Logo-be-perfect-magazine
logo-be-perfect
  • Accueil
  • Belgian Stories
    • Be active
    • Be culture
    • Be design
    • Be fast
    • Be style
    • Be tasty
    • Be to be
    • Be travel
  • Digital Editions
  • Shop
  • A propos
  • Contact
  • Recherche
  • Panier
    • Votre panier est actuellement vide.

Florence Mendez

« Le rire est une forme ultime d’espoir »

Mots : Barbara Wesoly
Photos : Jon Verhoeft

Elle couche les mots pour réveiller les consciences. Monte sur scène comme d’autres le font au front. Par conviction. Florence Mendez revient cet hiver avec un nouveau spectacle de stand-up Bella Ciao et un second roman Bang Bang. Deux échos pour une même voix, lucide et profondément sensible, tranchante et irrésistiblement drôle. Rencontre avec une artiste désarmante de talent.

FLORENCE-Mendez

Votre nouveau spectacle Bella Ciao est aussi engagé qu’incisif, évoquant notamment la montée de l’extrême droite, le masculinisme, la xénophobie, et la nécessité d’entrer en lutte pour notre humanité. Quel a été le déclencheur de son écriture ? Son moteur a été le relâchement du cordon sanitaire et le fait que l’extrême droite envahisse les espaces de parole de manière exponentielle en Belgique et en France, ces dernières années. J’ai ressenti une vraie urgence face à cette montée en puissance et sa gravité. Et son nom l’incarne en lui-même, puisqu’il s’agit du titre d’un chant italien devenu symbole de lutte contre le fascisme durant la Seconde Guerre mondiale. Après Délicate qui abordait mon parcours, diagnostiquée du trouble du spectre autistique sans déficience à 30 ans et HPI, je trouvais très égocentrique de continuer à parler de moi. Je voulais au contraire développer ma vision de notre époque et de ce que je rêverais qu’elle soit. Défendre une forme de résistance qui est aujourd’hui d’utilité publique. 

Sur scène, dans vos chroniques radio, comme en interview, vous vous exprimez sans filtres et sans tabou. N’hésitant pas à être cash, incisive, frontale, quitte à choquer si c’est pour défendre vos convictions. Cela demande-t-il par moments du courage à l’hypersensible que vous êtes ? C’est un besoin viscéral, même si cela signifie en effet m’exposer à des critiques et sanctions. Je ne pourrais agir autrement. Je me sers de l’outrance pour faire réagir, caricaturant les traits absurdes de notre société pour rappeler qu’ils sont dangereux et non pas banals. Être une humoriste engagée et une femme qui fait un métier public, c’est en effet malheureusement aussi se confronter, sur les réseaux notamment, à des insultes et des menaces de mort, de viol. Il faut être solide. Mais cela ne prouve que d’autant plus la nécessité absolue de s’insurger et de prendre la parole. 

Vous n’avez de cesse de dénoncer le sexisme, le racisme, et les inégalités. L’injustice est-elle ce qui vous ébranle le plus ? Oui, et ce depuis toute petite. Je suis convaincue que l’on a besoin d’une empathie radicale, non seulement de manière individuelle mais aussi collective et étatique. Il faut sortir d’un fonctionnement axé sur la méritocratie, l’égoïsme et le rejet des autres. L’humour est une façon de combattre, de ne pas laisser s’éteindre son intégrité. Mais il faut savoir taper au bon endroit, au bon moment, trouver la forme et le message juste. Ce n’est pas un exercice facile et je me plante encore souvent. Je sais aussi que je blesse immanquablement des gens et je l’accepte. Nous n’avons pas tous les mêmes sensibilités, le même vécu. Mais je refuse par contre de faire de l’humiliation, du harcèlement ou de la violence un fonds de commerce. Être subversif n’est pas se moquer d’une forme de faiblesse ou de différence, ce n’est au contraire qu’une preuve de lâcheté.  

FLORENCE-Mendez

Le rire fait-il parfois office d’armure contre l’impuissance ? Complètement. Face à l’innommable, face au pire, à l’enfer absolu, il est par moments tout ce qui reste. Une forme ultime d’espoir. Le rire devient alors la preuve que l’on est encore en vie. Que le désespoir n’a pas gagné. C’est salutaire. 

