La Belgique regorge de talents. Brice Hennebert, qui dessine et fabrique des motos exceptionnelles, en est une preuve de plus. Reconnu dans le monde entier, il vit et travaille dans le Brabant wallon, entre Beauvechain et Bierges. Rencontre avec ce touche-à-tout de génie.

MOTS : YVES MERENS
PHOTOS : INDIAN MOTOCYCLE

C’est à Bierges, dans son atelier baptisé « Workhorse Speed Shop » que Brice Hennebert m’a reçu. Barbe bien taillée, à l’aise dans son look hipster au travail, l’homme de 35 ans est souriant et concentré : « Je suis désolé, je n’ai pas grand chose à montrer pour l’instant, je suis au début d’un nouveau projet, là ». En effet, on reconnaît vaguement l’avant d’une moto arrimé à un établi. Il faut poser son regard sur les croquis juste en-dessous pour comprendre les formes définitives de l’engin. Brice lève un coin du voile virtuel : « en fait, j’ai ce projet dans ma tête depuis longtemps. J’ai trouvé le client pour le réaliser. Il veut une moto complètement noire, il y aura juste le pot d’échappement en titane, quand même ! »

Et après 700 heures de travail, l’œuvre mécanique pourra rouler… ou pas ! « Je fais des machines pour gagner des compétitions très spécifiques mais je sais que certaines ne rouleront jamais et seront placées, pourquoi pas, dans un living à Saint-Tropez. Ce n’est pas grave du tout. Ce qui compte, c’est que je réalise pour les autres ce que je ne peux pas m’offrir. »

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Virus familial et compil d’expériences

Il faut dire que la passion moto n’est pas neuve chez les Hennebert. « Mon père fabriquait des Café Racers (NDLR : motos custom au style rétro). Il y a toujours eu entre 7 et 10 motos chez nous, roulantes ou démontées. »

Pourtant, Brice n’a pas fait que ça dans la vie. Il a étudié l’industrie graphique et la pub. « J’ai quitté la moto quelques années, j’ai notamment été tatoueur. » Et après avoir lancé sa marque de vêtements de hockey, « dans une autre vie », comme il dit, il a appris à souder plus facilement grâce au tatouage. « C’est le même type de travail. On a un outil en main, on est très proche de la matière, la peau comme l’acier. Il faut se concentrer, être précis, respirer calmement, avoir la même vitesse d’exécution. »

C’est cet ensemble d’expériences qui lui permet aujourd’hui de vivre de cette passion, de tendre vers la perfection. « Pour chaque détail, chaque pièce, je réfléchis, je dessine à la palette graphique, je moule, je sculpte minutieusement. »

Et comme il déteste la routine, l’ennui n’est pas dans son vocabulaire. « Je cherche mes limites techniques. J’ai appris à maitriser l’aluminium, maintenant, je me suis mis au carbone. J’ai beaucoup de projets finis dans la tête. Il n’y a plus qu’à trouver des gens qui acceptent mes délires. »

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« Des compét de ouf ! »

Les motos de Brice Hennebert ont vocation à gagner des courses très spéciales.

Ces événements dinguos sont basés sur des records de vitesse et d’accélération.

Le dernier en date a emmené Brice et son incroyable Appaloosa sur le lac Baïkal pour enfiler des miles surgelés !

Cette moto au design si particulier, Brice l’a fabriquée sur la base d’une Indian Scout Bobber 1200. Elle a participé aux courses du kilomètre lancé sur glace dans cette Russie à -30 degrés ! Avec ces pneus cloutés spéciaux, elle a été préparée pour rouler au protoxyde d’azote, histoire d’augmenter encore sa puissance.

Elle prendra bientôt sa retraite et finira au musée de la marque, Indian, à Minéapolis, USA. Pour la plus grand fierté de Brice Hennebert.

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