Et si tout homme avait une mission personnelle sur terre ? Cédric Lescut voulait devenir golfeur professionnel et il est devenu head pro. Un tragique accident qui lui ôta une jambe. Une épreuve qu’il a surmontée grâce à la force de l’amour. Depuis faire le bien lui a semblé être une évidence. A l’entendre, tout est possible et avec l’humour en prime !
MOTS : ARIANE DUFOURNY
PHOTOS : IVAN VERZAR
Le golf, une passion…
J’ai découvert le golf grâce à des amis de mes parents. Issu d’un milieu de classe sociale moyenne, vers mes 12 ans, j’allais piquer des balles sur des driving range, éclater des pommes avec des clubs de golf. J’ai vraiment commencé le golf vers mes 15 -16 ans. Ne sachant que faire de ma vie, après ma rétho, mes parents m’envoyèrent durant un an en Angleterre. Là, j’étais à côté d’un golf où j’ai joué tous les jours. Ce fut la « révélation » ! En rentrant, j’ai voulu devenir golfeur professionnel mais j’ai dû faire des études. Finalement, j’ai obtenu mon diplôme à l’EPHEC.
Accomplir sa légende personnelle…
J’ai lu l’Alchimiste. Accomplis ta légende personnelle ! J’ai dit stop au travail de bureau pour suivre la formation de la PGA belge afin de devenir pro et enseigner le golf. Mon diplôme obtenu, j’ai commencé à donner cours au Golf de l’Empereur. J’ai également enseigné à Hulencourt et Pierpont où j’ai rencontré un Russe. Dès lors, j’ai travaillé à Moscou et j’ai voyagé partout dans le monde en jet privé. Ensuite, avec mon épouse qui est agente immobilière, nous avons créé une agence immobilière et de voyages golfiques pour les Russes. Jusqu’au jour où…
Un accident qui va tout changer…
Septante à l’heure, le cadre de ma moto casse pendant que je roule. Je perds le contrôle. La bécane se décale vers la droite où une voiture est stationnée. J’essaye de taper du pied pour m’en écarter et ma jambe glisse entre le pneu et la carrosserie. Ma jambe est arrachée et je vole plus loin. Ma chance fut qu’une minute après, un urgentiste suivait et m’a fait un garrot car j’avais déjà perdu 4,5 litres de sang. Puis, on m’a transfusé sur place. Ensuite, trois semaines de coma, un mois aux soins intensifs, un an d’hôpital, un an de revalidation.
31 août 2011…
Je fête cette date car je préfère mille fois ma vie à celle d’avant. Cet accident m’a ouvert les yeux et surtout appris à être content avec ce que j’ai même si ma prothèse n’est pas agréable à supporter. Je dois faire de la kiné, aller chez le prothésiste tous les mois. Quand tu n’as plus le choix, c’est là que ça devient magique !
Surmonter grâce à la force de l’amour…
Ma femme a été extraordinaire ! Sur une feuille de papier, elle m’a expliqué les étapes par lesquelles j’allais passer et m’a préparé à l’échec que je traversais : le questionnement, pourquoi moi ? La négation, non ce n’est pas possible. L’agressivité, j’ai tout cassé dans ma chambre d’hôpital. La dépression, je voulais me flinguer. Jusqu’au moment où j’ai trouvé une raison pour me battre : ma femme qui était là pour moi, mes parents qui venaient me voir tous les jours, mes potes qui jouaient à la PlayStation pour me tenir compagnie. Après un accident, la résilience arrive après avoir passé les étapes et grâce aux défis que tu te fixes avec des objectifs et l’amour.
Une perception différente de la vie…
Certes, c’est handicapant de ne pas pouvoir courir avec mon gamin mais c’est juste une différence si on a les neurones qui fonctionnent avec de la bienfaisance. Avant, j’étais à l’écoute des gens mais sans beaucoup de réflexion quant au choix que j’allais poser et les conséquences qui allaient en découler. J’étais très fonceur, aux grandes inquiétudes de ma mère. Aujourd’hui, je suis plus réfléchi. Je retire le positif de cet accident mais c’est « compliqué » pour ceux qui vivent à mes côtés. Pour moi, rien n’est grave ! Le luxe, c’est d’avoir le temps et pour le peu de temps qu’on a sur cette terre, je refuse les futilités préférant jouer avec mon fils, passer du temps avec ma femme, ma famille et mes amis. Et fuck, le reste !
