Maxime-Colin

Autant de bonnes raisons de s’installer à la table de Maxime Colin

MOTS : SERVANE CALMANT
PHOTOS : MORGANE BALL PHOTOGRAPHY

La première raison, la plus évidente : son brillant savoir-faire ! Deux ans et demi au Chalet de la Forêt dans la brigade de Pascal Devalkeneer et trois ans à La Villa Lorraine avec Alain Bianchin auquel il finit par succéder, sur un CV, ça pèse ! Et ça pèse lourd, autant que son véritable amour du métier, qui s’affiche à travers une cuisine subtile portée par des beaux produits. Maxime Colin aime la truffe, le caviar, les noix de Saint-Jacques, les huîtres, le King crabe, les asperges blanches du pays, la Bleue des Prés wallonne, mais par-dessus tout, c’est pour les œufs qu’il craque. Le menu du restaurant (de 3 à 6 services, au choix) s’adapte aux saisons, mais si vous avez l’occasion de déguster son blanc-manger d’œuf, cappuccino de truffes, mouillette au foie gras, n’hésitez pas, c’est tout bonnement extatique !

Deuxième raison : le lieu, un ancien presbytère millésimé XVIIe siècle au charme fouuuu… La bâtisse (classée) est installée au cœur du Parc Jourdain (on est à Kraainem) juste à côté du château. Au printemps, on prend l’apéro sur la terrasse au bord du lac ; l’hiver, on dîne au coin du feu ouvert.

Troisième raison : Maxime Colin sait recevoir. Et ce n’est point là de la flagornerie. Il règne en salle une chouette ambiance, pas pédante pour un sou. Le mérite en revient à la complicité évidente que le chef entretient avec sa jeune équipe, son second, l’efficace Zied Karoui (un ancien de La Villa Lorraine) et son sommelier, Laurent Delplace (passé, e.a., par le Sea Grill de Mattagne).

En tête à tête avec Maxime Colin

Le métier de cuisinier, une évidence ? « Ah oui ! Je suis tombé dans la marmite tout petit ! Mes parents cuisinaient divinement bien et mon grand frère, Gaëtan (ex-Jaloa, ndlr), était chef. A 14 ans, pour payer mes jeux vidéo, je faisais la plonge tous les samedis au Relais d’Argenteuil à La Hulpe ! A 15 ans, j’ai fait deux ans à l’école hôtelière du Collège Cardinal Mercier … Mais, soyons franc, c’est principalement sur le terrain, en cuisinant aux côtés de belles personnalités, que je suis devenu chef ! »

Les produits que vous préférez cuisiner ? « Les produits de saison. Et l’œuf, sans hésitation aucune ! On peut le travailler de tellement de manières différentes ! Poché, frit, à basse température, à la coq, brouillé, en blanc-manger… Je le marie avec de la truffe, des champignons, de l’anguille ou du saumon fumé. Quand j’ai faim, un œuf au plat, de la fleur de sel, une baguette à l’ancienne, un bon beurre, et c’est Byzance ! »  

De quel produit ne pouvez-vous absolument pas vous passer en cuisine ? « Le beurre ! Je cuisine quasiment tout au beurre ! Quoi de meilleur qu’un beurre de ferme salé ? »

Le bio et le circuit court ? « Si les produits sont bons, oui ! 90% des légumes que je travaille, proviennent de la ferme La Finca à Wezembeek-Open (une production maraîchère bio, ndlr). Les œufs viennent du namurois, le gibier de notre Ardenne, la viande bovine, c’est de la Bleue des Prés (du bon terroir wallon, ndlr)… Attention, je ne suis ni parano ni un ayatollah du bio ou du circuit court, mais si je peux apporter ma pierre à l’édifice écologique, je le fais. »

Le plat de votre enfance ? « Le chicon au gratin de ma maman et le cassoulet de mon papa ! » 

Le dessert de votre enfance ? « Une île flottante. Ah non, plutôt un café glacé ! Quand j’étais môme, mon père allait chercher la crème glacée dans une ferme à Gaillemarde, à La Hulpe …  » 

Vos influences ? « Mon équipe ! »

Vin conventionnel, bio ou nature ? « Peu importe pourvu qu’il soit bon … »

Votre plus belle rencontre gastronomique ? « Alain Bianchin. J’ai travaillé avec lui au Chalet de la Forêt et à La Villa Lorraine. C’est lui qui m’a formé, c’est mon mentor. Il y a une finesse et une émotion dans sa cuisine qui me touchent beaucoup. »

Une anecdote à partager ? « J’ai connu une période down après avoir dû quitter La Villa Lorraine. Mais il faut toujours considérer les événements du bon côté : cette fin de collaboration m’a obligé à prendre un nouveau départ, à rebondir, et à transformer un restaurant qui désormais m’appartient ! »

Maxime-Colin

Restaurant Maxime Colin

Chemin des Curés 1 à Kraainem
02 720 63 46

www.maximecolin.be


Maxime Maziers prend son envol

En 2018, Maxime Maziers rachète Bruneau, établissement qui a longtemps trôné au firmament de la gastronomie belge. Fin 2019, il rafle le titre envié de « Jeune Chef de l’Année » au Gault&Millau. De quoi susciter notre curiosité et attiser notre gourmandise …

MOTS : SERVANE CALMANT
PHOTOS : BRUNEAU BY MAXIME MAZIERS

 

Il fallait le faire, il l’a fait. En juin 2018, Maxime Maziers (jeune chef étoilé de L’Ecailler du Palais royal) rachète toutes les parts du restaurant de Jean-Pierre Bruneau. On ne vous raconte pas la pression tant financière que professionnelle ! Maxime, qui a été sous-chef de Bruneau, garde d’ailleurs le nom du restaurant en y accolant simplement le sien : Restaurant Bruneau by Maxime Maziers. Mais, exalté par le défi, le jeune chef s’affranchit peu à peu de son mentor. Tant, qu’aujourd’hui, on dîne chez Maxime Maziers plutôt que chez Bruneau by Maxime – une nouvelle appellation, Restaurant Maxime Maziers, étant d’ailleurs en cours…  

Cadre in progress

Ne soyez pas décontenancé par la déco – vous le serez forcément ! -, la modernisation de la table de Maxime Maziers est à l’image de Rome, elle ne s’est pas faite en un jour. C’est donc déroutée que l’on a fait bombance dans un décor désuet qui attend son lifting printanier. Mais ça bouge (lentement) : nouveaux sièges, nouvelle moquette, nouveau nappage… 

