Quoi de neuf chez Marie’s Corner ?
Quoi de neuf chez Marie’s Corner ?
Quoi de neuf chez Marie’s Corner ?
Mots : Ariane Dufourny
Photo Cover : Frederik Vercruysse
Se réinventer encore et toujours tout en conservant son ADN, mission accomplie pour Marie’s Corner. Le spécialiste belge du canapé́ « Tailor-Made » présente 11 nouveaux modèles qui mettent en exergue l’épure et le confort. Des futurs best-sellers ? Sans aucun doute ! Découverte en images.
Créée il y a presque 30 ans, Marie’s Corner peut se targuer d’être devenue une référence d’excellence « made in Belgium ». Environ 200 modèles exclusifs et plus d’un millier de finitions possibles ! C’est plus que ce dont on rêve pour obtenir une pièce au caractère unique. Et pourtant, l’entreprise brabançonne wallonne n’a de cesse d’innover en matière de savoir-faire et d’art de vivre. Les nouveautés dans le siège font la part belle à l’épure, au confort et mettent en valeur le travail du bois avec un focus tout particulier sur les pieds. Par ailleurs, trois séries de tables basses ont été spécialement étudiées pour embellir les salons et proposer une offre complète.
Fauteuils
Sans conteste, le fauteuil reste la grande spécialité de la Maison belge. 2021 voit naître trois nouveaux modèles radicalement différents. « Scott », tout en courbes enveloppantes, est le complément idéal d’un salon contemporain, mais les deux modèles qui nous font de l’œil sont assurément « Butler » et « Perry ». Le premier nous séduit par ses lignes carrées et sa structure 100% pivotante tandis que le deuxième nous enchante par sa simplicité apparente et son goût pour les matériaux naturels tels que le bois qui joue le premier rôle. Le choix se révèle cornélien !
Chaises
Maries’ Corner n’a pas son pareil pour revisiter et mettre au goût du jour des modèles chinés chez les antiquaires. Rappelant les années 50, « Dixie », avec ses deux hauteurs d’assises, en est le parfait exemple.
Canapés
La pièce centrale d’un salon est sans conteste le canapé. Alors, il se doit d’être beau et confortable à l’instar de « Garland » et « Bradley ». Si le premier peut s’intituler « quand le confort rencontre le design », le second se distingue par ses modules très compacts qui s’adaptent parfaitement aux petits espaces.
Poufs
Rond, confortable et disponible en plusieurs formats, le pouf « Trinity » s’annonce le complément indispensable à une déco réussie. Rien qu’à le voir, on ne peut déjà plus s’en passer !
Tables basses
Grâce à l’apparence noble du bois des modèles « Cala », « Soto » et « Luna », la Maison belge enrichit son offre afin de composer un salon complet et cohérent. Bien vu, Marie’s Corner !
Les Belges d’ailleurs, Nathalie Jonniaux-Liesenhoff : Majorque, mon amour !
Les Belges d’ailleurs, Nathalie Jonniaux-Liesenhoff : Majorque, mon amour !
Mots : Philippe Berkenbaum
Photos : The Art Signature
Installée à Palma depuis 20 ans, elle est une figure belge de la plus grande île des Baléares. Maman de quatre enfants, Nathalie a consacré sa carrière à l’organisation d’événements, de tournages publicitaires et autres activités de com’. Mais c’est son dernier-né dont elle est la plus fière : l’agence artistique The Art Signatures, créée pour promouvoir les artistes locaux aux quatre coins du monde. Tableau en 3 actes.
Acte 1 : lunes de miel
Entre Majorque et Nathalie, ce n’est pas l’histoire d’un seul, mais de plusieurs coups de cœur. Le premier remonte à son enfance, lorsqu’elle rendait visite à ses parents qui s’y étaient installés. Le deuxième l’a conduite, devenue adulte, à s’y rendre régulièrement en vacances « pour le charme et la beauté de la grande île des Baléares ». Le troisième fut décisif. Une rencontre improbable avec Tim, un jeune médecin allemand dans une gargote isolée du nord de l’île… vite sublimée en demande en mariage. Coup de foudre. Elle a dit oui !
Les premières pages du conte de fées, le jeune couple les écrit à Berlin avant de s’installer à Munich où naîtront deux filles, Morgan et Marine. Majorque reste l’écrin de leurs vacances familiales. Mais l’appel du large devient irrésistible pour ces amoureux de la mer : les Liesenhoff choisissent de s’installer à Palma, la capitale. Deux autres enfants naissent au soleil, Logan et Océane. La référence marine n’est jamais loin.
Acte 2 : des racines et des voiles
Pendant que son mari cultive l’art de la chirurgie esthétique jusqu’à ouvrir sa clinique privée, Nathalie gère ses relations publiques et sa clientèle VIP. Elle accueille régulièrement des stars comme le réalisateur britannique Guy Hamilton (plusieurs James Bond au compteur) ou la chanteuse d’un mythique groupe pop des années 70 & 80, devenue son amie mais qui tient à garder l’anonymat. On ne la nommera donc pas.
La famille s’ancre à Palma, prend racine. Tombe sous le charme d’une finca (ferme) du 19e qu’elle transforme en mas provençal au milieu des champs, sur les hauteurs de la ville, vue imprenable sur les oliviers et l’océan lointain. Chiens, chats, chevaux, couvées… La tribu s’agrandit, la ménagerie grossit, la déco s’enrichit. En chineuse avertie, Nathalie orchestre une rénovation du nid si originale qu’il s’impose comme décor pour de fréquents tournages publicitaires (Nestlé, Nutella, Rexona, L’Oréal, Coca-Cola…).
A Palma, la Marigan – de Mari(ne) et (Mor)gan – prend des allures de place to be pour de nombreux expats et son nom s’affiche bientôt en lettres d’or sur le fronton de deux autres musts du paysage local : un voilier de course et un palais privé du 19e.
En 2003, le couple acquiert en effet un fier coursier tout de bois et cordages dessiné en 1898 par le Britannique Charles Livingstone et entièrement remis à neuf. Taillé pour l’America’s Cup, il collectionne les trophées au large des Baléares et de la Côte d’Azur. Tim à la barre, Nathalie – parfois – et l’un ou l’autre enfant du couple – souvent – à la voile. Avis aux amateurs, ce sloop vintage est aujourd’hui en vente.
