Out of catalogues Livre d’art hybride
Out of catalogues
Livre d’art hybride
Mots : Olivia Roks
Photos : DR
Le collectif singulier Zaventem Ateliers, fondé par Lionel Jadot, a travaillé sur le fameux concept The Mix, l’ex-Royale Belge à Bruxelles. Un projet colossal prenant vie grâce à de nombreux talents. Cette énergie créative se retrouve désormais dans un bel ouvrage. Pour les esthètes curieux, les amateurs de design ou les amoureux de belles choses.
Lionel Jadot, vous signez un nouvel ouvrage mettant à l’honneur deux projets qui vous sont chers : Zaventem Ateliers et le Mix. Rappelez-nous le concept de Zaventem Ateliers… C’est un lieu que j’ai créé il y a cinq ans. Un espace de 6000m2 dans une ancienne usine de papier de la périphérie bruxelloise où j’ai mis en place un concept d’ateliers partagés rassemblés presque uniquement autour du collectible design. Le but était de « curater » l’espace, de sélectionner précisément chaque producteur, designer, qui nous rejoignait dans l’aventure afin de rassembler en quelque sorte l’excellence du design actuel. Zaventem Ateliers est avant tout un accélérateur, un lieu qui permet aux jeunes studios émergents d’accéder à une place plus importante, une meilleure visibilité sur le marché. On fonctionne par candidature. On recherche des profils différents, originaux, innovants, avec des spécificités variées. C’est une vraie communauté. Et cette année, nous sommes très fiers, nous avons gagné le Henry van de Velde Award.
L’autre projet qui vous est cher et qui tient une place à part entière dans le livre, c’est le Mix… Je rêve de ce bâtiment depuis que je suis petit. Il fallait qu’on donne tout pour ce projet extraordinaire. Je voulais vraiment proposer quelque chose d’unique. On a imaginé Realistic circle. Autrement dit, un projet de 25000m2 où l’idée était de pousser notre client, le Mix, à dépenser localement. L’idée était donc de sélectionner un nombre de designers, ceux de Zaventem Ateliers mais aussi 27 autres se situant à moins de 50 km de Bruxelles. On a créé le concept, le mood board, ensuite les designers ont eu carte blanche pour choisir leur espace d’expression et ce qu’ils souhaitaient en faire. Selon moi, le Mix est devenu aujourd’hui l’ambassade du collectible design en Belgique.
Et de ces deux projets naît un livre intitulé « Out of catalogues »… Oui, Out of catalogues reflète notre philosophie : ne pas travailler avec ce que l’on trouve dans les catalogues. Je ne sers jamais du tout cuit à mes clients, je réfléchis, je réinvente, je collabore, je souhaite toujours proposer quelque chose de différent. Hors catalogues, c’est aussi la marque de fabrique de Zaventem Ateliers, des ateliers uniques loin d’un marché classique ou tendance.
Que retrouve-t-on dans ce bel ouvrage ? On retrouve un panel de présentations des designers de Zaventem Ateliers. On y parle de chaque studio, de leur spécificité et de ce qu’ils ont réalisé pour le Mix. Ensuite vient un cahier de trente-cinq pages axées sur le Mix, avec beaucoup de photos, des focus sur chaque objet, sur les designers qui ont participé à l’aventure. Et le troisième volet de ce livre, ce sont des discussions ouvertes, croisées, entre différents designers de Zaventem Ateliers. Cette partie apporte une autre dimension, un échange plus intime.
Qui retrouve-t-on à l’écriture et derrière ces beaux clichés ? A l’écriture, c’est notre anthropologue maison ! Jérôme Hoppe ! Il a voulu faire sa thèse sur Zaventem Ateliers. ça fait quatre ans qu’il est avec nous, il connaît intimement bien notre communauté, chaque studio, chaque histoire, chaque anecdote, chaque drama. Il n’y avait que lui qui pouvait écrire ce livre. En combinant une vision globale analytique, sa présence continue et des entretiens tant informels que spécifiques, il brosse un tableau personnel qui se focalise sur la dimension humaine de l’équipée et nous emmène à la rencontre de la famille qui habite cette ancienne usine. Quant aux clichés, habités de l’intimité de la création, ils sont signés Stan Huaux et Jeremy Marchant. Pour mettre en forme ce livre d’art hybride écrit et photographié de l’intérieur : Juliette Amigues, graphiste et relieuse bibliophile.
Justement, esthétiquement, comment le décririez-vous ? L’idée était de réaliser un livre facile à prendre en main, avec une couverture souple. Quand on ouvre le livre, il tient à plat. La partie sur le Mix est en papier brillant, le reste en papier mat. La couverture rose reprend en impression gaufrée le plan de tous les ateliers.
Et chaque livre est en quelque sorte exclusif car il est accompagné d’un petit objet fait main… Tout à fait. On a réalisé 2000 marque-pages. Chaque exemplaire est accompagné d’un marque-page unique, fabriqué à la main par l’un des studios de Zaventem Ateliers, avec leurs outils et leurs gestes signature.
STEPHAN VANFLETEREN - « Parce qu’elle est immobile, la photographie apporte la paix de l’esprit »
STEPHAN VANFLETEREN
« Parce qu’elle est immobile, la photographie apporte la paix de l’esprit »
MOTS : SERVANE CALMANT
PHOTOS : STEPHAN VANFLETEREN
Atelier, c’est un huis clos intime où Stephan Vanfleteren, photographe multi récompensé, façonne la lumière du jour. Atelier, c’est également le titre de son nouveau livre, une monographie retraçant 12 ans de création dans son propre studio. Comment ce formidable artiste qui est né et qui a grandi sous un ciel de plomb belge, est-il arrivé à modeler la lumière ? Confidences.
Stephan, vous souvenez-vous de votre première photo ? Non, pas vraiment. Peut-être une photo de mon chat ou des dunes de Ostdunkerque où j’ai grandi. En revanche, je me souviens très bien du jour où mon père m’a offert son appareil photo, un Pentax Spotmatic. Je n’oublierai jamais le son de l’obturateur, envoûtant !
A vos débuts, aviez-vous un photo-graphe de référence ? Je pense à l’Américain Irving Penn pour l’intimité qu’il est parvenu à créer avec son modèle. Intimité que vous mettez également brillamment en lumière … J’ai en effet découvert le travail incommensurable et inégalable d’Irving Penn, pendant mes études. Et il ne m’a jamais quitté. Il reste une source d’inspiration, dans mon travail de photographe et dans la vie. J’ai failli faire le portrait de ce maître intemporel ; malheureusement, il est décédé peu de temps avant notre rencontre.
Comment arrivez-vous à créer ce cadre d’intimité avec vos modèles ? J’aime l’idée d’aller à la rencontre de l’autre et de créer un moment suspendu. Je m’y consacre entièrement, pleinement, avec beaucoup d’empathie également. Les modèles ressentent cet abandon, cette passion, et offrent souvent beaucoup en retour.
