Les racines précieuses DE JENNIFER ELLIOT
Mots : Barbara Wesoly
Ses modèles ciselés et délicats ont fait d’Elliot & Ostrich l’une des plus élégantes références de la joaillerie belge. Derrière ceux-ci, l’on retrouve l’empreinte de la créatrice Jennifer Elliot, portée par ses influences et son histoire cosmopolite.
Vous êtes née et avez grandi à l’autre bout du monde, fruit d’un métissage d’origines belges, britanniques et africaines. Votre marque a-t-elle éclos au croisement de ces cultures ? Totalement. J’ai vécu jusqu’à mes sept ans au Botswana, près des mines de diamants où mon père travaillait pour une grande compagnie, avant d’avoir sa propre société. Ma mère était orfèvre et avait sa propre ligne de bijoux. J’ai donc évolué dans ce milieu précieux, mais sans imaginer l’intégrer un jour, ayant ensuite étudié le droit et le business. Mais je ressentais un manque, l’impression d’être destinée à autre chose. Puis vers trente ans, alors que j’avais quitté la Belgique pour suivre mon ex-mari en Afrique où il avait obtenu un poste, un inconnu l’a contacté. Sa compagne et lui avaient découvert par hasard nos photos de mariage sur internet. Et ayant eu un coup de foudre pour ma bague de fiançailles, désiraient en connaître la marque, pour se la procurer en vue de leur union. Or, il s’avérait que je l’avais dessinée et créée avec ma maman. J’étais alors en pleine réflexion sur moi-même et en recherche d’un travail. Cet inconnu devint mon premier client. Et c’est à ce hasard que je dois d’avoir compris que je désirais lancer ma propre marque de bijoux.
Une griffe dont le nom se veut énigmatique ? Surtout très personnel. Je souhaitais un patronyme qui me raconterait intimement, d’où le croisement de mon nom de famille et du mot ostrich, qui signifie autruches en anglais. Des oiseaux qui m’ont toujours fascinée par leur puissance et leur vitesse, mais aussi leur élégance. Selon la philosophie africaine, ils cachent leur tête dans leur sol lorsqu’ils ressentent le danger, de façon à se connecter au plus près à la terre et à la nature. Je trouvais cette représentation particulièrement belle.
Est-ce cette invitation au voyage qui anime Elliot & Ostrich ? La nature inspire en effet directement mes créa- tions. Le contact de la mer, du soleil, des paysages d’exception, m’amène à me sentir grandie et au plus proche de moi-même. Tout comme cet équilibre entre le brut et le délicat, que l’on retrouve dans mes modèles est directement issu de mes racines mêlées. De l’Afrique, un lieu tout à la fois pur et chaotique et en parallèle, beau, libre et empreint de joie. Et de ce raffinement et cette qualité typique de la joaillerie belge.
Certains de vos modèles sont minimalistes et aux tons neutres, d’autres colorés et lumineux. Deux univers graphiques qui vous correspondent ? Au lancement d’Elliot & Ostrich, nos pièces étaient résolument pures, fines, sobres. Aujourd’hui, je m’autorise à être plus audacieuse, à prendre des risques. C’est l’occasion d’exprimer ma créativité, même si mon but premier demeure de raconter l’histoire de mes clients, de créer des pièces qu’ils considèreront comme des extensions de leur être.
Vous affirmez sur votre site, qu’un bijou est le présent le plus porteur de sens qui soi. Est-ce l’histoire qu’il véhicule qui vous touche particulièrement ? Dans mon enfance, nous ne recevions pas beaucoup de cadeaux mais pour les évènements importants, mon père n’hésitait pas à nous gâter. Nous pouvions choisir un objet que nous désirions et surtout que nous pourrions conserver. Parfois il s’agissait de bijoux. Ils ont aujourd’hui une symbolique toute particulière pour moi. Mon père est décédé il y a plusieurs années et ils demeurent les seuls objets que je possède encore de lui. Et c’est ce que je trouve magnifique à propos de la joaillerie. Porter tout contre soi une personne ou un message essentiel, à travers le temps.
En plus des bagues, qui représentent l’essence d’Elliot & Ostrich, vous réalisez aussi des bracelets, boucles d’oreilles, colliers… Avec le même plaisir ? Proposer une majorité de bagues est lié à notre évolution naturelle, avec des collections destinées aux évènements importants de la vie, tels que le mariage, les fiançailles, la naissance d’un enfant. Mais nos autres créations me procurent la même joie. Nous lançons d’ailleurs une nouvelle gamme de boucles d’oreilles. Des pièces pour le quotidien comme les moments festifs, et pouvant se combiner selon les envies, en des déclinaisons uniques.
Vous signez une collaboration avec le styliste Tom Eerebout, autour d’une collection de bijoux unisexe baptisée « My ring. My Story ». Qu’est-ce qui relie vos deux univers ? Nous partageons une passion commune pour les matériaux précieux, à l’excellence inégalée et au savoir-faire authentique. En parallèle chacun de nous se démarque avec audace des conventions et normes établies, pour affirmer son indépendance artistique. Avec cette capsule unisexe, composée d’une bague, de deux chevalières et d’une boucle d’oreille, nous avons l’ambition de rendre la haute joaillerie plus accessible aux hommes et tout particulièrement les bagues, en tant que pièce phrase. Et ainsi de briser les barrières qui cantonnent encore les bijoux à un domaine résolument féminin. La tourmaline verte est au centre de collection, car l’on prête à ce cristal un grand pouvoir de guérison et d’harmonie, tout comme elle s’inspire de l’usawa, qui signifie équilibre en swahili. Un équilibre entre yin et yang mais aussi entre masculin et féminin.
Alors que se profilent les cinq ans de votre marque, qu’imaginez-vous pour son futur ? Je nous souhaite de grandir, mais en conservant notre essence. En continuant de fabriquer nos bijoux en Belgique, à la main. Un principe d’au- tant plus beau et précieux qu’il devient de plus en plus rare. Des pièces de qualité et sans compromis. Je considère Elliot & Ostrich comme un multiplicateur de bonheur, destiné à inspirer les gens à vivre plus intuitivement et à suivre leur cœur et dès lors destiné à toujours plus se développer.

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