Acte 3 : toute la beauté du monde
Le palais, lui, fut achevé en 1803 sur ce qui deviendra la Rambla, la principale artère du centre de Palma. Dessiné par l’architecte Guillermo Torres, amateur de grands peintres et fondateur de l’Académie des Beaux-Arts locale. Devenu un hôtel de maître privé un brin décrépit, c’est dans ses murs rendus à leur lustre d’antan que les Liesenhoff installent leur clinique en 2010. « La chirurgie plastique est un art, d’accord, mais un tel lieu ne pouvait se limiter à accueillir des patients, même fortunés », sourit Nathalie. « L’idée s’est dès le début imposée de l’ouvrir au monde extérieur pour y organiser des événements en tous genres. »
Réceptions, défilés, tournages, expositions, lancements commerciaux… Le tout Palma défile à la clinique Marigan de jour comme de nuit, les uns pour se refaire une beauté, d’autres pour profiter de celle de cet endroit hors du temps. La maîtresse des lieux en profite pour enrichir son carnet d’adresses et devient l’une des figures belges de Majorque – impossible de l’accompagner en ville sans croiser quelqu’un qui la salue joyeusement dans l’une des 5 langues qu’elle pratique couramment.
Vient un jour la trouver le sculpteur majorquin renommé Joan Costa, qui lui demande d’organiser en ces murs une expo de ses œuvres. Encore un coup de foudre – « artistique s’entend », précise-t-elle. La proximité est telle que l’artiste veut faire d’elle son agent. « Un agent à l’ancienne, pas un galeriste qui se soucie surtout de la cote de son poulain »,souligne Nathalie. « Quelqu’un qui est à ses côtés dans les bons et les mauvais moments pour le soutenir, le conseiller, l’orienter, soigner son image et lui permettre d’exercer son art en ayant toujours une oreille attentive pour l’aider en cas de besoin. Même au milieu de la nuit. » Une meilleure amie, une confidente. « Et un pont entre lui et l’acheteur qui ne le connaît pas encore. »
Épilogue : au sommet de son art
Le maître en a attiré d’autres, le bagout de Nathalie a fait le reste. Ainsi a démarré sa dernière aventure. Créée voici 3 ans, son agence The Art Signatures défend aujourd’hui les intérêts de 26 artistes peintres, sculpteurs, photographes ou vidéastes originaires des Baléares, d’Espagne ou d’ailleurs. Baseline : ‘Avant-gardiste, humaniste, innovante, internationale’. Le concept est novateur puisqu’elle ne se contente pas d’organiser des expositions sur l’île et le continent – dernière en date dans la galerie du fondateur d’Art Basel Center en Suisse, en plein covid –, mais aussi des minitrips pour collectionneurs d’art.
Outre un programme axé sur la découverte des merveilles et de la gastronomie majorquine, ces visiteurs avertis bénéficient d’un accès exclusif aux ateliers d’ordinaire fermés au public. Nathalie pilotait encore récemment le mannequin et égérie de Chanel Candida Bond, qui a acheté deux œuvres à ses poulains dans l’intimité de leurs ateliers. La suite du roman reste à écrire, avec ce qu’il faut de dramatisation. Frappé par la crise sanitaire et la mise en rouge de l’Espagne et des Baléares, le monde de l’art est tétanisé et Nathalie traverse une période difficile. Mais elle garde la foi. « J’aime les artistes pour leur côté vrai, pur, souvent brut de décoffrage. Ce sont des passeurs de messages, des rêveurs qui font rêver », conclut-elle. Les siens, de rêves, restent intacts.
Ses trois adresses secrètes
- L’hôtel Bendinat
« Pour son délicieux restaurant et la vue extraordinaire, j’y vais depuis 25 ans quand je veux déstresser. »
www.hotelbendinat.es
- Gran Folies Beach Club
« Pour le cadre, l’ambiance, le resto et surtout la classe de yoga donnée par la yogi master Paula Cavalieri, petit déjeuner sain en prime. »
https://beachclubgranfolies.com/es/inicio
- Es Trenc
« La plus belle plage de Majorque, des kilomètres de sable blanc, avec le plus sympa des chiringuitos (buvettes) de l’île. Pour un cocktail de rêve au coucher du soleil. »
@chiringuitodelmedioestrenc
Charly Wittock défenseur d’une architecture ouverte, à l’interaction et aux dialogues forts.
Charly Wittock défenseur d’une architecture ouverte, à l’interaction et aux dialogues forts.
Mots : Agnès Zamboni
Avec son équipe de l’agence AWAA, il invite ses clients à collaborer activement dans le développement de leur projet commun… surtout s’ils ne sont pas architectes. Entouré de consultants de divers domaines, AWAA regroupe des professionnels, aux expertises différentes, qui interviennent à l’international et dans tous les secteurs de la construction. AWAA ne propose pas un système stylistique, mais une architecture prenant forme grâce aux échanges d’idées. Une démarche singulière qui rend les projets riches en innovations.
Are We All Architects ? Pourquoi cette question ?
« C’est notre phrase fétiche. Mais AWAA ne se limite pas à « Are We All Architects ». On peut lire aussi « Another Wild Architectural Adventure », « A Wittock Architectural Association ». Christophe Bourdeaux, notre Head Designer, en charge de la conception, est plasticien et, pourtant, il est responsable du développement architectural de chaque projet, sans être lui-même architecte. L’Architecture est avant tout une aventure humaine et les meilleurs projets sont ceux qui mettent en avant une innocence car elle leur apporte une autre dimension ».
La diversité de vos interventions est-elle un avantage ou un inconvénient ?
« D’un point de vue purement commercial et en termes de communication, c’est clairement un désavantage. Les clients ont besoin d’être rassurés, d’avoir en face d’eux des experts dans le domaine concerné. Mais nous avons réussi à en faire un avantage. Notre réputation est établie sur notre expertise de pouvoir mener à bien des projets qui sortent de l’ordinaire, qui nécessitent un regard nouveau sur la manière d’aborder un projet particulier. En ce sens, nous sommes devenus les experts du challenge, nous offrons à nos clients des nouvelles perspectives qui sortent des sentiers battus ».
Quel est le secteur qui vous passionne le plus ?
« TOUS. Le résidentiel apporte un échange humain très intime et très riche. L’industriel et le commercial nous permettent d’explorer, d’apprendre, de prendre des risques maitrisés. Le culturel nous permet de rêver, de travailler dans le conceptuel tout en le rattachant à un pragmatisme pur et dur. Une grande liberté liée à une précision d’orfèvrerie nous permet de questionner l’architecture à sa plus petite échelle. On se rapproche de l’humain d’autant plus, tout en ouvrant des pistes pour repenser l’architecture de demain ».