Pour Steve McCurry, il est important de photographier le monde tel qu’il est, donc en couleur. Vous, en revanche, vous avez rapidement opté pour une photographie en noir et blanc. Pourquoi ce choix ? La photographie ne montre jamais le monde tel qu’il est. C’est au photographe de choisir ce qu’il veut montrer ou ne pas montrer, et comment il veut le faire. Tel est le paradoxe de la photographie. Photographier, c’est forcément faire un choix. Et un choix, c’est subjectif. N’oubliez jamais que la photographie convertit un monde trimental en un monde bidimensionnel. On y perd beaucoup, mais on y gagne parfois plus. C’est le moyen ultime pour saisir l’immobi-
lité de la vie. Parce qu’elle est immobile, dans un monde dansant, vibrant et fou, une photographie apporte la paix de l’esprit.
Vous êtes né à Courtrai, et vous vivez aujourd’hui à Furnes, près de La Panne. En tant que Belge, un ciel plombé par la grisaille ou la pluie, vous connaissez ! La photographie de Stephan Vanfleteren aurait-elle été différente sous le soleil ? Le soleil est idéal… en vacances. Mais en tant que photographe, je préfère la lumière douce. « Avec un ciel si gris, qu’un canal s’est pendu » : Jacques Brel n’est jamais bien loin !
Vos photos reflètent une certaine mélancolie. Je me trompe ? Je place en effet beaucoup de mélancolie dans la photographie, pour pouvoir ensuite me sentir joyeux et décomplexé de l’être. La photographie me soulage de ma lourdeur mélancolique. C’est une bénédiction qui me permet de fonctionner dans ce monde.
Nouveau tournant dans votre carrière. En 2015, avec la série « Nature morte », vous décidez d’abandonner le monde extérieur pour travailler en atelier. « Atelier », c’est également le titre de votre nouvel ouvrage. Cet atelier, cet espace clos, est devenu le théâtre de nouvelles collections de photos. Parlez-moi de ce lieu et de la lumière envoûtante qui le pénètre… J’ai beaucoup voyagé dans le monde au cours de ma vie, mais depuis la pandémie, je me consacre pleinement à des sujets qui me tiennent à cœur. L’Atelier est l’un d’entre eux. Pour autant, je ne m’enferme pas dans mon petit monde. La grande contradiction, c’est qu’ici, dans le petit espace de mon atelier, je peux observer tout simplement comment la lumière évolue au cours de la journée et comment une saison naît ou prend fin. Quand la lumière, qui se trouve à 500 secondes du soleil, s’installe petit à petit dans mon atelier, c’est merveilleux. La lumière qui tombe contre les murs ou sur le sol est le terminus d’un long voyage. Jamais, je n’ai autant réfléchi à la lumière. Dans cet atelier, je me rends compte que le monde tourne autour du soleil et que nous sommes tout petits dans ce grand cosmos. Un constat qui permet de s’affranchir de son égo !
Comment apprivoisez-vous la lumière entrante ? Au fil des ans, je suis devenu plus habile pour trouver la lumière nécessaire à la réalisation d’un bon portrait. Mais la lumière ne se laisse jamais totalement apprivoiser. Elle reste parfois insaisissable. Tant mieux, car cela permet de ne jamais maîtriser la situation. La lumière du jour n’est pas un danseur classique prévisible mais un fantôme imprévisible.
Ce travail en atelier est-il le fruit d’une certaine maturité ? La maturité n’explique pas tout. Mon principal moteur, c’est l’envie, le désir, la curiosité. J’aime le changement, aller vers l’inconnu, prendre des risques. Je n’aurais pas pu, pas voulu, rester photographe de presse toute ma vie. Parfois, on me demande pourquoi je photographie une feuille séchée dans mon atelier. Ma réponse : car les choses simples sont les plus difficiles à saisir. Dans la vie également, la simplicité est souvent compliquée à atteindre.
Vous sentez-vous plus serein aujourd’hui qu’hier ? Non. Je ne suis plus l’homme que j’étais à 22 ans ; au-
jourd’hui, à 54 ans, j’ai besoin de porter des lunettes et j’ai parfois mal au dos.(rire). J’ai toujours réalisé ce que je souhaitais faire au moment où je le faisais. Aucun regret. Désormais, je travaille moins la vitesse d’obturation, c’est vrai. Je m’adapte, j’évolue. Dans mon travail et dans ma vie.
La série « Nature morte » présente dans votre livre, se rattache à la tradition d’un Rembrandt, notamment … Est-ce une référence pleinement consciente ? Bien sûr, je connais la lumière des vieux maîtres. Pas seulement Rembrandt ou Vermeer, mais aussi Irving Penn ou Paolo Roversi. Cette lumière est universelle et intemporelle. C’est dans cette tradition que je m’inscris. Cette « vieille lumière », elle me fascine et me séduit.
Cette série, « Nature morte » donne à voir des corps d’animaux morts. Quel est votre rapport à la mort ? Je n’ai aucun tabou concernant la mort. Plus nous approchons de la mort, plus nous réalisons que la vie est précieuse, fragile et si extraordinaire. Malheureusement, les gens en prennent souvent conscience lorsqu’ils tombent gravement malades. J’essaie de contourner ce problème et de regarder la mort droit dans les yeux. Mes Natures Mortes ne sont pas une glorification de la mort, au contraire, elles sont un hommage à la vie !
Combien d’heures intenses passez-vous dans votre atelier à attendre une lumière parfaite à vos yeux ? Tant que le modèle dans la lumière le permet. Je suis un chercheur et j’ai un esprit douteur, alors quand on m’offre du temps, je le saisis jusqu’à pleine satisfaction. L’attente n’occasionne aucune lassitude ; en revanche, après la séance photo, la fatigue s’abat sur moi comme un lourd manteau. Bah, cela me permet de bien dormir !
Atelier, le livre, retrace 12 ans de création. Y figurent notamment les séries Nature Morte, Corpus, ainsi que des portraits de personnalités connues du monde de la musique ou du cinéma (Arno, Warren Ellis, Rutger Hauer, Gregory Porter, Mads Mikkelsen, Terry Gilliam, Matthias Schoenaerts, etc.). Une singularité m’intrigue : la main de Nick Cave…Je suis un grand fan de Nick Cave. Je connais un peu Warren Ellis, son ami et âme sœur musicale. Quand Nick Cave est en tournée, il refuse de se laisser photographier. Et c’était le cas. Alors, j’ai demandé à photographier sa seule main droite… « The Red Right Hand » de Cave est emblématique. J’aime les choses atypiques. Un visage parle. Une main aussi. À moi de la saisir avec mon œil et mon objectif.
Y’en aura-t-il une expo en Belgique à l’issue du livre ? Une exposition inti-tulée « Nature morte/Still Life » a lieu à Paris, à la Galerie Rabouan Moussion, jusqu’au 31 décembre. En Belgique, rien n’est encore prévu. Si quelqu’un connaît un espace d’expo formidable en Wallonie ou à Bruxelles, qu’il n’hésite pas à m’appeler. Expo et livre dégagent deux énergies différentes. Le livre a sa propre vie, il se suffit à lui-même. Je crois en la puissance des pages, au rythme propre au livre, à l’intensité au coeur de la relation auteur-lecteur.
