Virtuose de la ligne, l’architecte bruxellois Olivier Dwek séduit par des réalisations épurées d’une élégance intemporelle, qui s’autorisent du confort, de la convivialité. De l’inattendu. Un « Less is more » réinterprété à la lueur d’un environnement défini, d’un milieu particulier, qui oblige le créateur volontiers philosophe à bâtir juste…
MOTS : NICOLAS DE BRUYN
PHOTO : JARMO POHJANIEMI
Précoce, Olivier Dwek a à peine 28 ans quand il dessine la boutique Louis Vuitton à Bruxelles. Sur sa lancée, à 29 ans, il ouvre sa propre agence d’architecture logée au cœur de notre capitale. Depuis, ce passionné d’histoire de l’art poursuit sa quête de pureté et de rigueur à travers un riche éventail de réalisations – hôtels particuliers, maisons de maître, galeries d’art, site industriel -, en Belgique comme à l’étranger. La villa-appartements qui dialogue avec les dunes et le ciel gris d’Oostduinkerke, c’est son oeuvre. L’Australian House où la piscine sert de trait d’union entre le ciel et la mer, où il n’existe plus de frontière entre le dehors et le dedans, c’est sa signature. La Silver House d’un blanc immaculé qui vient narguer l’azur grec, cette Silver House là d’une intemporalité quasi divine, c’est du Dwek ! Demain, Olivier s’envolera pour concrétiser d’autres projets en Grèce et en Inde où il ambitionne notamment de construire un skyscraper vertigineux. «Mon métier n’est pas de monter un tableau déjà fait mais de faire imaginer un projet qui n’existe pas encore et de convaincre de le réaliser », un préambule à de nouvelles aventures.
Nous sommes tous sous influence, mais…
« Il faut essayer de se détacher tant que faire se peut de ses influences, pour éviter qu’elles ne parasitent la création. Certes tout créateur a un père et une mère artistiques, à chacun cependant de s’en distancier. Je le reconnais : Mies van der Rohe, Richard Meier et John Pawson ont eu une certaine influence sur moi ; comme eux, j’aime l’épure mais je l’imagine avec, en contrepoint, des éléments inattendus qui susciteront la surprise et donneront du relief à mes projets. »
Le dehors et le dedans …
« L’architecture d’intérieure, voilà encore un terme des années 90 pour qualifier le travail de gens qui ont du talent mais qui ne sont pas architectes ! L’architecture et l’architecture d’intérieur découlent d’une même philosophie d’architecture qui définit une même continuité. Le dehors n’est pas l’envers du décor du dedans, tous les éléments, tous les matériaux doivent se répondre. Prenons l’exemple de la Silver House : quand les châssis s’ouvrent, vous avez les patios, les pièces intérieures. Etes-vous dans un salon ou sur une terrasse couverte ? Je prône la continuité architecturale pour effacer la frontière entre le dedans et le dehors. »
Minimalisme vs épure, tout est dans la nuance !
« Je déteste le mot minimaliste. Il a tellement été utilisé par les médias dans les années 90, que pour Monsieur Tout-le-monde le courant minimaliste se résume à une architecture froide et clinique ! Je préfère à ce mot galvaudé, les notions d’épure et de sobriété, plus adaptées à mon travail. »
Que l’habitat se fonde dans son environnement !
« Oui, l’architecture vernaculaire est essentielle pour assurer au travail créatif une certaine pérennité, une certaine intemporalité. Absolument essentielle. Parce que l’architecture vernaculaire ne revêt pas une forme architecturale… par hasard. A la base, l’architecture ou l’habitat a vocation de dialogue ou de lutte avec les éléments, la mer, la pluie, le sable … , l’habitat est donc fonction de conditions climatiques, topographiques. L’architecture vernaculaire oblige à se rapprocher d’une certaine vérité et incite à créer juste. J’affectionne cette notion de juste, de création juste, en lui opposant le geste gratuit – parce que c’est beau ne suffit pas ! Pour être pérenne et s’inscrire dans l’histoire, une architecture se doit d’être juste. Si un élément est là par hasard, il est voué à disparaître ! Notre livre « Architectures » donne à voir dix projets réalisés par mon agence dont certains ont presque 20 ans ; à l’analyse, je ne changerais quasiment rien ! »
Bâtir juste, une philosophie ?
«Certainement ! Derrière une réalisation, il doit y avoir un choix dicté par une volonté philosophique de faire juste et pérenne. Le bâtiment doit se bonifier avec le temps. Je prends un exemple très concret : du crépi blanc revêt un sens en Grèce ou à Ibiza, mais en Belgique à l’orée de la Forêt de Soignes, le crépi finira par verdir, parce qu’il n’est pas adapté au milieu ! Si demain on me demandait de bâtir une Silver House à Bruxelles, j’expliquerais pourquoi ce n’est pas un choix juste ! »
OLIVIER DWEK ARCHITECTURES
Avenue Brugmann 34 – 1060 Bruxelles
T. : 02/344 28 04
architecture@olivierdwek.com
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