KODY
« Pour être irrévérencieux, il faut être curieux »
Mots : JASON VANHERREWEGGE
Photos : MORTEMPO
Boulimique de travail, Kody Seti Kimbulu, dit Kody Kim ou simplement Kody, continue de multiplier les casquettes en partant en tournée avec son nouveau spectacle « Évolué ». L’incarnateur du Grand Cactus y évoque ses origines, la violence dans le monde ou encore l’évolution de la technologie.
Scène, série, télévision… Vous ne vous arrêtez jamais. Pendant quelques années, j’ai véhiculé une image de personne dilettante mais je n’ai finalement jamais glandé. Au contraire, j’ai multiplié les projets. Au-delà de ce que vous avez cité, je suis ou serai à l’affiche de plusieurs films dont « Muganga » qui revient sur l’histoire du docteur Mukwege (prix Nobel de la paix 2018, NDA) et qui s’attarde sur des femmes violées avec une extrême violence dans l’est du Congo. C’est une fierté car c’est l’occasion de parler de ce conflit qui fait des millions de morts depuis des années. On peut être utile de la sorte.
Si vous êtes en pleine quête d’évolution, vous affirmez ne pas encore vous connaître totalement. À l’approche de la cinquantaine, qu’est-ce qui vous échappe ? Je ne me rends même pas compte de mon âge (47 ans, NDA) ! Mon physique ne coïncide pas encore avec cet âge-là. Je donne l’impression à certains d’avoir 35 ans et moi-même j’en ai encore 25 dans ma tête. J’aimerais avoir cette maturité. J’ai quand même une certaine sagesse en moi mais je reste cet être un peu irrévérencieux et malicieux. En même temps, j’aime bien ce trait de ma personnalité et il faut que je conserve ça. Pour être de la sorte, il faut être curieux, ouvert et candide. Si je perds cette facette, je vais perdre mon intérêt. Quand on devient parent, il faut osciller entre candeur et responsabilité. J’essaie de la perdre par moments et de la retrouver facilement.
En 2022, vous nous expliquiez que le fait de vous enfermer dans le rôle d’humoriste du Grand Cactus était votre plus grosse hantise. Vous affirmiez alors que vous signeriez pour une ultime saison. C’est vrai ! (rires) L’arrivée de nouveaux cama- rades comme Damien Gillard a donné un nouveau souffle à l’émission. Ces gens-là donnent envie de jouer avec eux. Je m’amusais déjà avec James Deano et Martin Charlier mais ça apporte encore plus de dynamisme.
Vous avez débuté en septembre une nouvelle série qui sera diffusée en 2026 sur La Une. Dites-nous-en plus. C’est l’adaptation d’une série québécoise qui s’appelle « Les Beaux Malaises ». Ce programme décrit la réalité et le quotidien de pas mal de mes confrères humoristes qui ont un peu de notoriété. Je me retrouve dans beaucoup de choses qui sont écrites. Maintenant, il faut l’adapter car ce n’est plus la même époque (la série originale date de 2014, NDA). On est aussi en Belgique, je suis d’origine congolaise, noir, et donc ça change quand même pas mal de choses. Ça permet d’évoquer des sujets que les gens ne connaissent pas toujours. Le fil conducteur de cette série, c’est le fait que l’humoriste est en panne d’inspiration pour son nouveau spectacle. On le voit dans sa vie quotidienne faire des choses banales dans lesquelles il peut trouver de l’inspiration. Comme je joue mon propre rôle, ça va être aussi une chouette expérience d’être le personnage principal. C’est une série humoristique avec également des aspects plus profonds.
Transmettre des messages reste primordial à vos yeux dans votre métier ? Je ne cherche pas à faire mon « Tchao Pantin ». Mais, dans la vie, je suis comme ça. Tout le monde l’est d’ailleurs. Personne n’est à 100 % un clown sinon ça devient vite fatigant. Dans le cas contraire, ça me fait peur (rires).
Depuis quelque temps, vous êtes très bankable et votre nom est de plus en plus cité en France. Vos rêves se trouvent-ils désormais de l’autre côté de la frontière ? Mon terrain de jeu, c’est la francophonie. Évidemment, la France en fait partie et c’est la plus grosse vitrine. Je ne cherche pas spécialement à y percer mais j’ai envie de m’étendre sur la francophonie.
Cela implique de nombreux voyages. Comment gère-t-on ce paramètre au niveau familial ? Bien vu ! Et voilà, je retourne dans mes travers (rires). C’est l’intérêt d’aller travailler en France, un pays qui n’est pas très loin de la Belgique.
Lors de notre dernière interview, vous veniez de signer pour l’agence de talents américaine CAA. Quel bilan en tirez-vous trois ans plus tard ? Grâce à cette agence, j’ai prêté ma voix pour des dessins animés. J’ai aussi eu l’opportunité de prester dans une espèce de comédie musicale. Il y a eu par ailleurs une grosse crise de l’industrie du cinéma avec la grève des scénaristes et il y a tout un système qui est en train de changer. C’était donc un peu plus compliqué ces derniers temps, d’autant plus que la distance n’aide pas pour aller faire des castings. Mais, finalement, c’est pareil en France où j’ai aussi un agent. Je n’ai pas fait mille films. Il faut avant tout être patient. Ce n’est pas un sprint, c’est un marathon. Et je travaille mon endurance.
Le 23 octobre au Cirque Royal de Bruxelles et du 14 au 26 novembre en Wallonie.
Instagram : kody_kim

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