Serge Anton
Révèle l’âme humaine dans EMOTIONS
Mots : Olivia Roks
Photos : Serge Anton
À travers EMOTIONS, son tout dernier ouvrage, le photographe Serge Anton poursuit son exploration sensible de l’humanité. Avec la force silencieuse de ses portraits en noir et blanc ou en couleurs, il capte l’indicible : une ride, un regard, un frisson. Des fragments d’âme révélés par l’objectif. Un livre profond, brut et bouleversant, qui célèbre l’universel dans la singularité.
Votre livre Faces avait conquis le public en 2017. Aujourd’hui, vous nous étonnez à nouveau avec Emotions. Au fil des pages, que réserve ce deuxième ouvrage ? Toutes les photographies en noir et blanc ou en couleurs que vous retrouverez dans Emotions sont nouvelles, elles ne sont pas parues dans Faces. Certaines ont été prises dernièrement, d’autres viennent de mes archives. Mais toutes ont été prises dans mes pays de prédilection que j’affectionne particulièrement comme le Maroc, l’Ethiopie ou encore Madagascar. C’est un livre tout à fait différent. J’y ai également mêlé quelques photos européennes issues de l’exposition Chauves & Poilus mais aussi des portraits de filles en studio qui rappellent mes années de photos mode. On dit souvent que je photographie davantage les hommes, cette fois-ci, le livre est plus équilibré, plus diversifié.
On découvre aussi des paysages qui, tels des respirations, plantent le décor et apportent de l’air entre ces portraits si puissants. Outre les portraits, je suis passionné par les paysages. Et effectivement, comme dans Faces, on retrouve aussi des lieux, des paysages habités par ces gens, par mes portraits : déserts, kasbah… Ce sont des paysages qui, c’est vrai, calment le jeu, adoucissent le livre parmi ces visages qui peuvent être intenses.
« Il y a du cœur dans les portraits de Serge, il y a de l’humanité dans ses visages qui portent en eux leur paysage […] Il y a chez Serge une identité forte, une singularité photographique unique, un style qui n’appartient qu’à lui. Toujours empreint d’humanité. Cette humanité dans laquelle je me reconnais, qui nous lie. En somme, nous appartenons à la même famille des hommes en quête de cœur et d’amour. » Votre livre est préfacé par l’incroyable Yann Arthus Bertrand… Racontez-nous cette rencontre. Il a photographié toute la planète et est assez catastrophé par ce qu’il a pu voir à travers le monde. Désormais, Yann Arthus Bertrand a envie de se concentrer sur l’humain. Il a découvert mon travail lors d’une exposition dans les Ardennes. De passage à Charleville, près de mon atelier à Sedan, l’ancien maire, Boris Ravignon, lui a montré mon premier livre, Faces, il s’y est intéressé et a accepté de suite d’écrire la préface d’Emotions. C’est un texte autour de l’amour auquel je ne m’attendais pas du tout. Souvent, les textes qui définissent mes photos se ressemblent. Ses mots à travers cette préface sont un vrai cadeau. Peu de personnes ont su poser d’aussi beaux mots sur mes photos. Je ne cherche pas à être tendance, je fais ce que j’aime tout simplement. J’essaie de garder mon âme d’enfant, comme le disait mon père… et de rester fidèle à mon émotion
Émotions… Un mot simple et fort, comme un fil rouge entre vous et nous. C’est aussi le titre de ce nouveau livre, pourquoi ce choix ? L’éditeur aurait voulu l’appeler Faces 2, un titre plus commercial comme le premier ouvrage avait très bien fonctionné. Mais je me suis battu pour qu’on l’intitule Emotions, un titre qui a du sens. C’est un retour aux prémices : sans émotions, je ne prendrais pas de photo. Avant la technique photographique, c’est l’émotion qui me pousse à prendre mon appareil et à prendre un cliché. Quand les gens achètent une de mes photos, ils ont une émotion. L’émotion, c’est le point de départ, le fil conducteur et, je l’espère, le point d’arrivée pour celles et ceux qui regardent mes images. Bien sûr, c’est aussi un titre compréhensible aussi bien en français qu’en anglais.
Pourquoi un visage ou une personne plutôt qu’une autre ? C’est à l’instinct, selon la lumière qui tombe sur le visage… Il faut aussi être rapide… Cette fois, j’ai abordé les choses un peu différemment. Au lieu de demander la permission avant de prendre un portrait, je capturais d’abord l’instant, puis je montrais la photo à la personne pour obtenir son accord. Cela m’a offert une plus grande liberté, notamment pour saisir des scènes de vie spontanées, tout en respectant les gens en leur présentant ensuite le cliché. La personne remercie, rigole et semble fière. Il y a des mendiants, des enfants… Ils sont beaux, touchés par le temps ou les épreuves de la vie, mais beaux.
De futurs projets à venir ? Je repars à Madagascar en octobre, pour plus d’un mois, avec en tête un projet de livre à paraître d’ici deux ans. Ce sera, en quelque sorte, un portrait du pays. Madagascar occupe une place toute particulière dans mon cœur. J’accompagnerai ABC Domino, une association qui vaut le détour. Je leur offrirai des photographies qu’ils revendront au profit de l’association à l’occasion d’une exposition à Paris. A suivre !

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