La réalisation qui restera en mémoire ?
« Le travail que nous effectuons pour la Brasserie Duvel Moortgat depuis plus de 20 ans : C’est enivrant de pouvoir s’occuper d’un site aussi vaste que leur centre de production à Puurs… avec une nouvelle salle de brassage, des bâtiments techniques pour les cuves de fermentation, la reconversion d’une ancienne salle de brassage en bureaux, la conception d’un nouveau bâtiment pour abriter les laboratoires et d’une unité de production expérimentale pour développer des nouvelles bières… On apprend à se remettre en question à chaque fois et découvrir de nouveaux procédés tout en essayant de maintenir un fil rouge pour une continuité architecturale sur un site si vaste et éclectique.
Celle qui a été la plus difficile à mener jusqu’à son terme ?
« La rénovation d’une maison privée de 1 200m2 datant des années 1970. La mission consistait à préserver ce chef-d’œuvre moderniste tout en le rendant moins énergivore. Le « décor intérieur » devait être maintenu, la pierre extérieure aussi, et notre intervention s’est concentrée entre les deux. Une opération à « cœur ouvert » qui a demandé un niveau de détail et de précision sans précédent ».
Et celle dont vous avez appris le plus ?
Caméléon. Car notre mission était de créer un bâtiment exemplaire du point de vue écologique et énergétique. Concevoir le premier bâtiment commercial de plus de 17 000m2, sans air conditionné, était l’un des nombreux défis. Nous avons suivi des formations. Nous nous sommes entourés des plus grands experts. Et le projet s’est construit en nous remettant perpétuellement en question, nous en tant qu’architectes et notre client comme utilisateur. Toutes les « règles de base commerciales » ont été remises en question ».
Quels problèmes particuliers a posé Le Chai de Bousval ?
« Réaliser un chai, aujourd’hui, est assez facile. Les technologies accessibles permettent de climatiser tout le processus de vinification sans tenir compte de l’architecture, ni des éléments extérieurs. Dans notre cas, l’ambition du Chai de Bousval était, au contraire, de créer un bâtiment à l’ancienne en utilisant des matériaux actuels, éviter toute climatisation, toute manipulation mécanique des fluides et revenir aux sources. Nous avons étudié les vieux chais, analysé leurs méthodes pour garder une hydrométrie et température constante et tenté de nous en approcher tout en utilisant les matériaux économiquement accessibles aujourd’hui ».
La C-19 Table ? Une opportunité ? Un virage vers le design ?
« C’est plutôt un retour vers le design après 20 années dédiées uniquement à construire des bâtiments. Dans les années 90, nous avons développé des meubles qui se sont vendus aux Etats-Unis. C’est grâce au confinement et à l’arrêt total de nos chantiers que nous avons pris le temps de réfléchir à l’architecture post-confinement, l’architecture de demain. La table C-19 illustre, à une petite échelle, la manière dont nous allons devoir concevoir les espaces architecturaux de demain : une architecture capable de s’adapter à différents modes de vie tout en préservant un sens de liberté pour chacun ».
Signé Pinto
Signé Pinto
Mots : Ariane Dufourny
Photos : Anthony Dehez
Peintre, chef et architecte d’intérieur, Antoine Pinto marque indéniablement tout ce qu’il signe ! Grâce à son génie, l’expérience organoleptique est sublimée par ses décors grandioses. En attestent plus de 150 réalisations dont Toit, son dernier-né, et son prestigieux Belga Queen, fleuron de la belgitude. Ecce Homo !
Le Belga Queen, quelle est son histoire ?
C’est un endroit qui a une aura, tout un passé, une architecture, un décor. Au XVIIIe siècle, ce fut l’Hôtel de la Poste, le plus important du centre de Bruxelles, où ont séjourné notamment Victor Hugo, Rimbaud, Verlaine. Par après, le bâtiment est devenu une banque, le Crédit du Nord. Quant au Belga Queen que j’ai créé en 2002, il est à présent reconnu comme une maison prestigieuse dans le monde entier et est devenu la locomotive du centre-ville bruxellois.
En tant que porte-parole d’une quarantaine de restaurateurs belges, vous avez écrit une lettre ouverte aux pouvoirs publics pour les sensibiliser sur la situation de l’Horeca à Bruxelles. Avez-vous obtenu une réponse ?
Non, aucune ! Et la situation ne va pas s’améliorer en limitant la vitesse à 20 kilomètres à l’heure, en ajoutant des pistes cyclables partout, en imaginant des tricycles pour fournir les restaurants ! Ils sont en train de tuer Bruxelles !
(Cela fait peut-être parti d’un projet.. ?!)
La belgitude est-elle l’ingrédient principal du Belga Queen ?
Absolument ! Jusqu’à la carte des vins qui sont produits par des Belges installés partout dans le monde. Je fus le premier à promotionner la belgitude avec mes vins. Je ne suis pas belge d’origine mais je le suis dans ma tête ! Je suis arrivé du Portugal en Belgique à l’âge de 17 ans, et j’ai vécu à Liège, Anvers, Gand et Bruxelles où j’ai également réalisé des restaurants. Je connais probablement mieux le pays que la plupart des Belges. Il en va de même pour la gastronomie.
Pour se mettre en appétit, quelques-unes de vos spécialités ?
Nos succulentes croquettes aux crevettes ou au fromage Bellie de Gand et sirop de poire de Liège, le boulet sauce lapin (que personne ne connaissait il y a 18 ans à Bruxelles !), le véritable coucou de Malines rôti au four sur pain d’épices tartiné au sirop de poires, le foie gras au chocolat, la glace au cuberdon que j’ai créée à l’ouverture du Belga Queen.
En plus de vos spécialités belges, qu’est-ce qui distingue le Belga Queen ?
J’ai un magnifique écailler « à la Belge » avec des huîtres mais aussi des bulots chauds, des moules parquées à la sauce Marolles. On nous félicite souvent pour la perfection de la cuisson et pour l’assaisonnement des fruits de mer, des tourteaux, des homards !
Une nouveauté bien belge à la carte du Belga Queen à nous suggérer cet automne ?
L’oie à l’instar de Visé, légumes de saison braisés, pommes rissolées à la graisse d’oie. Un plat très ancien que j’ai revisité autrefois, lorsque je livrais mes recettes à la radio.
Quelle est votre philosophie culinaire ?
Chaque produit a un langage et chaque cuisinier doit connaître le langage de tel ou tel produit, sinon il ne peut pas dialoguer.
