Look ravageur, minois avenant, regard franc et chaleureux, sourire angélique, la fille de Catherine Blaton et de Jacky Ickx se constitua un beau palmarès durant une quinzaine d’années de sport automobile professionnel. Princesse des paddocks, à présent Vanina Ickx virevolte dans les airs.

MOTS : CHRISTIAN LAHAYE

Au volant, elle fut la meilleure femme belge de son époque mais elle décida de mettre fin à sa carrière lorsque son fils vint au monde. C’était en avril 2013. Depuis, on l’a encore aperçue dans quelques épreuves isolées mais ce ne sont plus que le fruit de certaines opportunités. Ainsi, au volant d’une Gillet Vertigo, participa-t-elle à la course de côte de Pikes Peak le 24 juin 2018. Direction le Colorado.

Ce fut une aventure gigantesque, nécessitant une fameuse implication de la part de Tony Gillet et de son équipe. Un tel aboutissement et une vraie success story comme celle que nous avons vécue, ce serait impossible à revivre. Pour moi, c’est la vraie cerise sur le gâteau de ma carrière. J’ai pris la septième place dans ma catégorie, ce qui n’est pas mal pour une débutante. Savez-vous, à ce propos, que, même s’il y a des sections d’essais, les 20 kilomètres de lacets ne sont parcourus qu’une seule fois ? Il n’y a pas de seconde chance et je veux rester sur cette impression. Par contre, si on me proposait de participer à un rallye-raid ou à une Baja, je ne pense pas que je dirais non.

Épouse de Benjamin de Broqueville, un ancien journaliste passionné d’aviation, l’ex-princesse du paddock est la maman d’un petit Ado qui porte le prénom de son grand-père maternel. Le couple a également accueilli une petite métisse qui est son caramel-soleil. Licenciée en biologie et détentrice d’un master en marketing, Vanina gère, avec son époux, l’aérodrome de Temploux où les travaux de rénovation du bâtiment central commenceront bientôt. Vanina et Benjamin sont actionnaires et ont un partenaire majoritaire. Elle est au four et au moulin, comme son mari qui gère principalement la logistique, les pistes, le trafic, etc. Compétitrice dans l’âme, Vanina peut, désormais, embarquer trois passagers dans le petit avion aux commandes duquel elle a passé sa licence. Elle doit se limiter au vol à vue mais comme elle n’a pas l’intention de piloter un Boeing, c’est très bien comme ça.

Vanina-Ickx
© Belgian VW Club

Ta meilleure course ?

Pas de doute, le Mans 2011 sur une Lola-Aston Martin, engagée par Kronos, que je partageais avec Bas Leinders et Maxime Martin. Nous avons terminé septième et c’est ce que je pouvais faire de mieux. J’ai également apprécié une édition des 24 Heures du Nürburgring que j’ai disputée au volant d’une Porsche Supercup, alignée par l’équipe Mühlner. Sous la pluie, nous avions terminé sixième. Jean-François Hemroulle m’avait bien guidée. Et toujours aux 24 Heures du Ring, j’ai adoré l’édition 2010 où j’avais acquis un bon rythme au volant d’une VW Scirocco officielle. Nous avons terminé dixième et premier de classe.

Ton plus mauvais souvenir ?

Il y en a deux. En 1998, j’avais convaincu papa de disputer avec moi les 24 Heures de Spa au volant d’une Renault Mégane. J’ai chopé de la gomme qui est venue se mettre sur mes pneus et je me suis fait surprendre dans le Raidillon. La voiture m’a échappé et aujourd’hui encore, quand j’y repense, je sais que je n’ai jamais digéré cet accident. Et je m’en veux encore et encore. Et puis, il y a eu Le Mans 2010, au volant d’une Lola-Aston Martin alignée par Signature où je partageais le volant avec les Français Franck Mailleux et Pierre Ragues. Vers 11 heures du matin, après avoir quitté les stands, je suis sortie de la piste à la première chicane. Quand je suis revenue dans le garage, j’ai connu les moments les plus pénibles de ma carrière de pilote. J’ai failli tout arrêter. »

S’appeler Ickx, c’est une qualité ou un défaut ?

Une qualité à 100 %. Ce ne fut jamais un handicap en course ou dans la vie. Mon père m’a beaucoup appris et très jeune déjà, j’étais dans l’ambiance du sport automobile. Mon grand-oncle Jean fit une très belle carrière sous le pseudonyme de Beurlys. Mon grand- père était aussi passionné.

Ton pilote préféré ?

Jacky Ickx. C’est normal, non ? Mon père a toujours été mon héros et il m’a transmis un virus fantastique. Sans être autoritaire, sans donner l’impression de me contrôler, il m’a enseigné les pièges dans lesquels ne pas tomber.

Quel est ton circuit fétiche ?

Pas de doute, c’est la Nordschleife du Nürburgring qui m’a donné les plus belles sensations. C’est parfois l’enfer et c’est toujours difficile. Il faut une concentration maximale, ne serait-ce que pour savoir, à tout moment, où on est. Et quand il pleut, il ne faut pas mettre ses roues n’importe où.

Sprint ou endurance ?

J’ai adoré le sprint mais j’étais meilleure en endurance. Ma seule victoire au classement général d’une longue course date d’il y a dix ans. En 2008, j’ai remporté les 12 Heures BTCS avec Fred Bouvy et David Loix. C’était très excitant.

Ta voiture préférée ?

La Porsche 911. C’est, à mon avis, la GT de route la plus aboutie.

La voiture que tu voudrais essayer ?

Une 4×4 grand format. Non pas que j’en ai un vrai besoin, mais parce qu’une haute sur pattes est très sécurisante et peut offrir de belles sensations.

Vanina-Ickx
© Belgian VW Club

Ta voiture de rêve ?

A priori, je n’en ai pas. Mais j’ai une passion particulière pour l’Austin Healey Frog Eye Sprite. Elle fut très présente dans les années 60 et je suis tombée amoureuse de ce cabrio lors d’un événement pour voitures historiques.

Ta voiture de course préférée ?

C’est encore et toujours une Porsche. Il s’agit de la Rothmans de papa avec laquelle il devint champion du monde. Ma réponse est plus affective que technique.

Tu as eu peur, parfois ?

Peur de mal faire et de casser l’auto, c’est certain. Je n’ai jamais bien vécu mes sorties de route et je me suis toujours accusée.

Que retiens-tu de ta carrière ?

Je mesure la chance inouïe que j’ai eue. J’ai pratiqué un sport de haut niveau, j’ai vécu des voyages extraordinaires et j’ai augmenté mon expérience et mon expertise en conduisant des voitures fabuleuses.

Tu as disputé deux saisons de DTM, toujours sur une Audi de l’année précédente. Un commentaire ?
Là, j’ai connu le vrai professionnalisme. Je n’étais pas prête moralement mais j’ai grandi assez vite. Le DTM, c’est partir à la guerre. C’est là que j’ai appris le plus.

Qu’est-ce qui t’a manqué ?

De l’agressivité et une totale confiance en moi.

Un moment plus sympa que les autres ?

Mes débuts avec Stéphane De Groodt, un mec fantastique. C’était en BMW Compact.

Un commentaire sur Vandoorne ?

Il a tout gagné avant la F1, c’est donc un pilote d’exception. Mais il y a eu trop de politique autour de lui et il n’était pas paré pour réagir.