Hanne Desmet
Le feu sur la glace
Mots : Barbara Wesoly
Photo : Shapevisions
Elle fonce, agile et farouchement déterminée, sur la piste comme vers le succès. Multi médaillée, dont une victoire historique pour la Belgique aux JO de 2022, Hanne Desmet s’affirme comme l’une des plus talentueuses athlètes de short-track de sa génération. Et, en compagnie de son frère Stijn, lui aussi membre de l’équipe nationale, elle compte bien révolutionner l’avenir du patinage de vitesse.
S’il fait partie des disciplines olympiques, le short-track est encore peu connu en Belgique. Comment l’avez-vous découvert ? Stijn, mon petit frère, rêvait depuis toujours d’être patineur de vitesse, tandis que de mon côté je préférais la gymnastique. Mais nous avions en commun une passion du roller et celle-ci nous a un jour amenée à rencontrer un short-tracker qui durant l’été délaissait la glace pour l’asphalte. C’est grâce à lui que nous avons découvert que ce sport se pratiquait aussi en Belgique. J’avais onze ans, Stijn neuf, et il tenait absolument à ce que je me lance avec lui. J’ai accepté et il m’a transmis son amour pour cette discipline, qui depuis, ne m’a jamais quitté.
Vos carrières sont aujourd’hui toujours intimement liées, puisque vous êtes tous les deux membres de l’équipe belge mixte de short-track. Est-il plus facile de s’entraîner et de performer ensemble ? Oui et c’était d’autant plus vrai à nos débuts dans ce milieu. A l’époque, l’on commençait tout juste à développer cette discipline dans notre pays. Il n’y avait alors pas vraiment d’équipe nationale et absolument rien de prévu pour les filles en la matière. C’était une chance pour moi de pouvoir patiner avec les garçons et d’intégrer une team mixte. Cela nous a permis à Stijn et moi, de continuer à évoluer ensemble. Nous nous soutenons, nous entraidons dans les moments difficiles et nous réjouissons des performances de l’autre. Cela revient à avoir son meilleur ami pour coéquipier.
Être la première femme belge de l’histoire à remporter une médaille individuelle aux Jeux Olympiques d’hiver, à Bejing en 2022, a-t-il représenté le point d’orgue de votre carrière jusqu’ici ? Le moment le plus marquant pour moi reste ma médaille d’or aux championnats d’Europe, en janvier 2023. J’ai encore des frissons en revoyant les images de cette course et mon passage de la quatrième à la première place. Mais cette victoire aux Jeux Olympiques était bien sûr une grande joie et j’espère qu’elle donnera à d’autres sportives le désir de se lancer en patinage mais surtout la possibilité d’y croire. Même si le chemin est difficile, devenir une athlète de haut niveau est tout sauf un rêve inatteignable.
De votre côté, aviez-vous des modèles sportifs ? Pas parmi les athlètes féminines, mais j’étais et reste admirative du style et de la technique de mon frère.
Vous avez souffert au cours des années de plusieurs blessures, notamment une fracture à la clavicule et une commotion cérébrale. Ce sport en demande-t-il énormément physiquement ? Oui, tout comme psychologiquement d’ailleurs. J’ai souffert de troubles de l’équilibre durant des mois après à la commotion cérébrale que j’ai subie en 2021. Mais plus encore, il fallait gérer la peur de retomber. C’est un sport très exigeant et technique, où une bonne condition physique ne suffit pas. La confiance en soi y est un élément majeur. Certains jours, l’on enchaîne cinq courses d’affilée, cela laisse peu de place aux doutes.
Que ressentez-vous sur la glace ? C’est grisant. Et inouï de constater à quel point on peut gagner en vitesse à chaque amélioration technique. Le patinage permet des prouesses époustouflantes, sans parler des sensations qu’il procure. Et le short-track est tout à la fois dangereux et excitant et demande une bonne dose d’agilité. Le summum du cool selon moi.
Quels challenges vous fixez-vous ? Après un Noël passé en Belgique, Stijn et moi partirons pour la Hongrie en vue de nous y entraîner jusqu’aux championnats d’Europe, qui débuteront le 12 janvier 2024 en Pologne. J’espère bien sûr remporter toutes les courses auxquelles je participerai, mais mon objectif premier est de m’améliorer et de progresser un maximum d’ici aux futures grandes échéances qui m’attendent, comme les Championnats du monde en 2024 et les Jeux olympiques d’hiver qui se dérouleront dans deux ans.
Quelles sont, selon vous, les qualités qui vous portent vers la victoire ? En tant qu’athlète, certainement mon endurance. Je possédais déjà une force physique conséquente bien avant d’acquérir de la technique. Humainement, sans doute ma capacité à prendre soin des autres. J’ai 27 ans et je suis désormais la plus âgée de notre team. J’y joue un rôle de grande sœur.
De quoi êtes-vous la plus fière aujourd’hui ? De notre évolution en tant qu’équipe. Ayant réussi en partant de rien, à se hisser parmi les acteurs majeurs de ce sport au niveau mondial. De nos liens aussi et de notre complicité après tant d’années ensemble. A titre personnel, comme avec eux, je brûle de chausser encore mes patins pour relever de nouveaux défis.
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