Vous avez à votre actif plus de 150 projets ? Quels sont ceux qui vous ont le plus marqués ?
C’est comme pour les enfants, ce sont les derniers qu’on aime « le plus ». « Toit » qui a vu le jour cet été à Braine-l’Alleud mais aussi le complexe « Sud Lisboa », un projet de 5.000 m2 à Lisbonne, qui affiche deux espaces distincts reliés par une passerelle, l’un dédié à la gastronomie, l’autre aux évènements.
J’ai un immense souvenir de « Pakhuis » à Gand, un projet sorti de terre et réalisé comme un marché du XIXe siècle. J’ai dessiné tout l’immeuble intérieur et extérieur avec la collaboration d’un architecte gantois. Les propriétaires actuels font croire que c’est un hangar d’époque et que Pinto a fait le décor à l’intérieur, alors que j’ai créé chaque détail…
L’architecture est-elle un exhausteur de goût axé sur l’expérience de nos cinq sens ?
C’est identique au décor d’une assiette ! Le décor d’un restaurant raffiné éveillera les sens, ensuite viendra la qualité du cuisinier, le choix des marchandises, l’assemblage des produits, le rythme que ça peut provoquer dans la bouche. La cuisine est une forme d’expression extraordinaire car tous les sens sont présents.
La cuisine et l’architecture d’intérieur et ont-elles des similitudes ?
Elles se ressemblent très fort, il faut avoir le même type de sensibilité. Tu fais ta mise en place, ta petite sauce. L’architecture d’intérieur, c’est comme construire un menu ou un plat sauf que la cuisine a une dimension en plus par l’odorat, le goût.
Où puisez-vous votre inspiration pour vos designs ?
Dans mon environnement. J’ai une mémoire visuelle incroyable et je suis très observateur. Dans « mon disque dur » très chargé, je trouve des choses qui s’adaptent au projet. Je dis toujours à mes collaborateurs : vous avez tout à côté de vous, il suffit de regarder !
Vous portez trois casquettes. Celle de peintre, celle de chef et celle d’architecte d’intérieur. Laquelle préférez-vous ?
Je suis un artiste avant tout ! J’ai fait cinq expositions en Belgique d’art conceptuel. Je fais de l’architecture d’intérieur, du design. Je dessine mes fauteuils et sculpte beaucoup d’objets que j’utilise dans mes décors.
Ma formation initiale est aux Beaux-Arts où j’ai appris à peindre. J’ai appris l’architecture d’intérieur avec un de mes professeurs avec lequel j’ai réalisé un de mes premiers restaurants « Le clou doré ». En 1980, j’ai été cité parmi les 100 meilleurs cuisiniers d’Europe et j’ai eu deux toques au Gault& Millau.
Quand j’ai ouvert mon bureau d’architecture, j’ai arrêté de travailler dans la cuisine même si je signe toujours ma carte. Je suis arrivé à la conclusion que si tu veux bien faire les choses, tu ne peux pas en faire deux à la fois. Aujourd’hui, je rêve de m’arrêter pour faire de la peinture. La boucle est bouclée !
NiiD crée une histoire qui vous ressemble
NiiD crée une histoire qui vous ressemble
Mots : Agnès Zamboni
Derrière le nom de NiiD, un couple professionnel d’architectes d’intérieur qui capte vos envies et vos besoins : Florence Vincent et Grégoire Beetz nous parlent d’architecture mais aussi de la ville qu’ils ont élue pour vivre et travailler, Namur, empreinte d’une belle qualité de vie.
Pourquoi NiiD ?
« Nous avons choisi un concept qui fait référence au cocon, dans sa consonance et son graphisme. Nous désirions aussi intégrer la notion de besoin (need en anglais) car toujours à l’écoute de nos maitres d’ouvrage. Nous œuvrons à l’harmonie des espaces et veillons à mettre en valeur l’âme et la beauté des lieux, notamment au travers de l’apport de lumière naturelle, des études d’éclairage, de l’acoustique, de l’équilibre entre les différents matériaux, des menuiseries intérieures, des couleurs. Ces éléments sont essentiels à la mise en scène de chaque espace. Nous accompagnons nos maîtres d’ouvrage, à chaque étape de leur projet de rénovation, d’extension ou de construction, que le projet soit partiel ou complet, tant dans le domaine privé, que dans le secteur commercial (Horeca , retail), médical, ainsi que dans le cadre d’aménagement de bureaux.
Quels parcours respectifs avant de vous associer ?
Florence : « J’ai étudié l’architecture d’intérieur et le design à l’école Saint-Luc de Bruxelles.
Puis j’ai eu envie de découvrir d’autres horizons et j’ai eu l’opportunité de partir à New York et de travailler dans un bureau d’architecture à Manhattan. De retour à Bruxelles, j’ai collaboré avec des agences renommées et me suis rapidement installée à mon compte.
Grégoire : « J’ai obtenu mon diplôme d’architecture intérieure & design au CAD à Bruxelles où j’ai également enseigné. Après mes études, j’ai passé une année de stage à Milan dans le bureau AMDL du designer et architecte, ‘’Michele De Lucchi’’. J’ai travaillé dans divers bureaux d’architecture, au Luxembourg et à Bruxelles, avant de m’installer à mon compte.
Comment est née votre agence ?
« Nous étions déjà amis. NiiD est né en 2012
d’une belle complicité, composée de tempéraments complémentaires. L‘émulsion de nos univers apporte à chaque projet une grande créativité. Kathleen, notre précieuse collaboratrice, intervient également dans l’élaboration de nos projets ».
Comment rester amis quand on travaille ensemble ?
« Le dialogue, c’est la clé pour régler les problèmes qui surgissent, inexorablement. L’écoute que nous offrons à nos clients, nous la pratiquons aussi l’un avec l’autre. Bienveillants, nous sommes embarqués dans le même bateau. Nous visons le même objectif et le sourire des maitres d’ouvrage à l’aboutissement de chaque projet ».
Pourquoi avoir choisi Namur ?
« Nous sommes tombés amoureux de Namur au travers de nos conjoints respectifs. Nous aimons cette ville qui est en pleine évolution. Notre jeune bourgmestre, Maxime Prévot, très dynamique et impliqué dans le développement notamment numérique de cette ville d’eau, a réveillé le Grognon, un quartier entre Sambre et Meuse, où se construisent des projets culturels, des restaurants, des salles de spectacles, des espaces détente … avec l’Enjambée, la passerelle cyclo-piétonne qui relie Namur à Jambes et atterrit au pied de la villa Balat. Le quartier des Casernes est également en plein chantier et prépare sa renaissance. »
Le Golf de Rougemont, une belle aventure ?
