Rencontre avec Charlotte Thys, Macha pour les intimes.

La styliste liégeoise, basée entre Bruxelles et Paris, a la cote ! Sa cotte de maille, c’est le tricot qu’elle maitrise à la perfection. Libérée de l’idée de saison, elle crée un vestiaire entièrement réalisé à la main. Entre luxe et slow fashion, une douceur intense et perdurable, des couleurs sobres qui subliment notre sensualité. #oncraquepoursimone

| Propos recueillis par Ariane Dufourny |

 

Le concept…

Ce ne sont pas des collections, ce sont des vestiaires. Un d’été, un d’hiver. Taille unique, chaque pièce se décline dans une large palette de coloris, une vingtaine. Tout est sur commande avec un délai de quatre à six semaines (sauf pièces iconiques en stock). Je privilégie la rencontre à la commande en ligne. J’aime rencontrer les gens, discuter avec eux pendant les essayages (presque sur mesure), adapter le modèle selon leurs besoins.


Dans votre vestiaire d’été, on y trouve…

Une veste façon denim en maille, un sweat et une robe à capuche, une robe bustier (inspirée d’une serviette de salle de bain), un bandeau, une culotte…


Un parcours haute couture…

Je suis partie étudier à Paris à Esmod. Cette école existe depuis 1841 et figure dans les dix meilleures écoles mondiales de mode. C’est aussi la seule qui propose une formation maille qui n’existe pas en Belgique. J’ai suivi une double formation : styliste et modéliste. Je sais donc aussi bien dessiner que tricoter.

Durant deux années, j’ai appris chaîne & trame, maille coupée-cousue. Ensuite, j’ai pris une spécialisation maille, option cuir. J’ai fait mes stages chez Dior, avec Raf Simons, ensuite chez Sonia Rykiel et j’ai fini chez Chanel.

macha-thys

“ LA MAILLE, C’EST MON COCON

 

Les prémices…

A sept ans, j’hésitais à devenir égyptologue ou styliste. Je dessinais des petites robes sur mes carnets. Ma grand-mère a décidé de m’apprendre le tricot pour créer des robes pour mes barbies.


Un rêve d’enfant qui se réalise….

Quand je serai grande, je serai styliste et je travaillerai chez Chanel ou je créerai ma propre marque. Et je me suis lancée !


Le tricot, beaucoup, beaucoup, passionnément…

J’adore ce côté cocon, doudou qui me protège. C’est un des rares vêtements qui n’a pas de couture et offre une liberté de mouvements.


Votre inspiration…

Paris (puisque j’y vis en partie), la mer du Nord, l’architecture (j’adore les salles de bains), Cocteau, Magritte, Gainsbourg et Jane Birkin et évidemment Brigitte Bardot. Le rap américain dont Kanye West, avec ses grosses hoodies à capuches, a inspiré mon vestiaire d’été.


Un vestiaire fait « main » en Belgique…

Nous sommes quatre à tricoter. Dans le respect total de l’animal, la laine provient des alpagas du Pérou. Je privilégie la qualité à la quantité. Pour l’été, j’utilise de la bourrette de soie d’Italie. Impossible de la tricoter à la machine, preuve que tout est fait main !


Adepte de la slow fashion…

Totalement ! Dans la mesure du possible, j’essaye de trouver de petits créateurs et de m’habiller au maximum éthique. Je n’aime pas que les gens soient payés en bol de riz ! Le fait « main » est souvent péjoratif, les gens imaginant un bonnet péruvien. L’artisanal n’est pas forcément « moche ».


Origine du nom de vos modèles…

Que des noms d’amis ou de ma famille. J’ai beaucoup d’amis !


Vos pièces iconiques…

Le Simone, le Camille (des basics été comme hiver), le Charlie qui sortira cet hiver.


Votre modèle préféré…

Le Charlotte, un cardigan oversize avec des cordes !