Dans l’assiette

Cinq années dans les cuisines de Bruneau ont permis à Maxime Maziers d’apprendre les fondamentaux et de conforter son savoir-faire. Pas de « copy-paste » gourmand au menu : les plats de Bruneau ont disparu pour laisser place à une griffe plus moderne. Maxime Maziers joue avec les notes acides (saumon confit avec sa déclinaison de pomme et concombre), séduit avec une parfaite cuisson (gigue de chevreuil de notre Ardenne belge) et flatte le palais avec une mandarine dans tous ses états (plaisir délicieusement régressif). Une maîtrise du geste et une recherche du goût juste qui lui ont permis de gagner ses éperons au Gault&Millau 2019. En attendant l’étoile Michelin ? « On l’espérait… », nous avoue le chef, « … et on continue à y travailler en 2020 ! »

Restaurant Maxime Maziers

Avenue Broustin, 73-75 à Bruxelles
02/ 421 70 70

www.maximemaziers.be


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Les nouvelles cantines

Ernest spot – Spot familial/convivial


Situé rue Ernest Solvay, à un jet de pierre de l’entrée du château de La Hulpe, le bien nommé Ernest exploite de nombreux concepts clés de la restauration : le business lunch, le brunch gourmand du week-end résolument kid friendly (à la mode Siska, toute proportion gardée …) et le très convivial « c’est du belge » avec une franche proposition de classiques (carbonade, vol-au-vent, …). Sans taire : after-work, e-bikes à louer, paniers de pique-nique à commander…  On l’aura compris, Jeremy Nobels (également propriétaire du Môm, la cantine healthy de Lasne) a l’esprit entreprenant – tant mieux ! Qui plus est, l’homme a bon goût : la déco, stylée, se nourrit de bois, de lumière, de couleurs chaudes, de matières naturelles, pour une atmosphère résolument bohème et cosy qui devrait faire l’unanimité. Pour l’heure, on a savouré, un midi, au coin du feu (encore un bon point), la cuisine de Marie (ex-Môm): poulet fermier rôti (label Respect & Nature) et légumes de saison en circuit court. Soit une assiette cohérente, goûtue, généreuse, et … à prix serré. « Tout est fait maison, même la pâtisserie », précise Jeremy. Avec, en prime, l’arrivée du Ernest Burger, Ernest Restaurant devrait se profiler comme le nouveau spot gourmand du BéWé …


112 Avenue Ernest Solvay, La Hulpe.
02/354 62 02 

www.ernest-restaurant.be

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© Ernest

Art Club – Pop-up bistronomique


Pour faire court : sous l’impulsion de la famille Litvine, La Villa Lorraine* et le Sea Grill** viennent de fusionner. Concrètement, cela signifie qu’ Yves Mattagne posera ses couteaux à la Villa Lorraine, l’été prochain, le temps que la grande dame de la gastronomie bruxelloise subisse un nécessaire lifting. Une fusion, un nouveau nom (La Villa Lorraine by Yves Mattagne), une nouvelle offre (gastronomique+bar lounge) pour le meilleur… et le meilleur, qui n’empêchera cependant pas Bruxelles de compter un étoilé de moins ! Entre-temps, Yves Mattagne vient d’ouvrir un restaurant éphémère, Art Club, installé dans l’ancienne brasserie de Peter Goossens, aux carrefours des musées de la place Royale. Un pop up à l’ambiance résolument lounge, avec DJ sets les vendredis et samedis, où déguster une cuisine bistronomique en mode partage, inspirée par les nombreux voyages du chef doublement étoilé… Un clin d’œil à la cuisine que proposera Mattagne dans l’espace lougne de la Villa relookée ? On vous tiendra au jus…


3 Place Royale, Bruxelles.
02/212 08 00

www.art-club.be

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© Michaël Binkin

Le Variétés – Brasserie/plats canailles


On ne parlera pas de « nouveauté » mais plutôt de résurrection pour le Variétés,  établissement ixellois mythique, logé au rez-de-chaussée du Paquebot Flagey, qui voit le retour d’Alexandre Masson, après de longues années. Masson signe la nouvelle carte, mais c’est à Gauthier De Baere (ex Peï et Meï) qu’il a confié le gouvernail. Le défi est simple : offrir au Variétés une nouvelle jeunesse avec une approche plus qualitative (on ne s’en plaindra pas !), tout en conservant l’atmosphère irrésistible d’une déco inspirée de l’ancienne Maison de la radio (les boiseries murales en bois zebrano, la classe !). En revanche, carte, menus, produits, présentation, tout a donc été revu à la hausse ! Mentions spéciales aux plats canailles (les œufs en meurette – une tuerie !), aux classiques indéboulonnables (croquette aux crevettes grises, tartare de bœuf, poulet élevé en plein air dans diverses recettes saisonnières) et aux trois côtes au carré, veau, bœuf et une parfaite côte de cochon ibérique (résolument miam). A arroser de vin majoritairement bio. On y retournera !


4 Place Sainte-Croix, Ixelles.
02/647 04 36

www.levarietes.be

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© Le Variétés

Le Conteur – Share-food orientale/ bar à cocktails


Si à Tel Aviv, les frères Roi & Ronnie ont la cote ; à Bruxelles, ils devraient également cartonner ! Certes les frangins ne sont pas les premiers à ouvrir un resto oriental au cœur de la Capitale, mais ils ont réussi à y apporter un supplément d’âme qui fait toute la différence. Il y a d’abord le cadre, une grande salle à manger stylée, élégante, où les assises se couvrent de velours pour un style Néo Art déco pleinement assumé ; il y a ensuite l’ambiance résolument branchée (ben oui, Tel Aviv est plus tendance que Bruxelles – et ce n’est nullement une boutade !) ; il y a encore le concept des repas à partager comme autant d’histoires à raconter ; il y a surtout du frais, du fait maison, de l’innovant : mémorable baba ganoush (purée d’aubergines fumées) à déguster avec une brioche challah (pain juif) ultra moelleuse, mini pitas d’agneau d’anthologie, œufs de Saint-Jacques/ail/sésame noir à se damner, poulpe parfaitement grillé et savoureux risotto de blé, et un chou blanc rôti, crème de feta, tahini (crème de sésame) et noix confites carrément addictif. Sans effet de manche : notre coup de cœur !