« En collaboration avec A2architectes, nous avons orchestré la rénovation totale du château et de son restaurant, en passant par la boutique, les vestiaires et les espaces pour les séminaires… Le chef étoilé Pierre Résimont y a installé l’un de ses restaurants, Le Green de l’Eau Vive, ouvert à tous, golfeurs ou non ! Quant au bâtiment, nous lui avons redonné son lustre d’antan. Nous avons mis en relief les éléments anciens et remarquables. Les touches contemporaines mettent en valeur la beauté originelle du manoir et composent des contrastes intéressants. Le resto offre une ambiance très feutrée car nous avons particulièrement travaillé l’acoustique. Et les vues à 180° sur la vallée de la Meuse.
Qu’avez-vous fait pendant le confinement ?
« Outre nous consacrer à nos 3 enfants respectifs, cette parenthèse nous a permis d’avancer à bureaux fermés sur nos projets. Le secteur de la construction étant à l’arrêt, nous gardions le contact avec nos clients par vidéo-conférences .
Comment s’est passée la reprise ?
« Notre métier a repris de plus belle. Nous avons ressenti très vite une grosse demande dans le secteur résidentiel. C’est compréhensible au regard de la situation qui a mis le focus sur nos lieux de vie, ses manques, ses possibles embellissements. La même réactivité a été ressentie dans tout le secteur.
Quelles nouvelles aventures dans vos dossiers ?
« Des projets insolites tel un gîte en pleine nature pour 30 personnes, la rénovation d’un manoir avec des cabanes en bois. Nous essayons de casser les codes du tourisme local, un secteur en pleine révolution. Nous travaillons également sur des projets à l’étranger, en Guadeloupe, des résidences secondaires en France (Côte Atlantique)…
Nous sommes impatients d’emménager dans nos nouveaux bureaux début décembre avec A2architectes. Nous avons entièrement rénové une superbe bâtisse de la fin du XVIIIème siècle, située en bord de Meuse, dans le quartier dit ‘’La Plante’’.
Frèreau, le nouveau projet des frangins Pani
Frèreau, le nouveau projet des frangins Pani
Mots : Servane Calmant
Photos : Anne Alexis
Ugo Pani, gérant des Jardins de Try Bara, s’est adjoint la complicité de son frère Luciano pour créer une nouvelle société, la bien nommée Frèreau. Leur objectif ? La construction de piscines sur mesure, harmonieusement couplée à l’aménagement approprié de leurs abords. Le all-in, la formule gagnante !
Depuis 40 ans, l’entreprise familiale lasnoise de Dominique Alexis rejoint par son beau-fils Ugo Pani, a imaginé et aménagé une kyrielle de terrasses, de chemins d’accès, de bordures, de murs et murets, de portails, de cloisons, de cabanes ! Moult poolhouses et abords de piscine aussi, mais aucune création de piscine n’est venue enrichir l’offre des Jardins de Try Bara. Jusqu’au jour où, le déclic…
« C’est le retour en Belgique de mon frère Luciano qui a précipité les choses. Après son périple en Nouvelle-Zélande, il n’avait aucunement l’intention de travailler dans un bureau ! (Rires). Pour ma part, en tant qu’architecte de jardin, j’ai souvent été frustré par la réalisation des abords de piscine, car l’intégration de la piscine à l’ensemble de la propriété n’était pas toujours harmonieuse, quand elle n’était pas carrément désaxée ! Nous nous sommes plus d’une fois arraché les cheveux, Dominique et moi, en concevant les abords d’une piscine existante. Etant un grand perfectionniste, j’étais devenu un grand frustré… », ironise Ugo Pani. Luciano, son frère, nous rappelle le contexte qui a également alimenté l’envie de créer Frèreau : « Depuis cinq années consécutives, la Belgique connaît des étés exceptionnellement chauds, et on note une augmentation du nombre de piscines dans les jardins. La crise du Covid-19 a également eu un impact positif pour le secteur. Si demain, les gens sont amenés à voyager moins ou moins loin, ils voudront profiter davantage de leur jardin et de leur piscine … »
Question d’harmonisation !
Ugo et Luciano lancent Frèreau, tout en préservant les activités des Jardins de Try Bara, évidemment ! « L’aménagement des abords d’une piscine fera toujours partie de l’offre des Jardins de Try Bara. Frèreau, en revanche, sera plus enclin à proposer un all-in piscine-abords parce que c’est, à nos yeux, le seul moyen d’avoir une véritable cohérence ! », nous confie Ugo, visiblement sur la même longueur d’onde que son frère. « Si l’espace piscine est un lieu de vie à part entière, alors il nécessite une vraie réflexion sur son implantation et sa composition harmonieuse avec le pourtour… », enchaîne Luciano.
L’autre atout du all-in piscine et ses abords saute aux yeux : Frèreau s’impose comme un interlocuteur unique, toujours à l’écoute du client et hyper réactif à tout changement de situation. Pas besoin d’être fin psychologue pour mesurer les avantages d’avoir un seul interlocuteur pour le gros œuvre et les finitions même dans les moindres détails ! Au fait, les frangins, la pente du terrain, est-ce un handicap, ou rien ne vous résiste ? « L’implantation d’une piscine est fonction du meilleur ensoleillement possible et de l’intimité par rapport au voisinage mais on analyse également la nature du sol et le dénivelé du terrain. La pente du terrain n’est pas un handicap, cela peut même aider à inscrire la piscine dans le paysage ! Frèreau a été appelé récemment pour aménager une piscine dans un vaste talus – un défi de génie civil que nous allons relever avec enthousiasme ! »
Si la satisfaction du client reste la marque de fabrique des Jardins de Try Bara, elle sera, de façon certaine, le moteur de Frèreau.
Rue du Try Bara 21 à Ohain
piscines@frereau.be
Clotilde Ancarani épate la galerie
Clotilde Ancarani épate la galerie
Mots : Marina Laurent
Photos : Mireille Roobaert
Tantôt sculptrice, tantôt peintre, Clotilde Ancarani est avant tout une artiste bruxelloise dont le talent ne cesse de se décliner, en ce compris sur de magnifiques pièces de mobilier. Si vous ne la connaissez pas encore, l’occasion vous est offerte de la découvrir lors de l’exposition qui lui est consacrée chez Arthus Gallery, Place du Châtelain, dès ce 1er octobre. En attendant, elle nous ouvre les portes de son splendide atelier, à un jet de pierre de l’ULB.
