La vision de Christian Laurent est empreinte d’une sensibilité exacerbée qui lui permet de capter un moment de grâce et de le transmettre à celui qui regarde ses photos. Portrait d’un homme passionné par les animaux pour lequel l’émotion passe avant tout et flash sur ses clichés, forcément subjectifs, qui ont fait vibrer la rédaction.

Votre parcours artistique et photographique…

Lorsque j’étais étudiant, j’ai acheté un appareil photo et bizarrement j’ai commencé à photographier des animaux. Plus tard, je me suis consacré au dessin et à la peinture animalière. En 2011, j’ai été sollicité pour participer au « Festival International Nature Namur » où j’ai présenté une dizaine de peintures de félins aux côtés de photographes animaliers belges et internationaux. L’angoisse passée de montrer mon travail, j’ai pris goût aux expos. Dès lors, côtoyant de nombreux photographes professionnels, je me suis dit « pourquoi pas moi ». Je suis donc parti au Kenya, puis en 2014, au Zimbabwe qui fut le point de départ des expos photos et de mon livre  « Wild Emotions ».

Le succès au rendez-vous…

J’ai réalisé jusqu’ici de nombreuses expositions non seulement en Belgique mais aussi à l’international, notamment New York, Paris, Genève et mon livre a déjà été vendu à plus de 450 exemplaires dans de nombreux pays. Je me consacre à la photo « artistique » mais je ne me cantonne pas à l’art animalier en ouvrant mes portes à la photo de paysages, à l’art plus abstrait et récemment à des photos d’animaux retravaillées en couleurs sur logiciel ; une manière de mêler la photo à la peinture. 

La particularité de vos photos…

Je fais de la photo sur l’émotion ! Je ne suis ni naturaliste ni scientifique et je ne cherche pas l’exploit technique. Lorsque je photographie, je reçois quelque chose que j’essaie de transmettre par mes images à la personne qui n’était pas sur le terrain.

Portraits rapprochés…

Je tente de capter le regard des animaux parce que comme chez les humains c’est par là que passent les émotions ; raison pour laquelle j’aime les portraits rapprochés. Photographier une girafe les yeux dans les yeux, c’est plus compliqué (rire). De fait, je recherche alors une ambiance, un mouvement. 

Vos lieux de prédilection…

Le Kenya, le Zimbabwe, le Sénégal, l’Afrique du Sud, la Camargue, le Spitzberg en Arctique, la Belgique également mais j’aimerais parcourir le monde pour photographier différentes espèces notamment celles en voie d’extinction. Mon objectif est de prendre mon pied dans la nature et d’aller à la rencontre des animaux. La découverte, c’est magique ! 

Capter le bon moment…

Des instantanés, des scènes qui ne durent qu’un instant comme un jeune lion qui m’a regardé fixement durant dix secondes avant de refermer ses yeux et de se rendormir. Je dois être prêt au bon moment et anticiper ! Parfois, j’attends camouflé pour rien comme en Slovénie où, durant huit heures, je suis resté dans une cabane sans faire un bruit en espérant voir un ours que je n’ai vu que le deuxième jour. Et là, l’adrénaline de l’instant m’a fait oublier l’attente car c’était magique !  C’est cette émotion que j’essaye de capter, chaque photo retrace une histoire !

Vos workshops pour photographes amateurs…

En août 2019, j’ai organisé un voyage sur un voilier au Spitzberg pour leur apprendre à photographier des ours, des baleines, des renards polaires, des oiseaux. Cette année, nous devions partir au Groenland mais le workshop fut annulé en raison du Covid. Pour le prochain, j’hésite encore sur la destination. 

Un message à faire passer…

J’aime partager le beau, le rêve et ces moments d’émotions à travers mes expositions mais je voudrais aussi utiliser mes photos pour témoigner de ce que j’observe au niveau climatique et de la disparation de la biodiversité. 


Exposition : Sablon d’Art

Du jeudi au dimanche de 11h à 19h jusqu’au 30 juillet 2020
Place du Grand Sablon, 2 – 1000 Bruxelles

www.christianlaur.be