Il peut s’inviter dans un velouté de pleurotes, sublimer un magret de canard ou s’harmoniser avec une tarte au chocolat. Il peut même se marier aux parfums boisés du whiskey. Détourner la gastronomie occidentale en associant un thé avec un plat, c’est tout l’intérêt des 170 pages de  « Le Bonheur est dans le thé ». Mais pas seulement. Car ce recueil d’une bonne soixantaine de recettes originales évoque aussi et surtout une passion, celle de l’auteure, Nathalie Masset, sommelière de thé, pour la célèbre petite feuille verte …

Notre compatriote Nathalie Masset, diplômée Tea Sommelier de l’Académie de thé de Toronto, préfère voir le zhong à moitié plein qu’à moitié vide ! Par amour du thé, cette pétillante quinqua a suivi des stages donnés par Nadia Bécaud (fondatrice de l’enseigne Cha Yuan), lancé des T-Perware, organisé des dégustations de grands crus d’exception, rencontré des producteurs de thé sur le terrain en Chine et en Inde, lancé une boutique de thé en ligne (teaside.be), et convaincu la RTBF de lui offrir une chronique autour du thé dans Tendances Première…  Des journées bien remplies ! Sauf qu’en mars 2020, la Covid-19 débarque sans crier gare. « Comment se réinventer au temps du confinement ? », se demande Nathalie Masset, avant d’y apporter sa propre réponse. « C’est au premier jour du confinement que l’idée m’est venue de mixer mes hobbies : cuisine, thé, photo (des centaines de clichés pris en Chine notamment – nda). J’ai enfin, oui enfin !, pris le temps de plonger le nez dans mes bouquins de cuisine, de détourner les classiques en y ajoutant du thé, de mettre mes propres recettes en scène en créant un décor avec les moyens du bord, ma petite vaisselle, mes sets de table, de photographier chaque plat avec mon Smartphone et, enfin, de les poster sans commentaire sur Facebook, et ce sans sortir de chez moi ! »

Bingo ! Le succès virtuel est au rendez-vous et Nathalie Masset voit gonfler son fan club de tea lovers ! Tant, que cette soudaine consécration va l’inciter à rédiger « Le Bonheur est dans le thé », un livre riche et généreux (une soixantaine de recettes originales quand même), personnel et intime (agrémenté de photos de voyages), sage et pertinent (« On ne boit pas son Bourgogne dans une flûte ? On ne boit pas non plus son thé vert chinois dans un mug ! »). Au fait, Nathalie, vos recettes sont-elles à portée de tous ? « Oui, même si certaines sont plus complexes que d’autres. Pour les potages, mon idée de base était toute simple : remplacer le cube de bouillon industriel bourré de sel et de sucre par une infusion de thé fumé ou de Sencha, pour citer deux exemples ».

Les Belges et le thé

Le Bonheur est dans le thé, même au pays de la bière ? « Oui oui, il y a chez nous un vrai public d’amateurs de thé. Les motivations sont évidemment diverses : certains l’apprécient pour ses multiples vertus ; d’autres parce que le thé contient des caractéristiques organoleptiques complexes, comme le vin ! Je ne vais pas vous mentir, beaucoup s’orientent vers les thés parfumés. Car à l’instar du vin (l’analogie n’est pas innocente quand on est sommelière de thé – nda), une personne qui découvre le thé, ne va pas d’emblée attaquer un grand cru. Question de prix et de complexité, chaque type de thé nécessitant une température et une durée d’infusion spécifiques… En revanche, tous les thés invitent à savourer le temps présent, à boire gorgée après gorgée pour sentir la chaleur de la liqueur qui descend dans la gorge, humer et détecter les arômes boisés, fleuris, marins, fruités… » Le thé, c’est l’éloge de la lenteur ? « Et du temps présent. Et de la relativité des choses. On en a grandement besoin ! »


Nathalie Masset, Le bonheur est dans le thé, recettes &voyages, Editions Renaissance du Livre.

www.teaside.be