LES TABLES DE JOSÉPHINE
Une célébration du goût
Mots : Barbara Wesoly
Photos : DR
Le dicton qui affirme que « l’on mange d’abord avec les yeux » semble avoir été pensé pour elle. Joséphine Jubineau transforme les événements en théâtres d’émotions, offrant avec l’univers coloré et solaire des Tables de Joséphine un véritable régal pour les sens.
Faut-il aimer soi-même recevoir pour créer les tables qui accueilleront des événements exceptionnels ? Absolument. Et à titre personnel, c’est une vraie transmission. J’ai un père qui a travaillé dans le milieu de la décoration, une mère passionnée d’art de la table et de cuisine. J’ai grandi dans une atmosphère où recevoir était une fête autant qu’un plaisir et ces moments étaient toujours synonymes de générosité, au niveau des plats comme du décor. Aujourd’hui, quand j’invite, je consacre parfois une demi-journée à tout préparer et surtout surprendre mes convives.
Est-ce une forme de création qui navigue finalement entre le stylisme et la scénographie ? Oui. Il s’agissait d’une certaine façon d’une suite naturelle à mon parcours et aux douze ans d’expérience acquise dans l’industrie de la mode et de la décoration, où je concevais des mises en scène et des récits autour de collections, de showrooms, d’événements. J’en ai transposé la dynamique et les codes en un principe de self-design dédié aux arts de la table. Le textile y est, par exemple, toujours un élément fondamental. Je chine de la vaisselle, des vases et des accessoires mais aussi une multitude de linges de maison. Mon style est maximaliste et implique une profonde réflexion autour du mix and match, de la cohérence des imprimés et des associations de couleurs, y compris en matière de tissus, pour concevoir des atmosphères qui se mueront en vraies expériences et en un éveil des sens.
Une table réussie est-elle celle qui ressemble à ses hôtes ou qui plutôt surprend par son audace ? Il s’agit justement de conjuguer ces deux principes. Je ne réalise que du sur mesure, afin de refléter la personnalité de celui qui invite. Il est primordial pour moi de m’imprégner du lieu, comme du caractère de chaque client et de ce qui le touche. C’est cela qui va rendre chaque table véritablement unique. Par ailleurs, il y a le souhait de transformer cette toile blanche en théâtre créatif suscitant l’étonnement et l’émerveillement et attisant la curiosité. J’aime aussi démontrer que l’inventivité n’a pas forcément besoin de se nourrir d’objets neufs. Qu’avec des assiettes vintages, des tissus hérités de nos grands-parents, des verres dépareillés ou des couverts de différentes teintes, on peut obtenir un mélange maîtrisé, au charme très personnel et joyeux.
Peut-on dire qu’il s’agit d’un métier d’émotion ? Surtout de sensibilité et de réinvention. Même si bien sûr, certains projets vibrent particulièrement fort. C’était le cas de ma collaboration avec le Corinthia Grand Hôtel Astoria de Bruxelles, entamée alors que l’établissement était encore en pleine rénovation. Il s’agissait pour moi d’y habiller des dîners destinés à la presse, se déroulant au cœur même du chantier. Il fallait créer la magie au milieu de la poussière et des échafaudages, un magnifique défi. Et je continue d’ailleurs de réaliser des workshops créatifs au sein de l’hôtel, où chacun peut laisser libre cours à sa propre vision de l’art de la table. Et puis, il y a eu mon mariage et ces rôles de mariée et styliste tenus en parallèle. C’était à la fois touchant et passionnant de devoir composer un décor fidèle à notre histoire, tout en la revisitant autour d’un thème mêlant l’univers féerique de Noël, des inspirations asiatiques et un hommage aux origines vietnamiennes de mon mari. Cela m’a permis de ressentir de l’intérieur ce que vivent ceux que j’accompagne et de les comprendre encore d’autant mieux.
A quoi ressemblerait la table où vous inviteriez avec bonheur vos convives ? Colorée, vive et audacieuse. Authentique également. Comprenant de nombreux objets issus de mes voyages, qui vont mêler les styles et les traditions. Un métissage lumineux et chaleureux, qui casse les codes. Je me répète souvent que « Créer, c’est s’autoriser à ressentir ». Avec sincérité et une forme d’instinct et de spontanéité.
Avez-vous de jolis projets sur le feu ? En parallèle aux scénographies d’événements, je réalise de la direction artistique et du consulting. J’aimerais aussi développer toujours davantage les workshops autour de l’art de la table, non seulement en Belgique mais aussi pourquoi pas à l’étranger, dans des lieux qui résonneraient pour moi. Ce sont des moments de lâcher-prise où les participants peuvent renouer avec une part d’enfance et d’inventivité. Ces échanges me nourrissent énormément. Les Tables de Joséphine déménagent également à Lasne dès cet été, et un second showroom sera par ailleurs dévoilé en septembre. L’occasion d’offrir à la carte d’autres parts de mon univers.

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