Henrion Landscapers
Mots : Barbara Wesoly
Photos : Henrion Landscapers
L’aménagement paysager, est pour Gonzague et Gérault Nobels, indissociable d’une pleine conscience du vivant et d’une rencontre harmonieuse du végétal et de l’humain. Une approche qu’ils cultivent au sein d’Henrion Landscapers, réalisant des havres extérieurs où il fait doux de vivre et s’épanouir.
Au-delà de son aspect esthétique, vous abordez l’aménagement paysager dans une démarche de durabilité. Quelle forme concrète prend cet engagement ? Gonzague : Celle de jardins qui évoluent à leur rythme, au fil des saisons, au lieu d’être façonnés en un jour. En optant pour des prairies fleuries plutôt que pour des terrains de golf à l’herbe parfaitement taillée et en favorisant les plantes indigènes à la place des espèces exotiques. Nous sommes bien sûr à l’écoute des demandes de nos clients, mais nous cherchons également à leur transmettre l’approche raisonnée qui est la nôtre et cette volonté de repla-cer la biodiversité au cœur de l’aménagement extérieur.
Gérault : On peut limiter la tonte pour permettre à la faune et à la flore de se développer, adopter la permaculture, nourrir le sol et dès lors les plantes avec des matériaux organiques. Nous évitons d’ailleurs au maximum les produits phytopharmaceutiques et chimiques, comme les fongicides et les herbicides. Il s’agit finalement juste de choisir la simplicité, en laissant la nature reprendre ses droits, aussi bien lors de la création même d’un espace vert que pour son entretien.
Gonzague, comment en êtes-vous venu à reprendre les rênes d’Henrion Landscapers il y a 14 ans ? Et cette conception écologique du jardin était-elle déjà présente ? Cette opportunité s’est présentée alors que je cherchais à me réorienter professionnellement, après 20 ans de carrière dans le secteur informatique. D’Henrion, j’avais des souvenirs d’enfance, puisque mes parents avaient confié à l’entreprise la transformation de notre jardin familial. En 2011, l’aspect écologique n’était pas encore au cœur du projet, les conditions étant très différentes. Il nous a fallu, ces dernières années, apprendre à nous adapter aux transformations écologiques toujours plus nombreuses, au raccourcissement des périodes de plantation, ainsi qu’à la sécheresse et aux pluies trop abondantes. Et ce, sans pour autant rompre avec l’identité ayant fait le succès de l’entreprise depuis six décennies. Aménager un jardin est un processus créatif qui ne se limite pas à trois dimensions, mais intègre une saisonnalité, tout comme une composante visuelle et olfactive. Avec pour mission première de créer une bulle de nature et un refuge quotidien, aussi bien pour une famille qu’au sein d’une copropriété ou pour les employés d’une entreprise. Je n’imaginais en revanche pas du tout pouvoir poursuivre la tradition d’une affaire familiale, à l’image des précédents propriétaires, mais je suis heureux que Gérault ait contredit cette idée et rejoint l’aventure.
Gérault, vous avez en effet intégré l’agence il y a 5 ans, après une carrière dans le secteur du vin. Pourquoi ce choix ? J’y avais travaillé comme étudiant durant toute ma scolarité, avant de partir pour Bordeaux me former à la vinification et au commerce de vin. Après plusieurs expériences à l’étran-ger, j’étais finalement revenu en Belgique pour m’y lancer à mon compte, quand est survenue la crise sanitaire. Mes activités liées à l’horeca se sont retrouvées à l’arrêt et j’en ai alors profité pour étudier la viticulture. Lorsqu’un des associés au sein d’Henrion a pris sa retraite, rejoindre l’entreprise est devenu pour moi une évidence. Par amour du monde végétal, qu’il s’agisse de vignes ou de jardins, tout comme du fait de connaître l’équipe et d’avoir expérimenté chaque aspect concret du métier. Mais il n’était pas question d’un traitement de faveur sous prétexte d’être le fils du directeur. J’ai commencé sur les chantiers, pour finalement aujourd’hui encadrer une douzaine d’équipes.
Continuité ou développement, quel futur imaginez-vous aujourd’hui pour Henrion Landscapers ? Gérault : Créer, aménager et entretenir… Nos rôles au sein de l’agence sont multiples, mais nourrissent le même but, faire fleurir la vie dans le paysage. Cela passe bien sûr par l’idée de grandir, mais pas forcément en taille, plutôt en continuant de mûrir et développer notre connaissance et notre compréhension de la biodiversité. Et de la transmettre grâce à la passion qui nous anime.
Gonzague : Nous réalisons aussi de nombreux projets de restauration de sites bruxellois, comme le Parc Pierre Paulus, le Musée & Jardins Van Buuren et, actuellement, le Parc de la Sauvagère. Cela implique un vrai travail de réhabilitation et d’histoire, en employant des techniques d’époque pour conserver l’authenticité des lieux. Veiller à la préservation du patrimoine ainsi qu’à celle de l’environnement est une magnifique chance et un engagement que nous tenons à poursuivre.

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