’au bout. En plus, une médaille d’or ! C’était la médaille qui manquait à la Belgique puisqu’elle est championne d’Europe par équipes de saut d’obstacles pour la première fois de son histoire. L’équipe belge décroche aussi sa qualification pour les JO 2020 de Tokyo.

Avoir ses propres écuries, le bonheur absolu ?

Ca a toujours été mon but. Je ne voulais pas être enfermé dans un système d’employé, je préfère prendre des risques. Quand l’occasion s’est présentée, j’ai construit mon écurie sur mes terres familiales à Clavier. Le bonheur également de mes parents et de mes grands-parents qui ont fait toute leur vie là-bas et qui y habitent toujours. Mon père s’occupe de la partie élevage et agricole. Une bonne équipe !

Parmi tous les chevaux que vous avez montés, une préférence ?

Je n’ai pas vraiment de préférés, je les aime tous. Il y a un an et demi, j’ai été très triste en perdant Forlap qui n’a pas survécu à sa fracture. J’ai l’impression d’avoir perdu mon meilleur ami ou même un membre de ma famille ! Depuis, je n’ai plus eu envie de m’attacher autant à un cheval car j’en ai trop souffert. Ce n’est pas forcément les chevaux les meilleurs auxquels je suis le plus attaché, ça dépend plus de l’histoire qu’on crée avec eux. Je m’attache forcément à Argentina, la jument que j’ai élevée avec mon père. Peu importe l’argent qu’on nous proposerait, on la gardera et elle finira sa vie chez nous.

L’homme et son cheval, une relation privilégiée ?

Oui, évidemment. Avec certains plus qu’avec d’autres mais pour leur demander un tel résultat, il faut des chevaux qui ont envie de se battre pour nous. Il y a aussi une complicité qui se crée avec le staff, particulièrement avec les grooms qui vivent avec eux. A la façon où les chevaux sont couchés le matin, ils savent directement s’ils vont bien.

Parlez-nous du « Luc Musette Mémorial Trophy » où les cavaliers du GHCR ont affronté les meilleurs cavaliers belges.

On est dans un sport un peu huppé où je trouve qu’on oublie les valeurs de base, les personnes, le respect. Luc Musette était un des plus grands chefs de piste au monde. Un Belge, quelqu’un de chez nous ! Un homme super sympa, simple et aimé de tous. Je m’entends très bien avec Jean-Christophe Meily qui a organisé ce Memoriam. Quand il m’a demandé de participer, j’ai accepté tout de suite. Même si on a un programme chargé, on se doit de prendre une demi-journée pour être présent.

Vos prochains objectifs ?

J’ai trois grandes échéances d’ici la fin de l’année. Par équipe, la finale de la Longines FEI Nations Cup qui aura lieu à Barcelone début octobre ; fin novembre, la finale de la Global Champions League à Prague et en décembre le CHI de Genève. Et plutôt sentimental, le Jumping International de Liège où je veux être présent.

Tokyo 2020 ?

C’est loin et vite en même temps. La Belgique est qualifiée d’office mais il faut encore gagner notre place. Mon cheval, MJT Nevados S, a prouvé qu’il était capable de gagner un championnat et donc probablement de faire les Jeux olympiques. Je ferai en sorte qu’il soit au mieux de sa forme l’année prochaine. Je ne suis pas le seul à vouloir y aller. A nous de faire la différence.

Gregory-whatelet

Arnaud-de-meester

Le défi d'une vie - Arnaud de Meester

L’Enduroman. 140 km à pied entre Londres et Douvres, la traversée de la Manche à la nage (entre 40 et 60 km), ensuite 300 km à vélo pour rejoindre Paris. Un défi que va relever le triathlète belge de l’extrême, Arnaud de Meester. Un challenge herculéen au profit de CAP48 !

MOTS : ARIANE DUFOURNY
PHOTOS : CHRISTIAN HAGEN

15 septembre 2019. L’ultra-triathlète belge, Arnaud de Meester, tente l’aventure. Be Perfect a suivi son entraînement.

Comment vous est venue l’idée de participer à l’Enduroman ?