31 Rue Marché aux Poulets, Bruxelles
02/219 04 40

www.le-conteur.com

 

Serra slowfood – Slowfood/oasis urbain


On a découvert ce nouveau temple gourmand un dimanche midi, le ciel était si bas, si gris, qu’on a failli se pendre … Non, ne vous laissez pas rebuter par la laideur affligeante de la place Rogier à Bruxelles, Serra, qui occupe le rez-de-chaussée d’un hôtel Indigo récemment rénové, mérite amplement que l’on en franchisse la porte… Quel bonheur que cette parenthèse enchantée en mode oasis urbain de … 750 m2 quand-même ! Un mur extérieur végétal qui nargue Rogier, une déco volontiers bohème, du velours pour la tonalité Art déco, des plantes partout (je ne vous raconte pas le boulot du jardinier attitré !), des photos de la planète en grand format, servent de cadre cosy à deux propositions culinaires distinctes : Garden Kitchen où Pierre Balthazar propose une cuisine axée sur les produits locaux saisonniers, dans leur majorité végétaux, avec néanmoins du poisson péché de façon durable et du poulet bio, et un self-service, le bien nommé Urban Picnic, où déguster bowls, salades soupes et toasts. Serra a ouvert il y a peu, mais annonce déjà un flot de nouveautés, dont un brunch avec DJ tous les derniers dimanches du mois et l’ouverture (attendue) du Garden Kitchen en soirée dès le mois d’avril… Plus qu’un resto, un lieu de vie qu’on n’a pas envie de quitter !


20 Place Charles Rogier, Bruxelles.
02/274 24 86

www.serrabrussels.be

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© Fred Sablon

Great Market – Supermarché oriental


Un supermarché comme en Méditerranée a ouvert fin 2019 à deux pas de la place Meiser. Quand on dit supermarché, c’est un peu réducteur, car le lieu est à la fois magasin, traiteur et food court et s’étend sur 2.200 m2 ! 


650 Chaussée de Louvain, Schaerbeek

www.greatmarket.be

 


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Hearth Project by Elliott

Elliott Van de Velde, le « LittleChef », bouscule les codes ! Très actif dans l’aide humanitaire, le « Zero Waste » est devenu son cheval de bataille. Face au coronavirus, il déploie son énergie pour le personnel soignant. Son organisation Hearth by Elliott prépare gratuitement entre 300 et 450 repas par jour.

Rencontre avec ce jeune chef que rien n’arrête !

MOTS : ARIANE DUFOURNY
PHOTOS : CHRISTIAN HAGEN

« Mens sana in corpore sano » décrit parfaitement le jeune chef Elliot Van de Velde. Plutôt que d’utiliser le « je », il privilégie le « on ». La cuisine, il l’a découvre en épluchant un oignon ! Il pleure, non pas en l’épluchant mais en découvrant sa vocation. Triathlète accompli, il découvre cette passion pour laisser courir « Cartouche », son dalmatien. 

En 2016, il crée « LittleChef » où il twiste le côté rock’n’roll des tendances culinaires, l’exigence et le travail d’un étoilé dans des lieux insolites, à la maison ou encore même au bureau. A ses yeux, le gaspillage alimentaire n’est pas une fatalité. Le « Food surplus »  dont les légumes « moches », les invendus, les déchets retrouvent toutes leurs grâces entre ses mains.

En 2018, Elliott est devenu l’ambassadeur européen « Food Waste & Sustainability » de la campagne « Metro » et envisage des solutions à long terme de la gestion des surplus alimentaires et de son impact local. A titre d’exemple, il a pu récupérer, en un jour, pas moins de 134 kg de nourriture qui se seraient retrouvés à la poubelle ! Dès lors, il a changé son approche de la nourriture et a organisé des dîners pour les migrants capables de nourrir 600 personnes grâce à un surplus de nourriture et l’aide généreuse de partenaires et de bénévoles. 

Ses actions humanitaires ont rapidement été remarquées par des ONG mondiales, à l’instar de « Médecins du Monde » et « Médecins sans Frontières », lesquelles se sont associées avec lui de manière continue. Pour elles, il a élaboré des dîners gastronomiques à base de surplus alimentaires, cuisinés par des chefs étoilés au guide Michelin. Au final, pas moins de 30.000 euros récoltés aux bénéfices des ONG ! 

Le jeune chef que rien n’arrête vise encore plus haut pour aider son prochain et lutter contre le gaspillage alimentaire. En 2019, il crée l’ASBL «  Hearth » visant à fournir des repas aux personnes nécessiteuses en utilisant le surplus alimentaire. Pour financer « Heart Project », il organise des dîners gastronomiques haut de gamme en exploitant le « Zero Waste ». A ce jour, cinq tonnes de nourriture ont été récupérées permettant de cuisiner 3.500 plats à plus de 1.400 personnes !

Elliott-van-de-velde

Du tac au tac avec Elliott

On, c’est qui ? Moi, ma tête, mes mains et inclut tout le monde car j’ai envie de partager. 

« Mens sana in corpore sano » ? C’est devenu une devise, un mode de vie. Dans le sport ou en cuisine, me dépasser permet d’atteindre un but précis. Après mes temps passés en forêt ou en piscine, je ne suis pas le même chef. J’apprends au fur et à mesure de mes échecs et de mes ambitions.

Le Zero Waste, votre cheval de bataille ? Ça m’excite de cuisiner des légumes moches et d’en faire quelque chose de dingue, de rendre les produits au plus « parfait » de leur état : en coulis, pickles, purée, sautés, fermentés, grillés, et j’en passe… Je les pimpe suivant leur vraie personnalité, c’est un peu mes legos ! 

Le « Food Waste » pour les nuls ? Ce sont les légumes récupérés chez nos fournisseurs comme les légumes moches, les non calibrés, les non codés : des produits dont les codes-barres ne matchent pas entre fournisseurs et dont la production part aux poubelles ! Tous ces aliments nous permettent de cuisiner en étudiant la vraie valeur du produit, comme une tomate trop molle, pas assez mûre, etc. On va utiliser de A à Z le produit au lieu de le jeter ! Par exemple, les pelures d’une carotte serviront à élaborer un vinaigre ; celui-ci lorsqu’il aura infusé sera réhydraté pour créer une poudre qui composera un de nos sels. Les possibilités sont infinies ! Il y a aussi les composts et dix mille manières de ne pas jeter des ingrédients dans une poubelle qui de surcroît, prennent une place monstrueuse et au final se retrouvent avec des déchets non triés.  

Heart Project, son concept ? C’est un projet social où on va récupérer des invendus de nos fournisseurs pour en faire des menus gastronomiques et surtout réutiliser toute cette nourriture pour des personnes dans le besoin. 

Qui bénéficiera des surplus alimentaires ? On peut récupérer tellement de nourriture, qu’on peut nourrir tout un panel de gens : des sans-abris, des réfugiés, des personnes démunies, qui à cause du contexte de notre société, ont du mal à joindre les deux bouts financièrement, à l’exemple des personnes isolées ou divorcées, qui doivent faire des concessions au niveau de la nourriture devant privilégier leurs charges. 

