Il avoue avoir peur de ne pas être à la hauteur, pourtant notre compatriote Thomas Mustin alias Mustii transforme en or tout ce qu’il touche. La saison 1 de La Trêve, un carton. 21st Century Boy, premier album exaltant d’électro-pop & vocalises profondes, une vraie machine à tubes. Hamlet, qu’il joue au théâtre, un triomphe. Sur sa cheminée trônent un D6bels Music Award et un Magritte du meilleur espoir. Mustii est un sacré phénomène, un gars hors du commun que rien ne semble pouvoir brider, rien sauf ses propres doutes. A 28 ans, c’est quand même fou d’avoir (déjà) plusieurs vies !

MOTS : SERVANE CALMANT
PHOTOS : MIREILLE ROOBAERT

On a fixé rendez-vous à Mustii au Wiels, le centre d’art contemporain. La terrasse panoramique du toit de l’ancienne brasserie Wielemans-Ceuppens offre une vue saisissante de Bruxelles et ses environs. A nos pieds, l’impressionnant nœud de rails des chemins de fer de la gare du Midi. A nos côtés, Mustii, impressionnant lui aussi de maturité, com- municatif, charmant et sympa en diable. De quoi avoir envie de découvrir l’homme derrière le performer.

Acteur ou comédien ?

« C’est une bonne question, j’ai un peu de mal à percevoir la nuance, pour moi c’est une même histoire de jeu. A mes yeux, l’important c’est de trouver sa place dans le jeu et ses enjeux. »

Préparer ou improviser ?

« Les deux ! J’ai besoin d’une dose de préparation tout en me ménageant des espaces de liberté, parce que sur scène tout peut arriver, c’est ça qui est excitant. Mon cœur balance entre le mode freestyle et une bonne base, mais sans jamais rien cadenasser. »

Hamlet ou Bowie ?

Il rit. « C’est compliqué ! Je dirais Hamlet, ce jeune homme torturé par l’assassinat de son père, trahi par son oncle et sa mère, c’est un personnage d’une complexité inouïe. Cette pièce de Shakespeare est un passage obligé pour tout jeune comédien car elle offre une infinité de possibilités d’interprétation, un espace de jeu incroyable. Mais… Bowie, ah Bowie, il reste quand même ma référence ultime, et pas uniquement musicale ! J’adore la manière dont il se mettait en scène, sa théâtralité, sa manière de jouer avec les codes et de les déjouer. Il reste un artiste intergénérationnel qui a influencé de nombreux créatifs de ma génération. »

Drame ou comédie ?

« Disons … la tragi-comédie. »

« J’adore Bowie, sa théâtralité, sa manière de jouer avec les codes et de les déjouer. »

mustii

En anglais ou en français ?

« J’aime beaucoup la culture anglo-saxonne. J’ai réalisé un premier album (21st Century Boy, ndlr) en anglais car c’est la langue qui s’harmonise le mieux avec la musique que j’ai composée. J’ai d’ailleurs toujours baigné dans un univers anglo-saxon, mes parents écoutaient du rock, les Rolling Stones et …Bowie (on y revient, ndlr). Mais je ne veux rien m’interdire, je pourrais très bien composer demain un album en français. Voire même en mandarin (ahah, ndlr) ! »

Qui est le 21st Century Boy ?

« Ce personnage qui traverse mon album, je l’ai imaginé très pâle, les cheveux oxygénés, le teint laiteux, l’apparence presque fantomatique. C’est un garçon angoissé mais jamais pessimiste, jamais nihiliste. Ses questionnements critiques, qui sont les miens, lui permettent au contraire d’avoir encore envie d’y croire. »

Mustii dans 10 ans ?

« J’ai plein d’envies, mais je ne me projette pas dans 10 ans. J’ouvre des portes, et j’explore toutes les possibilités que m’offrent la musique, le cinéma, le théâtre. Au fond de moi, je me sens davantage acteur/comédien que chanteur, quoique chanter c’est également une forme de jeu. Très sincèrement, je ne pensais pas recevoir autant de louanges ! J’aime la reconnaissance de mes pairs, de ma famille, du public. Ce n’est pas une question d’égo, cette reconnaissance, elle me permet d’avancer, d’évoluer. »

Nervosité ou zen attitude ?

« Je l’avoue, je suis un grand nerveux. Parce que j’ai toujours peur de ne pas être à la hauteur. Cela me parasite parfois l’esprit – je devrais m’appliquer à vivre le moment présent ! Le théâtre, c’est une bonne thérapie qui m’oblige à être à fond dans les enjeux présents. Mais au quotidien, pour calmer mon stress, j’es- saie toujours de m’entourer de gens qui m’aiment et me rassurent. »

Le gars qui a plusieurs vies

Le rôle de Kevin Fisher, le fils de la bourgmestre, dans la saison 1 de la série belge La Trêve, c’est Thomas Mustin ! Kevin se tue en tombant d’une falaise, pas la peine de chercher Mustii dans la saison 2.

Le Magritte (le pendant belge des César et Oscars) du meilleur espoir masculin 2019 dans le film Echange des Princesses où il revêt les habits de l’outrancier Duc de Condé, c’est encore Thomas Mustin !

Hamlet, pièce créée au Théâtre Jean Vilar de Louvain- la-Neuve, c’est toujours lui !

Feed Me, Blind, What A Day, Turn It off, Safety Zone
(la version piano-voix d’une intensité remarquable file carrément la chair de poule), tous ces tubes électro-pop qu’il habite d’une voix puissante à la théâtralité assumée, et qui font un malheur en radio, it’s Mustii again !

mustii

21ST CENTURY BOY TOUR :

Baudet’Stival – Bertrix, 12 juillet,
Francofolies – Spa, 20 juillet,
Gens d’Ere – Tournai, 26 juillet,
Ronquières Festival – Ronquières, 3 août,
Brussels Summer Festival – Bruxelles, 18 août,
Solidarités Festival – Namur, 24 août,

Les Nuits du Soir – Cirque royal Bruxelles, 6 novembre. SUR LES PLANCHES :

Thomas Mustin jouera Hamlet jusqu’en 2020, agenda sur lesgensdebonnecompagnie.be