SIMON DE BURBURE
« Les défis alimentent ma créativité »
Mots : Barbara Wesoly
Photos : Caféine
Les challenges le guident vers l’excellence et les proportions rigoureuses nourrissent sa recherche de
douceur. Pour Simon de Burbure, l’architecture résidentielle se fait l’écho d’une aventure humaine, dont les lieux ouvrent la voie à une approche épurée et sensible.
Certains architectes trouvent leur vocation dans un héritage familial, d’autres dans l’admiration des bâtiments ou des paysages. Quel a été pour vous le socle de cette passion ? Dès douze ans, j’ai compris que le lycée sous sa forme classique ne me convenait pas. Il était impossible pour moi de rester aussi passif. J’avais besoin de laisser s’exprimer ma créativité, de la mettre en pratique. Aimant dessiner, j’ai intégré à seize ans une école d’art à Gand qui proposait des cours d’architecture, avant de continuer à me former à la KU Louvain. J’ai ensuite rejoint le bureau de Bernard De Clerck pour lequel j’ai travaillé durant cinq ans. En parallèle à son approche très classique, je réalisais des projets plus personnels sous mon propre nom. Cette activité a grandi, jusqu’à devenir centrale. Et depuis 2018, je m’y consacre entièrement.
Comment de cette immersion dans une architecture classique, en êtes- vous venu à une signature nettement plus contemporaine ? Cette première expérience m’a amené sur des chantiers en Italie et en France, ainsi qu’à restaurer des châteaux en Irlande. J’ai été fasciné par les proportions et la symétrie des bâtiments anciens, cette forme de rigueur guidée par des principes stricts. Et je m’attache en effet à réinterpréter ces lignes à l’aune d’une architecture plus contemporaine mais finalement assez hybride. Je n’aime pas la stérilité des designs trop modernes. Une maison doit demeurer chaleureuse. Cette alchimie naît de multiples éléments tels que l’emploi de teintes naturelles, une attention particulière accordée à la transparence et aux vues, ainsi qu’une certaine forme de douceur.
Pourquoi avoir fait le choix de vous concentrer exclusivement sur le résidentiel ? Pour l’infinité de ses possibilités, sa constante réinvention. Chaque projet développe un nouveau concept. Chaque lieu est imaginé sur-mesure. Lorsqu’un client fait appel à moi, je passe des heures à analyser sa façon de se mouvoir dans l’espace et de l’habiter, ses habitudes et les besoins qui en découlent. C’est une adaptation permanente de l’architecture à l’humain. Le résidentiel se détache de certaines contraintes et me permet d’employer pleinement ma créativité. Ces espaces, que je dessine durant deux ou trois mois, je les imagine comme un cadre où j’aimerais habiter. C’est une approche très personnelle, celle d’un refuge vivant, tactile. C’est ce qui m’amène à choisir des matériaux patinés, texturés, à aimer travailler notamment avec de l’argile. À côté de la beauté, la gestion de l’espace et des finitions est également essentielle. L’humidité, l’acoustique, font tout autant partie de l’expérience et du plaisir à vivre dans un lieu.
Quel projet raconte le plus intimement votre approche ? Il y en a tellement. Notamment une belle maison située à Courtrai et qui donne l’impression d’être perdue au milieu des bois. L’intégration de l’architecture à la nature est un élément prégnant pour moi. Elle se trouvait déjà sur une butte, mais je l’ai encore surélevée, faisant en sorte que la cuisine semble installée au milieu des arbres. Cela donne un résultat organique, presque sauvage. Il y a aussi la VC House, une résidence de 1200 m2 à proximité du golf de Knokke, dont les surfaces travaillées dans une palette de tons neutres s’ouvrent sur la végétation. Même si j’estime que créer un univers intérieur est la base de toute architecture, j’utilise l’équilibre et la symétrie pour obtenir un dialogue entre l’espace et le jardin. En alignant par exemple les arbres selon certains axes des lieux.
Vous n’acceptez que huit projets par an. Quels sont vos critères de choix pour ceux-ci ? Les rencontres. J’aime les gens qui me challengent par leur sensibilité. Ceux qui collectionnent les œuvres, sont fous de chevaux ou ont des désirs très spécifiques. Leur passion nourrit la mienne, me pousse dans mes retranchements. J’ai ainsi réalisé une maison pour un client possédant 300 pièces d’art et dont les murs, mais aussi la vue, devaient être pensés en fonction de celles-ci. Huit n’est pas un nombre gravé dans le marbre, mais je me limite afin de pouvoir m’immerger totalement dans chaque réalisation. Je viens d’achever la rénovation d’un petit château face à la plage, auquel est venu s’ajouter une annexe moderne de 700 m2. J’ai égale- ment retravaillé récemment une résidence pour lui donner une approche brutaliste. J’apprécie la diversité et plus encore les défis. Je rêve de construire une maison sur un rocher ou bordant la mer. Et de pouvoir créer chaque meuble au sein d’un endroit. Aller au plus loin, au plus profond d’un projet, vers tou jours plus de complexité.

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