Atelier, monographie,
Editions Hannibal Books
Xavier Lust - Design d’excellence
Xavier Lust
Design d’excellence
Mots : Olivia Roks
Photos : DR
Xavier Lust fait partie des noms qui comptent dans l’univers du design international. Au fil de ses réalisations, l’homme s’approprie encore et toujours la matière pour donner vie à des pièces de mobilier hors du commun où performance, équilibre, innovation et durabilité coexistent. Rencontre avec ce génie du design.
Diplômé architecte d’intérieur de l’Institut St Luc en 1992, vous êtes devenu une pointure du design, un Belge réputé à l’international. Rappelez-nous vos débuts ? Durant mes études j’avais déjà créé quelques mobiliers dont un paravent qui a été acheté quelques années après par l’équipe Ralph Lauren Home, un de mes premiers succès. J’ai débuté en faisant de l’auto-édition, j’avais un accord avec Tradix (qui importait de grandes marques italiennes) qui a pris en collection mes objets que je livrais par vingt pièces : étagères, tables, miroirs pivotants. Même si j’ai appris énormément d’aspects du design qu’on n’apprend pas à l’école, je reproduisais à chaque fois les mêmes modèles, j’avais envie de changement. En 1999, seul devant ma table, une idée incroyable m’est venue : le pliage 3D du métal. L’usine anversoise avec qui je travaillais a réussi à mettre en application mon idée. Chaises et bancs sont nés. Ensuite, en 2000, j’ai voulu faire le salon Satellite à Milan, j’y ai emmené mes plus beaux projets et sans le savoir, j’ai fait le buzz. J’ai rencontré de grands éditeurs dont MDF Italia a voulu mon banc en métal déformé. Et de fil en aiguille, j’ai dessiné beaucoup de projets pour de belles marques très inspirantes : Driade, De Padova…
Très polyvalent, vous avez également exploré le design pour tous avec du mobilier urbain à Bruxelles… Oui, en 2006 on m’appelle pour réaliser du mobilier urbain à Bruxelles. J’ai fait des bancs pour le Mont des Arts (ndlr : presque tous volé entre-temps). J’ai aussi remporté le concours pour créer de nouveaux abris de bus dans la capitale. Douze ans plus tard, il n’y en a toujours pas un qui ait été exposé… Le service public est compliqué et incompétent… Aujourd’hui, évidemment, cet abri imagi-né n’est plus dans les normes mais je n’aurais aucun problème à recommencer le projet. Ca me tient vraiment à cœur. C’est dommage, c’est une grande frustration pour moi. Vous savez, des projets comme cela dans une ville, ça donne une identité, ça tire la ville vers le haut. C’est très important.
Quelle est votre vision du design ? Ma motivation est réellement, à chaque fois, de proposer un projet qui n’a pas de référent, j’aime créer des pièces complètement nouvelles, novatrices dans tous les sens du terme : usage, forme, production, etc.
Et de plus en plus, vous vous tournez vers « l’art design »… Comment décririez-vous cette pratique ? C’est important de différencier le design et l’art design. Le design c’est faire des projets en relation avec la production industrielle. Ce sont des réalisations en grande quantité, une production industrielle où tous les coûts sont analysés et maîtrisés. La chaise Thonet Cabaret par exemple. Le collectible design (ou art design), à l’opposé, est un retour à l’artisanat, à ce qu’il se passait avant le design, avec des pièces en petite quantité. Ici, les aspects environnementaux sont aussi pris en compte. L’art design m’a permis de retrouver le toucher, le retour à des choses plus matérielles, plus manuelles, c’est très inspirant. De plus, on n’est pas contraint à un budget, je n’ai aucune limite dans les matériaux, la technologie… Aujourd’hui je ne fais presque plus que de l’art design. Le public, plus niche certes, recherche également cela, des pièces uniques. C’est aussi pour moi une forme d’excellence, une quête d’absolu.
Vous avez des matières de prédilections, certaines plus utilisées que d’autres ? Je suis contre le plastique et toutes les matières qui n’ont pas la possibilité d’être recyclées. J’affectionne donc les matières durables, le métal, le verre, le cuir, la pierre, le marbre, des matériaux qui peuvent être totalement recyclés. Même si mes pièces n’ont pas la visée d’être recyclées (rires), ça a toujours été important pour moi. Elles traversent le temps, elles peuvent être transmises. Leur provenance m’importe aussi, tout est fait uniquement en Europe, en Belgique, en Allemagne, en Italie…
Le temps file ! Avant de se quitter, parlons de vos nouvelles réalisations ! Il y a trois nouvelles collections. « The Alchemist Bar », un bar à l’aspect or, fabriqué en panneaux de bois dans l’esprit d’un meuble à secret puisque son ouverture réserve quelques surprises. L’intérieur illuminé permet de découvrir un univers invitant à la préparation d’un cocktail. Dans le même esprit, « The Alchemist Cabinet », la commode, décline les mêmes codes pour une utilisation plus traditionnelle. Ensuite, il y a la collection de lampes « Experiment » qui ramène au travail de laboratoire puisqu’elles sont fabriquées à base des éléments en pyrex standard. Ma démarche est autre ici, elle se limite volontairement à combiner les éléments du catalogue de verrerie entre eux.
Enfin, la troisième collection, ce sont les tables d’appoint « Smoke ». Leur pied est une panache de fumée, une inspiration dramatique liée au monde d’aujourd’hui : les guerres, la détresse environnementale… Ces tables d’appoint sont imprimés en 3D, en métal. Et en 2024, d’autres surprises arrivent bien entendu !
Hôtel van Eetvelde - Le retour de Victor Horta
Hôtel van Eetvelde
Le retour de Victor Horta
Mots : Olivia Roks
Photos : Luc Viatour
Bruxelles se dévoile comme la capitale de l’Art nouveau en 2023 avec entre autres comme actualité l’ouverture au public de l’étonnant Hôtel van Eetvelde signé Victor Horta. En prime, un espace de promotion de l’Art nouveau, le LAB.AN s’y est aussi implanté. Avis aux amoureux de ce style artistique.
En 1900, alors que la révolution industrielle bat son plein, Bruxelles est le terrain d’expérimentations d’un style subversif : l’Art nouveau. Un style ? Non, un état d’esprit et une foi insatiable dans la modernité. La Belgique et surtout Bruxelles occupent une place particulière dans l’histoire de ce style souvent peu considéré qui a été redécouvert dans les années 1970 et qui a finalement regagné ses lettres de noblesse. Parmi les fleurons de l’Art nouveau, l’ouverture récente de l’Hôtel van Eetvelde, conçu selon les dires de Victor Horta lui-même comme étant « le plus audacieux qu’il ait fait jusque-là ». Rencontre avec Hortense de Ghellinck coordinatrice au sein du LAB.AN et de l’Hôtel van Eetvelde.
Rappelez-nous l’origine historique de cette demeure ? Edmond van Eetvelde achète le bâtiment en 1895. Il a des fonctions de plus en plus importantes auprès de Léopold II et finit par être ministre du Congo. Ses besoins de réception grandissants, il a développé cette maison, conçue par Victor Horta, avec comme inspiration l’Art nouveau, une nouveauté fascinante à ses yeux. Ensuite la maison revient à son fils, puis à la famille d’Antoine Pouppez de Kettenis et enfin, de 1950 à aujourd’hui, à la Fédération des Industries du gaz.
