Oliver Symons
« J’ai trouvé davantage ma propre voie »
Mots : Jason Vanherrewegge
Photo : Nicolas Karakatsanis
Homme de collectif, ayant façonné sa carrière au sein de groupes comme Noble Tea et surtout Bazart avant de se recentrer sur lui-même avec Warhola, l’auteur-compositeur-interprète et producteur anversois Oliver Symons ouvre la porte avec l’EP « Room 74 », le premier sous son nom de naissance, à une nouvelle facette de sa personnalité à la fois plus émotionnelle et introspective.
Pourquoi avoir choisi de dévoiler de nouveaux titres sous votre véritable nom ? Ces dernières années, j’ai sorti un album et un EP sous le nom de Warhola. Mais le dernier album date déjà de 2019. Immédiatement après, j’ai fait un disque avec Bazart, mais j’ai aussi commencé à écrire de nouvelles choses pour moi. Au début, je pensais que ce serait un nouvel album de Warhola. Mais, assez tôt dans le processus d’écri-ture, ça a changé…
Qu’est-ce qui ne correspondait plus avec Warhola qui représente, pour rappel, un clin d’œil au nom de naissance de l’artiste Andy Warhol ? C’était différent, ça semblait plus personnel. Dans ma tête, ça ressemblait à un nouveau projet. Et parce que c’était plus proche de moi, j’ai trouvé une manière de chanter, une manière d’écrire qui me paraissait plus personnelle. Ça a lancé un nouveau chapitre. J’ai écrit pendant près de trois ans. J’ai beaucoup de matière. Il y a l’EP qui vient de sortir, mais il y a aussi d’autres morceaux à venir.
Cela ne pouvait pas se faire sans des paroles introspectives. Sur « Room 74 », né lors d’un voyage en Norvège, vous évoquez d’ailleurs cette incapacité à être la personne que vous voudriez être. Oui, d’une certaine manière, j’ai toujours écrit sur des choses qui se passent dans ma vie ou auxquelles je pense. Cette fois, par contre, j’ai pu creuser un peu plus. J’ai eu l’impression de trouver davantage ma propre voie maintenant, notamment dans l’écriture des paroles. C’est toujours un processus, ça évolue encore, je pense, mais c’est plus proche de ma personnalité.
L’EP décrit une phase de ma vie : la période entre mes 25 ans et mes 31 ans. C’est une période où beaucoup de choses changent. Et je pense que c’est ce que je décris dans ma musique. Probablement pas toujours de manière directe, pas de façon à ce qu’on puisse lire précisément ce qui s’est passé. Mais j’espère que certaines émotions transparaissent.
Vous produisez vous-même cet EP (Oliver Symons est derrière le processus de création de Bazart mais aussi, notamment, de l’impératrice de l’indie pop Tsar B) dominé sans commune mesure par des notes électroniques. Pourquoi choisir ce genre pour exprimer vos émotions ? Je n’ai pas vraiment choisi. Ce n’était pas un choix du style : « Faisons ce type de musique ». C’est aussi un processus. J’ai simplement commencé à expérimenter beaucoup avec la musique électronique il y a des années. J’ai toujours trouvé intéressant de la combiner avec des éléments plus organiques. Dans ce projet, certes électronique, beaucoup d’éléments n’ont pas été faits avec des instruments électroniques. Beaucoup de choses ont été enregistrées en studio avec de la batterie live, mais j’ai tout transformé et manipulé les sons. Ils sonnent comme quelque chose qu’on ne reconnaît pas, et c’est ça que je trouve très intéressant dans la musique. Le fait que ce soit surprenant, qu’on ne puisse pas immédiatement l’associer à un instrument précis.
On entend tout de même beaucoup de synthétiseur dans votre musique. Quelle est votre relation avec cet instrument ? J’ai toujours joué du piano, depuis l’âge de six ans. Ça a toujours été mon instrument de référence. J’ai ensuite expérimenté avec les synthétiseurs. J’ai acheté mon premier synthé, un Prophet 8. Et ça m’a immédiatement ouvert tout un nouveau monde qui m’a vraiment passionné. Et je n’ai jamais arrêté d’acheter des synthés et d’expérimenter avec eux.
Avec un titre comme « Remedy », difficile de passer à côté de cette question : la musique est-elle un remède, un médicament, pour vous ? Je ne sais pas si c’est un remède mais la musique est une nécessité dans ma vie. Je me réveille et je vais au studio faire de la musique. Ça fait des années que c’est comme ça.
Vous vivez entre Anvers et Los Angeles. Quelle sorte d’énergie créative vous apporte cette ville ? C’est une ville dans laquelle je vais depuis trois ou quatre ans. C’était quelque chose que je voulais faire depuis longtemps parce que je sais que beaucoup de musiciens que j’aime et, par conséquent, la musique que j’aime, viennent de Los Angeles. Ça m’a toujours intéressé de rencontrer ces personnes et de trouver un moyen d’entrer dans cette scène, de rencontrer les gens qui font la musique que j’aime. C’est pour ça que j’ai commencé à m’y rendre.
C’est une ville avec tellement de musiciens, de producteurs, et tout le monde collabore d’une certaine manière. Mais il y a évidemment une compétition parce que c’est aussi un business. Donc tout le monde doit être au top. Ça m’a vraiment inspiré.
Instagram : oliversymons_

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