Dani Klein
« Je ne suis absolument pas nostalgique des années Vaya Con Dios »
Mots : Servane Calmant
Photos : Dirk Alexander
Après près de 10 ans d’absence, le groupe belge Vaya Con Dios opère un retour en charme avec « Shades of Joy », nouvel album lumineux nourri de soul, de jazz, de consonances hispaniques et porté par la voix de velours de Dani Klein, la chanteuse. Comme au bon vieux temps ? Confidences.
« Just a friend of mine », « What’s a woman », « Nah neh nah », « Puerto Rico », des tubes à la pelle ! Vaya Con Dios, composé initialement de la chanteuse Dani Klein, du batteur Marc De Meersman, du guitariste Willy Lambregt et du bassiste Dirk Schoufs, a marqué les années 80-90. Pour autant, l’aventure musicale du groupe s’arrête en 2014, après un concert mémorable à Forest National, à Bruxelles. 2020, la pandémie arrive sans prévenir. Le monde est à l’arrêt. La Belgique autorise une bulle de réunion de trois personnes. Ca tombe bien, ils sont trois amis à se tourner les pouces : Dani Klein, le guitariste Thierry Plas (ex Machiavel ) et François Garny ( bassiste d’Arno pendant des années, il a également accompagné Adamo, Philip Catherine, Bernard Lavilliers, Jacques Higelin, …). Dans le studio de Thierry, ils se mettent à écrire de nouvelles chansons et de nouveaux arrangements. Onze titres qui vont composer un nouvel album : « Shades of Joy ».
Vous aviez annoncé la fin du groupe en 2014. Ce nouvel album, « Shades of Joy », a-t-il un parfum de nostalgie particulier ? Oh non, pas du tout. Je ne suis absolument pas nostalgique des années Vaya Con Dios. Ce qui est fait est fait : j’ai toujours préféré regarder devant que derrière. Ce nouvel album trouve en fait sa genèse dans le confinement. J’étais coincée à Bruxelles, sans pouvoir rentrer en Andalousie. Je m’ennuyais terriblement. Alors, pour tuer le temps, moi, François (Garny – ndlr) qui ne partait plus en tournée à cause de la pandémie et Thierry (Plas – ndlr) dont le studio était à l’arrêt forcé également, nous avons décidé de faire de la musique. Cet album a donc été conçu spontanément, sans aucun plan derrière la tête, aucune intention préconçue, aucune contrainte artistique, sans limite de temps ni de budget. On se voyait uniquement pour le plaisir, pour de passer de bons moments en composant ensemble de nouveaux morceaux. Le studio de Thierry était devenu une sorte de laboratoire créatif. C’était très inspirant de pouvoir travailler avec autant de liberté.
Riche de consonances jazzy et hispaniques, « Shades of Joy » sonne pourtant 100% Vaya Con Dios. Comme au bon vieux temps, si j’ose dire. Oui, car j’ai toujours fonctionné ainsi. J’écoute beaucoup de musique différentes, qui toutes m’ont influencée et nourrie.
Votre voix est toujours aussi envoûtante ! Et on dit que la voix est le reflet de l’âme… Dani Klein est-elle toujours la femme qu’on a connue dans les années 80 ? Je vais citer la chanteuse Barbara : « J’ai changé, sachez-le, mais je suis toujours comme avant ». Avec le temps, je suis probablement un peu plus sage, je m’accepte mieux également. Mais mon tempérament assez direct est resté le même.
Sur« Shades of joy », vous dites qu’une bouche meurtrie ne vaut rien et sur « Kissing slow », qu’il faut célébrer chaque nuance de joie. Je vous trouve bien optimiste, car à l’époque de la conception de l’album, nous ne savions pas de quoi serait fait demain ! Et nous ne le savons toujours pas ! (Elle rit). C’est même pire. Les guerres, une société déshumanisée, robotisée. J’ai donc fait le pari, oui, d’un peu de légèreté et d’optimisme.
La musique comme thérapie ? Oui, sans être capable de résoudre tous les maux de la terre, la musique permet à tout le moins de s’évader.
Vous avez marqué les années 80-90, vendu des millions d’albums. Pour autant, vous avez toujours été discrète. Que vous inspire le vedettariat ? Je déteste le star system ! Le culte des stars est lié à un mécanisme de projection des désirs du public sur la star, qu’elle se doit ensuite d’entretenir pour ne pas décevoir ses fans. Mais qui est réellement l’homme ou la femme derrière la star adulée ? Ce rapport star-public est le plus souvent faux. Et je déteste le faux. Je plaide pour la vraie valeur humaine, pas pour le vedettariat. Aujourd’hui, on déconstruit des mythes, comme Picasso par exemple, dont le talent occultait une face cachée, un homme violent. Cette déconstruction est salutaire.
Dani, vous avez fait beaucoup de retour entre Bruxelles et l’Espagne. Où habitez-vous aujourd’hui ? Depuis la Covid, j’ai vendu ma maison en Espagne, et je me suis définitivement installée à Bruxelles.
L’album « Shade of Joy » est dans les bacs des disquaires, nous nous attendons donc tout logiquement à une tournée. Est-elle déjà fixée ? Très sincèrement, je ne sais pas si nous ferons du live. C’est lourd à gérer, une tournée ! Ai-je encore le courage de me lancer dans pareille aventure ? Je n’en sais rien. A tout vous dire : on hésite. (Affaire à suivre – ndlr)
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