Dans quel cadre la restauration de cet Hôtel a eu lieu ? Une première restauration a eu lieu en 1988 et une seconde en 2000. Le bâtiment était occupé par des locataires membres de la fédération. Le Covid est passé par là, l’idée de restaurer était déjà dans les esprits, mais cela a accéléré les démarches. Ce bâtiment, étant classé, a eu droit à des subsides, et dans les négociations, l’Hôtel, bien privé, peut être visité par le public durant cinq ans.
Une demeure signée Victor Horta. On dit que cela serait une de ses créations les plus abouties, comment expliquez-vous cela ? C’est une demeure incroyable située dans le quartier des Squares à Schaerbeek. On pourrait passer trois heures à la visiter. Rien que sa façade rideau métallique est exceptionnelle, elle est la seule existante au monde. Tout est extrêmement bien pensé, il n’y a pas un centimètre qui est perdu. L’organisation des espaces et des circulations est subtile, chaque pièce est pensée dans les moindres détails. La verrière est l’une des plus belles de la ville esthétiquement parlant mais d’un point de vue technique aussi. Le système de ventilation, naturel, est aussi très ingénieux pour l’époque. Tout se mêle parfaitement. Le génie Victor Horta a réussi à traiter l’architecture et la décoration comme un tout, atteignant un sens de l’unité extraordinaire grâce à la conception minutieuse du moindre détail du bâtiment, depuis la poignée de porte ou la sonnette, jusqu’à la moindre pièce de mobilier de chaque pièce.
Avant de se quitter, quelques mots sur le LAB·AN qui se trouve au sein même de l’Hôtel van Eetvelde ? Dans le cadre de l’année Art nouveau et l’ouverture de ce bâtiment au public, nous avons créé un centre d’interprétation et de promotion de l’Art nouveau. Les visiteurs peuvent y découvrir une exposition présentant les caractéristiques principales de ce courant. L’objectif est d’en faire un lieu de dialogues avec la création contemporaine, mais aussi un espace de recherches et de débats. L’un des objectifs fondamentaux est la création d’un espace qui valorise et met en relation les partenaires et bâtiments de ce style existants à Bruxelles, en Belgique et en Europe. Une sorte d’émulation positive permettant de faire rayonner Bruxelles, la Belgique et l’Art nouveau dans le paysage culturel national et international.
3 questions à Katrien Mestdagh, directrice et maître verrière
L’un des éléments étonnants de l’Hôtel van Eetvelde est la fameuse coupole. Qu’est-ce qui la rend extraordinaire ? Il est très rare qu’une coupole de cette époque soit à ce point préservée. Ici, la plupart des vitraux sont d’origine. Il faut aussi souligner le caractère exceptionnel de la structure de ses vitraux et la manière dont ils épousent la courbe de cette coupole. C’est un travail extrêmement difficile à réaliser actuellement car il exige une très grande maîtrise de la part des concepteurs et des artisans. Cette prouesse technique la rend aussi exceptionnelle !
Quels ont été les défis les plus techniques ? Le démontage des vitraux car personne ne savait exactement comment ils avaient été placés. Cela s’est plutôt bien passé, bien mieux que ce que nous avions prévu, car les vitraux étaient en bon état. Un autre défi pour ce type de restauration de chefs-d’œuvre, consiste à trouver le verre le plus adéquat pour remplacer les pièces cassées ou manquantes car les verres fabriqués à l’époque sont désormais introuvables. Notre alternative consiste à juxtaposer deux types de verre afin qu’on ne voie pas de différence entre les originaux et les autres.
Et la plus belle surprise ? L’une des étapes les plus agréables a été le nettoyage, car les vitraux étaient opaques et jaunes. En les nettoyant, nous avons constaté qu’ils étaient imprégnés de nicotine. Le verre est apparu d’un blanc éclatant, presque bleu.
Julien Renault - Designer de l’année
Julien Renault
Designer de l’année
Mots : Olivia Roks
Photos : DR
Le designer pluridisciplinaire Julien Renault, Belge d’adoption, a décroché le prestigieux titre de Designer de l’année 2023. Son travail, à la croisée des chemins entre le design artistique et le design industriel, reconnu par de grands noms du secteur, est récompensé avec mérite. Mais qui est-il ?
Remontons le temps, comment vous êtes-vous épris d’amour pour le design ? Déjà tout jeune j’adorais bricoler avec mon père. L’envie de faire des choses c’est aussi comprendre comment elles sont fabriquées et finalement, c’est la base du design. De fil en aiguille, je me suis retrouvé à l’Ecole des Beaux-Arts de Reims qui avait une section design, j’ai poursuivi avec un stage à Paris chez les frères Bouroullec et ensuite un Erasmus en Suisse à l’ECAL à Lausanne. C’est une école très réputée, industrielle, professionnalisante. Cette rigueur était nécessaire à mon parcours. J’ai donc cette approche du design artistique, sensible et libre mais aussi le besoin de faire un design vrai, un design du quotidien. Mon cursus scolaire a véritablement fait qui je suis aujourd’hui, un designer je pense, assez complet. Après la Suisse, je me suis installé en 2009 en Belgique auprès de ma compagne belge. Un pays que j’adore. Et en 2015, je fondais mon studio.
Un studio où vous créez des objets simples, où leur beauté se découvre dans les détails. Comment décririez-vous votre design ? Difficile car chaque projet est différent. La marque, le matériau diffèrent. Je fais avant tout des choses qui me plaisent. On me dit parfois minimaliste, parfois simple… Sans le vouloir, mes créations s’axent tout de même autour d’une ligne conductrice. Je dirais que mes réalisations ont une logique, elles sont bien faites, compréhensives immédiatement, lisibles…
Justement, un objet réussi pour vous c’est… Un objet que je vais retrouver dans vingt ou trente ans, toujours en production, toujours d’actualité. Un objet qui a du caractère, qu’on a envie de garder, qu’on s’approprie, qu’on transmet, qui ne s’est pas démodé, qui perdure après les années.
Vous êtes un designer pluridisciplinaire, vous réalisez aussi des intérieurs, vous êtes photographe mais aussi directeur créatif de Kewlox. C’est important pour vous de multiplier les casquettes ? Quand on est designer, on est aussi artiste donc toutes ces situations variées inspirent mais nous alimentent également, le métier de designer n’est pas toujours facile. C’est important de multiplier les casquettes pour réussir, pour avoir un travail consistant, mature. J’essaie que mes autres activités sur le côté nourrissent bien sûr mon design.
Qu’est-ce qui vous inspire au quotidien ? Inconsciemment, je suis constamment dans l’observation, au quotidien, où que je sois. J’adore les objets du quotidien, je suis également photo-graphe et la photographie m’inspire tout comme l’architecture. La collection Pastis a été par exemple directement inspirée de l’architecture, j’ai imaginé un grand café de gare. Cette collection devait s’inscrire dans une atmosphère très précise. Quand je voyage, j’aime me rendre dans des bibliothèques et rechercher de vieux livres, des pépites inspirantes. J’essaie d’avoir une culture du design large, de plus en plus pointue. Je suis davantage tourné vers le passé que le design contemporain.
