Un retour remarqué

Cette année, Cartier mise sur la revisite de sa célèbre montre Santos. Elle nous revient dans une version plus contemporaine et plus ludique, sans rien avoir perdu de sa légendaire élégance.

Mots : Magali Eylenbosch
© Cartier

Le 16 avril dernier, Milan a vécu à l’heure de la Santos à l’occasion de son grand lancement européen. La Maison Cartier avait mis les petits plats dans les grands et en a profité pour rappeler la belle histoire d’une montre qui n’a décidément pas ni de faire parler d’elle. Remontons un peu dans le temps. Les premières montres-bracelets pour hommes étaient généralement considérées soit comme des pièces de prestige, soit comme des objets éphémères, un brin efféminés. On n’imaginait pas que tous les messieurs en auraient bientôt une au poignet. Lorsque l’aviateur, Alberto Santos-Dumont confia à son ami, Louis Cartier, qu’il lui était particulièrement difficile de sortir sa montre gousset pour lire l’heure en plein vol, le défi est lancé. En 1904, Louis Cartier crée pour lui l’une des toutes premières montres bracelet, résolument masculine… mais qui sera aussi appréciée par les dames. Un cadran aux angles arrondis, des attaches au galbe harmonieux et ses vis apparentes en feront une montre culte. Dans les années 70/80, elle se démocratise grâce à une version or/acier et s’habille d’un bracelet métal spécialement imaginé pour elle. Aujourd’hui, la Maison a revisité ses lignes dans le plus grand respect de son ADN. Rien de compliqué si l’on considère que le design d’origine était quasi parfait. Les proportions de la lunette ont été revues pour agrandir l’ouverture du cadran et annoncer la présence du bracelet. Pas un, mais deux bracelets… le premier en cuir, le second en métal. Ils sont interchangeables en quelques secondes, sans avoir besoin d’un quelconque outil.

 

Pierre Rainero, à la tête du style, de l’image et du patrimoine chez Cartier a répondu à nos questions…

 

Cartier a créé récemment de nouvelles lignes, comme la Drive, mais continue à capitaliser sur ses produits mythiques…

Bien sûr ! Il faut regarder en amont. Quelle a été notre valeur ajoutée dans le monde de l’horlogerie ? Essentiellement la montre de forme ! On l’a introduite dans un monde résolument rond. Et je ne parle pas uniquement d’une montre carrée aux angles arrondis comme la Santos, mais nous avons exploré énormément de formes différentes. Donc, en recréer une, qui soit pertinente et à l’échelle de nos exigences, ça devient assez compliqué. Ça a été le cas de la Ballon Bleu, nouvelle interprétation du rond et l’un de nos plus grands succès. La Drive plait énormément mais n’est disponible que sur bracelet cuir.

L’interchangeabilité des bracelets est-elle devenue une véritable demande de la clientèle ?

C’est une tendance qui a toujours été privilégiée chez Cartier, notamment en joaillerie. La versatilité des portés est au cœur de notre travail. En horlogerie, ce sont des problèmes techniques qui empêchaient de le proposer. Ça pouvait être fait en magasin, mais pas par le client lui-même. À partir du moment où l’innovation suit, il y a une logique à l’offrir. Mais vous avez raison, aujourd’hui, ça fait peut-être d’avantage partie de l’exigence globale du client.

Ça permet également de pro ter à la fois d’une version sportive et d’une version plus élégante…

Ce n’est pas faux. Avant il fallait peut-être d’avantage faire un choix et c’est sans doute ce qui explique aussi que la Santos de 1978 a été un immense succès. Elle permettait déjà de combiner les deux préoccupations. Avoir un produit élégant et sportif. Cette fois nous faisons un pas de plus en ce sens

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