Belle, grande et distinguée, Clotilde nous accueille en cette matinée ensoleillée dans la cour qui borde l’entrée de la maison où elle travaille, entrepose et s’expose au regard des collectionneurs ou des professionnels qui déjà se passionnent pour elle. Au rez-de-chaussée de la maisonnée, des dizaines de sculptures patientent sous des peintures de grands formats de couleurs tantôt vives, tantôt sobres mais où toujours percole une touche de rouge. D’emblée, son allure fine tranche avec ses œuvres immenses. Le détail a son importance car c’est là que réside la clé pour comprendre l’essence de son travail, la contradiction ou l’opposition entre ses « sujets » – tous empreints de fragilité naturelle – et le traitement qu’elle leur impose en recourant à des matières lourdes, froides et âpres à travailler. A l’arrivée, une alchimie que l’on pourrait qualifier « d’oxymorienne » tant elle évoque la fragilité féminine du sujet perçue par nos yeux et la dureté et le poids masculins ressentie par nos mains. Symboliquement, ce n’est pourtant pas de l’homme et la femme dont il est question mais uniquement de cette dernière, celle avec un grand F, toutes ces femmes qui à la fois donnent la vie, construisent des carrières, des couples et des familles et qui, alors qu’elles paraissent plus fragiles que les hommes, se révèlent bien plus fortes qu’eux. Pas de revendication « féministe » encore moins conceptuelle derrière son travail, au contraire, Clotilde est une instinctive pour qui l’esthétique est capitale. Déambulant à présent entre les œuvres, elle déroule pour nous le fil de sa création, au départ des sculptures en forme de gouttes d’eau – inspirées par le ventre des femmes enceintes – avant de se lancer dans des « Robes » en bronze de toutes tailles et d’enchaîner ensuite sur des éventails. Plus tard, l’artiste ressentira le besoin de s’attaquer aussi à la peinture, une expression en 2D cette fois mais qui lui permettait de poursuivre plus loin son exploration de la couleur et de la lumière. Dans ses toiles, souvent de grand format, Clotilde Ancarani incorpore par petites touches des éléments naturels (sable, papier, bois, sciure…) et même des petits bouts d’elle-même, comme la dentelle de son propre voile de mariée ou celle de sa grand-mère.
Mais qui dit « femme » dit « vie » mais aussi « nature » et c’est ainsi que Clotilde Ancarani se lançait des années plus tard dans les motifs végétaux en s’accaparant tout d’abord une feuille de Ginkgo – l’arbre de vie- pierre angulaire d’un travail sculptural qui cette fois se déclinera en mode « fonctionnel », des tabourets, des tables mais aussi des luminaires et des chandeliers, qui s’enrichiront par la suite d’autres motifs tels les écorces, les branches, des papillons ou des oiseaux. Des œuvres utiles certes mais non moins sublimes et l’on reste coi devant les différents traitements qu’elle réserve au bronze, tantôt étincelant de mille feux, tantôt poli comme du vieux cuir de Russie, là aussi, Ancarani épate la galerie. Et si l’artiste milite pour un droit à vivre « au milieu du beau », pas question de se trahir pour autant, ses pièces sont créées en un nombre limité, 8 exemplaires maximum.
Après avoir été exposée au PAD ou au Design Miami Basel l’année dernière, Clotilde Ancarani exposera une cinquantaine d’œuvres à Bruxelles, l’occasion de découvrir ou redécouvrir cette artiste confirmée qui peint comme elle sculpte et sculpte comme elle peint.
www.ancarani.com
www.arthusgallery.com
Marc Corbiau
Rencontre sans filtre avec MARC CORBIAU
Mots : Nicolas De Bruyn
Cover : Christian Hagen
Il aime la matérialité, pourvu qu’elle ne soit pas arrogante ! Il aime la lumière, à condition de la sculpter. S’il construit des murs harmonieux, c’est avant tout pour que l’art s’expose, explose ! Rencontre avec Marc Corbiau, chef de file de l’architecture belge contemporaine, architecte préféré des collectionneurs d’art, lui-même grand amateur d’art contemporain.
Où puisez-vous votre inspiration ?
« Je suis né en aimant l’art. Et chaque rencontre m’a conforté dans cette voie. Je dois beaucoup à la famille Delville, des amateurs d’art contemporain, pour lesquels j’ai construit ma première maison en béton. Ils m’ont initié, ont formé mon goût pour l’art contemporain. Mes clients m’ont également ouvert l’esprit. Mes pairs évidemment : Le Corbusier, Ludwig Mies van der Rohe, Robert Mallet-Stevens. J’ai également été influencé par l’architecture moderniste des années 30 en Californie : Palm Springs était très inventive ! En Belgique, Jacques Dupuis, architecte borain d’après-guerre, avait un style inimitable, ses constructions étaient de la poésie condensée en matériaux … »
Les voyages forment l’homme…
« J’ai fait en effet de nombreux voyages initiatiques. Vu ce qu’il fallait voir. New York, la côte est des Etats- Unis, puis la côte ouest, Milan, l’Autriche, le Mexique de Luis Barragán et le Japon de Tadao Andō, son travail sur le béton, ses lignes radicales … Tous ces voyages ont nourri ma culture. Un architecte sans culture n’est pas un architecte complet ! »
Vous êtes un grand amoureux des jardins…
« Oui ! J’ai une grande connaissance des plantes, que je partage avec mes clients – le package est complet ! » (rire)
Bruxelles, ma belle ?
« Bruxelles est un trésor d’architecture ! Je suis très ému par l’architecture que l’on peut rencontrer dans le bas de la Capitale. En revanche, je suis atterré par la médiocrité que l’on peut y rencontrer ! Tous ces crépis blancs dans une ville hyper polluée – une aberration ! Et tous ces immeubles construits au rabais… J’ai construit deux immeubles avenue Louise. Le premier, en granit blanc. La plupart des granits jaunissent sous la pluie, or je voulais qu’il reste blanc. C’est un ami marbrier qui a déniché cette pierre rare qui fait toute l’élégance de l’immeuble … Toujours sur cette même avenue, j’ai rénové un immeuble des années 50 en un habitat élégant, en jouant sur des volumes en béton, en fonction de la disposition des appartements. La vérité extérieure exprime la vérité intérieure – il ne faut pas tricher ! »
« Aujourd’hui, de nombreux architectes jouent avec les matériaux et créent des collisions visuelles. La matérialité doit être présente, pas arrogante ! »
Qu’est-ce qu’une architecture réussie ?
