Thomas de Dorlodot tutoie les nuages pour photographier la terre, tombe du ciel pour rencontrer les Maasaï et taquine les vagues en explorant le monde. Aventurier passionné de rencontres humaines, notre compatriote est également un businessman éclairé, avisé, qui prône une éthique de la modération. De toute évidence, là-haut ou sur les mers, on ne voit pas la vie comme ici bas. « Light is right » : une leçon de vie qui est bonne à prendre !

MOTS : SERVANE CALMANT
PHOTOS : JOHN STAPELS

Son premier vol en parapente, Tom l’a réalisé à 15 ans. Aujourd’hui, il en 34, et se définit  comme un aventurier qui fait du parapente, plutôt que comme un parapentiste qui cherche l’aventure ! Pourtant, dès que le vent souffle, Tom s’envole. Quand ce n’est pas la mer qui le prend. Il vient en effet de passer deux ans sur un bateau avec sa compagne Sofia et leur bébé. A l’heure où nous bouclons cet article, Thomas de Dorlodot et sa petite famille ont repris la mer, direction Saint-Vincent et les Grenadines, Saint-Martin, puis Porto Rico et ses eaux habitées par les baleines à bosse… Quand Tom rentera au pays, en Belgique, il aura des images à partager, plein la cale du bateau …

Tom, comment devient-on un aventurier ? «J’ai commencé le parapente ado, et c’est devenu une passion viscérale. J’ai enchainé les expéditions comme autant de défis. J’ai rallié Bruxelles à Istanbul en paramoteur en un mois, je suis devenu le premier parapentiste à survoler le Machu Picchu au Pérou, j’ai fait des vols d’altitude au Pakistan et des vols de distance au Brésil et en Himalaya. Si je regarde le compteur, j’ai visité plus d’une soixantaine de pays ! »

Ton moteur : l’esprit de compétition ? « Clairement ! J’ai participé 7 fois au Red Bull X-Alps, un raid qui mêle parapente et course à pied à travers les Alpes, depuis Salzbourg jusqu’à Monaco. C’est une course qui fait appel à l’endurance et à la force mentale, un vrai challenge. C’est aussi une magnifique aventure. Mais le défi n’est pas mon seul moteur. J’ai traversé l’Afrique, du nord au sud, pendant quatre mois ; quand je suis descendu du ciel à la rencontre des Maasaï, ce fut un moment absolument incroyable ! Ce qui me fait vraiment vibrer, c’est utiliser le parapente comme vecteur de rencontres … »

Question très terre à terre : comment gagne-t-on sa vie quand est un aventurier ? « Pour vivre de ma passion, j’ai lancé ma petite entreprise… Avec quelques amis, j’ai fondé Search Projects, dans le but de monter et de financer nos expéditions. C’est du win-win : on explore le monde, on ramène de belles photos inspirantes et des vidéos, tout en garantissant de la visibilité aux sponsors et partenaires qui nous aident, via notamment les médias qui nous suivent et les réseaux sociaux que ma femme anime… »

La terre est-elle vraiment plus belle, vue du ciel ? « En général oui, car prendre de la hauteur permet de voir des formes géométriques extraordinaires. En prenant de la distance, on apprécie mieux ce que l’on voit. C’est malheureusement aussi l’occasion de constater à quel point l’homme a fait beaucoup de dégâts irréversibles ! »

Va-t-on droit dans le mur ? « Plus je voyage, plus je suis en contact avec la nature, plus je ressens l’urgence de réagir. Je viens de traverser l’Atlantique en bateau, j’ai mouillé dans les endroits les plus reculés du monde, il y a du plastique partout ! Heureusement, je rencontre également des gens qui bougent et mettent en place des initiatives qui redonnent espoir … »

« Le système de croissance infinie sur une planète aux ressources finies, ne tiendra plus très longtemps. Le courtermisme économique est une erreur. » (Thomas de Dorlodot)

Thomas-de-Dorlodot

Comment (essayer de) sauver la planète ? « Voyager en parapente ou à pied m’a appris une chose : « Light is right ! » Il faut se modérer, décélérer, freiner la machine. Je viens de passer deux ans, avec trois adultes et un bébé, sur un voilier de 18 mètres carrés. Croyez-moi, on a besoin de peu pour vivre ! D’ailleurs, à mon retour en Belgique, j’ai trouvé ma maison de 80 mètres carrés… gigantesque ! Oui, on peut vivre heureux avec moins ! Le système de croissance infinie sur une planète aux ressources finies, ne tiendra plus très longtemps. Le courtermisme économique est une erreur. »

Et demain ? « Prochaine étape de notre projet Search : développer un voilier qui aura un impact très faible sur l’environnement, pour tenter le passage du Nord-Ouest, une route maritime qui permet aux navires de joindre l’océan Atlantique au Pacifique. Ce passage n’était praticable que pendant l’été arctique, mais avec le réchauffement … A mon échelle, j’aimerais donc continuer à conscientiser les gens sur les dangers du réchauffement climatique et inviter des sportifs à bord pour qu’ils puissent, par leurs  témoignages, devenir les ambassadeurs de la nature et de la Terre. »

Thomas-de-Dorlodot

THOMAS DE DORLODOT

Suivez les aventures de Thomas de Dorlodot sur https://www.facebook.com/thomasdedorlodot/