L’histoire retiendra sûrement du kayak le buzz cocasse du déconfinement en Belgique ! Mais heureusement, elle a aussi fait rentrer dans ses pages un grand nom de chez nous : Maxime Richard, un esprit compétitif teinté d’un certain sens du récréatif. Champion de Belgique, champion d’Europe, champion du monde, celui qui est tombé dedans quand il était petit n’a rien laissé au hasard pour vivre à fond son rêve d’aventure ! 

A quoi ressemblent les débuts d’un multi-champion en canoë-kayak ?  

J’ai commencé le kayak très jeune puisque je n’avais que 7 ans. Nous étions en vacances en France :  mon papa a toujours fait du kayak et quand on partait à l’étranger, le kayak nous suivait. J’ai donné mes premiers coups de pagaie sur le lac du Verdon en nonante-cinq, dès que j’ai eu la bonne taille ! Je combinais avec le foot que j’ai vite arrêté pour me consacrer au kayak. J’ai fait mes premières compétitions nationales et mes premières sélections internationales dans les juniors. À partir de là, l’entraînement est devenu très intensif mais j’ai eu la chance d’avoir un contrat professionnel dès ma deuxième année chez les seniors. C’est comme ça que j’ai fait du kayak à plein temps, ce qui n’était pas un objectif en soi au départ, mais c’était mon rêve gamin de faire partie des meilleurs et d’être champion du monde un jour. Je suis sur le circuit pro avec un contrat depuis mes 19 ans et je suis devenu champion du monde pour la première fois à 22 ans sur une rivière en Espagne que je connaissais vraiment bien. Depuis, il y a eu les Jeux olympiques et bien d’autres titres, beaucoup de voyages, beaucoup de rencontres, de partages, plein de moments très précieux, surtout avec mon père qui est mon entraîneur.

Où peut-on s’initier et s’entraîner en Belgique ? 

J’ai la chance d’habiter du côté de Dinant où on a à la fois la Lesse et la Meuse. Donc, on a un bassin d’eau calme et une rivière plus vive. Je me suis personnellement dirigé vers le club où j’ai trouvé du matériel adapté dès l’âge de 7 ans, c’est là que j’ai progressé et évolué sous la tutelle de mon père. 

A quel âge peut-on commencer le canoë-kayak ?

Il faut avoir la bonne taille pour tenir la pagaie et savoir nager, mais aussi ne pas paniquer sous l’eau en cas d’incident, c’est pourquoi 7/8 ans c’est le grand minimum. C’est, en fait, plus réaliste après 10 ans. 

Le kayak c’est dans votre ADN ou il y a quelque chose en particulier qui vous a attiré dans ce sport ?

Ce qui m’a attiré dans un premier temps, c’était le côté partage. J’étais petit, je passais du temps avec mon papa, avec mon frère, dans un sport d’extérieur qui est sur l’eau, ce qui est assez cool quand il fait beau ! J’aimais le côté fun et sympa de la discipline, pouvoir profiter de l’eau différemment, avec des gens que j’aime, ma famille. Puis le côté physique de la discipline s’est imposé. J’ai toujours été un compétiteur dans l’âme, j’ai toujours aimé les sports individuels. C’est l’association du côté nature et du sport individuel : on est maître de son destin dans un sport très physique. 

Comment vous entrainez-vous ? 

On tourne à 26/28 heures d’entrainement par semaine. Ça fait des grosses journées. On a une à deux sorties sur l’eau avec un entraînement qui est fonction de la période de l’année. On travaille aussi le cardio : course à pied, vélo ou natation en hiver. À cela, il faut ajouter pas mal de musculation parce que c’est un sport qui requiert de la puissance et de la force. Et enfin, suffisamment de stretching.

A 32 ans, comment voyez-vous le futur ? 

Pour ce qui est du futur proche, c’est compliqué. Théoriquement on aurait dû être au Championnat du monde aux États-Unis, mais ça a bien sûr été annulé. On attend encore l’évolution du calendrier mais c’est dur, la saison a bien été amputée et tous les gros événements ont été annulés, pas déplacés mais annulés.

C’est sûr aussi que pour les années de très haut niveau, il y en a plus derrière que devant moi mais j’ai toujours besoin et envie de montrer des choses, je reste un compétiteur. 

Quoiqu’il arrive, le jour où je ne ferai plus de compétition, je resterai quand même dans ce monde-là avec des projets un peu plus axés aventure / traversée : j’aime aussi ce côté-là de la discipline. 

Le kayak s’est retrouvé malgré lui au centre d’un buzz sur les réseaux sociaux. On a pu lire qu’il était possible de faire du kayak mais pas de voir sa grand-mère, entre autres. Est-ce que ce fut une surprise pour vous également ?

Pour moi, ce n’était pas une surprise parce que depuis le début du confinement on pouvait continuer à faire du vélo et à aller courir. Il y a certaines disciplines sportives qui étaient autorisées. Avec le canoë-kayak, on a une distanciation sociale qui se fait naturellement. On ne peut pas venir bien près les uns des autres de par la taille du matériel. L’annonce fut plutôt un soulagement parce que la fédération avait beaucoup travaillé dans ce sens-là. Mais c’est le côté marrant de la chose, on a beaucoup parlé du kayak ! Toutefois, les gens ont mal compris l’annonce je crois, c’est en fait l’activité qui était autorisée aux membres pratiquants, pas le tourisme, la location ni la découverte du sport. C’était pour les sportifs comme les coureurs et les cyclistes !