Hearth Project, son but ? Ouvrir un pop-up, à Bruxelles, dédié à la recherche et à la gestion des « Food Surplus » et créer une banque alimentaire. Étant ambassadeur « Food Waste & Sustainability » chez « Metro », j’ai tous les accès de récupération pour de gros volumes qui permettraient de soutenir les petites ASBL à livrer des plats cuisinés par les bénévoles et aider les gens qu’ils nourrissent déjà mais avec une meilleure logistique et un apport nutritionnel plus conséquent. En plus, avec les bénévoles, nous voulons organiser des journées de distribution pour les réfugiés.

Vos mentors ? Massimo Bottura, le chef triplement étoilé, de l’« Osteria Francescana » à Modène, désigné à deux reprises meilleur restaurant mondial. Son projet « Food for Soul » – www.foodforsoul.it

est socialement extraordinaire ! Quant à l’empreinte environnementale, Mauro Colagreco, le chef italo-argentin est splendide ! Son restaurant le « Mirazur » à Menton, trois étoiles au Michelin et élu meilleur restaurant du monde en 2019, est le premier restaurant au monde certifié « Plastic Free ».

Votre moteur ? Les bénévoles passionnés, plus de 150 à ce jour et les organisations soucieuses d’avoir un impact local combinant à la fois des objectifs sociaux et une approche durable autour de l’alimentation. C’est magique ! 

Comment aider Heart Project ? Par le bénévolat ! Des gens d’expérience, de temps et de cœur. Quant aux entreprises, organiser un team building, financer et développer nos dîners gastronomiques « Zero Watse ».


Pascal Devalkeneer, tell me...

Ce qu’ils aiment. Comment ils ont vécu le confinement. Quelle est la première personne qu’ils embrasseront à la fin du lockdown. On a interrogé plusieurs personnalités du monde de la gastronomie, de la culture, de la mode, des sports. C’est Pascal Devalkeneer qui ouvre le bal.

MOTS : ARIANE DUFOURNY
PHOTO : SERGE LEBLON

Vos sources d’inspiration sont… le quotidien, mes humeurs et mes produits.

Vos forces sont… la réactivité et la remise en question.

Vos défauts majeurs sont… de n’être pas assez maniaque pour certaines choses et parfois trop gentil.

Vos péchés mignons sont… la gourmandise et les bons vins.

Jamais sans mon… couteau

La perfection… n’existe pas en cuisine car rien n’est figé a contrario de l’art. On est tout le temps en recherche de perfection et quand on pense y arriver, il y aura toujours quelque chose qui demandera de retravailler en fonction, d’une saison, d’une actualité, d’une envie.

Le bonheur est… de profiter de l’instant présent.

Be Confined

La vie en confinement, c’est… reposant, intéressant de retourner vers d’autres valeurs. La notion du temps est complètement faussée, étrange et me perturbe ou pas : tout passe trop vite alors qu’on fait beaucoup moins. Je ne sais plus comment je faisais avant !

Ce qui vous manque le plus est… le contact social.

Vous avez profité du confinement pour… dormir, me reposer et cuisiner.

Vos plats les plus réconfortants en cette période de crise sont… la ratatouille, les boulettes sauce tomate, le poulet rôti, les pommes de terre grillées au feu de bois – thym citron et abats de volaille, le Saint-Pierre au fenouil – câpres -citron et tomates, le risotto aux asperges vertes et petits pois.

La fin du confinement total serait… de retrouver notre liberté. J’espère qu’on va sortir de cette angoisse, de cette menace et se sentir libre à nouveau de se déplacer, de voir des gens, de travailler.  

La première chose que vous ferez dès le confinement totalement levé sera… du social à tous les niveaux : des apéros, des hugs…

La première personne que vous embrasserez à la fin du lockdown … je ne sais pas encore qui sera devant moi. (rire).

La recette qui fait du bien 

Grosses crevettes tigres à la plancha – fregola aux poivons confits.

LE CHALET DE LA FORET

Drève de Lorraine, 43
1180 Uccle

info@lechaletdelaforet.be
www.lechaletdelaforet.be

 


cokoa

Dites-le avec des fleurs

Cokoa, et bientôt Cokoa 2, ou la fulgurante ascension d’Anaïs Gaudemer, première pâtissière florale de Belgique…

MOTS : SERVANE CALMANT
PHOTOS : ANAIS GAUDEMER

En 2016, Anaïs Gaudemer, architecte paysagiste de formation, décide d’écouter son cœur qui fait boum pour la pâtisserie ! Elle lance sa petite entreprise : Cokoa, un « vrai chantier de vie », avoue-t-elle. Aménager des jardins, quel beau métier ! Heu, non, non, ce jour-là, Anaïs devient la première pâtissière florale de Belgique. #flowerart. #herstyle. Une reconversion qui fleure bon la passion gourmande, même si Anaïs avoue préférer le salé au sucré – sacrée bout de femme ! 

« Il y a urgence à vivre la vie qu’on rêve, mais il faut se donner de solides moyens, tous les jours, pour l’obtenir », écrit-elle avec clairvoyance sur la page Facebook de Cokoa, qu’elle anime avec allant. Depuis 2016, d’autres pâtissières ont suivi sa voie, « beaucoup de copié/collé, c’est dommage dans un secteur aussi créatif », analyse Anaïs… Mais peu importe, Anaïs est et reste la « first lady » des gâteaux floraux. Enfin en Belgique… Car chez nos amis français, Pierre Hermé – c’est Anaïs qui le cite – avait déjà mis tout le monde d’accord avec Ispahan, le macaron (décliné ensuite en gâteau, cake et sorbet) qui marie avec bonheur framboise, litchi et … pétales de rose ! Si Pierre Hermé travaille les fleurs, c’est forcément bon ! 

