Thierry Neuville
La consécration d’un inébranlable champion
Mots : Jason Vanherrewegge
Photos : Jaanus Ree
Premier Belge sacré champion du monde des rallyes WRC, Thierry Neuville est entré en 2024 dans la légende de sa discipline. De son mental d’acier à sa passion pour le sport automobile en passant par ses investissements multiples, le germanophone pilote tous les aspects de sa vie avec la même abnégation qu’en compétition.
Vice-champion du monde à cinq reprises et trois fois sur la dernière marche du podium avant de finalement décrocher la timbale à 36 ans. Avec le recul, prenez-vous conscience que vous êtes un formidable modèle de résilience ? Oui, mais pas seulement avec ce titre. Auparavant, nous avons toujours montré une certaine résilience, une envie de performer au maximum de nos capacités. Nous avons essayé d’être un exemple pour les jeunes. Dans n’importe quel milieu, il ne faut jamais rien lâcher. Même dans les situations les plus compliquées, il faut continuer à se donner à fond pour atteindre un jour ses objectifs.
Entre concurrence féroce et accidents spectaculaires, votre carrière a été jalonnée de nombreux défis. Quel est votre rapport à l’échec au final ? À partir du moment où j’ai réalisé mon rêve de devenir pilote de rallye, je n’ai jamais rien considéré comme un échec. La meilleure réussite dans la vie, c’est de réaliser son rêve. Si j’avais quitté le WRC sans un titre, je ne l’aurais jamais aperçu comme un échec. J’ai à mon actif 70 podiums, 21 victoires et toujours ce même plaisir, cette même envie, de faire ce que je fais. Aujourd’hui, c’est vrai que j’ai aussi concrétisé tous mes souhaits.
Vous êtes le premier Belge à décrocher le titre suprême. Cela vous a valu des félicitations royales, une intronisation comme ambassadeur de la Province de Liège et une deuxième place au Gala du Sport derrière Remco Evenepoel. Sentez-vous que le regard des gens a évolué à votre sujet ? Nous avons été très surpris à notre retour du Japon (après le titre WRC – nda) de voir l’engouement qu’il y avait autour de ce titre. Nous avons senti que, pendant tout un week-end, la Belgique a vécu aux horaires du Japon. Nous avons été particulièrement touchés de constater qu’il y avait beaucoup de gens plus heureux que nous. Il y a beaucoup de passionnés de ce sport en Belgique et j’ai encore pu le constater récemment aux Legend Boucles de Bastogne.
Si le rallye n’est pas le sport le plus médiatisé en Belgique, pensez-vous que votre titre puisse créer des vocations ou, du moins, participer à une renommée plus importante de cette discipline au sein de notre royaume ? Non, je ne pense pas. Côté flamand, il y a un peu plus d’intérêt, mais je ne sais pas si cela va perdurer. Les sports mécaniques vivent une période difficile avec le monde de l’automobile qui a évolué et qui va encore évoluer. Le passé récent n’a pas profité au rallye et aux autres disciplines en dehors de la Formule 1 qui a renversé un peu cette tendance qui était de dire que c’était un show avant tout. J’ai toutefois de l’espoir pour l’avenir.
À l’image de la communauté rallye, vous êtes un vrai passionné. En dehors de vos exploits avec Hyundai, parlez-nous de votre investissement familial dans la firme LifeLive qui développe des activités dans le secteur des sports mécaniques et qui a également un objectif d’apprentissage pour les jeunes. Les objectifs ont évolué avec le temps. À la base, les infrastructures étaient plus liées à ma collection de voitures et à l’entretien de ces véhicules. Par la suite, nous avons entrepris un projet passionnant en développant la construction de cross cars. Rapidement, nous avons mis en place une réglementation internationale et créé des cham-
pionnats d’Europe puis de Belgique. Tout en développant la discipline, nous avons également investi dans le rallye et le circuit afin de rentabiliser nos investissements. Aujourd’hui, la société emploie une vingtaine de personnes. Cependant, je ne la gère plus au quotidien ; j’agis désormais comme un investisseur.
L’entreprise est basée à Saint-Vith d’où vous êtes originaire. Bien que vous viviez à Monaco avec votre compagne Deborah et vos deux enfants, difficile de ne pas conserver un attachement à la Belgique quand vous, germanophone, parcourez le monde aux côtés de votre copilote flamand Martijn Wydaeghe avec qui vous parlez en français dans la voiture. Effectivement ! Nous représentons vraiment la Belgique. C’est un pays auquel je suis très attaché car j’ai ma famille sur place. Mes enfants adorent aller en Belgique, et nous y passons parfois du temps pendant les vacances. Et comme je m’implique dans ma société, cela nécessite des voyages.
Preuve encore que vous gardez les pieds sur terre, vous venez en aide régulièrement à des associations caritatives. Votre début de carrière dans la peau d’un tourneur-fraiseur explique-t-il cet état d’esprit ? Cela a peut-être aidé à faire ce choix, mais j’ai toujours été honnête à ce sujet. Un jour, lors d’une conversation avec ma mère, elle m’a dit que je pourrais faire bénéficier d’autres personnes de mon succès et peut-être essayer de soutenir l’une ou l’autre association. Je trouvais ça assez pertinent quand elle me l’a dit car j’étais arrivé à un moment de ma carrière où j’avais trouvé une stabilité. J’ai eu la chance d’avoir des revenus assez importants depuis quelques années qui m’ont permis de développer quelque chose. C’était donc mon devoir de le faire et cela m’émeut toujours quand je vois que l’argent peut aider des enfants malades, des familles sans abri ou les animaux.

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