« Made with love in Belgium : la devise du domaine viticole du château de Bioul, fief de la dynastie Vaxelaire, témoigne de la fierté des nouveaux proprios d’avoir réussi à produire un vin dont l’identité est 100% belge ! Au fait, quelle est la typicité du vin belge ? « Son acidité ! », garantit l’éloquente Vanessa Vaxelaire qui se réjouit d’être en septembre, le mois des vendanges…

MOTS : SERVANE CALMANT
PHOTOS : OLIVIER POLET

C’est la fin de l’été, dans ses courbes et sillons, la Meuse nous emporte ; direction le château de Bioul pour y rencontrer Vanessa Vaxelaire et causer minéralité, l’atout séduction des vignobles du nord… « Parlons plutôt d’acidité ! C’est là l’identité, la typicité même des vins de Bioul. On m’avait suggéré de préférer les termes d’attaque vive ou de fraicheur – pourquoi ? Le monde du vin manque cruellement d’acidité, de nombreux viticulteurs plan- tent d’ailleurs toujours plus au nord… L’acidité que notre terroir belge apporte au vin, on travaille avec on ne se bat pas contre : voilà le credo du château de Bioul ! », nous lance d’emblée la dynamique propriétaire des lieux en nous invitant prestement à prendre place dans son nouveau restaurant, preuve tangible que le domaine viticole de Bioul élargit petit à petit ses activités à l’œnotourisme wallon…

« On exploite le vignoble mais le château doit également trouver sa propre rentabilité ! », nous confie-t-elle. C’est que la bâtisse est en effet imposante et son changement d’affectation multiple : château défensif au Moyen-âge, manoir de plaisance au 16e et, depuis 1906, propriété de la famille Vaxelaire, de François Vaxelaire d’abord, le fondateur de la chaîne de grands magasins belge, de ses héritiers enfin, Vanessa Vaxelaire et Andy Wyckmans, les nouveaux propriétaires. Ce couple de citadins plein d’allant n’était absolument pas destiné à la viticulture – il travaillait dans l’événement, elle a un diplôme de comédienne en poche ! Ils ont donc opéré il y a dix ans un virage à 180°: adieu l’urbanité bruxelloise, vive les onze hectares de vignes qui constituent désormais le domaine vitivinicole du château de Bioul… « On a été bien entourés et conseillés », résume promptement Vanessa.

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Il y a dix ans, les premières vignes

« 2009, c’est l’année-phare ! Celle où mon mari et moi avons planté nos premières vignes. On tenait absolument à développer un projet durable et éth- ique guidé par les principes de la biodynamie et de la permaculture. Dans le respect de la vigne, du raisin et de la terre, on a donc planté des cépages résistants aux gelées d’hiver et aux maladies fongiques auxquelles nos latitudes habituellement humides sont souvent confrontées, notamment du Solaris d’origine allemande. Pour développer une approche bio, on a installé des ruches, des nichoirs à chauve-souris, des logis à insectes, on a planté des haies… » Un travail respectueux de l’environnement que Mélanie Chereau, maître de chai depuis 8 ans, valide à 100% : à Bioul, on presse séparément chaque cépage et chaque parcelle et on bannit l’ajout de sulfites au pressurage. La Belgique, future terre des vignerons ? « Une chose est sûre : nous faisons des vins du nord, pas des copies de vins français ! »

Quand la musique est bonne, bonne, bonne…

Après trois années de recherche intensive, le domaine viticole du Château de Bioul décide de remplacer le bâtonnage (pour remuer les lies du vin) par une technique unique au monde : l’élevage en musique ! Explications (simplifiées, n’est-ce pas !) : les cuves vont vibrer au rythme de la musique – de la zik relaxante pendant l’élevage, du classique lors des fermentations. Résultat : sous l’effet des vibrations et des ondes musicales, les lies restent plus long- temps en suspension. Dans le verre, plus d’arômes, de gras et de structure : pari gagné !

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Du tac au tac avec Vanessa Vaxelaire

Des blancs et des bulles ? « Nos machines de guerre ! » Suggestion de la rédaction : la fondue savoyarde de cet hiver est un appel à la Batte de la Reine qui viendra rafraîchir la bouche !

Du rouge ? « On n’est pas forcément un terroir de rouge. Notre tout premier vin rouge « commercialisable », le Cortil Braco, est né en 2016, il avait bénéficié d’une belle exposition. En 2017, on a préféré produire du rosé, en 2018 du rouge car il a fait super chaud. Bref, on alterne entre le rouge et le rosé en fonction des saisons… »

« L’acidité que notre terroir belge apporte au vin, on travaille avec on ne se bat pas contre ! »

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La meilleure récolte ? « Celle de 2018, une année très chaude qui a donné un vin très qualitatif mais peut-être moins typique de notre production, car l’identité belge s’y exprime avec moins de force. »

La meilleure année pour un Bioul à l’identité 100% belge ? « 2017 avec des flacons à la franche acidité. »

La récolte 2019 ? « Elle sera bio ! » Le château de Bioul a toujours produit des vins bio mais la Fleur, le label écologique européen, va disons officialiser la démarche de la maison…

La vitesse de croisière ? « Les premiers vins ont été produits en 2015. On espère que 50.000 bouteilles sortiront de nos chais chaque année, mais on est parfois loin du compte : 2012 a été catastrophique et les Saint de Glace du 9 mai 2019 – je me souviens même de l’heure ! – ne nous ont pas fait de cadeaux, on a perdu 40% de la récolte ! »

Et demain ? « Les Français sont positivement étonnés par nos vins. Une palette de blancs part vers New York. Et on a un projet de chambres d’hôtes au château ! »

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DOMAINE DU CHÂTEAU DE BIOUL

Place Vaxelaire 1 à Bioul
T. : 071/15 98 86
www.chateaudebioul.be

Flacons en vente chez les meilleurs cavistes et chez Rob The Gourmets’Market.