Pour l’heure, c’est dans son petit atelier-boutique situé à Ixelles, joliment baptisé Cokoa, que l’on rencontre Anaïs Gaudemer. C’est ici qu’elle confectionne, sur commande, des gâteaux de mariage et d’anniversaire tellement beaux (qu’ils pourraient être l’œuvre d’une architecte paysagiste – boutade !), qu’on les déguste jusqu’à la dernière miette … oups …  jusqu’à la dernière pétale ! Eh oui, les fleurs décoratives d’Anaïs sont comestibles ! Mais sont-elles savoureuses ? « Les pensées, je les choisis pour leurs couleurs, les orchidées, qui ont un goût légèrement iodé, parce qu’elles sont robustes, les tagètes sont un peu amères mais tellement jolies… il y a aussi la rose, la bourrache, la lavande… », énumère Anaïs qui avoue que  « les motifs floraux qui garnissent un gâteau ont finalement assez peu de saveur; les infusions, hydrolats et huiles essentielles de fleurs, en revanche ! Intégrer des huiles dans un entremets nécessite des dosages très minutieux – j’y travaille chaque jour ! »

Autre défi, de taille : réussir à séduire le palais des clients avec de nouvelles saveurs ! Qu’affectionne particulièrement le client ? Le chocolat, la vanille, (rire)… « Il y a en effet un travail d’éducation du palais à des nouvelles saveurs. C’est pourquoi, je propose six entremets de base saisonniers (composés, le plus souvent, de mousse, d’un insert crémeux, d’une compotée de fruits, d’un biscuit ou d’un sablé) ; le glaçage et la décoration florale étant sur mesure, adaptés à la saison, à l’humeur du jour ou à une demande particulière du client. »

2019, top année pour Anaïs Gaudemer qui, galvanisée par le succès, a bien fait évoluer sa petite entreprise. Step by step mais à vive allure, Anaïs a engagé deux employées à la production et doublé la quantité des gâteaux de mariage ! Si la jeune patronne met moins la main à la pâte aujourd’hui qu’hier, c’est pour s’occuper de la création, de la comm’, des dégustations, des livraisons, de l’administration… Mais elle a toujours autant la niaque ! La preuve, Anaïs vient d’acheter un nouvel atelier à Uccle, Cokoa2, une « académie dédiée à l’apprentissage de la pâtisserie » où elle animera (avec des invités de renom !), des formations, masterclasses et conférences gourmandes…  Ouverture prévue en mai 2020. 

Be Perfect aime

L’enthousiasme frénétique d’Anaïs – Girl Power !

Les entremets à la déco florale – c’est beau c’est bon.

La biscuiterie (une dizaine de saveurs différentes, classiques, qui rappellent le goûter de 4h de l’enfance. Pas de saveurs florales, par choix !), les macarons ( 17 saveurs) et les cakes moelleux, en vente à l’atelier-boutique.

Les invendus redistribués à une association d’aide aux sans-abri. 

cokoa

COKOA

Chaussée de Boondael 66 à  Ixelles. 
Commande de gâteau en ligne ou au 0498365294.

Biscuits, macarons et cakes, vente directe à l’atelier.
www.cokoa.be


Elliott-Van-de-Velde

Un dîner gastronomique « Zero Waste » pour la bonne cause

Elliott Van de Velde, le « LittleChef », organise un dîner gastronomique « Zero Waste » au profit d’une belle cause : « Hearth Project ». Des chefs de haute renommée dont Pascal Devalkeneer, le célèbre chef doublement étoilé du Chalet de la Forêt, rivaliseront d’imagination pour vous faire découvrir un menu six services haut en couleur et en saveur. En prime, des cocktails en pairing avec Bacardi, Bombay Sapphire et Martini Non-alcoholic ! Les bénéfices permettront de soutenir l’ouverture de son pop-up dédié à la gestion des « Food Surplus » et à la création d’une banque alimentaire. 

MOTS : ARIANE DUFOURNY
PHOTOS : CHRISTIAN HAGEN

Le jeune chef Elliott Van de Velde, accompagné de son équipe de bénévoles, lutte activement contre l’anti-gaspillage qui à ses yeux, n’est pas une fatalité. Le « Food surplus »  dont les légumes « moches », les invendus, les déchets retrouvent toutes leurs grâces entre ses mains.

En 2018, Elliott est devenu l’ambassadeur européen « Food Waste & Sustainability » de la campagne « Metro » et envisage des solutions à long terme de la gestion des surplus alimentaires et de son impact local. A titre d’exemple, il a pu récupérer, en un jour, pas moins de 134 kg de nourriture qui se seraient retrouvés à la poubelle ! Dès lors, il a changé son approche de la nourriture et a organisé des dîners pour les migrants capables de nourrir 600 personnes grâce à un surplus de nourriture et l’aide généreuse de partenaires et de bénévoles. 

Ses actions humanitaires ont rapidement été remarquées par des ONG mondiales, à l’instar de « Médecins du Monde » et « Médecins sans Frontières », lesquelles se sont associées avec lui de manière continue. Pour elles, il a élaboré des dîners gastronomiques à base de surplus alimentaires, cuisinés par des chefs étoilés au guide Michelin. Au final, pas moins de 30.000 euros récoltés aux bénéfices des ONG ! 

Le jeune chef, que rien n’arrête, vise encore plus haut pour aider son prochain et lutter contre le gaspillage alimentaire. En 2019, il crée l’ASBL «  Hearth » visant à fournir des repas aux personnes démunies en utilisant le surplus alimentaire. Pour financer « Heart Project », il organise des dîners gastronomiques haut de gamme en exploitant le « Zero Waste ». A ce jour, cinq tonnes de nourriture ont été récupérées permettant de cuisiner 3.500 plats à plus de 1.400 personnes !

A vos agendas !

Son prochain évènement caritatif se tiendra au Knokke Out, à Waterloo, le 30 mars 2020. Des chefs de haute renommée seront mis au défi de cuisiner des ingrédients « surprises » à base de « Food surplus » récupérés chez « Metro » ! Exit les préjugés, le « Food Waste », ce ne sont pas des épluchures de légumes !

Des chefs au grand cœur, dont Pascal Devalkeneer du Chalet de la Forêt**, 

Eddy Münster du Wine in the City*, Kevin Lejeune et son équipe de La Canne en Ville*, Xavier Lizen de Origine, se surpasseront pour vous faire découvrir un menu six services exceptionnel. En prime, des cocktails en pairing avec Bacardi Reserva Ocho, Bombay Sapphire et Martini Non-alcoholic. Les bénéfices permettront de soutenir l’ouverture de « Hearth Project », son pop-up dédié au « Food Waste ». 

Pour participer à cette soirée extraordinaire, inscrivez-vous via le lien :   https://www.eventbrite.be/e/diner-etoile-zero-waste-by-hearth-project-tickets-93957811343?aff=ebdssbeac. L’excellence et Be Perfect seront au rendez-vous ! Et vous ?

Dîner gastronomique « Zero Waste » by Hearth Project 

Knokke Out Waterloo
Chaussée de Tervuren, 389 – 1410 Waterloo

Lundi 30 mars 2020 à 19 heures.
PAF : 150 €

www.hearthproject.com


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Stefan Jacobs, ne l’appelez pas chef !