Une collaboration, une collection qui vous a marquée ? Ma relation avec Kewlox, une marque connue de tous, est géniale. Faire partie de ce renouveau, les aider à faire renaître la marque, revenir à l’essence du produit, c’était un magnifique challenge à relever. Ensuite, indéniablement, ma relation avec Hay. Le lancement de la collection ‘Pastis’ l’année dernière pour cette marque a changé ma vie. Hay est une marque respectée, incontournable, réputée. Un beau tremplin, un tournant dans ma carrière.
Vous venez de remporter le prix de Designer de l’année, qu’est-ce que ce prix représente pour vous ? Ce que j’apprécie tout particulièrement c’est que ce n’est pas un prix auquel on participe. On ne s’y attend donc pas. Ce prix c’est la reconnaissance d’un travail de plus de quinze ans, un métier de patience, loin d’être facile. Ensuite, c’est aussi sympa pour mes clients qui ont parié sur moi, ça montre peut-être qu’ils ont fait le bon choix. Et plus personnellement, cela me permet aussi de prendre du recul, de penser, de regarder ces créations passées et de faire en quelque sorte un petit bilan…
Et c’est loin d’être fini ! Vous nous réservez encore de belles surprises à venir ? Un canapé réalisé pour la marque portugaise Mor design vient de sortir sur le marché. Ensuite, une nouvelle collaboration avec Hay arrivera dans les alentours du mois de juin. Ce sera une collection de luminaires mais je ne peux pas encore vous en dire davantage. Et d’autres projets sont en cours, à suivre…
Pour finir, un projet dont vous rêveriez ? Je suis sûr que l’avenir me réserve de belles choses mais le projet ultime serait de faire sa propre maison, la dessiner… Un sacré challenge !
L’harmonie selon Hélène Van Marcke
L’harmonie selon Hélène Van Marcke
Mots : Olivia Roks
Photos : Cafeine
Inspirés par le contexte historique et architectural du bâtiment, Hélène Van Marcke et son équipe abordent chaque projet en fonction de la personnalité et du style de vie du client pour un résultat sur mesure, fonctionnel et harmonieux. Des intérieurs élégants et intemporels qui traversent les années sans prendre une ride.
Coup de cœur pour vos intérieurs ! Comment vous êtes-vous éprise d’amour pour l’architecture d’intérieure ? Ma mère est très créative, elle a toujours eu un amour fou pour l’architecture, les décors, les beaux intérieurs, elle a un goût évident pour le beau. On a toujours aussi beaucoup voyagé. Cela a certainement ouvert mon esprit. Dans un petit carnet d’enfant, j’avais déjà écrit que je voulais être vétérinaire, architecte ou architecte d’intérieur. Et des années plus tard, me voilà à suivre des études d’architecture d’intérieur et de design au CAD à Bruxelles. Plusieurs stages intéressants ont ponctué mon parcours, un à Anvers chez Claire Bataille, un studio à l’époque de grands minimalistes belges et pour mon dernier stage, je suis allée à Paris chez Charlotte Perelman (Studio CMP). Là-bas, j’ai eu très vite beaucoup de responsabilités. J’ai terminé mes études, elle m’a proposé du travail et je suis partie vivre à Paris. De fil en aiguille, j’ai eu mes propres projets et j’ai lancé mon bureau en 2014, je travaillais alors entre la France et la Belgique. En 2017, je quitte la Ville lumière pour la Belgique et j’installe mon bureau à Gand.
Comment vous êtes-vous faite connaître en Belgique après des années à Paris ? Le bouche-à-oreille, les clients satisfaits qui parlent autour d’eux. Mais travailler à Paris a beaucoup boosté ma réputation. Plus exotique peut-être, plus tendance ? En tout cas, les gens voyaient que j’avais de beaux projets, une belle clientèle, des projets publiés dans des magazines… Paris était attrayant.
Comment décririez-vous votre univers ? C’est difficile à dire car nous nous adaptons au projet et au client. On a certains codes mais c’est particulièrement la philosophie de notre dessin qui fait notre patte. On analyse le lieu, la ville, l’architecture, l’histoire et l’origine de la maison et ensuite on essaie de la réinterpréter d’une manière contemporaine. Soit on utilise des volumes, des formes, des détails d’époque qu’on combine avec des matériaux ou des couleurs plus au goût du jour ou l’inverse, des matériaux anciens qu’on réveille avec formes plus contemporaines, des détails minimalistes. La cohérence et l’équilibre sont essentiels. On s’inspire aussi bien entendu du client, de la garçonnière à la maison conviviale, l’idée demeure très différente. A chaque fois on dessine autre chose et c’est ce qui me plait ! Mais quoiqu’il arrive on tente d’uniformiser, de viser la cohérence d’un espace à l’autre avec une simplicité des couleurs et des matières entre autres.
Mais des inspirations guident tout de même vos projets ? Bien entendu, le client reste notre première inspiration avec le lieu et son histoire. J’aime également me plonger dans d’anciens livres, comme les livres d’architecture Domus où les dessins et les photos sont riches. J’ai aussi un amour fou de l’Art déco, c’est ma prédilection personnelle, donc parfois, dans certains détails, on retrouve cette passion. Ma maison est ultra Art déco par exemple, mais c’est mon goût personnel. Mon mentor, Georges van Rijk, m’a tout appris, il a été une vraie source d’inspiration. Je l’ai connu très jeune et à cet âge on est très influençable. Il détenait beaucoup de mobilier Art déco et on regardait ce film, Métropolis, directement inspiré de ce mouvement. Quand je voyage, j’observe aussi beaucoup, mais attention, beaucoup d’architectures et de styles n’ont rien à faire chez nous. Le copier-coller déco repéré en vacances ne fonctionne que rarement ici.
Et des matières, certaines vous parlent plus que d’autres ? J’ai une prédilection pour le plâtre, l’acier rouillé (acier corten) avec sa patine exceptionnelle, j’aime aussi les marbres veinés, les pierres naturelles et les beaux carrelages artisanaux dignes de vraies fresques.
L’intérieur réussi pour vous c’est… Une harmonie, trouver une certaine paix, visuellement mais aussi pour la personne qui habite le lieu. Il faut que tout vive bien ensemble. Autrement dit, un joyeux mélange de styles.
A contrario, une grosse erreur que vous ne supportez pas en architecture d’intérieur ? Je suis maniaque sur plein de détails… Les beaux carrelages coupés par exemple mais plus encore le manque de respect de l’architecture d’une maison. Il est essentiel de tenir compte du lieu et de son histoire, c’est important d’embellir un espace mais de ne pas le dénaturer.
Pour nos lecteurs, une tendance à adopter cet automne-hiver ? Je ne tiens pas compte des tendances… Je ne les suis pas, je les évite. Mais je dois avouer que j’aime ce retour aux années 70 avec par exemple l’inox très sophistiqué, la moquette brune, les fauteuils bruns, les miroirs teintés…
Pour terminer en beauté, un projet que vous rêveriez de faire ? Rénover des écuries ! Les selleries, les détails des boxes, des portes, des pistes… Je pense aux écuries de Luis Barragan au Mexique ou encore les fincas en Andalousie avec leurs charmantes écuries.