« Celle qui procure une émotion, un sentiment de bien-être. Il faut privilégier l’harmonie des matériaux, et l’adéquation des matériaux à l’environnement de l’habitat, au paysage et à l’esprit du lieu. Je n’aime pas ce qui choque. Aujourd’hui, beaucoup d’architectes jouent avec les matériaux et créent des collisions visuelles. La maté- rialité doit être présente, pas arrogante ! »
Quand peut-on prétendre toucher à la perfection ?
« La perfection ? Il n’y en a pas ! C’est comme les religions, laquelle détient la vérité ? Et quelle vérité ? Les maisons que j’ai construites il y a 20 ans sont très belles, mais ce que je fais aujourd’hui est différent. La notion même de perfection – si elle devait exister – est toujours susceptible d’évoluer… »
Quel est votre rapport à la lumière ?
« Un habitat composé de quatre blocs de verre apporte trop de lumière – c’est désagréable, presque une agression pour les yeux ! De plus, c’est rarissime de trouver un terrain où tu as la paix, alors un jour, tu finis par mettre des stores et tu te retrouves dans un bocal fermé ! Mies van der Rohe a conçu la Farnsworth House en verre et en acier, mais elle est nichée dans un domaine boisé, et sa vocation a toujours été d’être une maison de week-end ! La lumière, c’est une matière, qui comme les autres matières, doit être travaillée, sculptée. Il faut trouver un bel équilibre entre le verre, le construit, les murs et la lumière. »
Ce qui fait courir Marc Corbiau ?
« Une recherche perpétuelle de l’harmonieux. Je suis féru d’art contemporain. Je crée des murs harmonieux, pour que l’art s’expose et explose. Les amoureux d’art le savent ! »
Son équipe ?
« Nous sommes quatre, c’est un petit bureau d’architecture mais très fusionnel. J’adore mon équipe. Sur base de mes croquis, Patrice Rossetti, mon Project Manager, est capable, en deux jours, de sortir ce que j’ai dans le ventre. Il dessine comme un dieu ! »
Quel regard portez-vous sur vos maisons ?
« Les gens qui habitent mes maisons sont de passage, les vrais propriétaires, c’est le temps. Et je suis assez fier de constater que mes maisons se vendent cher ! » (rire)
Le pire ennemi de l’architecte ?
« Son nombril ! Il faut s’en méfier ! »
Les multiples facettes de Charles Kaisin
Les multiples facettes de Charles Kaisin
Mots : Servane Calmant
Il expérimente l’espace, les formes et les matières. Il aime profondément l’humain, qu’il ambitionne de surprendre en l’invitant à vivre des expériences uniques. Il a réussi à développer sa singularité et à imposer sa créativité débordante au monde. Designer hyperactif, Charles Kaisin ne s’ennuie jamais. Son invité, non plus ! L’art, de toute évidence, est terriblement stimulant.
Charles Kaisin nous reçoit dans son loft bruxellois qui lui sert à la fois de lieu de vie et de travail, quelques jours avant son exposition Origami for Life au Kanal-Centre Pompidou. L’homme est exalté ! Son dernier projet est à peine bouclé, que le designer nous a déjà concoté une nouvelle surprise : un pop-up store habillé de 18.000 rouleaux de papier toilette ! A quoi carbure Charles Kaisin ? Au travail et à l’entraide.
Charles Kaisin est né à Devant-les-Bois, un hameau de la commune de Mettet, de parents extrêmement aimants, bien ancrés dans les valeurs de la terre, de la solidarité et de l’entraide. C’est l’éducation qui fait l’homme. Et les belles rencontres qui le nourrissent. Quand le jeune Charles Kaisin monte à Bruxelles, il est ce rat des champs qui découvre les rats des villes. « Je quittais le cocon familial, j’acquérais une vraie autonomie et j’assumais mon homosexualité… » Dans la vie, c’est important de bien se connaître, surtout quand, comme lui, on est un hyper actif qui a soif de connaissance.
Après des études d’architecture à Saint-Luc Bruxelles, Charles Kaisin se forme chez les meilleurs, chez le sculpteur britannique Tony Gragg, chez l’architecte français Jean Novel, chez le designer israélien Ron Arad. Autant de rencontres intéressantes, « stimulantes », il insiste sur ce mot. Il s’inscrit ensuite à l’université de Kyoto en section design où il apprend, notamment, la technique de l’origami. « Depuis la 2emoitié du 20e siècle, l’origami est inscrit comme cours obligatoire dans les écoles japonaises, pour apprendre aux jeunes la dextérité, la précision et le rapport à l’espace. »
Charles Kaisin va retenir la leçon, combiner origami et recyclage et créer deux assises iconiques, la Hairy Chair à partir de revues laminées par une déchiqueteuse de papier et le fameux K-Bench, un banc modulaire extensible qui se plie et se déplie au grès des envies de chacun, et qu’il a créé à partir du recyclage de journaux. Le designer belge aime également dessiner des objets fonctionnels (pour Val Saint Lambert, Royal Boch, Delvaux…) en interrogeant invariablement la matière, la forme, le processus créatif. Ce questionnement de l’objet, il le savoure, avec ses élèves de l’institut St-Luc à Bruxelles où il donne cours …
Comment Charles, l’hyperactif, a-t-il géré le confinement ? « Je n’ai pas décéléré pendant le confinement ! Enfin si, j’ai décéléré pendant 4 jours (rire), j’ai même appris à faire du pain au levain ! » Ensuite, Charles Kaisin se met à réfléchir à la manière dont il pourrait soutenir la recherche de traitements contre le Covid à Erasme. Fasciné par les plissages, il imagine Origami for life, une action artistique et participative où il invite tout un chacun à confectionner un origami, avec la promesse que les partenaires privés et quelques donateurs très généreux (un mécène, qui préfère garder l’anonymat, a sorti 20 000 euros de sa poche) verseront 5 euros à la Fondation Erasme, pour chaque origami envoyé…
25 personnes ont travaillé sur le projet Orgami for Life ! On connaît la suite : l’engouement du public est tel que Charles Kaisin reçoit… 18 000 origamis ! Il en espérait 10 000… Tous les visiteurs qui étaient présents les 13 et 14 juin derniers au Kanal-Centre Pompidou de Bruxelles, ont probablement ressenti à quel point Charles Kaisin aime vivre des expériences uniques, pour les partager avec autrui.
