Quand on a la course dans le sang, l’esprit de compétition ne disparaît jamais. Même lorsqu’un accident handicape lourdement son physique. Aujourd’hui, le passionnant Carolo Nigel Bailly se prépare à prendre le volant des prochaines 24 heures du Mans. Rien que ça !

La course sur quatre roues, c’est un peu un retour aux sources pour Nigel Bailly. « J’ai découvert le karting pendant les vacances dans le sud de l’Espagne, en 2003. Ca m’a plu tout de suite. Je faisais aussi du motocross et en avril 2004, je suis resté cloué dans une chaise, paraplégique, après une chute à moto. » Et pourtant, à 14 ans, deux mois et demi après son terrible accident, Nigel était déjà assis dans un baquet de karting. Avec une volonté intacte et le courage des meilleurs.

L’épopée rêvée

Ses études supérieures terminées et après quelques mois de recherche de boulot infructueuse, la passion de la course reprend le dessus. « En 2016, j’ai décidé de me consacrer pleinement à mon rêve, mais sans vraiment d’expérience. Je suis allé passer des tests au Mans dans l’écurie de Frédéric Sausset, SRT 41. J’y allais sans stress et sans trop de conviction, en me disant que je passerais une bonne journée au volant de belles voitures. Et à ma grande surprise, j’ai été repris dans l’équipe. » La structure créée par Frédéric Sausset, portant lui-même un lourd handicap, a pour objectif d’amener des pilotes en situation de handicap à participer aux 24 heures du Mans. L’épopée de Nigel pouvait commencer.

« Le Mans, c’est le Graal de la course automobile. C’est un rêve qui va aboutir cette année, les 21 et 22 août. C’est une aventure humaine extraordinaire pour moi. C’est vraiment ce que je recherche. Je travaille activement avec mes partenaires, humblement pour y arriver. »

Toujours à la recherche de nouveaux contacts, Nigel prône de belles valeurs : « ce que nous voulons faire, c’est amener des pensées positives, un message positif à tous. Nous voulons montrer que tout le monde peut arriver à piloter une voiture de course. Que rien n’est impossible. » Et quelle voiture, on parle ici de la catégorie LMP2, des voitures de course de 930 kilos pour 560 chevaux. « Ca donne un excellent rapport poids/puissance. C’est un peu la Rolls des courses d’endurance. » Et en plus, pour les trois pilotes de cette voiture aux futures 24 heures, les commandes sont accessibles au volant pour les pilotes à mobilité réduite, tout est relatif !, et aussi grâce aux pédales « standard » pour le pilote sans handicap.

Un Belge de plus aux 24 heures du Mans

Avant cette fête de la vitesse, Nigel participera à deux courses préparatoires aux 24 heures du Mans, notamment en avril à Barcelone, et toujours avec la tête froide. « Je connais mon niveau, je sais où j’en suis », dit-il humblement. « Nous ne gagnerons pas l’épreuve mais y participer est déjà formidable. Il faut vraiment aborder cette course avec un immense respect. »

Pas trop de modestie quand même : Nigel sera le 105e pilote belge dans la grande histoire des 24 heures du Mans. Et la Belgique, il en est très fier. Son nouveau casque porte d’ailleurs bien haut nos couleurs nationales.