Depuis ses écuries de Braine-l’Alleud, Larissa Paulius continue de porter le rêve construit à deux, avec son mari parti trop tôt. Telle une étoile filante dans le ciel, notre championne poursuit sa trajectoire sans faillir, portée par son amour des chevaux, son Valentin, leur Valentin et les espoirs naissants de First-Step Horses. Déjà propulsée dans le Top 10 mondial avec Valentin, Larissa entame cette saison de dressage confiante et positive.

Peut-on revenir sur vos premiers pas en équitation ? Il semblerait que vos parents vous aient beaucoup soutenue et que votre mère fut également cavalière…

Ma maman a recommencé à monter à cheval quand elle avait 33/35 ans, en même temps que ma soeur et moi débutions. Ma mère était, en effet, passionnée. Si ma soeur a plus tard arrêté, moi j’ai continué. C’était vraiment pour le loisir, j’avais à peine 4 ans et demi, mais je me suis très vite trouvée fascinée par les chevaux. Petite fille, je voulais être vétérinaire. Mais finalement, après le bac, je me suis tournée vers les chevaux. J’avais 16 ans quand j’ai compris que je voulais en faire mon métier. Mes parents, médecin et dentiste, voulaient que j’aie un minimum de bagage, mais après le bac je ne savais pas quoi faire, alors ils m’ont autorisée à partir, en l’occurrence en Allemagne, à condition de faire une vraie et solide formation. C’est comme ça que je me suis retrouvée chez Norbert Van Laak (ndlr : entraîneur olympique). Avec mes parents derrière moi, vraiment.

Et pourquoi être partie en Allemagne ? Il n’y avait pas d’équivalent en Belgique ? 

Non, les meilleures formations se trouvent en Allemagne et en Hollande. Les formateurs étaient meilleurs, puis je devais prendre de l’expérience et de la maturité. Je devais prouver que, oui, je savais faire.

Quel a été le déclic pour que vous fondiez vos propres écuries ? 

Je suis rentrée d’Allemagne en 2001 et j’ai rencontré mon mari en 2007. On a très vite eu envie de chercher une terre pour construire, c’était notre rêve à nous deux. On a trouvé un terrain totalement nu et on a réussi le défi de tout construire pour atterrir dans nos propres installations en 2010.

Il fallait un esprit d’entreprise pour se lancer dans cette aventure…

Mon mari avait un sens de l’entrepreunariat incroyable, c’était quelqu’un qui avait une énergie de dingue, qui savait déplacer des montagnes pour ses idées et c’est ce qu’il a fait d’une main de maître avec ce projet qu’on a porté ensemble et que je porte toujours.

Vous étiez la cavalière sous les feux de la rampe, il était le businessman derrière le rideau, c’est ainsi que le binôme fonctionnait ?

Voilà ! On était ultra complémentaires. On était une équipe gagnante à tout point de vue. Je lui dois beaucoup et je continue à me battre pour lui. Jamais je ne l’oublierai.

La crise du Covid et les restrictions qu’elle a entrainées vous a-t-elle retenue loin de votre travail et de vos chevaux ?

J’ai continué à monter, je les ai bien entrainés parce que j’attendais impatiemment que les concours reprennent. Les entrainements se sont très bien passés et je continue sur ma lancée, je prépare deux chevaux pour le Grand Prix dans le mois ou les deux mois qui arrivent. Valentin est fin prêt pour le concours et je pense que j’ai un autre cheval aussi qui va bientôt être prêt.

Puisque vous évoquez Valentin, dites-nous en plus, c’est un peu votre cheval chouchou, n’est-ce pas ?

Oui, c’est mon chouchou ! Nous avons beaucoup de projets, j’espère qu’on va tourner sur un Grand Prix assez rapidement et faire de beaux concours d’ici 5-6 mois. Il est encore jeune, il n’a que 8 ans donc je ne peux pas y aller trop fort, je ne veux pas qu’il lui arrive quelque chose non plus ! On prend notre temps mais il est très bien parti pour sûr.

C’est un cheval que vous avez eu très jeune ?

On l’a acheté à 2 ans et demi, je débourre quasi tous mes chevaux.

 À quoi ressemble une journée de travail type dans vos écuries ?

 Je conduis ma fille aînée à l’école à 8h15. Quand je reviens, je suis à cheval vers 8h30-9h00 et je monte jusque 13 heures. Je passe mes journées à cheval et je donne quelques cours. Désormais, je dois aussi m’occuper des papiers et de la gestion de l’écurie.

Il est donc plus difficile de vivre du dressage que du jumping encore aujourd’hui ?

Il est certain que c’est beaucoup moins rentable au niveau de la compétition. Si vous faites les beaux-circuits en CSO et que vous remportez de belles épreuves, vous gagnez de l’argent, c’est sûr. Ce n’est pas du tout le cas en dressage. Donc, nous devons vivre sur le commerce. Évidemment, j’ai des saillies ici qui me rapportent un peu d’argent, ce qui me permet d’entretenir mes écuries et d’avancer.

La compétition semble reprendre tout doucement, quels sont vos projets ?

 La compétition reprend gentiment, j’ai deux chevaux à sortir en Grand Prix et un très chouette 5 ans ainsi qu’un très chouette 6 ans. A mon avis, début juillet je suis déjà en concours avec mes chevaux. On n’a pas perdu de temps pendant le confinement.

Quels sont ces chevaux que vous souhaiteriez mettre en valeur, à part Valentin ?

J’ai Flambeau qui est un très chouette cheval ! Il est un peu plus âgé que Valentin, il a 10 ans. Je l’ai acheté il y a un an et demi. C’est un cheval qui ne savait absolument rien faire. Rien. Il était très très anxieux, il l’est toujours mais beaucoup moins. Il me fait de plus en plus confiance donc j’espère que j’aurai de bonnes surprises en concours avec lui ! Je l’ai déjà sorti en international et il s’est pas mal débrouillé. Mais là, il a vraiment fait un bond en avant et j’espère qu’on va pouvoir continuer pour la suite.

Quelle est l’histoire de Flambeau ? 10 ans, ce n’est pas tout jeune pour débuter !

Je n’achète jamais de chevaux de cet âge-là, soit presque 9 ans quand il est arrivé chez nous. C’est mon mari qui trouvait ce cheval absolument génial. Pourtant, je doutais de pouvoir y arriver, c’était un cheval vraiment très paniqué. Mon mari a insisté pour que je tente l’aventure et Flambeau a appris tous les mouvements du Grand Prix en un an et demi. Je pense qu’il est exceptionnel dans la qualité mais il doit encore prendre confiance. C’est un cheval qui me touche car il donne beaucoup de lui quand je le monte et c’est de mieux en mieux. Je pense que je vais avoir une bonne surprise.

Comment aviez-vous décelé ce potentiel chez un cheval de presque 9 ans ?

J’ai vu qu’il avait un très bon galop, il avait une bonne propulsion à l’arrière même si tout était à faire. La base, la prise en main était juste catastrophique mais il avait tapé dans l’oeil dans mon mari alors je me suis dit « au boulot ! »

Quelles sont les plus grandes fiertés de votre parcours équestre à ce jour ?

C’est mes deux Top 10 au Championnat du monde avec mon Valentin. La concurrence est monstrueuse et c’est un cheval avec lequel on a fait tout le travail de zéro. C’était vraiment notre bébé et ça l’est toujours d’ailleurs. De voir qu’on ne s’est pas trompé, qu’on avance, qu’on fait des résultats, c’est motivant.

Et vos objectifs ?

Paris 2024 avec les deux chevaux.