J’ai fait une course, en Islande, sur le dépassement de soi et je pensais que la prochaine sortie du film allait clôturer cette passion comme une cerise sur le gâteau. Un soir en me mettant au lit, j’ai cherché sur mon ordinateur une course dont on m’avait parlé, Arch2Arc… J’ai découvert un triathlon extrême reliant Marble Arch à Londres à l’Arc du Triomphe à Paris. Le descriptif m’a évidemment très fort excité. J’ai donc regardé quelques films sur YouTube dont celui de la bloggeuse Marine Leleu, devenant la première Française à terminer l’Enduroman et en plus établissant le nouveau record féminin (record battu depuis par Perrine Fages). Son petit film « très bon enfant » m’a énormément parlé. Après, j’ai décidé de m’inscrire. Clic !

Quelles sont les qualités pour être sélectionné ?

On est obligé de passer des tests avec le comité organisateur étant donné qu’il y a eu quelques accidents. J’ai participé à leurs swim camps à Portland et à Lanzarote. Nager six heures en mer où on nous nourrit avec une perche à côté d’un kayak, suivi de formations où on apprend les courants et les détails de la course à entreprendre ; puis à minuit, on part courir 60 km dans les montagnes. Au retour, on a la possibilité de manger ou de dormir durant une heure (j’ai préféré manger) et puis on repart nager trois heures en mer. En somme, ils essayent de pousser les athlètes dans leurs retranchements afin qu’ils constatent s’ils sont au niveau ou non.

Ultra triathlèthe, Event & Community Manager chez Useful Communication, fondateur de l’application iungoSport et du réseau social SmallZoute, organisateur du Belman, père de deux enfants. A 48 ans, quel est votre secret pour tout entreprendre ?

Tout est une question d’organisation. J’ai un grand agenda dans ma cuisine où je note tous mes rendez-vous et mes entraînements. Mes enfants sont ma priorité et je les chouchoute très fort. Concernant le boulot, les équipes savent ce que j’entreprends et m’aident pour que j’y arrive. Pour le triathlon, la course à pied, la natation et le vélo ne sont que la partie émergente de l’iceberg. En plus, il y a la logistique, mon coach mental que j’ai deux fois par jour au téléphone, mon kiné ostéo que je vois deux fois par semaine, tous les soins, les massages sportifs.

Arnaud-de-meester

Avez-vous une place dans votre planning pour le lâcher-prise ?

De temps en temps, je m’octroie une demi-journée au Dôme. Là, c’est un lâcher-prise total, aucune pression, aucun devoir. Je fais différents soins, sauna, hammam, massage et je déjeune dans leur restaurant qui est délicieux. Ca me procure un bien fou. Cette demi-journée paraît pour moi une semaine.

De qui se compose votre équipe ?

J’ai voulu m’entourer surtout de sportifs pour qu’ils comprennent comment je vis. Marc Delpierre, mon coach mental, est un grand judoka. Il est très présent. Il écoute, il entend, il traduit, il explique, il est vraiment exceptionnel ! Mon kiné ostéo, Gregory Dermience, fait des trails et roule en vélo et est très à l’écoute de mes entraînements. Mon coach en natation, Olivier Delfosse est champion du monde de natation en 10 km en eau libre ; il sera sur le bateau durant la traversée de la Manche. Guillaume Backvis me suit sur tous mes longs entraînements, gère ma logistique et sera présent durant les trois disciplines de l’Enduroman. Le pauvre (rire). Pierre Chaudoir, Florence Legein et Serge Ruyssinck s’occupent de tout ce qui est à côté pour m’alléger. Claire Soper est en charge de la logistique avec l’Angleterre. Le but est que je puisse me concentrer sur mes entraînements mais ayant une société d’événement et de communication, pensez bien que je m’occupe de tout car ça me conforte. Bref, je suis chef d’orchestre.

Quel est le déroulement de votre course ?