C’est cette quête de moments de vie exaltants qui nourrit également son concept de « dîners surréalistes » réservés, soyons honnête, à quelques happy few, collectionneurs privés, hommes d’affaires, têtes couronnées, … A chaque fois, des lieux prestigieux et/ou extravagants: la Banqueting House à Londres, le Palazzo Vecchio à Florence, le casino de Monte-Carlo en présence de la famille princière monégasque, les Bains de Bruxelles, mais aussi une rame de métro, un bois, une église, le toit d’un gratte-ciel … Derrière chaque plat, la signature d’un chef étoilé. Pour charpenter le tout, une thématique originale : l’utopie, le voyage, un poème de Baudelaire… Et pour l’effet waouw, une scénographie délicieusement affolante qui stimule les cinq sens ! Charles Kaisin y office comme metteur en scène, orchestrant chaque détail de la soirée, de la serviette de table aux costumes des serveurs, bluffant les convives, travaillant sans cesse l’excellence, exaltant le surréalisme si cher à son pays. « Même si je vis entre Bruxelles et Londres, je reste fier d’être Belge ! ». La bonne nouvelle qui clôture notre rencontre avec Charles Kaisin : la confirmation d’un « dîner surréaliste » à Bruxelles fin 2020 – début 2021 …
Vincent Van Duysen
Architecte belge parmi les plus influents et directeur artistique du géant du design Molteni & C, Vincent Van Duysen considère l’architecture et l’aménagement intérieur comme un tout. Acclamé sur la scène internationale comme une star, l’Anversois n’a pourtant que faire des strass et des paillettes. Au contraire, il revendique un art de vivre en harmonie avec le calme, le confort, la sensualité. En toute sérénité.
MOTS : NICOLAS DE BRUYN
PHOTOS : KOEN VAN DAMME
Il vaut mieux être simple et remarquable, que faux pour se faire remarquer ! Ce n’est pas Vincent Van Duysen qui nous contredira, lui qui retient de ses nombreux voyages, des rencontres fabuleuses avec des gens de peu qui ont pourtant pour eux l’essentiel : l’authenticité. Auteur de nombreux projets d’envergure en Belgique, à Londres, New York, Paris, Rome, Hong Kong, Vincent Van Duysen n’a jamais cessé de revendiquer son attachement à l’essentiel. « J’ai fait table rase de l’excessif, pour revenir à l’essentiel qui est source de tranquillité, de bien-être, de silence, de contemplation et d’interaction avec la nature… »
Se sentir bien chez soi, votre crédo ? « C’est essentiel d’identifier les besoins et désirs d’un client ! Qui est-il ? Pourquoi a-t-il fait appel à moi ? Ensuite, je façonne un lieu qui aide à se détacher de la surconsommation et de la pression de la vie. Les formes ne doivent pas créer d’obstruction dans l’espace. Quant aux matériaux, je les veux purs, dérivés de la nature, sensuels, texturés, expressifs ; des bois, des pierres, des peintures à base de chaux, des beaux tissus ou des textiles, pour créer des ambiances reposantes, inspirantes, sensuelles… »
« A l’ère de la surconsommation et du digital, j’aime cette idée de silence visuel ! »
Comment faites-vous parler les murs ? « C’est très physique ! J’aime la masse (la pierre, le béton, la brique) et le vide, et surtout leur juxtaposition ! Je commence toujours avec la masse, que j’évide pour architecturer des ouvertures et des espaces libres, qui sont autant d’axes visuels. La masse qui s’exprime de l’extérieur, se prolonge ensuite à l’intérieur, et devient des chambres et des espaces clos. Ce jeu de masse qui crée des surprises visuelles, est donc aussi très fonctionnel ! De surcroît, avec la masse, on se sent à l’abri, protéger. Et puis, il y a tout le plaisir de jouer avec les notions d’intérieur et d’extérieur, en fonction des envies de s’exposer ou non… »
Comment inspirer et être inspiré ? « C’est un processus sans limite. Tout m’inspire : un livre, un voyage, une rencontre, et mon équipe évidemment qui reste l’épicentre de la créativité »
Aujourd’hui, votre travail dépasse largement le cadre de l’architecture… « En effet ! Il y a trois ans, Molteni & C m’a demandé de dessiner leur stand au salon de Milan. Plutôt que de créer un showroom, je me suis inspiré des palais milanais avec leurs jardins secrets intérieurs où tous les espaces sont liés. Molteni était ravi ! C’est d’ailleurs après cette collaboration qu’ils m’ont proposé le poste de directeur artistique. J’ai pensé : mais que va faire un Belge chez Molteni & C, ce géant de l’ameublement de design, qui a travaillé avec les plus grands architectes, Aldo Rossi, Jean Nouvel, Tobia Scarpa ? La réponse est simple : j’y suis, et je fais même partie de la famille !
Comment envisage-t-on l’architecture et l’aménagement intérieur comme un tout ?
« Je crée des espaces pour que les gens y vivent ! Habitat et bien-être doivent être indissociables, l’architecture extérieure et le design intérieur aussi ! C’est un monde complet, Gesamtkunstwerk (l’art total), comme à l’époque du Bauhaus… »
En 2019, vous recevez le prix Henry van de Velde, sorte d’Oscar du design. C’est l’aboutissement d’un travail acharné ! « J’ai récolté les fruits d’un travail entamé il y a trente ans… Je suis fier, en tant que Belge, de voir mes projets également acclamés à l’étranger. J’espère continuer à inspirer le monde, tout en étant inspiré par lui… »
Un mot sur votre dernière réalisation, un vaste domaine viticole… « Un projet fabuleux ! J’ai été contacté en 2016 par l’entrepreneur Jan Van Lancker qui désirait cultiver du vin à Puurs, dans le Brabant flamand, pour y dessiner un chai. Je me suis inspiré de la typologie de la ferme flamande et de la linéarité des vignes, et je lui ai proposé un projet brutal et poétique à la fois, avec peu de matériaux, du béton, du bois teinté espresso, une toiture en bardage en bois, … A l’ère de la surconsommation et du digital, j’aime cette idée de silence visuel ! Jan a tout de suite accepté. Pour le mobilier, on a contacté De Belder Design, grand défenseur du mobilier brut, qui a épousé l’esprit du projet. Résultat : un bâtiment au caractère très terrien que les grains de lave utilisés pour tous les sols extérieurs contribuent à renforcer, avec une vue magnifique sur la nature. C’est plus qu’une exploitation viticole, c’est un lieu tranquille en communion avec son environnement, une vraie expérience sensorielle ! »
VINCENT VAN DUYSEN