Après la rééducation, retour sur le green…
Les gens m’ont vu arriver dans le club où j’enseignais, sur une jambe, pesant 45 kilos et portant un sac à dos contenant un gros tuyau et un VAC aspirant les porosités (en plus, j’avais chopé une cousine de la tuberculose).
Sur une jambe, j’ai essayé de retaper une balle. Je suis passé à côté et j’ai failli me péter la tronche. Deux fois, idem. Puis, trois fois et je me suis pété la tronche ! Et puis, quatre, cinq, cent fois. Et là, je l’ai bien touchée. Ah, il y a moyen ! (Rire). Petit à petit, c’est devenu sympa. L’objectif, participer à un tour d’handigolf. Je suis devenu numéro 1 européen. Ça m’a fait tellement de bien que j’ai voulu donner cette chance à d’autres personnes qui sont dans mon cas et qui ne connaissent pas le golf, ce sport étant coûteux.
Drive sur l’Atomium…
Ivan Verzar, mon ami et photographe, avons les mêmes délires. Je l’ai emmené sur l’Atomium (après autorisations) afin de tourner un film au profit de l’association Android 34. Trappe ouverte, pas de barrière, du vent, 102 mètres de haut. Je ne faisais plus le malin. On m’a attaché à des sangles, ainsi que le club. La boule n’étant pas dure, je m’enfonçais de quelques centimètres en marchant dessus. Je suis resté en suspension, avec ma prothèse, pour faire un swing sans me péter la tronche. (Rire).
Le ranking mondial d’handigolf qui a débuté en janvier 2019…
C’est mon nouveau challenge. J’ai fait l’US Open en Virginie, l’Open d’Australie, l’Open de France, l’Open de Finlande. Je m’entraîne tous les jours. Du golf et beaucoup de béquilles (rire) qui, du coup, remplacent la salle de muscu. Prochainement, je voyagerai moins car nous attendons un deuxième enfant.
Android 34, l’association qui fait du bien…
Avec mon épouse, nous avons créé l’association Android 34. Le Centre National Handigolf belge, supported by PGC Golf Academy, se situe au Golf de l’Empereur. Nous offrons des entraînements de golf à toute personne à mobilité réduite. Les cours sont donnés par Thomas Mambourg, Nicolas Makhoul, Christophe Séculier et les frères Rochus. Grâce à GOLF48, au profit de CAP48, nous avons engagé notre premier employé.
Le projet Octopus redonne le sourire aux enfants…
Le sport fut pour moi le vecteur de reconstruction, la clé de voûte avec l’amour de mes proches ! Apprenant que les prothèses dites « de marche » n’étaient pas rem- boursées, Android 34 a organisé un tournoi de golf pour en acheter à trois enfants : Mathis, Daan et Mona. Mathis fut le premier à bénéficier d’une prothèse ; ça lui a permis d’exploiter tout son potentiel et son énergie. Dans sa cour de récré, il est passé du statut de Casimodo à Iron Man. C’est topissime de voir l’enfant régner mais c’est encore plus important au regard de leurs parents, leurs grands-parents, leurs frères, leurs sœurs et leurs copains.
Grâce à l’argent récolté lors de nos tournois et aux premiers « group of heros », Android34 et Vigo a équipé 32 enfants et nous avons encore des fonds pour d’autres en cours d’appareillage. Nous essayons d’associer des enfants au monde des entreprises afin de rester une association privée, pas subsidiée, pas politisée. Il faudrait que chaque société en Belgique s’investisse dans un projet sociétal en équipant un gamin.
Comme une évidence…
De retour chez moi, j’avais recherché de nouveaux défis. « Fais du bien » m’est apparu en me réveillant à trois heures du matin. De là, le reste a découlé. En faisant ce bien, j’ai trouvé un sens à ma vie. Il n’y a pas de meilleure satisfaction que d’apporter une prothèse à un enfant amputé. Ça te donne un peps de dingue. Il n’y a pas mieux !
Un message à faire passer…
Tout est possible ! Je le dis tous les soirs à mon fils quand je l’endors. Du coup, quand il me demande quelque chose, il me ressort : tout est possible, fieu !
Patron de PME, collègues, famille ou groupe d’amis, parrainez un enfant sur une ou plusieurs années en créant votre « Group of heroes » et en récoltant 5.000 euros en un an qui permettront la création complète de la prothèse. Poursuivez le parrainage en récoltant 2.500 euros par an qui lui garantiront de poursuivre son épanouissement sportif.
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