La Florence Mendez des débuts, en 2016, est-elle toujours la même que celle d’aujourd’hui ? Dès ma première chronique, cet humour engagé était déjà là. Il était hors de question à mes yeux de ne pas la transformer vecteur de mes valeurs. Mais lorsqu’on se lance dans le stand up, il y a une espèce d’ivresse du rire. Et tous les leviers sont bons pour l’atteindre. Depuis j’ai grandi, mûri, je ne suis plus dans cette recherche constante de validation. La vraie réussite est aujourd’hui d’entraîner une réflexion. 

Votre premier ouvrage, Accident de personne, déroulait le fil de thèmes qui vous sont essentiels : la santé mentale, la difficulté de trouver sa place, et de nourrir des pensées noires. Son écriture était-elle libératoire ? Totalement. Je peux déverser bien plus de mes doutes et de mes défauts dans mes personnages. Malgré l’aspect fictionnel, c’est un exercice très intime, solitaire aussi. En spectacle, on s’attend à une réaction immédiate, visible, sonore. L’écriture est au contraire très intérieure. Elle me permet de m’exprimer, pleinement, sans m’interroger sur l’effet que produiront mes mots. 

Le livre vient d’être republié avec un bandeau rouge signé d’Amélie Nothomb le qualifiant de Définition même du talent. Ce type d’éloge contribue-t-il à éloigner le syndrome de l’imposteur que vous disiez avoir longtemps ressenti ? Oui c’est un immense honneur. Tout comme la reconnaissance de la communauté qui me suit, dont le soutien est très précieux. Je pense qu’être restée intègre et avoir toujours refusé de trahir mes opinions m’a permis de créer des liens très forts avec mon public. Je ne recherche pas une approbation universelle, mais avoir la reconnaissance d’individus que j’estime, d’auteurs que j’admire, me touche infiniment. Cela m’a porté pour ce second roman, m’amenant à oser développer mon intrigue beaucoup plus loin, car je m’en savais désormais capable.  

Vous vous apprêtez en effet à publier Bang Bang, son successeur, qui paraîtra au début de l’année 2026. Il a pour fil rouge le harcèlement scolaire et résonne de façon intime avec votre expérience. Pourquoi maintenant ? C’est venu de lui-même, sans doute porté par les témoignages toujours plus fréquents d’enfants dans les médias. L’impossibilité d’admettre qu’à neuf, dix ans, on puisse s’ôter la vie par désespoir. Dans mon métier je suis confrontée au manque d’empathie des adultes et aux conséquences dramatiques que son absence a sur le monde et c’était important de l’évoquer. Comme pour mon premier livre, j’ai choisi de jouer le jeu d’une forme d’intrigue provocatrice, puisque mon héroïne, Tess, décide de combattre le harcèlement qu’elle subit dans son lycée en organisant une tuerie de masse. Mais l’histoire reste le décor, pas le sujet ni le fond, seulement un moyen d’accéder à l’essentiel. 

Que vous souhaitez-vous pour le futur ? Je  rêve d’adapter un jour Accident de personne au cinéma, de passer derrière la caméra pour donner une dimension supplémentaire au roman. Mais avant tout, je me souhaite d’être plus sereine et moins anxieuse par rapport à l’évolution de notre société. Que mon fils aille bien également. Je lui dois de me battre pour un monde qui va mieux. Et pour faire perdurer l’espoir. 

FLORENCE-Mendez

Instagram : mendez_florence

be-perfect-magazine

Abonnez-vous dès aujourd’hui pour recevoir quatre numéros par an à votre porte

30€ pour 4 numéros
Vous aimerez peut-être

Be Culture

RORI : « J’ai envie de faire ma place en France »

Camille Gemoets, plus connue sous le nom de scène de RORI, poursuit son ascension avec son deuxième…

Be Culture

OZARK HENRY : « Il faut savoir vivre avec nos imperfections »

Le Courtraisien Piet Goddaer, alias Ozark Henry, revient avec un dixième album intitulé « August…

Be Culture

MOJI X SBOY

Pépites du rap belge, les deux amis liégeois Moji et Sboy, jouent la carte de l’authenticité et de…

  • DE MER ET D’ART : L’union des horizons de Paradis Apartment
  • Belgian Stories

© 2025 Be Perfect Magazine. | Tous droits réservés.

Suivez-nous !

Facebook
Instagram
Linkedin

Shop

Mon compte
Conditions générales de vente
Panier

Nous utilisons des cookies pour vous garantir la meilleure expérience sur notre site. Si vous continuez à utiliser ce dernier, nous considérerons que vous acceptez l'utilisation des cookies.