Le savoir-faire Bulo - 60 ans d’expertise
Le savoir-faire Bulo
60 ans d’expertise
Mots : Olivia Roks
Photos : DR
Visa, Chanel, Hermes ou encore Cos sont certains de leurs clients. L’entreprise familiale belge Bulo, reconnue pour son mobilier de qualité adressé au secteur du travail et de l’environnement domestique, souffle ses 60 bougies. Pour l’occasion, elle s’offre une nouvelle collaboration avec l’incontournable Vincent Van Duysen.
Carlo Busschop, vous êtes Directeur, troisième génération chez Bulo, quelle est l’histoire de la marque belge ? Mon grand-père, Walter Busschop, a commencé il y a soixante ans près d’Anvers avec un caisson en métal adapté plutôt aux églises ou aux hôpitaux. Ensuite, on a déménagé à Malines. C’est réellement dix ans après la création de l’entreprise que notre corps business est devenu le mobilier de bureau, l’ « office ». Mon père a repris la société et a développé l’export tout en appréciant travailler avec des designers renommés comme Claire Bataille et Paul Ibens ou encore Vincent Van Duysen. Aujourd’hui, je suis à la tête de l’entreprise depuis quatre ans.
Soixante ans plus tard, l’entreprise est toujours là, qu’est ce qui fait votre succès, votre longévité ? L’une des grandes forces de l’ADN Bulo est de produire et développer des collections intemporelles. Certaines collections sont là depuis trente ans, elles existent toujours et elles sont même devenues des must de la marque. La collection H2O est un bel exemple, créée en 1994, elle reste un de nos bestsellers, tant sa qualité que son design traversent les années sans vieillir. De plus, notre production se fait en grande partie en Belgique, avec un savoir-faire et une qualité exceptionnelle. Cela devient rare. Nous faisons également beaucoup de sur mesure pour correspondre à la demande du client et trouver une solution adéquate. Enfin, nous sommes une entreprise familiale, on se connait tous, les liens sont directs et les décisions courtes.
Vous tentez de vous développer à l’international ? Oui, de plus en plus, en Europe mais aussi à l’étranger. Les États-Unis sont un marché très important pour nous. Au printemps, Bulo ouvrira un showroom à Chicago. C’est un énorme marché avec beaucoup de potentiel et de volume. Quand on entame un grand projet en Belgique, on parle de cent postes de travail, là-bas on parle tout de suite de mille postes…
Quel est le produit qui reflète le mieux Bulo ? La collection H2O, une table qui a fêté ses trente ans l’année dernière, elle reste contemporaine au fil des époques. Mais aussi la chaise SL 58 de Léon Stynen qui a été créée pour l’expo 58. Elle magnifique, organique, en bois ou en tissu.
Percevez-vous une évolution du bureau dans le milieu privé et professionnel ? Les bureaux dans l’espace professionnel deviennent très qualitatifs. Il faut attirer et séduire le travailleur qui a pris l’habitude de travailler chez lui. Aujourd’hui, le bureau a un autre but, cela devient un point de contact, une zone de rencontre, de création, de magnifiques lounge area ou coffee corner voient par exemple le jour. Le bureau est devenu plus important qu’avant, il doit être attractif pour attirer ! On retrouve des couleurs tendres, claires, des matières douces, durables… A la maison, le bureau prend aussi plus d’importance, il est plus grand, plus innovant. Il devient une pièce à part entière. On délaisse la forme rectangulaire classique pour une silhouette plus organique.
Un anniversaire, ça se célèbre… Vous vous entourez une nouvelle fois de Vincent Van Duysen. On était une des premières marques à travailler avec Vincent Van Duysen. On collabore donc une nouvelle fois ensemble pour nos 60 ans avec une variante de la chaise Bistro, la chaise VVD Bistro Monocolor. Son rapport qualité-prix est exceptionnel et les couleurs sont belles, très douces, elle est en polypropylène recyclé et donc durable. Et l’année prochaine, une nouvelle collection en partenariat avec Vincent verra aussi le jour !
L’univers du bureau avecVincent Van Duysen ?
Quel est votre lien avec Bulo ? Nous travaillons avec Bulo depuis 2006 sur une série d’éditions et de projets architecturaux. Au fil des ans, nous avons établi une relation amicale qui se reflète dans nos différentes collections. C’est toujours un plaisir pour moi de travailler avec des entreprises belges et talentueuses.
Qu’est-ce qu’un objet design réussi selon vous ? Un objet réussi doit être intemporel, il doit résister à l’épreuve du temps. Il ne suit pas les tendances, il reste pertinent des décennies durant, notamment grâce à son savoir-faire, à sa durabilité, à son équilibre et à ses matériaux. Il doit servir son objectif principal, qui est d’améliorer la vie de l’utilisateur.
Comment évolue aujourd’hui l’espace bureau ? A quoi ressemble votre bureau ? Mon bureau à domicile idéal est un espace où l’on se sent protégé, inspiré et où la nature dialogue avec les intérieurs. Nous réalisons de plus en plus que dans la maison, les pièces de vie se fondent avec les espaces de travail. Je pense que ces deux mondes peuvent être complémentaires et qu’estomper les limites de chaque fonction a permis d’améliorer la qualité de vie. Cela a permis une avancée en termes de fonctionnalité et de performance. Dans mon cas, j’essaie toujours de trouver un coin dans mon grand salon, un grand salon massif où je me sens protégé et où je suis entouré d’œuvres d’art, de livres, de mobilier.
Jean-Paul Lespagnard - itinéraire d’un artiste libre
Jean-Paul Lespagnard Itinéraire d’un artiste libre
Mots : Barbara Wesoly
Photo : DR
Il a paré Manneken Pis de son 1000e costume au design futuriste, comme fouler les fashions weeks de Paris ou Shangaï avec ses collections. Exposer son parcours monographique aux Galeries Lafayette ou encore transformer la gaufre de Liège en œuvre aussi décalée qu’emblématique. Virtuose créatif à l’univers éclectique et à la sensibilité teintée d’audace, Jean-Paul Lespagnard s’affirme comme le plus cosmopolite des designers belges.
Les prix du public et prix 1.2.3, remportés lors de la 23è édition du Festival international de mode et de photographie d’Hyères en 2008 ont marqué les bases de votre reconnaissance artistique. Mais pas celles de votre parcours créatif. En effet. Devenir styliste était un rêve depuis tout petit. Mais lors de mes études d’arts plastiques puis de mes premières collections, j’ai compris que je désirais enraciner mes modèles dans une vision plus globale, un univers comprenant aussi des créations d’objets et d’œuvres plastiques. Mon noyau central c’est la mode, mais agrémentée d’influences et expériences. Elle va, pour moi, bien plus loin que le vêtement. Lorsque je parle de mode, j’évoque un mode de vie.
