Orlane
Le serment musical
Mots : : Jason Vanherrewegge
Photo : Clotilde Billiette
Diplômée en médecine, Orlane Willems soigne son entrée dans la cour des grands avec un premier album intitulé « ALLER-RETOUR ». La Philippevillaine de 26 ans nous embarque avec elle dans des montagnes russes émotionnelles, psychologiques, physiques, passionnelles, amoureuses et amicales teintées d’une électro-pop mélancolique particulièrement attractive.
Dans l’épilogue, vous affirmez qu’il faut crier tout haut qui on est. C’est ce que vous parvenez enfin à faire ? Complètement ! Plus le temps passe, plus j’enlève des couches. Au tout début, j’écrivais en anglais parce que j’étais trop couillonne pour assu-mer ce que j’écrivais en français. Il y avait également beaucoup de métaphores, des doubles lectures, etc.
Dans cet album, j’ai l’impression de dire de façon plus cash les choses. Et je sens que plus les projets vont avancer, plus ce sera le cas. C’est un peu une façon pour moi de crier, d’assumer pleinement qui je suis. C’est ma quête depuis quelque temps.
Pouvez-vous expliquer ce changement de trajectoire ? Ça s’est fait un peu naturellement. C’est comme si plus tu oses être toi-même, plus tu es alignée avec ce que tu penses. Ça a aussi un rapport avec le fait d’avoir choisi la musique après la médecine. J’assume qui je suis, je fonce et je m’en fous du regard des gens.
Afin d’exprimer vos sentiments, négatifs comme positifs, vous accompagnez vos titres d’une électro-pop mélancolique. Pourquoi ce choix ? J’aime bien ce truc de « si je devais être un animal, je serais cet animal » ou « si je devais être une guitare, je serais cette guitare ». J’ai ça avec l’électro, l’électro-pop… Je ne sais pas expliquer pourquoi, mais c’est ce qui me représente le plus. C’est ce qui me fait vibrer. C’est en jouant avec ces sonorités-là que je peux exprimer vraiment ce que je ressens et ce qui me fait du bien à l’oreille.
Vous êtes dotée de synesthésie, autrement dit d’une faculté à expérimenter les sens d’une manière interconnectée. Pouvez-vous nous expliquer ce que ça vous apporte dans votre métier ? C’est un appel à écouter ses intuitions et ses visions. Mais la synesthésie, c’est aussi le fait de pouvoir voir des couleurs quand j’entends des sons. Je l’ai beaucoup utilisée pour mes visuels. Pour mon premier EP, chaque chanson avait une couleur par exemple. J’avais essayé de créer une connexion entre ce que je ressens dans ma tête et ce que je veux que les gens voient. Une star comme Billie Eilish est également synesthète d’ailleurs.
Il y a quelques années, Loïc Nottet, avec qui vous avez atteint la finale de The Voice, affirmait que vous avez une « forte identité vocale ». Où en êtes-vous aujourd’hui ? J’ai trouvé ma voie/voix avec le double sens. Il y a des gens qui créent une vibe avec leur voix mais, personnellement, je chante comme ça sort naturellement.
Dans « La fin du silence », votre voix part tout de même dans tous les sens. Je me suis fait un peu plaisir sur ce titre. J’ai su utiliser ma voix pour créer un truc très planant en jouant notamment avec les fréquences pour transformer mes vocalises dans un genre de synthé.
Le titre « Sierra Nevada » est très cinématographique. Dans de précédentes interviews, vous expliquiez que les livres et les films faisaient partie de vos sources d’inspiration. En avez-vous trouvé d’autres ? À côté des histoires d’autres gens que je vais chercher, mon autre source d’inspiration c’est tout simplement moi-même et le fait que je vive des choses. Je sens que quand je ne vis rien, je ne sais pas quoi écrire. Quand tu es tout le temps chez toi en train de travailler, faire du montage, de répéter…
Cela passe obligatoirement par des voyages ? Oui mais pas que. C’est surtout échanger avec les gens que j’aime et avec de nouvelles personnes. J’adore aller à des soirées et apprendre plein de choses. J’écoute aussi beaucoup de podcasts, ça me stimule. J’ai l’impression que tu ouvres des portes dans ton cerveau.
En parlant d’inspiration pour vos textes, vous écrivez aussi pour d’autres puisque vous êtes notamment à l’ori-gine du titre « Le mal en personne » de Charles. Comment cela s’est-il passé ? Charlotte est une copine à la base. Elle voulait écrire en français et elle s’est entourée de gens qui le faisaient depuis plus longtemps. Elle écrit tout en anglais et elle a fait des versions en français de ses chansons donc j’ai eu un corps de texte et des idées. J’ai écrit beaucoup et j’étais hyper inspirée. C’était très chill.
Vous avez fait les premières parties de Pierre de Maere et de Loïc Nottet. Mais vous avez également grandi en ayant Miley Cyrus comme idole. Trois artistes qui ont une vraie patte artistique. Quelle place occupe le côté visuel dans vos projets ? C’est important car tu peux apporter des précisions sur ta musique grâce à ça. Tu peux créer un autre univers, te différencier et t’amuser. Les vêtements, par exemple, c’est de l’art aussi. C’est une façon de s’exprimer au monde. C’est ce que j’ai fait sur la pochette de mon album.

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