MOTS : SERVANE CALMANT
PHOTOS : MOHAMED HOUSSEIN

A 23 ans, il offrait une étoile au Va Doux Vent ; à 30 ans, c’est dans son propre restaurant qu’il nous reçoit. Stefan Jacobs est de retour sur ses terres de Gembloux, auprès des producteurs wallons qui défendent, comme lui, le beau produit. Avec sa compagne, Aurélie Leempoel, il a restauré l’ancienne ferme d’Ernage qu’il a baptisée Hors-Champs. Une adresse ambitieuse et généreuse (resto gastronomique, épicerie fine, chambres d’hôtes, grange événementielle) qui colle pile poil à son tempérament d’entrepreneur déterminé, à sa démarche locale, et à son caractère de chef – oups – point du tout conformiste ! Coup de cœur.

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Il l’avoue d’emblée : « Nous, restaurateurs, avons un message à faire passer : consommer mieux et différemment.» Oui aux produits de saison en circuit court, non au gaspillage. Dans la cuisine de Hors-Champs, plus de 80 % de produits locaux et aucun produit transformé ! « On achète l’animal entier auprès d’un producteur wallon. Et on met un point d’honneur à maîtriser toutes les préparations de la viande : filets, cuisses, carcasse, bas morceaux, les jus, et évidemment les pâtés, terrines et boudins ! », précise celui qui fut étoilé à 23 ans, et qui est passé maître dans l’art de travailler le mono-produit.

« Nous, restaurateurs, avons un message à faire passer : consommer mieux et différemment ! »

Retour au fief

Sa première étoile, Stefan Jacobs l’a décrochée au Va Doux Vent à Bruxelles, son dernier projet éphémère, c’était SJ By Marie à Flagey, Bruxelles toujours. Pourtant la Capitale n’a pas su retenir le Wallon qui s’y sentait un chouia à l’étroit. « Après avoir travaillé à la Brasserie de Bertinchamps à Gembloux, c’était pour moi une évidence de m’installer ici ! Je rentre donc au patelin, là où j’ai tissé des relations privilégiées avec les artisans et producteurs du coin, et où je compte bien développer une entreprise de maraîchage pour cultiver des plantes aromatiques et des épices… ».

Il y a trois ans, Stefan décide d’acheter une grande ferme en carré du 19e, la ferme d’Ernage, à l’abandon depuis dix ans. Bingo ! « Il n’y a plus qu’à »… Qu’à la restaurer et ouvrir un restaurant gastronomique, qui sera également une vitrine des artisans locaux. Stefan retrousse ses manches – il est bricoleur -, se fait épauler des siens et de son équipe pour parachever les extérieurs – l’homme est fédérateur – et, puisque l’art de bien manger ne s’improvise pas, il fait appel aux meilleurs des artisans ! La ferme Baré livre la farine (Stefan cuit son propre pain, dans le four qu’il a construit lui-même), le centre horticole de Gembloux fournit les légumes, la Petite Campagne à Bovesse l’approvisionne en fromage, la Ressourcerie Namuroise à Saint- Gervais a restauré les fauteuils vintage que le couple a glanés ça et là, la Fabrique noire à Courcelles a créé des tables sur- mesure, Kim Verbeke de Cortil-Noirmont a fabriqué les céramiques…

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Ça roule !

Stefan Jacobs a ouvert en octobre dernier, et le service en salle est déjà réglé comme du papier musique. Organisé mais jamais guindé. C’est la volonté du chef – pardon : de Stefan – qui a insufflé ce mood décontracté à son équipe. Alessia, la sommelière, nous aime bien : on vient de lui confier notre penchant pour les vins naturels – c’est aussi son dada ! « On a également inscrit des flacons belges à la carte et je vous réserve une surprise au dessert ! », parole de cidrophile ! Antoine, en salle, va nous surprendre en nous laissant le choix des armes : la coutellerie familiale Depireux à en effet réalisé pour Hors-Champs des couteaux dont les manches proviennent de 60 essences forestières différentes. Le détail qui tue : le nom de chaque bois est gravé sur la lame ! Dans la cuisine ouverte, la brigade s’active en silence, Stefan met la main à la pâte, dresse les assiettes – la mécanique est déjà rodée. Avec enthousiasme.

Au menu d’octobre dernier (qui change tous les mois), des produits de pleine saison : céleri-rave (en sorbet, lacto-fermenté, en mayo, en chips …), Saint-Jacques (snackées et en gyoza), chevreuil (en deux préparations) et un dessert autour de la pomme. Soit un mono-produit abordé avec savoir-faire, clarté et franchise. « J’aime travailler un seul produit. D’autres ingrédients viennent bien évidemment ponctuer le plat, pour amener une certaine diversité, mais sans jamais masquer le produit phare. L’objectif est tout simple : offrir une meilleure lecture de l’assiette ! Le client sait ce qu’il mange ; la complexité du plat est affaire d’assaisonnement », nous confie Stefan qui crée lui-même ses mélanges d’épices, à l’instar d’Olivier Roellinger, son mentor.

On l’aura compris, Hors-Champs, c’est plus qu’un restaurant, c’est (presque) la maison de Stefan et d’Aurélie, leur chez-soi, structuré en fonction de leurs envies, charpenté comme une vitrine des artisans avec lesquels ils ont noué une belle complicité. Et taillé, c’est une certitude, pour durer.

Stefan Jacobs a fait ses armes dans de belles maisons (Le Gastronome à Paliseul, Olivier Roellinger à Cancale, Le Sea Grill à Bruxelles), puis a décroché sa première étoile au Va Doux Vent à 23 ans, avant de poser ses couteaux à la Brasserie de Bertinchamps pendant deux ans. Il multiplie ensuite les pop-up (Autrement durant tout l’été 2017, puis chez Marie à Ixelles en 2018).

En novembre dernier, Stefan se pose, enfin, chez lui, à Ernage, près de Gembloux. Il l’appelle Hors-Champs : un resto gastronomique complété, dès janvier 2020, de quatre chambres d’hôtes, d’une grange pour accueillir des événements,
et d’une épicerie fine. To be continued…

Du tac au tac avec Stefan Jacobs

Le métier de cuisinier, une évidence ? La réponse fuse:«Oui!»

Chef ou patron ? « Patron, car j’ai un vrai esprit d’indépendant. Chef, non, je n’aime pas le service guindé et protocolaire des grandes tables. »

Les produits que vous préférez cuisiner ? « J’aime bien les produits tripiers, les abats, pieds de cochon, la queue de bœuf, les joues de porc… Des produits où il y a du travail, car ce ne sont pas des aliments qui mettent d’emblée tout le monde d’accord, il faut donc les rendre accessibles à tous les clients ! » Cervelas (maison évidemment), boudin noir à la cuillère et hure de cochon aux orties : les mises en bouche d’octobre ont mis tout le monde d’accord !