Des collections de prêt-à-porter et des costumes pour le théâtre et la danse, une boutique d’art et d’artisanat contemporain baptisée Extra-Ordinaire et même la conception d’emballages pour la chocolaterie Galler… Vous êtes en effet un formidable touche-à-tout. Est-ce une manière de renvoyer dans les cordes toute forme de carcan ? Lorsqu’on est designer, on regarde, on analyse, on donne sa version du monde. Pourquoi cela devrait-il se limiter à un domaine particulier ? D’autant que chacun est l’occasion de concevoir une vraie scénographie. En cela, mes deux réalisations les plus représentatives sont sans doute l’exposition réalisée au Musée Mode & Dentelle et la suite aménagée au 18e étage de The Hotel, à Bruxelles. Dans le premier, je mêlais un patchwork d’œuvres, de vêtments et de souvenirs venant de chez mes parents. Le second était une autre forme de plongée dans mon intimité, rassemblant des trouvailles glanées au fil de mes voyages comme issus de mes placards, pour obtenir un amalgame d’émotions et de styles et une expérience où tous les sens se retrouvaient en éveil.
Dans votre univers, un King Kong doré côtoie des chemises affublées d’extraits de journaux, des coques de smartphone se voient dotées de homards à joyaux et les foulards en soie s’ornent d’aigles et de billets de banque. Le moindre objet semble pour vous le point de départ d’un terrain de jeu infini. Votre cerveau est-il en constante ébullition ? Totalement. Tout m’inspire. La création est depuis toujours, bien plus vaste que la matière sur laquelle elle se travaille. Et quel qu’en soit le support, je cherche ce qui, d’une certaine façon, nous rassemble tous. Et à, au-delà de l’éclectisme de style, raconter la multiculturalité et le mélange social. Je voyage beaucoup, pour différents projets et cela influence forcément ce que je crée, mais pour moi, il s’agit avant tout de s’imprégner de ce qui m’entoure, peu importe le lieu, et d’en faire le cheminement de mon voyage intérieur.
Liégeois d’origine, vous avez aussi vécu à Bruxelles et Anvers, mais vous définissez comme nomade. Pourquoi ? J’ai aussi vécu à Berlin et New York entre autres. J’ai coutume de dire que je viens d’Harzé, dans la commune d’Aywaille, dans la région de Liège, en Wallonie, en Belgique qui est en Europe. Je suis aussi belge que citoyen du monde. Mon identité ne s’arrête pas aux frontières. Même si la diversité culturelle de notre pays m’a certainement influencée.
Participer à l’élaboration graphique du coworking Silversquare Guillemains, était-il malgré tout une forme de retour à vos racines ? Cela m’a fait très plaisir en effet de réaliser un projet à Liège et d’avoir cette dimension à la fois liée à l’artistique et au patrimoine, au local et à l’international. Ma philosophie est de miser sur une globalisation positive, en travaillant avec des artisans de proximité ou rencontrés dans des pays plus lointains mais tous issus de petites structures ou de familles, qu’elles soient de Liège, d’Inde ou du Maroc.
Vous retrouvez la grisaille bruxelloise après plusieurs semaines de travail au Mexique. Comment s’annoncent les mois à venir ? Oui, j’y avais installé mon Projet Nomade présentant mes créations un peu partout dans le monde. Cet été, il avait pris la forme d’un pop-up au sein d’une maison de pêcheurs sur l’île grecque d’Hydra, avant de s’exporter à Istanbul. Puis, jusqu’à mi-novembre, dans une boutique de Mexico City. Je me concentre désormais sur une collaboration encore tenue secrète avec une grande maison de luxe parisienne et dont le résultat sera révélé au mois de mars. J’en n’ai pas fini avec l’éclectisme ! Mais l’essentiel à mes yeux est de pouvoir continuer à aller à la rencontre du public et aborder avec lui cette créativité qui rassemble, l’art et son pouvoir d’unité.
Edouard Vermeulen - « Ce livre, je le dédie à la passion »
Edouard Vermeulen
«Ce livre, je le dédie à la passion»
Mots : Barbara Wesoly
Photos : DR
Après une exposition emblématique à l’espace Vanderborght de Bruxelles, Natan offre un dernier chapitre flamboyant à ses célébrations du 40e anniversaire de la Maison, avec son ouvrage « Edouard ». Un recueil d’archives, autant qu’un objet d’art et d’élégance, au diapason des créations de son fondateur.
Photos des coulisses et des défilés, croquis, archives de campagnes et de fabrication. Ce livre est tout à la fois un mélange d’esthétique et d’émotion. A l’image de Natan ? Oui, il était essentiel pour moi qu’il incarne l’ADN de la Maison. On m’avait déjà proposé de le réaliser à l’occasion de notre trentième anniversaire, mais je trouvais alors la démarche trop prétentieuse. Dix ans plus tard, j’estime que s’il faut laisser une trace, c’est maintenant. Mais avec une démarche artistique et une véritable vision. Les clichés ne suivent pas un ordre chronologique et l’on n’y trouve pas d’interminable biographie. Ce n’est pas une rétrospective des décennies écoulées, plutôt un ouvrage avec une âme, porteur d’histoire par l’image. Un bel objet avec pour fil rouge l’amour de la mode et du vêtement, qui anime Natan.
« Edouard Vermeulen c’est Natan et Natan c’est Edouard Vermeulen », affirme le designer d’intérieur Jean-Philippe Demeyer dans cet ouvrage. Il s’intitule d’ailleurs simplement “Edouard ». Souhaitiez-vous l’aborder à la manière d’un journal intime ? Il est surtout le reflet de ce qu’a été ma vie et de ces quarante dernières années que je n’ai pas vu passer. La passion a été le moteur de mon existence et elle m’a habité du premier instant à aujourd’hui. Elle est au cœur de ce livre.
Vous l’évoquez comme “le document d’une vie”. Représente-t-il aussi une forme de passage à la postérité pour la Maison ? C’est une forme d’accomplissement, c’est certain, mais qui ne s’inscrit pas dans l’immobilité. Il est la preuve tangible que le vêtement couture européen, et belge de surcroît, doit exister et a toute sa raison d’être. Et il a été également conçu pour être une représentation de notre travail et de notre définition du vêtement – dans son essence contemporaine, élégante et minimaliste – notamment à l’étranger. Il s’achève sur les photos du défilé Natan Couture, réalisé à l’Hôtel de Salm de Paris pour nos quarante ans, car elles évoquent à merveille la philosophie de célébration qui nous est si chère, mais cela n’empêche pas cet ouvrage d’être profondément intemporel et non pas restreint par une ligne du temps. Cela lui permettra d’être toujours aussi actuel et inspirant dans une ou plusieurs décennies.
Une photo de celui-ci vous émeut-elle particulièrement ? Celle en compagnie de la reine Paola et qui s’accompagne d’un petit mot de sa main, sur la longue histoire qui l’unit à Natan. Sa présence au premier défilé de la Maison, en 1986, a été un point de départ marquant et reste, à mes yeux, intimement lié au début de mon métier.
Avez-vous le sentiment qu’il dévoile des facettes de l’univers de la Maison, jusqu’ici méconnues du public ? On y découvre en tout cas l’envers du décor de nos ateliers tout comme une part des détails de mon intérieur, de mon dressing. Proposer une expérience et permettre la compréhension de ce savoir-faire reste essentiel à mes yeux. Nous avons d’ailleurs transformé l’étage de notre siège historique de l’avenue Louise afin que l’espace d’essayage s’ouvre sur les salles de confection de nos créations couture, pour un moment d’autant plus immersif.
