PUGGY
« C’est un privilège de pouvoir poursuivre le voyage »
Mots : JASON VANHERREWEGGE
Photos : Victor Pattyn,Luca Mastroinni
Vingt ans après sa fondation, le groupe Puggy, emmené par Matthew Irons, Romain Descampe et Egil « Ziggy » Franzen, se réinvente une nouvelle fois avec toujours autant de fraîcheur et de positivité à travers un sixième album inédit, « Are We There Yet? » (« Est-ce que nous y sommes déjà ? »), conçu au sein de leur propre studio de production.
Pour votre premier album depuis 2016, qu’est-ce que vous vouliez faire transparaître en premier ? Comme nous avons sorti un EP il y a un an (Radio Kitchen, NDA), marquant véritablement notre retour et l’introduction de notre nouvel univers, nous avons été un peu plus décontractés pour cet album. On voulait juste avoir quelque chose qui déchire avec de bonnes chansons. Le titre, c’est la continuation de « Never Give Up ». C’est cette idée que nous avons beaucoup de chance de faire de la musique depuis toutes ces années. Nous avons certes acquis notre propre studio, produit de la musique, coécrit ou encore fait de la musique de film mais nous n’y sommes toujours pas. C’est un peu un voyage infini où tu te dis que tu as toujours des trucs à apprendre. Maintenant on a tous des enfants et les gosses passent leur vie à demander quand on est-ce qu’on arrive. Finalement, on est toujours excité par l’avenir et on continue notre chemin.
Votre voyage est avant tout introspectif avec des odes à l’épanouissement personnel ou encore à la résilience ? Complètement ! C’est un privilège de pouvoir poursuivre le voyage. Ce n’est pas comme dans le sport où parfois tu arrives à ton top et tu dois ensuite trouver un truc à faire et t’adapter. On a de la chance de pouvoir encore jouer de la musique, en créer, en produire et on prend toujours autant de plaisir à le faire.
Pensez-vous déjà avoir atteint le top ? C’est difficile à dire. À chaque album, nous sommes persuadés que c’est le meilleur. Chaque artiste pense de la sorte sauf ceux qui sont suicidaires. Mais ici nous sommes arrivés à un stade où on a tout enregistré chez nous. On a mixé certains titres et on a pu, de la compo à la finalisation, le gérer de nos propres mains. C’est le cas aussi pour la commercialisation. C’est encore un cap. Par ailleurs, on est encore en train d’apprendre plein de choses. Ça veut dire que nous ne sommes pas encore à notre top.
Que cela change-t-il concrètement dans votre processus de création ? Y a-t-il des choses que vous n’auriez pas pu faire sans cette totale indépendance ?La grosse différence, c’est que c’est ton argent. Tu es donc plus responsable et tu vas dans chaque détail. L’avantage, aussi, c’est que tu ne comptes pas les heures. Il y a plein de choses qui font que c’est peut-être plus personnel. Au final, il y a sans doute deux ou trois morceaux que nous n’aurions peut-être pas faits.
Vous n’avez pas hésité à utiliser l’intelligence artificielle pour réaliser le clip de « Never Give Up ». Avez-vous eu recours à cette technologie pour vous suppléer dans une autre tâche ? Nous ne l’avons pas utilisée pour nous aider à écrire des chansons. Il faut que tu ressentes ce que tu écris et ce que tu dis. Quand tu laisses quelqu’un ou quelque chose le faire à ta place, ça ne t’appartient plus et ça te touche moins. Par ailleurs, on se sert quand même de RhymeZone, intégré dans ChatGPT, qui permet de trouver d’autres rimes quand tu galères sur tes textes.
Rock, électro, pop moderne, grandes mélodies R&B… L’album oscille entre différents états. C’est la raison pour laquelle on fait aussi beaucoup de productions pour d’autres artistes. C’est quelque chose qui nous inspire énormément. Après, il faut quand même que ça reste du Puggy. Il y a un son et on essaye de le respecter mais on veut aussi que ce ne soit pas quelque chose de figé. C’est important pour nous que chaque album sonne différemment. Il y a donc plein d’influences différentes qui alimentent le fameux son Puggy. On a aussi de la chance d’avoir un chanteur qui a une voix ultra-reconnaissable. C’est ce qui centre un peu notre son.
Sur le titre « Mirror », dans lequel l’artiste Maëlle apporte une touche française à l’opus, vous évoquez le fait de se perdre et de ne plus se reconnaître. Depuis votre fondation en 2005, avez-vous eu le sentiment de parfois vous égarer en route ? Pour créer, tu es obligé de te perdre en permanence. Après, est-ce que nous avons eu des crises identitaires ? Pour pouvoir revenir il y a quelques années, il y en a eu une petite. Nous nous sommes demandé en 2023 qui était Puggy. La question s’est posée aussi de savoir comment définir un groupe de musique aujourd’hui. Il faut dire que ça n’existe quasiment plus.
Après vingt ans d’existence, votre créativité semble avoir été nourrie par divers projets comme le cinéma, les jeux vidéo ou encore l’écriture orchestrale. Oui et non. Ça nourrit forcément notre inspiration mais ça nous prend aussi en parallèle énormément de temps. Si nous n’avions pas tout ça, nous ferions encore plus de chansons.

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