Le départ est assez compliqué car je devrai rester en stand-bye. Je dois me rendre à Londres le 15 septembre. Alors, les organisateurs regarderont la fenêtre pour entrer dans la Manche. En fonction de l’horaire précis qu’ils fixeront, je devrai calculer l’heure de départ de ma course à pied ; 140 km que j’estime réaliser en 18 heures. Puis, je prévois 8 heures de sommeil (conseillé) avant la traversée de la Manche (environ 17 à 22 heures selon le creux des vagues, les courants, les bancs de méduses et d’algues, etc). Ensuite, deux cas possibles. Si je sors de la Manche dans le noir, mort crevé de tourner les bras durant près de 18 heures, je serai obligé de me reposer une à deux heures. Ayant une très bonne récupération à l’effort, mon souhait est de sortir de la Manche, prendre mon vélo et partir tout de suite, même si je dois m’écrouler deux heures plus tard (dans tel cas je dormirai à côté de mon vélo). Nous sommes libres de gérer notre course. Le chrono commence à Marble Arche et se termine à l’Arc du Triomphe.

Vous alimenterez-vous durant la traversée de la manche ?

On est obligé ! On vous donne à manger avec un filet de pêche dans lequel se trouve une gourde ou des aliments calorifiques que j’aurai préparés : du riz, du poulet, de la mayonnaise, de l’OXO, etc. Ce sera ma récompense dans l’eau. Je vais m’arrêter toutes les quarante minutes pendant 30 secondes, pas plus sinon je repartirai avec les marées.

A quoi pensez-vous durant vos diverses courses ?

Le cerveau essaye de gérer le corps en essayant de nous diminuer mentalement ou physiquement. En endurance, je compte mon nombre de pas. Il faut occuper l’esprit par de l’imagerie mentale afin de tronquer le cerveau, sinon il envoie des messages comme : tu as mal aux genoux, tu es stupide, ça ne sert à rien, arrête-toi, tu as mal au ventre, tu vas vomir, etc. Le « mur » physique !

Pourquoi vous infliger cela ?

Chacun a son sport, chacun a sa motivation. J’aime bien jouer avec les limites du corps et de l’esprit. J’adore sortir de ma zone de confort. Quand je cours plus de trois heures, je rentre dans une zone où je prends du plaisir et la souffrance est transformée.

Quelle épreuve redoutez-vous le plus et quel est votre point fort ?

La course à pied ! Le vélo est mon point fort. Je m’entraîne très souvent à faire 300 km sur une journée mais je ne l’ai jamais entrepris après avoir traversé la Manche et couru 140 km. Peut-être que le vélo sera, de fait, ma pire épreuve lors de la course.

Arnaud-de-meester

Depuis combien de temps vous entraînez-vous pour réussir l’Enduroman ?

Un an tous les jours pour l’Enduroman. Deux ans, pour les triathlons extrêmes comme en Islande et j’ai fait une dizaine d’Ironman. Un entraînement évolutif !

CAP48. Une expérience humaine et sportive à partager ?

Pour donner un sens à ma course, je cherchais une œuvre. Serge, qui est dans mon équipe, m’a parlé de CAP48 et la possibilité de partager mon aventure avec Ilias Benkaddour, un jeune homme de 26 ans dont la jambe a été écrasée par une voiture. Il est extraordinaire et n’en veut à personne. Il a redonné un sens à sa vie en découvrant l’athlétisme. Son objectif, participer aux Jeux Paralympiques de 2020 à Tokyo ! On se motive mutuellement.

Le challenge d’Arnaud de Meester est réalisé au profit du projet « Cap sur le Sport » de CAP48 dont bénéficie Ilias, en favorisant la revalidation des personnes accidentées.

Pour soutenir cet exceptionnel défi, voici le lien : https://agir.cap48.be/projects/illias-et-arnaud-le-challenge-d-une-vie

L’Enduroman, le défi d’une vie ?

Oui, vraiment ! C’est génial, une terrible aventure. L’équipe avec laquelle on vit pendant un an est très importante. Jamais je ne réussirais seul. Jamais !

Qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter ?

Une part de chance parce qu’il en faut pour cette course.

Vos projets après l’Enduroman ?

Je compte reprendre une vie sociale, développer de nouveaux projets dans le sport et défendre ses valeurs ! Et un nouveau challenge…