En en reparcourant les pages, quel regard portez-vous sur ces quatre décennies ? Je suis avant tout frappé par l’évolution de la mode, ces changements d’usage et de société au niveau vestimentaire. La disparition des barrières générationnelles notamment, qui a bouleversé les codes et nous a amenés à repenser à maintes reprises nos créations et les silhouettes de celles-ci. Sans parler de l’influence omniprésente d’internet et des réseaux. Quand je songe par exemple au fait que Balenciaga était le créateur m’ayant le plus inspiré en matière de haute couture et qu’aujourd’hui, la griffe est connue par la nouvelle génération pour ses modèles de sneakers, je me dis que cette constante évolution a un aspect fascinant.
Et si vous deviez en écrire le prochain chapitre, à quoi ressemblerait-il ? Fin décembre s’achèvera la célébration de ce quarantième anniversaire. L’occasion d’un nouveau départ, même si l’on conservera l’énergie créative qu’on y avait insufflée. J’aime cette dynamique de retour à une page blanche, de remise à zéro deux fois par an. En janvier nous dévoilerons la collection printemps-été 2024 à la résidence de l’ambassadeur de Belgique, à Paris. Et nous avons aussi l’objectif de repousser toujours plus les frontières et pourquoi pas, d’ouvrir une boutique à Madrid, une ville dont l’atmosphère, comme Munich ou Zurich, rencontre l’ADN de la Maison. Et continuer d’écrire en beauté l’histoire de Natan.
Maison Hannon - Un joyau Art nouveau
Maison Hannon - Un joyau Art nouveau
Mots : Olivia Roks
Photos : DR
Le patrimoine bruxellois compte un nouveau chef-d’œuvre : la Maison Hannon. Située dans la capitale à Saint-Gilles, cette maison-musée renaît pour dévoiler l’Art nouveau dans sa pluralité. Un lieu en perpétuel mouvement, une bulle spatio-temporelle à l’identité forte.
La Maison Hannon est en pleine renaissance et a ouvert ses portes au public. Vous en êtes le jeune conservateur. Quelle aventure ! Rappelez-nous les origines, l’histoire de la Maison ? Grégory Van Aelbrouck – Elle est construite entre 1902 et 1904 par un couple franco-belge, Monsieur et Madame Hannon. Cette demeure est imprégnée par les deux personnages. Marie Hannon a géré la Maison et son intérieur et Monsieur s’est intéressé à l’extérieur et au deuxième étage où se trouvaient la chambre noire (il faisait de la photo) et la bibliothèque. L’étiquette est française dans le choix du mobilier et des matières. Tandis que les œuvres d’art sont plutôt l’apanage de Monsieur et sont donc belges : sculptures, peintures… Ce mariage des deux goûts est particulièrement intéressant. Le couple a fait appel à l’architecte Jules Brunfaut, meilleur ami de Monsieur Hannon. A l’époque, Victor Horta était l’architecte des grands dirigeants de Solvay où Monsieur travaillait et cela ne se fait pas d’imiter son patron donc ils ont fait appel à un autre architecte en demandant de s’inspirer d’Horta.
Et de fil en aiguille, cette Maison a survécu aux années… Effectivement. Edouard survit à Marie et à sa mort, la Maison passe à leur fille unique qui vit dans le souvenir de son père. à son décès, rien n’a bougé dans la Maison. Les descendants vendent, un promoteur achète, il souhaite détruire la Maison. On est en 65, l’Art nouveau n’a pas encore ses lettres de noblesse, c’est un style parmi d’autres, décrié, pas rationnel, passéiste… Mais la fille de l’architecte Brunfaut va se mobiliser pour sauver le bâtiment et après beaucoup de scandales, la façade est classée, ce qui empêche sa destruction même si certains éléments ont déjà disparu. Quelques années plus tard, l’intérieur est aussi classé au moment où la commune de Saint-Gilles achète le bâtiment. Assainissement du lieu et appel à projets s’ensuivent. Après diverses orientations, nous décidons d’en faire une maison-musée et non un musée d’arts décoratifs.
Pourquoi justement parler de « maison-musée » ? Indéniablement, c’est la Maison qui intéresse réellement le grand public. Avec tant d’éléments, de traces et d’objets en notre possession, j’ai décidé de remettre au cœur de l’histoire le couple et la Maison avec comme vocation de muséifier le lieu où on tient une certaine dynamique avec des activités pédagogiques. Nous avons décidé de faire une exposition temporaire pour renouve-ler le public et surtout le public local. Nous voulons mettre en lumière l’œuvre du couple Hannon et de l’Art nouveau en général. Il n’y a pas de lieu qui défend actuellement l’Art nouveau au sens large, dans sa pluralité. La Maison Hannon, spectaculaire, est une superbe vitrine car elle a une grande attractivité visuelle. Actuellement, le visiteur découvre une exposition permanente avec le mobilier d’origine de la Maison qui revient progressivement et une exposition temporaire sur l’Art nouveau dans sa diversité à l’exception de Victor Horta qui détient le monopole. Justement, pour jeter en quelque sorte un pavé dans la mare. L’Art nouveau est un art du quotidien hors qu’Horta crée tout sauf un art du quotidien.
Qu’est-ce qui différencie cette demeure d’une Maison Horta ? Victor Horta était un génie perfectionniste avec les défauts et les qualités que cela entraîne. Dans les réalisations Horta, vous serez toujours chez Victor Horta, ici vous êtes tout d’abord chez les commanditaires des lieux, tout a été pensé pour eux, tout a été adapté à la personnalité du couple, c’est une maison portrait.
La Maison Hannon est ouverte au public mais sa restauration est encore en cours… On ne sait pas tout restaurer d’un coup, pour des raisons de temps, de connaissances et de budget. On en a fait une force et la question de la restauration est au centre de notre discours. Tous les quatre ou six mois, le public va pouvoir participer et voir les artisans restaurer un certain espace. Et ce jusque 2030. Par ailleurs, quand il paie son entrée, 2 euros vont à la restauration, donc il contribue à revenir au musée, c’est un bien collectif. Le visiteur a de plus en plus besoin de sens. Une première phase de restauration est achevée : le rez-de-chaussée qui restitue fidèlement l’univers des Hannon et le premièr étage, lieu d’expositions temporaires. La façade est restaurée également. La fresque monumentale dans les escaliers aussi avec douze personnes qui y ont travaillé durant deux mois. Aujourd’hui, on travaille sur les décors de la serre ou encore la remise des tissus dans les pièces. Mais comme je le mentionne, ces rénovations signent la première phase d’un projet bien plus large.
Vous êtes le conservateur de cette Maison, qu’est-ce qu’elle vous inspire personnellement ? C’est un moment de grâce, un moment hors du temps. C’est une consolation au monde, un paradis perdu. On voyage indéniablement quand on vient dans ce genre d’endroit.
Cette année, l’Art nouveau est à l’honneur, quelles sont les plus belles haltes pour l’apprécier ? La Maison Horta pour un ordinaire très sophistiqué, c’est l’antre du maître. L’Hôtel Solvay, seule maison du maître totalement intacte. La Maison Cauchie qui est la maison d’un peintre et bien sûr la Maison Hannon avec ce goût français et symboliste unique.