De quel produit ne pouvez-vous absolument pas vous passer en cuisine ? « Les épices » (Tiens, tiens, comme Olivier Roellinger, Breton triplement étoilé et mentor de Stefan Jacobs – ndlr)

Le plat de votre enfance ? « Le foie de veau poêlé. » Le dessert de votre enfance ? « La tarte au riz. » Vos influences ? « Mes producteurs wallons. »

Vin conventionnel, bio ou nature ? « Bio et nature, on n’a quasi aucune référence conventionnelle ! Et des vins belges, notamment du Château de Bioul. »

Votre plus belle rencontre gastronomique ?

« Olivier Roellinger. »

Si vous n’aviez pas été chef cuisinier ? « J’aurais été menuisier ! »

Une anecdote à partager ? « Chaque fois que j’entreprends quelque chose, mon entourage me traite de fou ! Tous les projets que j’ai développés dans ma vie professionnelle sont arrivés très tôt : j’ai eu une première étoile à 23 ans, et mon propre resto à 30. Je dois être né fonceur. »

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HORS-CHAMPS – LA FERME D’ERNAGE

Ouverture du mercredi au dimanche, midi et soir.

Chaussée de Wavre 170 à Gembloux
T. : +32/494 42 77 95
info@hors-champs.be

www.hors-champs.be/restaurant


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LA FÈVE de cacao, de L’OR en barre

MOTS : SERVANE CALMANT
PHOTOS : NIHANT

Ingénieur de formation, Benoît Nihant est devenu chocolatier et cacaofèvier. Chocolatier haute couture par gourmandise et passion ; cacaofèvier par ténacité et refus d’une standardisation des goûts. Le Liégeois peut se targuer de contrôler toute la chaîne de fabrication du chocolat, de la plantation du cacaoyer, à la récolte des fèves de cacao, jusqu’à la production des tablettes de domaine. Entrevue avec un artisan qui place les rencontres humaines, au cœur d’un métier façonné par l’amour du produit bien fait…

Dans nos sociétés capitalistes, le capital échappe aux hommes dont le travail produit des richesses car il revient aux hommes qui détiennent le pouvoir. Il y a pourtant moyen, en ce bas monde, de faire du commerce autrement… C’est cette volonté de recourir à un système de valeur plus juste, qui a poussé Benoît Nihant à parcourir le monde, à la recherche des meilleures plantations de cacao, dans le respect des planteurs et de leur environnement. « La majorité des chocolatiers (industriels ou artisans, ndlr) ont comme matière première un chocolat de couverture, qu’ils vont refondre ! Moi, je mets un point d’honneur à maîtriser chaque étape de la chaîne de fabrication du chocolat, ce qui inclut l’achat de fèves de cacao auprès de petits planteurs – d’où le néologisme cacaofèvier pour exprimer l’idée d’un chocolat fabriqué à partir de la fève de cacao… »

Les 95% de la production mondiale de cacao sont achetés par quatre, cinq, géants de l’agro-alimentaire dont Barry Callebaut, le n°1, Cargill, Olam,… Le cacao de ces mastodontes se retrouve dans presque toutes les tablettes de chocolat du monde ! « Oui ! Et le prix des fèves de cacao est dicté par la bourse ! Les multinationales sont beaucoup plus intéressées à assurer leur approvisionnement en cacao qu’à améliorer les conditions sociales des pays fournisseurs. La plupart des planteurs vivent d’ailleurs sous le seuil de pauvreté ! Par ailleurs, pour répondre à la demande croissante de chocolat, l’homme a créé le cacao CCN51, une variété super productive mais absolument pas qualitative, que les multinationales valorisent évidemment à un prix très bas ! Que reste-t-il dès lors aux planteurs ? Le planteur connaît rarement le chocolat comme produit fini, il ignore donc qu’on peut apporter des nuances aromatiques au chocolat. Ça fait partie de mon travail de lui expliquer qu’il peut valoriser son terroir autrement, et obtenir un rendement à l’hectare intéressant avec des variétés d’arbres plus rares et dédiées au goût ! »

Comment rentre-t-on en contact avec des planteurs qui ne sont pas sous la coupe des géants du cacao ? «J’ai beaucoup voyagé, parfois à l’initiative d’un Ministère de l’agriculture d’un pays du bout du monde, le plus souvent sans résultat probant. Jusqu’au jour où… Le gouvernement péruvien m’a invité avec d’autres chocolatiers internationaux, à visiter une région qui avait été sous le joug des trafiquants de drogue et de bois – on était escortés par les militaires et une équipe médicale ! Le Pérou y aidait les paysans locaux à remplacer leur culture de coca par celle du cacao. L’année suivante, j’ai développé un projet en collaboration avec Forest Finance, une entreprise sociale de reforestation, active dans la province de San Martin au Pérou, et j’y ai aménagé ma propre plantation, Luis de Sisa, clin d’œil à mon fils Louis… Des installations de séchage et de fermentation ont ensuite été construites. On a également planté des bananiers pour donner de l’ombre aux jeunes cacaoyers – la vente des premières bananes sur le marché local permettant de subvenir à une partie des besoins des planteurs… Je ne conçois pas de faire du commerce sur le dos des locaux : pour produire de la qualité, ils doivent être payés au juste prix pour continuer à exploiter de vieux arbres au rendement certes plus faible, mais plus qualitatif que le CCN51 ! »

nihant

Vous n’avez pas toujours été chocolatier… « Non ! J’ai plaqué ma vie de bureau qui manquait de créativité à l’aube de mes 30 ans, et j’ai tout recommencé à zéro. J’ai travaillé comme ouvrier chez Wittamer à Bruxelles et, en parallèle, entamé une formation en chocolaterie. J’y ai appris comment travailler le chocolat car travailler la fève, ne s’apprend pas à l’école ! »

C’est quoi un bon chocolat ? « Ce qui détermine la qualité d’un chocolat, c’est la sélection des fèves en fonction d’un même terroir, d’un même cépage, d’une même plantation – là où elles auront subi une fermentation et un séchage uniformes. Quand tous ces critères sont réunis, on peut espérer produire un vrai chocolat de terroir aux nuances aromatiques intéressantes. A contrario, un cacao industriel du Pérou proviendra d’un assemblage de fèves du Pérou certes, mais d’une centaine de plantations différentes. Avec, à la clé, un chocolat standardisé. »

Votre volonté de vous différentier des autres chocolatiers s’exprime également dans vos ateliers à Awans… Oui ! Les fèves sont torréfiées dans nos ateliers à Awans sur de vieilles machines ! Quand je me suis lancé il y a 12 ans, il n’existait pas de machines pour fabriquer du chocolat à l’échelle artisanale ! On a donc déniché un torréfacteur des années 50, pour une torréfaction à basse température afin de préserver le caractère unique des fèves, et un authentique broyeur à cacao du 19e siècle, qui va broyer les fèves à l’ancienne, avec lenteur, pour les transformer en masse de cacao. Ces machines exigent du temps mais elles n’altèrent pas la fève. C’est également là, notre marque de fabrique ! »

Pourquoi on aime les chocolats et les ganaches de Benoît Nihant ?

