Colt
L’intensité émotionnelle
Mots : : Jason Vanherrewegge
Photos : Matthieu Croizier
Après deux EPs, installés sur les cendres des jeunes Coline & Toitoine, le groupe Colt, emmené par Coline Debry et Antoine Jorissen, s’embrase avec toujours autant d’énergie mais avec davantage de maturité sur son premier album électrisant « Saveur cœur abîmé ».
L’opus évoque tout d’abord le fait d’évoluer dans la vie avec « Premier », mais aussi « Voyage interdit ». Vous n’aviez pas forcément anticipé qui vous êtes aujourd’hui à l’adolescence. Coline : Il y a dix ans, on avait quinze ans. Il s’est passé beaucoup de choses depuis. Dans mon cas, il y a eu une très longue quête identitaire : savoir qui j’avais envie d’être, qui j’avais envie d’aimer…
Antoine : Il y a une sorte de passage dans l’album. Ça commence beaucoup par l’espoir, le doute et un peu l’anticipation. Et ça se termine avec une forme d’apaisement avec, notamment, « Voyage interdit », où Coline se rend compte que nous avons de la chance d’avoir une passion qui nous guide et qui donne un peu une direction à notre quotidien.
Sur « Petite féline » et « Lionnes », vous célébrez la communauté queer. Vous avez évoqué dans une interview le fait que les gens sont passés de « bravo » à « merci » dans les messages qu’ils vous adressent. Ces chansons y participent forcément. Coline : De fou ! Il y a vraiment une communauté queer qui est là et qui nous remercie. Je trouve ça fou parce que, personnellement, la musique m’a aussi beaucoup aidée. Mais il y a aussi beaucoup de « merci » pour le titre « Demi-mot » qui parle de deuil et du fait d’essayer de quand même trouver de la beauté dans les choses très tristes. Ça a une valeur inestimable et c’est la plus belle reconnaissance que l’on peut avoir en tant qu’artiste.
L’amour occupe une place importante dans votre album. Mais il n’est pas forcément toujours très sain comme on peut s’en apercevoir sur « Désolée » et « Reboot ». Coline : On écrit les chansons en fonction de ce qu’on a vécu. C’est toujours un peu inspiré de nos vies. Et nos vies ne sont pas toutes roses comme toutes les vies. Ce sont des sujets qui nous touchent. Parler des complexes est important et « Désolée » est là pour se rappeler que des gens ne se voient pas à leur juste valeur. « Reboot », plus concrètement, parle d’une rupture d’amitié et du fait d’avoir cette colère de se sentir trahi.
Dans « Reboot », la technologie est aussi au centre de l’attention. Quelle place occupe-t-elle dans vos vies ? Coline : Mon premier smartphone, je l’ai eu à 18 ans. Je n’ai pas trop eu l’impression d’avoir grandi avec ça, mais, par contre, musicalement les réseaux sociaux ont été hyper importants dans l’évolution de notre projet. Notamment dans le fait de pouvoir créer des choses par soi-même, que ce soit dans notre studio ou avec les caméras qu’on a entre les mains.
Dans « Demi-mot », on retrouve une sublime déclaration d’amour adressée à la grand-mère de Coline alors que dans « Fleuve », Coline fait l’éloge de Youssef Swatt’s, votre ancien mana-ger, mais aussi… d’Antoine. Coline : À travers cet album, j’ai appris à être émue et à pleurer pour le beau et pour le vrai. C’est un peu ce que je dis dans le refrain de « Fleuve ». Que ce soit dans la vie ou dans la musique, si on en est là où on en est, c’est grâce à toutes ces personnes. Dans la vraie vie, je suis un peu pudique. J’ai un peu de mal à dire à mes parents que je les aime, à mes grands-parents encore moins… Et, en fait, souvent c’est à travers la musique que ça passe. J’arrive à dire les choses, à trouver les mots et j’ai une envie d’être de plus en plus personnelle et intime dans mes musiques.
L’album se termine d’ailleurs par un solo d’Antoine. Comment trouve-t-on l’équilibre dans un duo quand le chanteur prend forcément un peu plus la lumière sur lui ? Antoine : Au début du projet, j’ai toujours eu ce réflexe de vouloir être un peu dans l’ombre. C’est finalement Coline qui avait envie que ce soit un duo et que nos parts soient égales. Comme nous sommes très complémentaires dans notre manière d’être, même dans la vie en général, il y a quand même toujours une asymétrie entre nous deux.
Votre wishlist initiale était d’être diffusé sur Tipik, jouer au Botanique et faire de gros festivals. Maintenant qu’elle a été remplie, de quoi rêvez-vous ? Coline : J’ai dû prendre le temps de reposer les bases et de trouver de nouveaux rêves. Finalement, notre plus grand rêve est de pouvoir vivre de la musique et d’en faire notre métier. C’est aujourd’hui une réalité qui est magique.
Antoine : C’est aussi plus sain comme manière de fonctionner, de juste aimer la façon dont se passent les choses.
Avant de créer votre label, votre mana-ger était donc Youssef Swatt’s, avec qui vous avez partagé un duo sur « Étoile filante ». Si l’album ne recèle aucune collaboration, est-ce une volonté d’en faire par la suite ? Antoine : C’est une envie que l’on a et, dans certains cas, c’est même en préparation. Mais, pour l’instant, on reste mystérieux sur le sujet.
www.coltleduo.com
Instagram : coltleduo

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