En cette année olympique, nos athlètes belges auraient pu briller aux JO Japonais, mais, malmené par la pandémie, le Comité Olympique International a postposer l’organisation en 2021. L’occasion de se remémorer fièrement l’édition centenaire de 1920, qui a pris une place importante dans l’histoire olympique grâce à notre pays.

C’est le 5 avril 1919, lors de la 17e Session du CIO à Lausanne, qu’Anvers est désignée ville organisatrice. Les membres du Comité International Olympique ont voulu « rendre hommage aux souffrances infligées au peuple belge au cours de la guerre ». Anvers, détruite, se reconstruit en quelques mois pour accueillir les 2622 athlètes des 29 pays participants. L’histoire regorge d’anecdotes sur ces Olympiades de la paix, paix mise en valeur par l’affiche des Jeux qui présente une farandole de drapeaux entrelacés pour signifier la réunion des peuples après la dramatique période 1914-1918.

22 sports y sont programmés dont les saugrenus patinage artistique et, pour la première fois, le hockey sur glace. Pour éviter les grandes chaleurs de l’été, le Palais de Glace débute d’ailleurs la compétition en avril alors que la cérémonie d’ouverture des Jeux n’aura lieu qu’en août. Pas encore de JO d’hiver à l’époque…

 

« Daignez, Votre Majesté,… »

C’est le 14 août que le Roi Albert 1er ouvre les festivités. « Daignez, Votre Majesté, déclarer ouverts les Jeux Olympiques d’Anvers », lui lance le président du CIO, Henri de Baillet-Latour.

Les athlètes défilent. Le porte-drapeau belge est Victor Boin, un sportif pour le moins polyvalent. Il est médaillé en water-polo en 1908 et 1912, nageur de course et escrimeur, il prendra l’argent à l’épée par équipes dans ses Jeux de 1920. Il est aussi un héros de guerre, pilote de l’armée de l’air belge. Pour la première fois de l’histoire, un sportif est appelé à prononcer le serment des athlètes. Victor Boin sort du rang, monte sur le podium, lève la main et déclare : « Nous jurons de prendre part aux Jeux Olympiques en compétiteurs loyaux, d’observer scrupuleusement les règlements et de faire preuve d’un esprit chevaleresque pour la gloire de nos pays et pour la gloire du sport ». Les colombes parées des couleurs nationales s’envolent, les Jeux sont bien lancés par les 35 000 personnes présentes dans le stade.

Ce fameux stade olympique d’Anvers, construit spécialement pour les Jeux est toujours debout. Il est devenu le stade du football de l’équipe du Beerschot.

En 1920, autre première, le drapeau olympique gagne le stade. Les cinq anneaux entrelacés, bleu, jaune, vert, noir, vert rouge sur fond blanc, expriment l’activité du Mouvement olympique : ils représentent l’union des cinq continents et la rencontre des athlètes du monde entier aux Jeux Olympiques. Ce drapeau symbolique a été conçu dès 1913 par Pierre de Coubertin et c’est à Anvers qu’il flottera pour la première fois de l’histoire olympique.

Au palmarès final, la Belgique remporte 36 médailles ! 14 en or et 11 en argent et en bronze. Ce qui la place en cinquième position sur 29 délégations présentes. Quelle fierté.

 

Allez les Diables

Mais, si, la Belgique a été championne de football ! Championne olympique en 1920 devant son public, avant même que la Coupe de Monde de football ne soit inventée. En quart de finale, les Diables Rouges domine l’Espagne 3-1 et arrivent en demi pour battre les Pays-Bas, 3-0. En finale, la Tchécoslovaquie s’incline 2-0 et laisse la médaille d’or aux Belges.

A Anvers, le tir à l’arc est un des sports roi. Il n’y a pas moins de dix épreuves à l’affiche des jeux, cela va du tir à la perche grands oiseaux, au tir au berceau à 50 mètres, en passant par le tir à la perche petits oiseaux. Les initiés apprécieront. Ce qu’il faut surtout retenir, c’est qu’un Belge en est la grande vedette. Hubert Van Innis, alors âgé de 54 ans avait déjà gagné trois médailles aux Jeux de Paris vingt ans plus tôt. A Wilrijk, dans le parc Nachtegalen, il devient le maître incontesté de la discipline. Il monte sur le podium de toutes les épreuves au berceau (en longueur) : or en individuel à 33 m et à 28 m, or par équipes à 50 m et à 33 m, argent individuel à 50 m, argent par équipes à 28 m. Ca fait six médailles, pour un total de neuf podiums pendant sa carrière. 100 ans plus tard, il est toujours le Belge ayant décroché le plus de médailles olympiques.

A côté de ces exploits, on retiendra aussi quelques anecdotes amusantes : en rugby, un seul match a été joué, devant 20 000 spectateurs, le 5 septembre 1920, puisque seuls la France et les Etats-Unis participaient à cette compétition. Les nageurs olympiques devaient, quant à eux, se serrer les uns contre les autres pour se réchauffer après chaque course. L’eau du bassin étant décrite comme fraîche et sombre.

Le 12 septembre 1920, lors d’une cérémonie de clôture ponctuée par un discours de Pierre de Coubertin et par une cantate interprétée par 1 200 choristes et musiciens, le drapeau olympique est remis à Paris qui organisera les Jeux en 1924. L’identité visuelle olympique est née à ce moment-là, chez nous. Elle ne va que se renforcer au fil du temps.


Pour aller plus loin, le Sportimonium de Zemst, le musée du sport et de l’Olympisme, a mis en place l’exposition ludique « Breaking Boundaries » sur ces Jeux Olympiques d’Anvers de 1920.

www.sportimonium.be