Parce que ses chocolats sont plus concentrés en goûts, en notes aromatiques ; et ses ganaches, réalisées à partir de vraies matières premières. Chez Benoît, une crème ganache à la menthe est préparée à base de feuilles de menthe fraîches, pas avec de l’arôme de menthe, fut-il naturel !

Parce que Benoît Nihant ne marche pas au buzz. L’association chocolat huître, par exemple, ce n’est pas sa tasse de cacao !

Parce que ses tablettes de chocolat se déclinent en autant de crus, comme pour les grands vins, en fonction des plantations, des domaines.

Parce que pour fêter les 10 ans de sa chocolaterie, il nous a fait découvrir un chocolat fabriqué à partir de la fève Catongo, une variété rare de cacao qui donne un incroyable chocolat noir relativement clair, aux belles notes de fruits rouges.

BENOÎT NIHANT, ATELIER À AWANS

Magasins à Awans, Liège, Bruxelles, au Japon aussi, et chez Rob.

www.benoitnihant.be


POPULAR, Voir Naples, MANGIARE E BEVI BENE !

MOTS : SERVANE CALMANT
PHOTOS : GABRIEL LELIÈVRE

Après avoir réinventé les nuits bruxelloises, Les Organisateurs ouvrent leur premier restaurant, Popular, au rez-de-chaussée de l’hôtel Jam. L’occasion d’importer une street food napolitaine de qualité et à prix juste, d’ouvrir un bar à cocktails pour les noceurs,et de signer une deuxième collaboration avec l’architecte belge Lionel Jadot. Mangia e bevi, bene, bien manger et bien boire : l’invitation est on ne peut plus franche.

popular

Pour faire court : Mathieu Botta, Miguel Perez, Leopoldo Profili et Thomas Trothen, autodénommés Les Organisateurs, sont quatre entrepreneurs (presque) trentenaires, qui imaginent des soirées conceptuelles festives, visant à réconcilier les Bruxellois à la vie nocturne. Vous avez forcément dû entendre parler des soirées «Chez Ginette» au Havana Club, « J’Peux Pas J’Ai Piscine » et « Perché » sur le rooftop de l’Hôtel Jam, ou encore «Là-Haut Viage», le bar luxuriant imaginé avec l’architecte Michel Penneman au dernier étage du Grand Casino de Bruxelles… Soit quatre projets ambitieux accomplis en quatre ans ; cinq avec Popular !

Vedi Napoli e poi muori !

Voir Naples, et puis mourir ! Après avoir vu Naples, le reste n’a plus d’importance. Mais Les Organisateurs sont bien trop jeunes pour trépasser, d’autant qu’un flot d’idées inspirantes les travaille au quotidien… « Nous sommes partis en voyage à Naples et sommes tombés amoureux de la cuisine napolitaine : une cuisine de simplicité et de saveurs. De retour à Bruxelles, on a défini le concept de Popular : un restaurant italien qui rendrait hommage à une cuisine de produits, simple et goûteuse, comme à Naples », résume Thomas Trothen. Après quelques annonces pour trouver un chef de cuisine, il miracolo se produit : Franco, Napolitain pure souche qui a pas mal bourlingué, et qui maîtrise parfaitement la street food napolitaine, rencontre Les Organisateurs. Les affinités culinaires sont évidentes – entre ces hommes-là, ça matche ! Et pour cause : on trouve au Popular, la verace pizza napoletana – le pizzaiolo débarque également de Naples -, des burratas crémeuses, et surtout deux incontournables des ruelles étroites de Nàpuli : la montanarina, un petit beignet croustillant garni d’une émulsion de burrata di bufala, de thon rouge fumé, de pistaches et de zestes de citron vert, et la frittatina di pasta, un classique de la cuisine de grand-mère napolitaine que l’on rechigne à refiler à notre convive, tant ce beignet de pâtes se marie à merveille avec un 100% greco, un bianco à la franche minéralité, issu d’un des plus anciens cépages d’Italie. Car c’est bien là, la toute bonne idée de la maison : associer une carte simple, courte et bien pensée d’entrées sans chichis, de bonne charcuterie, de pizzas maison et de pâtes artisanales (avec du blé italien, qui a poussé et qui a été transformé au pays par Massimo Mancini), à une franche sélection de beaux flacons italiens. Mangia e bevi bene étant bien évidemment indissociables !

 

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Mise en scène

Impossible de rester insensible à la mise en scène de Popular. Lionel Jadot, enfant terrible de l’architecture d’intérieur belge, artisan-créateur décomplexé, enchante à nouveau par un exubérant mélange d’éléments recyclés hétéroclites, à l’image de cette œuvre qui tombe littéralement du plafond du bar à cocktails et un backbar rétroéclairé qui distille une ambiance de dernière séance. Au Popular, heureux ceux qui ont faim et soif : ils seront rassasiés !

Be Perfect a aimé

• Une cuisine simple à prix raisonnable.
• Des produits directement importés d’Italie.
• Les détails qui font la différence : une vaisselle colorée, signature en céramique par Fima Deruta.
• Une salle scindée en deux zones, dont l’une propose des tables hautes et des tabourets bars pour une ambiance joyeusement cool.
• Une ambiance bon enfant au resto et festive au bar, ouvert jusqu’à 1h.
• L’installation évolutive DichroField imaginée par le Studio Élémentaires : une nature « robotique » dont les tonalités évoluent au fil de la journée. On ne s’en lasse pas.

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POPULAR

Au rez-de-chaussée de l’Hôtel JAM. Ouvert du mardi au vendredi, de 12h à 14h et de 19h à 23h. Le samedi de 19h à 23h. Le bar reste ouvert les soirs jusqu’à 1h.

132, chaussée de Charleroi à Saint-Gilles